Épisode 5 - Deuxième jour de procès partie 2

Vous allez écouter la reconstitution du procès en appel de Florian Harrell, jugé en février 2021 pour le meurtre de son compagnon. Ce récit contient des descriptions de violences conjugales, physiques, psychologiques et sexuelles. Vous y entendrez les voix de Florian Harrell.

sa mère Claude Henry, l'enquêteur de personnalité Jean-Marie Mani, les docteurs Bruno Frémont et Laurent Martry, l'avocat des partis civils Maître Paul Erhardt, ainsi qu'Isabelle Adam, sœur de la victime. Les autres protagonistes sont interprétés par des comédiens. Épisode 5 Deuxième jour de procès, partie 2

aussi madame harrel a expliqué qu'avant la scène avec le couteau dans la chambre johnny adam l'avait empêché de fuir lui tirant les cheveux pour la projeter au sol avant de l'étrandeler seulement les enquêteurs n'ont retrouvé aucune trace de lutte dans le salon Est-ce que par rapport aux traces que vous avez relevées sur le corps de l'accusé, vous pouvez nous dire si sa version est compatible ? Si l'accusé a effectivement bien pu être violenté ce soir-là ?

Oui, tout à fait. Concernant l'étranglement, il y a des traces qui sont visibles sur le cou. Et il y a aussi un signe assez... caractéristiques et sur les difficultés de déglutition. Pour ce qui concerne les cheveux, Alors que les faits s'étaient déroulés seulement quelques heures auparavant. Et à chaque fois qu'elle passait, sa main dans les cheveux, elle ramenait une mèche de cheveux dans ses mains que j'ai d'ailleurs photographiées. Merci docteur.

Maître Erra ? Je n'ai pas de questions, M. le Président. M. l'Avocat Général ? Oui, merci, M. le Président. Je n'aurai qu'une question pour le Dr Frémont. Docteur ?

Vous avez entendu le rapport qui a été fait hier à cette même barre par votre confrère, le docteur Laurent Martry, qui a réalisé l'autopsie sur Johnny Adam. Même si ce n'est pas vous qui avez examiné la victime, j'aimerais connaître votre avis sur la blessure qui a été infligée à Johnny Adam par l'accusé. Alors, aux assises dans les affaires de...

d'homicide par arme blanche, les questions sont toujours les mêmes. Première question, est-ce qu'il y a eu un seul coup de couteau ou est-ce qu'il y en a eu plusieurs ? Parce que, bien sûr, la démarche intentionnelle de l'auteur du coup de couteau sera jugée différemment. La deuxième question, c'est est-ce que ce coup de couteau...

a frappé la partie antérieure du corps de deux protagonistes qui se faisaient face ? Ou est-ce que la victime du coup de couteau l'a reçue dans le dos ? Ce qui est quand même radicalement... Et enfin, la zone qui a pu être visée. Évidemment, c'est au niveau du coût où est-ce que c'est... Juste à l'endroit où les gens pensent que se trouve le cœur, on peut retenir une démarche intentionnelle létale.

Ce qui est important, c'est de connaître précisément la démarche intentionnelle. S'il y a plusieurs coups de couteau ou s'il n'y en a qu'un seul. Ce qui est le cas de cette affaire. Le coup porté. Et sur la face antérieure du corps, les deux protagonistes se faisant face, ce n'est pas un coup de couteau dans le dos, c'est deux personnes qui se font face. Et c'est ça qui est important.

La démarche intentionnelle n'est pas la même. C'est la question centrale de cette affaire. Merci, docteur. Je n'ai pas d'autres questions. Merci, monsieur l'avocat général.

Maître Kopf, vous avez la parole pour interroger le témoin. Bonjour docteur, je suis maître Kopf, l'avocat de madame Harrell. Vous ne l'avez pas redit à cette barre, mais vous écrivez dans votre rapport à propos de ma cliente... Mme Harrell représente le profil le plus extrême de la femme battue. Pourriez-vous développer cette affirmation, s'il vous plaît ? Oui, tout à fait. Dans nos consultations habituelles...

On voit un certain nombre de violences qui n'ont rien à voir avec le tableau que représente Mme Floriane Arel. Souvent, ce sont des violences qui n'ont lieu qu'une seule fois, qui sont limitées, voire très limitées. Là, ça dépasse ce qu'on voit bien entendu quotidiennement. C'est la preuve qu'il y a des... qu'il y a des violences qui sont répétées, qui sont sur tous les endroits du corps et qui sont réellement habituelles.

J'aimerais que vous reveniez, docteur, sur une expression que vous avez utilisée dans votre rapport pour qualifier Florian Harrell. Vous avez parlé de Dalmatien ou Dalmatienne. D'où cela vient-il ? Qu'est-ce que ça vous évoque ? C'est elle-même qui m'a indiqué que ses amis ES la surnommaient le Dalmatien. Je pense que c'est une image quand même assez frappante, assez explicite pour exprimer toutes les tâches qu'elle avait.

habituellement sur son corps et qui correspondait justement à des échymoses et des hématomes répétés. C'est vraiment une image extrêmement expressive et juste concernant l'état dans lequel je l'ai trouvé.

extrêmement glaçante aussi outre les violences physiques florian harrel s'est confiée à vous pour dénoncer des violences sexuelles dont elle aurait été victime de la part de johnny adam dans ce domaine aussi Avez-vous été effrayé par ce que vous avez pu entendre ? Oui, là aussi, ça dépasse le stade des violences que...

qui sont décrites et qu'on peut avoir tous les jours dans nos consultations. Il y a assez régulièrement des femmes qui peuvent se plaindre un petit peu que leur conjoint soit trop entreprenant ou qu'ils acceptent une relation intime pour leur faire plaisir. Mais là, on est vraiment dans l'extrême, c'est-à-dire que l'acte sexuel forcé intervient comme une punition pour faire mal.

