Episode 156: La rencontre - podcast episode cover

Episode 156: La rencontre

Sep 20, 202231 minEp. 156
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Episode description

Elle ferma les yeux, pour mieux ressentir la pulsation des chairs désirantes sous ses doigts. Elle avait besoin d'entendre leur appel, pour être en mesure de leur offrir une délivrance. Frotter à peine, en avant, en arrière. Faire des cercles doux, enveloppants. Saisir entre l'index et le majeur la capuche protectrice du bouton, et la bercer d'amour, en petits mouvements à saccades. Comme on agite une boule à neige, avant d'admirer sa féerie argentée. Laisser venir l'émoi. Et le sentir gonfler sous les doigts. Special Guest: Marie.

Transcript

Vous �coutez D�ferlante, podcast provocateur... de plaisir L'�pisode de ce soir est la suite de "La rebelle" que vous avez tant aim�. Pas la peine de vous cacher, les statistiques parlent � votre place. Je suis heureuse de vous retrouver. Dans cet �pisode, pas de mots-oblig�s. J'en ai plusieurs en attente, mais ils devront attendre encore. D'accord, vous avez le droit de me donner un gage. Mais je vous pr�viens, je prendrai ma revanche. (rire) Bon, allons-y pour ce nouvel �pisode. *** Plusieurs dimanches d�affil�e, La Comtesse revint d�jeuner � sa table habituelle. Sans jamais revoir la Rebelle, ni son amoureux Merlan Frit. Mi-octobre, � bout de patience, elle posa la question � Andr�, d'une voix aussi neutre que possible: - Andr�, vous souvenez-vous de la jeune femme d�il y a quelques semaines, celle avec le tatouage? Elle �tait assise � cette table, � gauche. - Celle qui voulait se servir toute seule de vin? Ah, oui, comment l�oublier? Plut�t singuli�re, j�ai pens�. - Savez-vous s�il est possible de la retrouver, elle a perdu un document que j�aimerais lui rendre. - Ah, non, Madame, elle n�est plus jamais revenue. Et Monsieur son P�re non plus! r�pondit-il en rougissant. Une seconde plus tard, ils �clataient de rire tous les deux. Confiant, Andr� ajouta : - Je crois savoir qu�elle �tait Belge et qu�elle a log� ici, � l�h�tel. Je pourrais me renseigner � la r�ception, si vous avez un peu de temps. - Ah tr�s bien, alors apportez-moi un th� vert, du Sencha, l�addition aussi... et renseignez-vous alors. Elle adorait leur Sencha qui venait directement du Japon et qui laissait en bouche un arri�re go�t de riz souffl�. La couleur �tait d�un vert limpide, on aurait dit du jade liquide dans la tasse en porcelaine blanche. (hmm) Quelque minutes plus tard, Andr� revenait, avec un sourire victorieux. - Oui, elle a log� chez nous, j�ai son nom et son adresse de mail, si vous voulez l�avertir pour le document. D�une main l�g�rement tremblante, elle prit le bout de papier qu�Andr� lui tendait. -Oh, merci bien Andr�, vous �tes sacr�ment efficace. Il faut savoir qu�Andr� adorait les compliments. Et les pourboires, aussi. Dehors, un petit vent froid vint fouetter ses joues. d�j� rougies d'excitation. Sa main droite, cach�e dans la poche du manteau, serrait sans chiffonner le bout de papier. Il commen�ait � faire sombre de plus en plus t�t. Mais l�, encore plus, un orage se pr�parait au large. Le ciel semblait descendre sur le port. Dans quelque minutes seulement, elle pourra s�asseoir sur son banc pr�f�r� et jeter enfin un coup d��il au papier apport� par Andr�. Ce n�est qu�en voyant le tremblement de ses mains qu�elle comprit. Elle irait au bout du monde, pour la retrouver, cette Rebelle. Qui s�appelait... Nona. Nona Moretti. Les premi�res gouttes se mirent � tomber dru, sans pr�venir. Elle sursauta, le papier allait �tre tremp�, illisible. Elle le cacha alors dans sa poche, avant de relever le col de son manteau, pour se diriger d�un pas rapide vers la maison. Il y avait d�j� des flaques par terre, elle sautilla pour les �viter. Puis, elle s�arr�ta net, leva les yeux vers le ciel grondant, laissa les gouttes rafra�chir son visage empourpr� et ensuite, bim! Elle sauta � pieds joints dans une grosse