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Au Gabon, pourquoi les autorités ont repris la main sur la Société nationale des bois?

Feb 05, 20252 minTranscript available on Metacast
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Au Gabon, après une très grande prise de participation dans le secteur pétrolier avec le rachat de la société Assala Energy, de la compagnie aérienne Fly Gabon, l’État a décidé de reprendre le contrôle de son secteur forestier. Libreville a récemment racheté la Société nationale des bois du Gabon (SNBG) vendu au franc symbolique par le régime d’Ali Bongo à GSEZ, membre du groupe singapourien Olam. Grâce à ce rachat, le Gabon réaffirme sa souveraineté nationale dans ce secteur vital de l’économie. La forêt est en effet le deuxième employeur du pays après la fonction publique.

De notre correspondant à Libreville,

Les autorités de la Transition ont été piquées au vif par les conclusions d’une enquête parlementaire. Le rapport des députés a conclu que la SNBG, qui faisait la fierté du Gabon dans le secteur forestier, avait été vendue à 1 million de FCFA seulement et les droits du personnel pas intégralement soldés. « La commission d’enquête parlementaire a conclu que le processus de privatisation n’a pas respecté le cadre légal, réglementaire établi », explique le député Ali Eyeghe.

Ali Eyeghe a dirigé l’enquête parlementaire. Il poursuit : « La commission a recommandé au gouvernement de dénoncer l’accord de session et aussi de tout mettre en œuvre pour que l’État revienne dans la filière bois. Pour les députés, compte tenu de l’importance de la filière bois dans l’économie gabonaise, il était anormal que l’État en soit absent. Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater que nos conclusions ont été suivies. »

L’achat de la SNBG par GSEZ a permis de sauver l’entreprise de la faillite, se défend Igor Simard, administrateur délégué de GSEZ. « Quand GSEZ a racheté la SNBG, l’entreprise était en faillite avec des capitaux propres complètement détériorés, souligne-t-il. La dette totale s’élevait à plus de 30 milliards de FCFA et la valeur comptable de la SNBG était négative. GSEZ a donc restructuré l’entreprise et apuré plus de 25 milliards de FCFA de dettes. En 2024, après 16 années déficitaires, la SNBG a finalement retrouvé la voie de l’équilibre », assure Igor Simard.

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« Concilier la préservation de nos ressources naturelles et trouver les dividendes issus de cette préservation »

La prise de contrôle de la SNBG ne vise pas à couper plus de bois, mais à mieux encadrer les politiques publiques en matière d’exploitation durable des forêts, soutient le général Maurice Ntossui, ministre des Eaux et Forêts. « Les attentes s’articulent autour de la restauration de la souveraineté économique de l’État gabonais. Et, à travers cette reprise, concilier la préservation de nos ressources naturelles et en même temps trouver les dividendes issus de cette préservation », défend-il.

Le taux de déforestation au Gabon est de 0,5 % par an. L’exploitation forestière contribue au PIB à hauteur de 4 %. L’Asie est le principal marché du bois gabonais à côté de l’Europe, devenue très exigeante en matière de traçabilité et de certification forestière.

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