Il y a un côté extrêmement pervers où la jouissance de l'auteur atteint son paroxysme, plus la victime est en souffrance. réellement dans le cas d'agressions sexuelles violentes pour faire mal. Dernière question, docteur Frémont. On reproche à ma cliente...

d'avoir mis un premier coup de couteau à son compagnon trois jours avant le drame soit le novembre elle s'en est expliquée devant cette cour justifiant son geste dans un moment de détresse similaire à ceux qu'elle a pu vous confier A savoir, Johnny étant parti pour lui imposer un rapport sexuel forcé, il avait un couteau qu'il utilisait pour la menacer, elle a réussi à retourner l'arme contre lui pour le faire reculer.

la partie civile comme l'accusation n'ont pas l'air convaincues par cette version pouvez-vous nous donner votre avis d'après vos constatations ou les confidences que l'accusé vous a faites sur les faits de viols dénoncés par ma cliente ce novembre D'après les dires de Mme Harrell, ça se terminait toujours comme ça, avec un rapport sexuel imposé. après les violences, et c'est ce qui s'était encore produit quelques jours plus tôt. Et d'après ce qu'elle m'a dit, cette nuit de...

du dimanche au lundi, c'est la seule fois qu'elle a eu le courage de dire non et de s'y opposer. Et malheureusement, c'est la fois où il y a eu le coup de couteau. Merci, docteur Frémont. Je n'ai pas d'autres questions. Merci docteur Frémont, nous avons fini. Monsieur Luissier, veuillez aller chercher le prochain témoin.

Un procès pénal tend à la recherche d'un équilibre entre l'accusation et les droits de la défense. Un équilibre à respecter pour que le procès soit équitable, principe phare et exigence incontournable en droit français, symbolisé par la balance de la justice. Les témoins qui défilent à la barre, cités par la défense comme par l'accusation, peuvent concourir à respecter cet équilibre. Vous allez maintenant entendre les amis du couple. Bonjour monsieur.

Quels sont vos noms, prénoms, âge, profession, domicile ? Couvert Ludovic, né le 20 juillet 1986 à Mont-Saint-Martin. Peintre en bâtiment, j'habite à Longuillon. Avant de commencer votre déposition, monsieur Couvert, en tant que témoin, vous devez prêter serment. Vous jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité. Levez la main droite et dites, je le jure. Je le jure.

Cela fait plus de 15 ans que Ludovic Couvert fréquente les Adams. Comme eux, il a grandi à Longuillon. C'est par l'intermédiaire d'Isabelle Adam, une bonne copine à lui, qu'il a rencontré Johnny. Devenu ami, il se voyait régulièrement Plusieurs fois par semaine, jusqu'à ce que, d'après Ludovic Couvert, Johnny commence à fréquenter Florian Harrell. Dans un premier temps, nous vous laissons vous exprimer sur ce que vous savez des faits qui sont reprochés à l'accusé ou sur sa personnalité.

Ensuite seulement, nous vous poserons des questions. C'est à vous. Le truc, c'est qu'à partir du moment où Johnny s'est mis avec Florian, j'ai commencé à le voir beaucoup moins, ils s'entendaient bien un jour sur deux. Chez eux, ça passait du noir au blanc sans prévenir.

Parfois on les voyait ensemble et deux heures après Johnny était tout seul et disait qu'il s'était engueulé. Parfois on pensait qu'ils n'étaient plus ensemble car on ne voyait plus Forian. Puis il se rabibouchait à nouveau. On ne savait jamais qu'il arguait Kim, en tout cas ils se remettaient toujours ensemble. avec les autres on se disait que ça serait bien qu'ils arrêtent de se voir voilà c'est à peu près tout merci monsieur couvert mais très rare pour la partie civile la parole est à vous

Bonjour, M. Couvert. Vous qui connaissiez bien Johnny, pour le fréquenter régulièrement, l'avez-vous vu être violent à l'égard de Mme Harrell ? J'ai déjà vu Johnny s'engueuler avec Florian mais il ne l'a jamais frappé devant moi. Il y a eu des bousculades ou des poussettes mais jamais plus. Parfois ils lui disaient arrête ou je t'en mets une mais c'était des petites menaces ça c'est sans plus. C'est ce que je voyais mais je ne sais pas moi ce qui se passait chez eux à la maison.

Pouvez-vous expliquer à la cour et aux jurés ce qu'il s'est passé lors de votre virée au lac de Madine au cours de l'été 2016 ? On est allé passer la journée au lac de la Madine, dans la Meuse. En rentrant, Johnny était dans ma voiture à la place du avant-passager. Et Florian était derrière avec son fils. Johnny dormait. Et quand il s'est réveillé, Florian s'en est pris violemment à lui. Il a essayé de lui mettre des éclacs sur la tête. Et lui, il tentait de les éviter. Moi, je roulais.

C'était la première fois que je voyais Floriane dans un tel état, là, la... hystérique. Elle voulait que je m'arrête, elle a même ouvert la porte pendant que je conduisais. Elle voulait aller chez son frère, qui habitait dans le coin, et finalement, elle s'est calmée, on est rentré à Longuillon.

Je l'ai revu une semaine plus tard et elle a fait comme si de rien n'était. Comment décririez-vous leur comportement à tous les deux ? Johnny, c'était quelqu'un de nerveux, impulsif. Mais de sympa aussi, c'était mon pote. Floriane, c'était un peu le même genre. Elle était vive, impulsive, elle ne cessait pas faire. Aujourd'hui, avec le recul, quel est votre sentiment sur ce qui s'est passé ? Je pense que même si ça n'allait pas entre eux, c'est dommage que ça soit allé aussi loin.

