Episode 160: Dans leur lit - podcast episode cover

Episode 160: Dans leur lit

Oct 30, 202213 minEp. 160
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Episode description

Comme prévu, elle finit par changer les draps. Elle mit les draps souillés à la poubelle. Ensuite, elle prit longuement une douche, elle se fit belle, frous-frous et bas à dentelle sous une robe noire très élégante. Sans culotte. Rouge à lèvres très rouge. Escarpins en velours noir, liséré doré. Manteau léger et carré de soie, joliment noué autour du cou. Et elle s'en alla, sans regrets.

Transcript

"Dans leur lit" Vous �coutez D�ferlante, podcast provocateur... de plaisir. *** Pendant les vacances de Toussaint, elle avait rendu visite � sa m�re. Quelque jours seulement. Mais depuis son retour, quelque chose �tait diff�rent. D�j�, en ouvrant la porte d'entr�e, la clef s'�tait coinc�e dans la serrure. Une fois � l'int�rieur de la maison, elle avait eu ce sentiment �trange qu'elle s'�tait tromp�e d'endroit, qu'elle n'�tait pas vraiment chez elle. Une fois � la cuisine, son coeur fut travers� par une sorte de couteau, tellement vite et tellement fort qu'elle crut b�tement � une insuffisance cardiaque. Mais tout s'�tait pass� si vite, un �clair � peine, qu'� la fin... elle s'�tait m�me demand�e si elle ne l'avait pas r�v�, ce couteau transper�ant. Elle d�cida de se faire un th�, mais bizarrement, la bo�te � th� n'�tait plus � sa place. Elle avait d� la chercher, avant de la retrouver, rang�e dans une autre armoire. Tiens, �tait-ce sa place habituelle ou l'avait-elle r�v�e aussi? Pour finir, elle se laissa tomber dans le canap� au salon. Elle ferma les yeux un moment, en se disant... "je suis fatigu�e, moi". Apr�s un soupir, elle se vit dans le reflet de la tv. On aurait dit le n�gatif d'une pellicule argentique. Elle se reconnaissait, �videmment. Mais c'�tait l'ombre d'elle-m�me, une silhouette en noir et blanc, sans relief, sans couleurs, sans vie... presque. Depuis que les enfants avaient quitt� la maison, pour vivre leur vie d'adulte, tout �tait cosy, bien rang�, bien � sa place. Son mari avait enfin compris le principe du bac � linge. Plus rien ne trainait par terre, ni dans la chambre � coucher, ni dans la salle de bain. Elle avait m�me plaisant�: "- Tu vois que les miracles arrivent"? Alors, il avait �clat� de rire et ce soir-l�, il l'avait invit�e au restaurant, pour f�ter leur 2e jeunesse, comme il avait dit. - "Nous revoil� enfin seuls, ma belle, dans cette grande maison, et l�! on va pouvoir faire des folies". Elle avait ador� l'id�e. Le lendemain matin, elle s'en alla acheter des trucs � froufrous, et des bas noirs � dentelle, et un rouge � l�vres tr�s rouge. C'�tait bien, c'�tait joyeux, c'�tait l�ger. Ils avaient eu de fous-rires, parce que... bon, � 50 ans et des poussi�res, on n'a plus la mobilit�, ni la r�sistance de la 1re jeunesse. Mais... on a la sagesse! Et ce nouvel �lan leur faisait du bien, tout de m�me. C'�tait un petit coup de fouet, romantique et lubrique. Ils avaient repris pas mal d'activit�s ensemble. Par exemple, les grasses matin�es du samedi matin... Ahh, il apportait le petit-d�jeuner au lit, et elle... elle faisait semblant d'�tre surprise � chaque fois. Malgr� la routine, elle aimait bien cette petite attention. Mieux encore, tr�s souvent le petit-d�jeuner se terminait par une partie de jambes en l'air. Oh, rien d'exceptionnel, vous savez, mais assez renversant pour un vieux couple, qui partage le m�me lit depuis 30 ans. Le samedi apr�s-midi, ils faisaient leur vie s�par�ment, elle voyait les copines en ville, et lui, il partait � v�lo avec les copains. Avant de se retrouver le soir, pour diner ensemble, soit en ville, soit chez des amis. Ses copines lui trouvaient une mine splendide, rajeunie. On l'avait taquin�e sur la chirurgie esth�tique. Elle avait r�pondu, taquine: "je suis aim�e, voil� le secret!" C'est vrai, elle se sentait chanceuse. Et aussi fi�re de ce qu'ils avaient pu construire ensemble. Alors, le dimanche matin t�t, ils allaient le long du canal. Voir la brocante. Fl�ner, main dans la main. Nombre de jolies choses qu'ils avaient d�nich�es l�-bas. Par exemple, une longue vue en �b�ne, avec des anneaux dor�s, un tr�s bel objet, devenu le pr�texte d'une soir�e o� lui, il �tait Pirate et elle... elle �tait la Princesse qui devait �tre sauv�e. Ils avaient ri comme des gamins, et franchement, oui! il �tait un peu ridicule debout sur le lit, en �quilibre, � poil, queue dress�e juste v�tu d'un cache-oeil de Pirate, en train de la chercher amoureusement au bout de sa longue... vue. Une autre fois, ils avaient trouv� une toile encadr�e, toute petite et simple: juste un bouquet de tulipes rouge fonc�, pos� sur un coin de table. On ne pouvait pas savoir depuis