flaque. Et tant pis pour ses mocassins Gucci, elle �tait trop heureuse. Joie, impatience, et coeur l�ger. Une fois rentr�e, elle alluma le feu dans la chemin�e et des lumi�res tamis�es un peu partout dans le salon. Il faisait noir avant l'heure. Elle se versa un verre de vin rouge, mit du Callas, s�cha ses cheveux avec une serviette et se mit carr�ment en pyjama. Hmm, la soie caressante sur sa peau. Assise, jambes en lotus sur le canap�, la tablette sur les genoux, elle commen�a ses recherches. Sur Google, elle tapa: Nona Moretti Belgique. Des trucs, des trucs, des trucs et puis... l�! Un article de journal, non... un magazine d'art. Une interview, avec une photo, c'�tait Nona, elle la reconnut de suite. L'article parlait du quartier du Sablon � Bruxelles, apparemment fameux pour ses galeries d'art. Nona y tenait une toute petite galerie, peinture. Elle avait du go�t et un regard tr�s bleu. - C'est loin, Bruxelles, pensa-t-elle r�veuse. De fil en aiguille, elle finit par trouver non seulement son email (qu'elle avait d�j�) mais aussi son num�ro de t�l�phone. Si elle le voulait, elle pouvait l'appeler. Pour quoi faire...? Elle leva les yeux. Fig�e sur la toile, de dos, une jeune femme Rebelle contemplait la mer calme, baign�e par une immense lune argent�e. Pour... lui acheter une toile? Non, mieux encore, pour lui en proposer. Au fil des jours, elle se ber�a d'une rencontre imaginaire. de dialogues doux et tendres. De sc�nes improbables, o� elle allait s'approcher doucement pour l'embrasser. Ou peut-�tre juste caresser sa m�che rebelle, retomb�e sur son �paule. Dans ses r�ves les plus fous, elle lui demandait de poser enti�rement nue, Assise sur ses genoux, comme pour une pri�re, de dos, les bras relev�s au-dessus de la t�te, en train de faire ou d�faire son chignon, fa�on chat qui s'�tire. Ou alors, assise � califourchon, toujours de dos, bras tendus, coudes pos�s sur le dossier de la chaise en bois. Dos cambr�, t�te rejet�e l�g�rement en arri�re. fa�on gu�pard, pr�t � bondir sur sa proie. Une chainette dor�e qui descend le long du dos presque invisible � l'oeil nu. Mais sur la toile, juste des �clats �tincelants, par ci, par l�, le long du dos. Chaque pose ainsi imagin�e, r�v�e, d�sir�e prenait ensuite vie sous ses pinceaux. et devenait r�elle sur la toile. D�but d�cembre, elle avait d�j� une belle collection de toiles qui racontaient toutes la m�me histoire. Celle d'un d�sir qui prend son temps, qui s'�tire, qui s'allonge, qui se tend en arc, avant de faire corps avec sa fl�che. Un beau matin, elle demanda � Monsieur le Comte si elle pouvait utiliser la limousine pour se rendre � Bruxelles. Un peu plus de 800 km en ligne droite. Comme une fl�che vers le Nord. Fid�le � sa distinction froide, Monsieur le Comte ne se fit pas prier et lui proposa m�me les services de Paul, leur... euh... son chauffeur. Dieu merci! Elle n'avait pas envie de faire cette route toute seule. D�part pr�vu le 20 d�cembre au matin. Elle prit ses dispositions. Elle appela Nicolas, son ami Lieutenant-colonel De la Rosi�re, qui travaillait � l'Otan et vivait depuis longtemps � Bruxelles. Ravi d'entendre sa voix au bout du fil, il lui conseilla de loger au Steigenberger Wiltcher's. - C'est un 5 �toiles tr�s bien plac�, �l�gant sans �tre tape � l'oeil. Le Directeur, Michel Cottray est un ami, je m'occupe de votre r�servation. J'esp�re avoir le plaisir de vous inviter � diner un soir pendant votre s�jour bruxellois. Tout �tait fin pr�t pour le d�part. Ses toiles allaient s'entasser � l'arri�re de la voiture. Et pour une fois, elle allait voyager devant, aux c�t�s de Paul. Qui avait toujours le chic de ne mettre que de la bonne musique. Une fois arriv�e � Bruxelles, install�e � l'h�tel, elle aima de suite l'endroit. Les toiles avaient �t� soigneusement mont�es et rang�es dans sa chambre, et recouvertes d'une sorte de drap blanc. Comme un tr�sor � l'abri de regards indiscrets. Seule, sa toute premi�re toile tr�nait sur la