Il aurait mieux valu qu'ils se séparent ou qu'elle porte plainte, comme Priscilla Herbin. Elle l'aurait envoyé en prison, mais au moins il sera encore vivant. J'espère qu'elle va payer pour ce qu'elle a fait. Je l'en veux. Johnny, c'était pas un ange, mais de là à le tuer. Merci, monsieur. Je n'ai pas d'autres questions. Merci, monsieur. Puisque l'accusation et la défense passent leur tour, la cour n'a pas d'autres questions.

Maintenant que vous avez déposé, vous pouvez rester dans la salle ou quitter le tribunal. Monsieur l'huissier, pouvez-vous aller chercher le prochain témoin s'il vous plaît ?

Bonjour madame. Veuillez confirmer à la cour vos noms, prénoms, dates, lieux de naissance, professions et domicile. Marmeuse, Marie-Jeanne. Je suis née le 1er février 1979 à Mont-Saint-Martin. Je suis sans profession et j'habite à Longuillon. madame avant de commencer vous devez prêter le serment des témoins vous jurez de parler sans haine et sans crainte de dire toute la vérité rien que la vérité veuillez lever la main et dites je le jure je le jure

Votre audition va se passer en deux temps. Dans un premier temps, nous vous écoutons. Vous pouvez vous aider de documents pour faire vos déclarations spontanées. Nous vous laissons vous exprimer sur ce que vous savez des faits qui sont reprochés à l'accusé ou sur sa personnalité. Ensuite seulement, nous vous poserons des questions. Nous vous écoutons.

Alors, Floriane, c'est une copine que je connais depuis une douzaine d'années, mais je ne l'ai pas fréquentée tout le temps. Je ne l'avais pas vue pendant un bon moment, jusqu'à ce qu'elle revienne habiter à Longuillot, au Canadien, où elle vivait toute seule au début. On se voyait surtout au lavoir, à Longuillon. C'est un endroit où les jeunes ont l'habitude de se retrouver. Sinon, sur leur relation, ce que je peux vous dire, c'est que Florian et Johnny s'engueillaient beaucoup.

Je les voyais pas vraiment se faire des câlins. Quand Johnny avait picolé, il était méchant. Il s'énervait pour un oui ou pour un non. Mais Florian aussi était méchante quand elle avait bu. Chaque fois que je les voyais, elle ou Johnny avaient bu de toute façon. Et à cette époque, je les voyais pratiquement tous les jours à l'été 2016. Voilà, c'est tout. Merci madame, je n'ai pas de questions. Maître Erard ? Madame Marmeuse.

Est-ce que vous avez déjà constaté des traces de coups sur le corps de Floriane Harrell ? J'ai jamais fait attention si Floriane avait des bleus sur le corps. Et de toute façon, j'ai jamais entendu dire qu'elle prenait des coups à la maison. Elle m'a rien confié, elle.

Mais tout le monde était au courant des problèmes de violence de Johnny. Madame Harrell n'avait-elle pas des problèmes de violence également ? Notamment quand elle buvait trop ? Floriane ? Elle picolait aussi ? Elle était impulsive ? Elle s'en portait vite ?

Elle avait l'alcool mauvais. Et toi, là, t'as vu ? Je te regarde, Floriane, dans les yeux. Je vais leur raconter, moi. Vous ne vous adressez pas à l'accusé, mais uniquement à la cour quand vous déposez. Et vous regardez dans ma direction. Oui, pardon.

Reprenons. Ce que je voulais dire, c'est qu'un jour au lavoir, elle a voulu planter un mec qui devait leur ramener des stupéfiants, de la fume, de l'herbe, du cannabis, quoi. Johnny et elle avaient déjà donné les sous, mais ils n'ont pas eu leurs produits.

pendant que les garçons s'engueulaient florian avait caché son couteau dans le creux de la main la lame vers le haut le long de son bras à un moment donné elle a montré le couteau elle était comme une folle elle faisait des cercles autour du gars et lui il faisait gaffe à pas lui tourner le dos personne n'a osé bouger

C'est la première fois que je la voyais comme ça. Elle était comme une folle. Une vraie tarée. Merci, madame. C'est très clair. Je n'ai pas d'autres questions. Monsieur l'avocat général, souhaitez-vous interroger madame Marmeuse ?

non monsieur le président mais j'aimerais que nous interrogions l'accusé sur la scène que vient d'évoquer le témoin très bien monsieur l'avocat général madame harrel levez-vous s'il vous plaît la scène décrite par le témoin s'est-elle déroulée de cette manière Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faisiez avec un couteau ce jour-là au lavoir ? Au lavoir, c'est un endroit où on traînait tous les jours, pendant les périodes d'été. On squattait.

On fumait des joints, on buvait des bières, on était en dehors de la ville. Mais cette scène n'a jamais eu lieu. C'est du pur mensonge. Cette femme, c'est une amie de la famille. Elle a peur des représailles parce que la famille, elle est violente. Elle a raconté ce qu'on lui a demandé de raconter. Bien, vous pouvez vous rasseoir, madame Harrel. Maître Kopf, des questions aux témoins ?

Non, monsieur le président. Merci, madame Marmeuse. Nous en avons terminé. Vous pouvez, au choix, maintenant que vous avez déposé, rester dans la salle d'audience ou quitter l'enceinte du palais de justice. Nous vous remercions et vous souhaitons une bonne journée. Merci. Au revoir. Monsieur Luissier, pouvez-vous aller chercher le prochain témoin, s'il vous plaît ? Bonjour, monsieur.