combien de temps, mais certaines p�tales �taient fan�es. Alors, quelque jours plus tard, en descendant � la cuisine, elle avait eu le plaisir de trouver un bouquet de tulipes rouge fonc�, pos�es sur le coin de la table. C'�tait beau, simple, vrai. Elle l'avait embrass� de tout coeur et ce baiser-l�, avait eu le go�t de leur premier baiser, 30 ans auparavant. Elle �tait heureuse, euh, oui. Le reflet de l'�cran tv �tait immobile. Elle finit par se dire: "tiens! ce serait con que je meure trop vite". Elle nota dans un coin de son esprit: "prendre rdv avec le cardiologue". Elle but enfin son th� ti�de et pensa: "la vie est fragile, tout de m�me". Puis, doucement... tout rentra dans l'ordre. Ils �taient contents de se retrouver le soir, de cuisiner et manger ensemble, de parler de tout et de rien, se regarder dans les yeux, se d�sirer, se blottir l'un l'autre dans les bras et regarder un vieux film en noir et blanc avec Sophia Loren. Quelque jours plus tard, elle d�cida de changer les draps. Mais l�, pench�e sur le lit, le coup de couteau revint dans son coeur. Tout aussi fort et rapide, comme un �clair. Coinc� entre les deux matelas, il y avait quelque chose: un truc satin� rose. Du bout des doigts, elle tira dessus. 3 ficelles et un triangle de tissu... insuffisant, pour appeler cela une culotte. D'un rose Barbie vomitif, typique des trentenaires � seins fermes, qui n'ont pas encore allait�. Catatonique, elle observait seulement les r�actions dans son corps et les pens�es dans sa t�te. Elle savait d�j� que l'autre �tait vulgaire. bruyante, en spectacle permanent pour amuser la galerie. Une sorte de grenouille � grande bouche, juste parfaite pour avaler des bites. Et soudain, l'envie de vomir! Son mari avait amen� cette pute dans leur lit! L� o� ils avaient con�u leurs enfants. L� o� elle avait perdu les eaux, avant de partir dare-dare � la maternit�. L� o� les enfants, petits, d�barquaient � l'aube avec leurs doudous et leurs t�tines. L� o� il avait �t� convalescent apr�s son op�ration, et elle avait tellement pris soin de lui. L� o� ils avaient chuchot� ensemble sur l'oreiller leurs r�ves, leurs craintes, leurs sentiments. L� o� ils s'�taient endormis coll�s l'un � l'autre, apr�s avoir fait l'amour. Dans ce m�me foutu lit o� il avait �t� son foutu Pirate � peine 10 jours auparavant. Mais comment �tait-ce possible, bordel!? Son cerveau ne comprenait pas. Son coeur refusait de l'admettre. Et pour finir, un haut-le-coeur eut raison du reste. Sur ce m�me lit, elle finit par vomir ses tripes. Litt�ralement. En s'essuyant la bouche avec ce triangle rose-satin�, elle se posa la question: "mais quelle pute infinie peut accepter de venir se faire baiser dans le lit d'une autre femme?" Une trentenaire idiote, une pute � ficelles rose Barbie! Quand elle eut expuls� toute son amertume, et toute sa d�ception, hmm... elle se sentit bizarrement l�g�re. Etrangement sereine. Sa d�cision �tait prise, naturellement. La seule d�cision possible, pour ne pas perdre la t�te. Alors, comme pr�vu, elle finit par changer les draps. Elle mit les draps souill�s � la poubelle. Et ensuite, elle prit longuement une douche, elle se fit belle, frous frous et bas � dentelle sous une robe noire tr�s �l�gante. Sans culotte. Rouge � l�vres tr�s rouge. Escarpins en velours noir, lis�r� dor�. Manteau l�ger et carr� de soie, joliment nou� autour du cou. Et elle s'en alla, sans regrets. Quand il rentra en d�but de soir�e, dans la maison silencieuse et tr�s bien rang�e, il trouva sur la table de la cuisine impeccablement propre, une alliance en or, grav�e d'une date p�rim�e, ainsi que 3 ficelles roses et un triangle satin�... le tout pos� d�licatement sur un mot, �l�gamment manuscrit: - Quand je reviendrai demain, tu seras parti. Pour toujours." Apr�s avoir lu ce petit mot, chancelant, il eut besoin de s'asseoir. Ses jambes �taient en coton. Son coeur semblait transperc� par un couteau vif. Tel un �clair... la douleur. Il resta l�, assis... un long moment. Le regard absent, la t�te vide. Une heure plus tard, au moment o� il allait enfin quitter la maison il vit que la poubelle avait �t� myst�rieusement plac�e dans le vestibule, juste devant la porte d'entr�e. m'enfin? Dedans, il y avait des draps de lit, roul�s en boule, avec une odeur de vomi. Et dessus, �taient pos�es... la petite toile � tulipes rouge fonc� et la longue vue en �b�ne � anneaux dor�s. Machinalement, il les emporta, sans r�fl�chir, juste pour remplir ce vide, d�sormais bien trop grand. Et comme il ne savait pas o� aller, une fois sur le trottoir... il se dit que ce serait une bonne id�e, tiens! d'aller rendre la jolie culotte rose � sa propri�taire. *** Vous avez �cout� D�ferlante le podcast du d�sir.
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