Veuillez confirmer à la cour vos noms, prénoms, dates, lieux de naissance, professions et domicile. Je suis Abbé Omer, né le 30 avril 1973 à Lomé, au Togo, demandeur d'emploi. J'habite à Longuillon. monsieur abbé avant de commencer votre déposition vous devez prêter le serment des témoins vous jurez de parler sans haine et sans crainte de dire toute la vérité rien que la vérité veuillez lever la main et dites je le jure je le jure

Monsieur Abbé, nous vous écoutons. Alors, j'ai rencontré Johnny et Florian par un ami en commun six mois avant les faits environ. Ils venaient souvent chez moi pour boire des coups et écouter de la musique. Mais ils se prenaient tout le temps la tête.

quand ils étaient chez moi il leur arrivait de se battre mais c'est surtout johnny qui donnait des coups un jour à la voir l'été dernier johnny avait attrapé florianne par les cheveux ils se battaient tous les deux mais c'est surtout lui qui donnait des coups elle cherchait surtout à se défendre

À léviter, en courant partout. À un moment, j'ai voulu les séparer, je me suis approché, et là, Johnny m'a filé une grosse gifle, en me disant de ne pas me mêler des droits d'histoire. Et là, il a sorti un couteau. Je sais plus pourquoi ils se battaient ce jour-là, mais souvent c'était sous l'effet de l'alcool et des stups. Johnny avait souvent du cannabis sur lui. Ils fumaient tous les deux, de toute façon.

Ils prenaient la méthadone ensemble aussi. Johnny n'avait pas de traitement, mais il en voulait juste pour se défoncer. C'était Florian qui était sous le traitement et Johnny lui volait. Une autre fois, il l'a poussée dans un coin de mon salon et elle est tombée. Il l'a attrapée par le visage méchamment en lui disant « Tu fais quoi ? Tu veux aller où ? » Ouais, voilà, c'est un peu tout. Merci M. Abbé pour votre déposition.

Avez-vous vu le couple avant les faits qui nous intéressent ? Si oui, que s'est-il passé lors de votre rencontre avec eux ? Ben oui, comme je viens de vous le dire, je les connaissais déjà. Avant les faits, Florian a déjà planté Johnny le jeudi 24. Il était venu se choigner chez moi. Il était arrivé dans la matinée, défoncé, en me disant qu'il avait pris 9 mg de méthadone et qu'il n'avait pas dormi de la nuit.

En fait, Florian était sortie toute la nuit distribuer des prospectus pour se faire de l'argent. Elle est partie avec un ami de son père, je crois, et Johnny était très jaloux. Il s'imaginait qu'elle allait faire des choses avec ce mec. Donc, quand il est arrivé chez moi ce matin-là...

Il avait besoin de pansements et des désinfectants pour une petite plaie qu'il avait à la poitrine côté gauche et qui faisait au moins 5 cm, je crois. Floriane est arrivée plus tard chez moi, elle aussi, et c'est elle qui l'a soignée.

Je leur ai demandé de ce qu'il s'est passé, mais ni l'un ni l'autre n'a voulu me répondre. Johnny, il faisait son malin, il disait que c'était un chat qui lui avait fait ça. Plus tard, Florian s'est confié à moi et m'a avoué que c'était elle qui l'avait blessé en voulant se défendre.

En fait, elle est rentrée de sa tournée lors de la matinée, Johnny avait directement été violent avec elle. Il l'avait tapé et assommé, lui reprochant d'avoir fait la pute. Avec le recul, que pensez-vous de Johnny Adam ? Pour moi, Johnny, c'est quelqu'un qui n'est pas beaucoup allé à l'école et qui ne comprend pas les choses. Il était violent, agressif tout le temps. Il avait en permanence un couteau sur lui, il le planquait pour dans sa sacoche. C'était pour couper son shit, parce qu'il dilait.

Mais ça lui est arrivé de sortir pour intimider les gens. Et Madame Harrell, que diriez-vous d'elle ? Pour moi, Florence, c'est une fille gentille. Elle n'a fait que se défendre et malheureusement, ça a été fatal à Johnny. Diriez-vous que ces deux-là, c'était un couple qui fonctionnait ? Johnny et Florian ne s'entendaient pas, pas du tout. Et je ne sais pas pourquoi il était encore avec lui. C'est une fille gentille. Tout le monde lui disait de le quitter.

il était jaloux il la tapait tout le temps mais je crois qu'elle restait que pour le cannabis merci monsieur je n'ai pas de questions la parole est à maître erard monsieur abbé j'aimerais revenir sur un point Vous dites que le jeudi précédant le meurtre de Johnny Adam, il avait déjà reçu un coup de couteau de la part de Mme Harrell. Selon vous, le fait qu'elle soit arrivée plus tard chez vous...

Est-il un signe qu'elle n'était pas plus inquiète que ça pour lui ? J'en sais rien, non. Elle avait peut-être des choses à faire. En tout cas, quand elle est arrivée, c'est elle qui s'est occupée de lui. Merci, monsieur. Je n'ai pas d'autres questions. Monsieur l'avocat général ? On pourrait peut-être interroger Mme Harrell sur ce point, non ? Effectivement, nous pouvons. Mme Harrell, levez-vous.

Il semblerait que vous ayez donné un premier coup de couteau à Johnny Adam le 24 novembre 2016, soit trois jours avant la date des faits qui nous intéressent. Pouvez-vous nous expliquer dans quelles circonstances cela est arrivé ? Vu qu'il a vu que je ne me laissais plus faire, il a commencé à me faire peur avec un couteau. Il m'a poursuivi jusque dans la chambre. De là, je savais ce qu'allait m'arriver.

une relation forcée qui allait arriver et si je me souviens bien je ne suis plus trop sûre de ce détail mais Je ne crois pas lui avoir enlevé des mains. Je pense qu'il l'a posé à côté de mes épaules parce que j'étais allongée et lui sur moi. Et moi, j'ai pris ce couteau. Donc, pour me défendre, je me suis dit, ah, maintenant, c'est moi qui l'ai, recule. Et en fin de compte, lui, par contre, il n'en avait pas.

Donc je l'ai poussé au niveau du torse et la pointe du couteau lui est rentrée dans le pectoraux. Comment avez-vous réagi sur le moment ? Vous avez eu peur ? Et Johnny ? Qu'a-t-il fait ou dit ? Là, tout s'est arrêté. Lui, il a eu peur. Moi, j'ai eu peur. Après, il en rigolait. Il disait que c'était une grippe de chat. Il a demandé à se faire soigner par un de ses amis. Il a dit que je me suis fait griffer par une panthère.

Donc vous dites qu'il n'était pas si effrayé que ça parce qu'il venait de se passer. Voilà, je n'étais pas présente, mais c'est ce que son ami m'a raconté par la suite. Donc quelque part, lui, ça ne lui faisait pas peur. Ça ne lui faisait pas peur. Pour vous, il semblait fanfaronné avec cette blessure. Une manière pour lui de faire le dur, le caïd. Quelque part, avec le recul, je me dis qu'il avait envie de le montrer.

Il avait envie de montrer que je l'avais blessée, mais tout en prenant à la rigolade, en faisant le bonhomme et disant « c'est une panthère qui m'a griffée », mais on voyait bien que c'était quand même un... une fente de couteau, parce que j'ai pas mis un coup, mais c'est quand même rentré, il faut le dire, ça reste un coup de couteau. Merci Madame Arelle. Vous pouvez vous rasseoir. Maître Copp, vous avez des questions pour le témoin ?

Je n'ai pas de questions, monsieur le Président. Bien, monsieur Abbé. La Cour vous remercie. Vous pouvez partir. Au revoir. Bonne journée. Monsieur Luissier, vous pouvez aller chercher le prochain témoin, s'il vous plaît.

Bonjour monsieur Debeu, veuillez confirmer à la cour vos noms, prénoms, dates, lieux de naissance, professions et domicile. Debeu Damien, 41 ans, je travaille à ArcelorMittal. En tant qu'ex-compagnon de l'accusé, vous n'avez pas à prêter le serment des témoins, nous vous entendons à titre de simple renseignement. Vous pouvez nous parler de Florian Araël, de sa personnalité, de ce que vous savez de l'accusé, ainsi que des faits qui lui sont reprochés.

Nous vous écoutons pour votre déposition. Je sais pas trop quoi vous dire. J'avais pas forcément très envie de venir aujourd'hui devant vous. En fait, tout ça c'est du passé et je l'ai mis derrière moi. A l'époque d'avant, j'étais pas un homme correct. J'étais un diable. Un vrai connard. Et revenir sur mon passé, c'est pas simple. Je suis passé à autre chose.

Mais si je le fais, aujourd'hui, c'est pour Floriane. Avec elle, on a vécu ensemble de 2007 à 2010. Au début, c'était bien, même très bien. C'était une bonne relation. On était amoureux, on avait une maison, deux voitures, et puis Floriane est tombée enceinte. Bon, j'étais très fêtard, moi, et j'étais peut-être pas prêt à assumer tout ça. Donc j'ai fait quelques conneries avec elle.

J'ai parfois pété des câbles, je buvais, j'étais violent, je cassais tout dans la maison quand je rentrais, je l'insultais. En gros, j'avais des problèmes d'alcool, je buvais beaucoup trop et... Et j'étais parfois violent par jalousie. Je l'ai trompé aussi. Et... Bon, ça comme tout le reste, j'en suis pas forcément très fier. J'ai aussi mis un coup de couteau au mec avec qui je pensais qu'elle me trompait, et j'ai fait de la prison pour ça.

et aussi pour les violences conjugales contre Floriane. Voilà ce que je peux vous dire. merci monsieur de beu pour votre déposition je conçois que ça ne soit pas une partie de plaisir pour vous de vous remémorer ce passé peu de l'aurieux comment décririez-vous floriannarelle quelles sont pour vous ses qualités

Pour moi, c'est une bonne vivante. C'est une personne vraiment gentille et surtout serviable. Est-ce que durant ces épisodes de violence que vous avez connus avec Florian Harrell, elle était aussi violente à votre égard ? Elle vous rendait les coups ? Non, jamais. Je n'ai jamais rencontré ce genre de problème avec elle. N'a-t-elle pas pu se montrer virulente ?

Et violente lorsqu'elle vous a surpris avec votre maîtresse dans votre véhicule en janvier 2012 alors que vous étiez déjà a priori séparés ? Euh... Oui. Oui, oui. Oui, c'est vrai. Mais elle s'en est pas pris à moi ce jour-là. C'est ce qu'indique le rapport des antécédents judiciaires de Mme Harrell. Elle lui a même crevé un pneu, quelques jours plus tard, et votre maîtresse avait déposé plainte contre Florian Harrell pour ça. Ouais, ça me dit quelque chose cette histoire.

Et que savez-vous de la relation que votre ex-compagne Florian Narel entretenait avec Johnny Adam ? Pas gros chose. Je m'immise pas dans sa vie privée depuis qu'on s'est séparés. Mais toute cette histoire, ça fait chier quand même. Ça aurait pu se terminer autrement. J'en ai terminé, M. Debeu. Maître Erard, avez-vous des questions ? Merci, M. le Président. Je n'ai pas de questions. M. l'avocat général ? Pas de questions non plus, M. le Président.

Et maître Copp, des questions du côté de la Défense ? Pas de questions, monsieur le Président. Alors merci, monsieur Debeu. La Cour n'a pas de questions pour vous. Maintenant que vous avez déposé, vous pouvez rester dans la salle ou quitter le tribunal. Merci, au revoir. Monsieur l'huissier, allez chercher le prochain témoin, s'il vous plaît. Madame Ouget.

Bonjour madame, veuillez confirmer à la cour vos noms, prénoms, dates, lieux de naissance, professions et domicile. Ougé, Valérie, née le 8 décembre 1972 à Mont-Saint-Martin, sans profession. Je vis à Longuillon. Connaissiez-vous l'accusé avant les faits qui lui sont reprochés ? Oui. L'avant-dernier témoin de la journée s'appelle Valérie Ouget. Mère au foyer, vivant à Longuillon, c'est une amie de Colette Cacar, la mère de Johnny Adam.

Elle fait partie des témoins cités par l'accusation. Non. Madame. Avant de commencer votre déposition, vous devez prêter le serment des témoins. Vous jurez de parler sans haine et sans crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité. Veuillez lever la main et dites « je le jure ». Je le jure.

bien madame nous vous écoutons alors johnny je l'ai connu par mon fils c'était comme un frère de sang pour lui ils se sont rencontrés quand il avait dix-huit ans à l'époque des fées il en avait vingt-quatre Ils sortaient en ville ensemble pour boire des coups, faire des barbecues dans les bois, à l'endroit où se trouvait tombe à Billon. Les jeunes de Languillon se retrouvaient là-bas pour faire des soirées. Ils étaient tout un groupe.

J'ai rencontré Mlle Harrell car elle travaillait au Leader Price où elle était caissière. Mais au début, je ne savais pas qu'elle était la copine de Johnny. Je ne parlais pas avec elle. Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire. Avez-vous déjà été témoin de violences commises par Florian Harrell ou Johnny Adam ? Ah oui, un jour, trois ou quatre mois avant l'histoire du coup de couteau, j'ai rencontré Johnny et sa copine en sortant du Leader Price.

Elle n'y travaillait plus à cette époque. En fait, Johnny était dans la voiture, assis à la place passager avant, il n'avait pas le permis. Et sa copine sortait du magasin avec des bières. je lui ai dit bonjour et elle m'a dit dégager de la voiture j'ai entendu qu'elle a engueulé johnny elle lui a donné une claque derrière la tête j'ai trouvé ça bizarre j'en ai parlé à mon fils

Il m'a dit qu'elle était très jalouse et très possessive. Même mon fils n'avait plus de contact avec lui. Johnny a changé de comportement au contact de Florian. Il est devenu négatif, il s'est remis à boire et à fumer alors qu'il était impeccable. Bien, nous allons interroger l'accusé sur ce point. Madame Harrell, levez-vous s'il vous plaît. Pouvez-vous vous expliquer au sujet de la scène qui se serait déroulée sur le parking que vient de décrire le témoin ?

Je connais même pas cette dame-là, en fait. Cette histoire, c'est de la science-fiction, madame. Je vous connais pas. Votre témoignage, c'est des calomnies. Mais je comprends. Je comprends. Sachant que vous êtes... Sur le banc des partis civils, du calme. On se tait, s'il vous plaît. Sinon, vous sortez de la salle. Merci, Mme Harrell. Vous pouvez vous rasseoir. Mme Mouget, la cour n'a plus de questions. Vous pouvez rester dans la salle ou quitter le tribunal. Au revoir.

Monsieur Lucier, veuillez aller chercher notre dernier témoin de la journée. Bonjour Monsieur. Veuillez confirmer à la cour vos noms, prénoms, dates, lieux de naissance, professions et domicile. Monsieur. en tant que parti civil et frère de la victime vous n'avez pas à prêter le serment des témoins nous vous entendons à titre de simple renseignement vous pouvez nous parler de votre frère de ce que vous savez de sa relation avec l'accusé ainsi que des faits qui nous occupent aujourd'hui

Nous vous écoutons pour votre déposition. J'étais très proche de Johnny, on se voyait très souvent, tous les jours presque. Johnny était avec Florian depuis, je sais pas, moins d'un an. C'était pas vraiment concret. Il habitait chez elle depuis 3-4 mois. Je ne les ai pas beaucoup vus ensemble. Deux fois chez moi, une fois à la Madine et je les ai croisés quelques fois en ville.

À chaque fois, il y a eu des histoires, que ce soit chez moi, à la Madine. Soit ils se prenaient la tête, soit ils arrivaient déjà fâchés. Enfin voilà, je ne sais pas trop quoi vous dire d'autre, mais... Monsieur Doucet, si vous voulez bien, nous allons vous poser quelques questions.

Comment qualifieriez-vous la relation entre votre demi-frère et Mme Harrell ? Ce que je peux dire, c'est qu'ils avaient une relation houleuse. Ils s'insultaient tous les deux, elle lui faisait des crises de jalousie. Ou bien alors elle le provoquait, genre elle faisait la shot pour que Johnny lui prenne la tête avec des gars. Ils se disputaient sans arrêt. Et j'ai vu plein de fois de la violence entre eux.

Et pourriez-vous nous dire si ces violences étaient exercées uniquement par l'un ou l'autre, ou si elles étaient réciproques ? C'était réciproque, les violences étaient vraiment réciproques. Pourriez-vous nous donner des exemples ? J'ai vu plein de fois où il y a eu des échanges de gifles. J'ai vu Floriane mettre un coup de savate dans les parties de Johnny. Elle lui a déjà tiré les cheveux. En vrai, c'est surtout elle qui le frappait. J'ai pas vu beaucoup de violence de la part de Johnny.

Et avez-vous déjà tenté d'intervenir, de les séparer ? Oui, bien sûr, bien sûr. Quand j'assistais à ce genre de scène, j'intervenais pour les séparer. Pour vous dire, la première fois que j'ai vu Floriane, elle avait le bras gauche tout bleu. Du coup, j'ai pris la tête à Johnny pour ça, parce que voilà. Et elle n'a pas voulu me dire d'où ça venait, lui non plus. Il m'avait un peu baladé en me disant que c'était une allergie ou un truc du genre. Une dernière chose, M. Doucet.

Que savez-vous de l'épisode qui s'est passé au lac de la Madine ? Je crois que c'était pendant l'été 2016. Il faisait beau. On est allé au lac avec ma femme, mes enfants, Johnny, Florian et un copain. J'ai souvenir que Florian Harrell avait été très provoquante avec des hommes pour embêter Johnny, comme Dab. Et sur le chemin du retour, ils étaient dans une autre voiture conduite par Ludovic Couvert qui m'a rapporté que Florian Harrell assiste sur le siège passager.

tirer les cheveux de Johnny qui était devant elle, qu'elle le tapait, elle s'était comportée comme une folle durant le trajet. Je crois que Ludo, il avait eu un peu peur. Merci, M. Doucet. En ce qui me concerne, je n'ai plus d'autres questions. Je vais maintenant laisser la parole à votre avocat, maître Erard, s'il a des questions pour la partie civile. M. Doucet, votre demi-frère présentait une plaie ancienne.

Savez-vous de quoi il s'agit ? Ouais, c'était Florian qui lui avait mis un coup de couteau, quelques jours plus tôt. J'ai pas assisté à la scène, ils m'en ont pas parlé directement. Ce jour-là, j'avais vu Johnny de loin et j'ai pas parlé de ça avec lui parce qu'il voulait pas.

Mais je le sais par Damien Cotentin, un de ses amis qui me l'a dit. Damien m'avait dit que c'était un truc de fou, que si elle avait mis la lame, elle lui touchait le cœur. Mais Johnny, il ne voulait pas déposer plainte. Et après ça, je ne l'ai pas revu.

Mais ça se faisait quelques temps que Johnny sortait presque plus, il devait rentrer à 18h tous les jours, il venait plus aux apéros, ni au lavoir, il faisait plus rien avec ses amis. Avez-vous été témoin de menaces de la part de Mme Harrell envers Johnny Adam ? Ou envers d'autres personnes ? Euh... Une fois chez moi, elle avait menacé ma mère qu'elle allait la crever. Johnny l'avait retenue et elle lui avait dit « Toi, je te plante ». Monsieur Doucet, à votre avis ?

Pourquoi votre frère restait-il avec Mme Harrell ? Euh... Il était amoureux. Il disait qu'il était love. J'avais dit d'aller voir les gendarmes, mais il ne voulait pas. D'après vous, Mme Harrell se disputait avec tout le monde ? Oui, avec ma mère, ma femme, moi. Selon vous, votre demi-frère Johnny souffrait beaucoup de cette relation et de toute cette violence ? Ouais, il pleurait tout le temps sur sa relation lorsqu'il venait me voir.

Tout le monde était au courant des problèmes de violence de Johnny, qu'il avait frappé ses ex, qu'il avait été condamné deux fois pour ça. On a proposé de l'argent à toutes ses compagnes, Emily comme Florian. On les a vus les bleus, les coups de tension qu'il pouvait y avoir. Moi-même, j'ai dit à Florian de le foutre en prison.

Mais vous savez, Johnny, il avait toujours besoin d'avoir quelqu'un dans sa vie. Dernière question. Saviez-vous si Florian Harrell portait sur elle un couteau ? Ouais, bah je sais parce que je l'ai vu. Enfin, Florian Narelle, elle se vantait d'avoir un couteau parfois sur elle. Merci, M. Doucet. M. le Président, je n'ai plus de questions à poser aux témoins. Bien. J'aimerais, avant de donner la parole à l'accusation...

posez une question à l'accusé qui me vient. Madame Arel, levez-vous. Cela fait deux témoins qui évoquent cette journée passée au bord du lac de la Madine. Pouvez-vous nous donner votre version sur le déroulé des faits cet après-midi-là ? On est parti en fin de compte avec le frère de Johnny, Damien Doucet, sa femme et ses enfants.

Comme c'est une grande famille, Ludovic s'est proposé pour nous amener moi et Johnny. Et dans une autre voiture, il y avait le frère à Johnny et sa femme et ses enfants. On est arrivés au lac. On a pique-niqué, donc moi je me rappelle avoir gardé les enfants avec mon fils, j'étais accompagnée aussi de mon fils. Donc quand on était sur le chemin du retour pour rentrer à Longuillon, je recevais des messages.

Et ça a très fortement déplu à Johnny qui m'a attrapé du côté de la ceinture le téléphone, donc de derrière le siège. complètement cassé le téléphone. Et là, j'ai senti que les violences allaient recommencer très vite. C'était des stigmates que je connaissais déjà, un regard que je connaissais déjà. Et je me suis dit, ça y est, aujourd'hui, je vais en reprendre une.

Et j'ai demandé au chauffeur, à Ludovic, de s'arrêter. Et il ne voulait pas s'arrêter. Donc, j'ai ouvert la portière quand la voiture roulait. Il s'est stoppé un grand coup. Et donc, je voulais m'en aller. Il m'en a empêché.

Et je suis remontée dans la voiture. Donc non, on ne s'était pas du tout calmé. C'est que j'ai été forcée de remonter dans ma voiture. Et surtout, je n'avais pas envie d'envenimer les choses devant mon enfant. Je me suis dit, il vaut mieux que tu écoutes. À Languillon, tu retrouveras une autre solution. Il y a ton papa qui

habite pas loin, et je suis remontée dans la voiture, effectivement, et on est rentrée à Languillon. Madame Harrell, pourquoi n'avez-vous pas porté plainte ? Pourquoi n'avez-vous établi aucun certificat faisant état des violences dont vous étiez victime ?

Pourquoi ne vous êtes-vous pas séparés de Johnny Adam ? Pourquoi n'êtes-vous pas partis ? C'est comme si tu demandais à un drogué d'arrêter de se droguer. C'est une emprise. On est dans la peur, c'est une emprise. J'ai bien tenté des fois d'appeler à l'aide, à la gendarmerie, mais je ne voulais pas l'envoyer en prison.

Moi, il me disait qu'avec les histoires qu'il avait dans le passé, qu'il était encore sous le coup de la justice quand je l'ai connu, que si je portais plainte, il partait en prison. Personne n'a envie. de voir quelqu'un partir en prison. Et alors, pourquoi je ne suis pas partie ? Vous savez, cette question-là, je crois que je me la suis posée et je me la pose encore. C'est ça, c'est cette peur, c'est cette emprise.

On n'y arrive pas, on essaye. Moi, il est parti plusieurs fois de chez moi. Je l'ai fait partir, j'ai fermé plusieurs fois la porte. Même s'il forçait, des fois, j'en revenais. C'est moi-même qui allais leur chercher. Comme quand ils dormaient dans la forêt, ça me faisait...

très mal au cœur, malgré que tout ce qui venait de me faire subir, j'ai quand même été recherchée. Donc, voilà, c'est une question pourquoi je ne suis pas partie, je me la pose encore. Pourquoi je n'ai pas porté plainte ? Ça lui aurait sauvé la vie.

Ça ne s'est pas fait. À la base, c'était pour le protéger. Et en le protégeant, le drame est arrivé. Est-ce que c'est parce que Johnny Adam vendait des stupéfiants que vous étiez retombé dedans ? Est-ce que c'était moins cher pour vous d'être avec lui pour en avoir ?

Quitte à devoir supporter les coups ? Alors... La drogue dure, l'héroïne, c'était avant Johnny Adam. J'étais en traitement méthadone. Quand je l'ai connu, il n'y avait plus de prise d'héroïne. Mais le cannabis, je le connaissais depuis l'âge de mes 12 ans. Et depuis l'âge de mes 12 ans, mes filières, je les ai... Je les avais, moi, quoi. Donc, il n'y avait pas... C'était même plus de contraintes, au final, parce que...

Parce que c'était lui qui voulait être mon propre fournisseur. Quelque part, je n'avais pas intérêt à aller chercher du stupéfiant derrière son dos. Donc c'était lui qui gérait la chose, mais je n'avais pas besoin de lui. Je veux dire de mes 12 ans jusqu'à, je ne sais plus, 27 ans.

Je crois que je l'ai rencontré. Bon, je me suis toujours débrouillée tout seule. Alors pourquoi êtes-vous restée avec un homme qui vous battait ? Vous l'aviez à ce point dans la peau ? Ouais, ça a été très fusionnel. Avec Johnny, je me suis retrouvée en lui. On était très complices, très complices. On s'est tout de suite fort attachés. On marchait main dans la main. C'est vrai, au début.

Avec le recul, comment qualifieriez-vous votre amour aujourd'hui ? Alors je ne sais pas si c'est de l'amour, mais j'ai eu du mal à m'en détacher en prison, j'ai guéri de ça. Parce que la perte, elle était brutale. Pour moi, déjà, j'y croyais pas. Je m'étais totalement abandonnée à lui, donc ma vie n'avait plus lieu d'être. Voilà. Si lui, il s'en sort pas, moi, je meurs avec lui. Ouais, je m'en rappelle.

C'était de l'amour toxique. De l'amour, mais toxique. Pour l'un comme pour le hautain, je pense. Qu'on s'est pas aidé, quoi.

Chers jurés, l'audience criminelle est maintenant suspendue. Il ne reste plus qu'un jour d'audience. Demain, vous entendrez les experts psychiatres et psychologues déposer leur rapport à la barre. Le reste de la journée sera consacré à l'interrogatoire de l'accusé. Bonne soirée. Le procès à REL est une production Nouvelles Écoutes. Un podcast écrit et raconté par Clara S. Produit par Julien Neuville. Réalisé et monté par Aurore Mailleux. Mixage de Marthe Cuny.

Directrice des productions, Marion Gourdon. Directrice artistique, Aurore Mailleux. Chargée de développement, Piedra Reginato. Chargée de production, Lila Bordelais. Responsable marketing et distribution, Nicolas Procopiadis. Assistante de production, Berenice Zafini et Adèle Lecharni. Cover, Victoria Mam.

Dans cet épisode, vous avez entendu les voix de Bruno Frémont, Florian Harrell, Isabelle Adam et Paul Erhardt. Ainsi que dans les rôles de l'huissier, Victor Le Saint, Nicolas Falteau, Dimitri Leroy. Jean Copphe, Nicolas Hullman, Ludovic Couvert, Frédéric Fischer, Marie-Jeanne Marmeuse, Ingrid Maé, Omer Abbé, Prisca, Damien Debeu, Jean Pauly, Valérie Ouget, Sylvia Wang Kwokchuen.

Enregistrement chez Motifs Musiques par Julien Sabourin et Arthur Carne, au Studio Ball par Anguéran Altmeyer, à l'Underroad Records par José Brignoli, Au studio de la MOBA par Arnold Métro, mais aussi chez Chromatic Studio, Studio Vox et Belle Perf. Archive Ina et France Bleu Lorraine. Merci à Nicolas Falteau, Jean-Yves Goueffon. Paul Erhardt, Damien Bernardi, Julie Seignura, Nicolas Becker et Anguéran Altmeyer, pour leur aide précieuse et leur accompagnement. Tout droit réservé.