chemin�e. Le lendemain d�but d'apr�s-midi, sans prendre rdv elle s'en alla visiter la galerie Moretti. Il faisait froid, humide, mais... il y avait un rayon de soleil qui embellissait la ville grise. Paul la d�posa juste devant la galerie. Son coeur �tait assourdissant dans sa poitrine. Nona fumait dehors, assise sur un tr�s beau banc en bois sculpt�. Elle se laissait caresser par le soleil, les yeux ferm�s. La Comtesse h�sita, elle n'avait pas envie de g�cher ce tableau. Immobile, elle regardait la jeune femme en pensant: - Elle n'est pas si Rebelle que �a, finalement! Le t�l�phone de Nona se mit � sonner, le tableau jusque l� immobile s'anima soudainement. La Comtesse s'avan�a vers la porte d'entr�e de la galerie. La jeune femme lui fit signe d'entrer, avant d'ajouter "j'en ai pour 2 minutes" A l'int�rieur, des toiles... tout en g�om�trie. Simples, parfaites, color�es, mais trompeuses. A bien y regarder, chaque g�om�trie semblait s'enrouler sur elle-m�me pour ramener le regard au point de d�part. Astucieux. Quand Nona entra dans la galerie � son tour, la Comtesse e�t envie de fuir comme une voleuse. Mais elle resta l�, digne, pr�tendument plong�e dans l'admiration des tableaux sur les murs. - Je peux vous offrir un th�? demanda la jeune femme. - Avec plaisir, s'il est vert. - Je n'ai que du Sencha japonais, si vous aimez. La Comtesse se retourna alors, visage souriant. - Ah, � vrai dire, je ne bois que du Sencha. - Comment vous les trouvez, ces toiles? - Enigmatiques, elles vous ressemblent. (rire) - C'est le plus joli compliment qu'on ait pu me faire depuis un bon moment. Venez, on va s'asseoir sur le banc dehors. Tant qu'il y a encore du soleil. Assises l'une � c�t� de l'autre, le silence n'�tait pas g�nant. Juste l�, entre les deux, un peu �pais, r�chauff� par le th�. Un silence innocent, � peine alangui au soleil. - Vous �tes Fran�aise, alors! - Oui, enfin... plut�t Bretonne. - Et que faites-vous � Bruxelles? - Je suis venue vous voir, euh... voir votre galerie. - Mais pourquoi j'ai l'impression de vous conna�tre? Vous �tes c�l�bre? - Non, pas tellement. Plut�t noble et riche. - Noble? Noble comment? - Comtesse. - Et riche, riche comment? - A millions. - Personne n'est parfait, vous savez! L'�clat de rire partit tout seul, on aurait dit des clochettes argent�es de No�l. Elle �tait belle, quand elle riait aux �clats. - Et dites-moi, Madame Noble et Riche, que puis-je faire pour vous? - Diner avec moi ce soir? Et je vous expliquerai. - Euhh, j'avais un truc, mais... je peux annuler. Je vais annuler. - Excellent alors. 19h? "La canne en ville", vous connaissez? - Non, pas vraiment, mais je trouverai. De retour � son h�tel, elle e�t enfin la t�te qui tourne. Mais quelle folie, tout cela ne rime � rien. Cette jeune femme avait sa vie ici, sa galerie, un bataillon d'admirateurs s�rement. Mais surtout: il n'y avait aucune baguette magique pour effacer les 800 km et les 15 ans de diff�rence d'�ge. Elle alla faire quelque longueurs � la piscine de l'h�tel. Puis, elle passa du temps au spa. Elle adorait le sauna. frictionn� avec de la glace pill�e, le corps finit par se d�tendre, l'esprit aussi. Le restaurant "La canne en ville" se trouvait � deux pas de l'h�tel. Il avait gagn� une �toile et le chef, Kevin Lejeune, �tait tomb� dans la marmite � l'adolescence. Fine cuisine, sans inutiles pr�tentions. Elle n'�tait pas f�brile � l'id�e du repas. Le repas se passera bien. C'est pour apr�s le diner qu'elle avait des craintes. - Une chose � la fois, s'encouragea-t-elle. A son arriv�e au restaurant, Nona �tait d�j� l�. Assise � leur table. De dos, elle �tait belle. Tout � coup, incertaine de sa d�marche, La Comtesse faillit faire demi-tour. Nona tourna la t�te vers elle, c'�tait trop tard. Elle avan�a alors jusqu'� la table. Elle n'e�t pas le temps de se d�cider entre lui serrer la main ou ne rien faire? Nona l'embrassa sur la joue, avant de se rassoir. C'est dr�le, comment cette bretelle tenait � peine sur son �paule. Des grains de beaut� sous la clavicule. Une peau blanche, qui gardait vaguement le souvenir de l'�t�. Beaucoup de bracelets aux deux poignets. Comme pour attirer le regard et faire diversion. Des mains fines, aux mouvements vifs. Elles seraient si belles au repos, sur une toile. A la premi�re gorg�e de vin blanc, La Comtesse e�t l'impression d'�tre le taureau l�ch� dans l'ar�ne et qu'on lui agitait un drapeau rouge devant les yeux. Elle disait poliment "oui, tr�s bien" � tout ce que le ma�tre d'h�tel lui proposait. Elle prit son mal en patience. - Vous auriez d� m'avertir que c'�tait un restaurant gastronomique. - Ah bon, pourquoi cela? - Je pr�f�re les �viter, derni�rement. Je les trouve trop guind�s. M�me si on y mange tr�s bien. - Oh, une mauvaise exp�rience? - Oui et non, disons que la derni�re fois, �a aurait pu mieux se passer. La Comtesse pensa encore: mais comment fait-elle pour faire tomber cette bretelle? On d�posa les entr�es sur la table. Ca faisait envie, c'�tait beau. Nona finit par demander: - Alors, dites-moi, Madame Noble et Riche, pourquoi �tes-vous venue � Bruxelles exactement? - Je suis peintre. Et vous avez une galerie. - (petit rire) Ah bon, vous voulez exposer chez moi, c'est �a? - Oui, c'est �a! - Mais vous avez d�j� expos� quelque part? - Oui, Un peu partout, Rome, Paris, Barcelone, New York, mais c'�tait il y a 30 ans. - Ah bon, mais que s'est-il pass� depuis? - Euh, il s'est pass� la vie: je suis tomb�e amoureuse, je me suis mari�e, j'ai fait des enfants, j'ai arr�t� de peindre et un jour, j'ai eu 50 ans. Assises l'une en face de l'autre, le silence n'�tait pas g�nant. Juste l�, entre les deux, un peu �pais, berc� par la musique du restaurant. Un silence que les mots n'avaient pas besoin de troubler. Nona fit signe alors au serveur. - Oui, Madame? - Vous permettez que je me serve toute seule du vin? - Mais bien s�r, je vous en prie, Madame. La Comtesse �clata de rire. - Vous �tes un ph�nom�ne, vraiment! - Ah, mais, en vous regardant ainsi, dans le silence, je me suis souvenue de vous. Vous �tiez � la table juste � c�t� de la n�tre. Comme assise sur des aiguilles. Ce soir, je ne voulais pas vous embarrasser. Dire que la Comtesse avait rougi de la t�te aux pieds ce serait mentir. Elle avait rougi bien plus que �a! Etait-ce le vin? Le fait que Nona l'avait remarqu�e ce soir-l�? Ou qu'elle avait voulu ce soir lui �pargner un embarras? C'�tait tout cela, et bien plus encore. Et � partir de l�, la soir�e fut carr�ment glissante. De toutes les mani�res possibles. Les petits mots qu'on se glisse en confidence � l'oreille. Le vin qui chatouille les papilles avant de glisser r�chauffant vers le ventre. Les jambes qui glissent discr�tement l'une contre l'autre, en dessous de la table. Et les �clats de rire, qui troublent le regard, juste avant que celui-ci ne vienne glisser caressant, contre la peau. Pour finir, elle prirent un dessert avec deux cuill�res. C'�tait plus chaleureux ainsi. Plus naturel. Pas une fois la Comtesse n'avait os� relever cette fichue bretelle. Ni toucher la m�che rebelle qui venait embellir la ligne gracieuse du cou de Nona. Rien de tout cela. Mais sa m�moire photographique avait enregistr� chaque d�tail, chaque millim�tre de douceur. Pour plus tard. Quand elle sera enfin seule, avec ses pinceaux. En sortant du restaurant, Nona demanda: - Vous logez o�? - Ici, tout pr�s, au Wiltcher's. - L'ancien Conrad, l� o� Clinton �tait venu? Il para�t que c'est bien. - C'est pas mal, vous voulez voir? Venez, on va prendre un dernier verre au bar. La Comtesse prit Nona par la main. Le voiturier les salua en souriant: - Mesdames, bonsoir! Il y avait des lumi�res partout, No�l �tait au coin de la rue. La Place St�phanie avait un charme tr�s carte postale. Avec son sapin figuratif, totalement d�sarticul�, s�rement une autre oeuvre d'un artiste en mal de reconnaissance. Ou d'inspiration. En passant devant la r�ception, Nona lui serra doucement la main. La Comtesse s'arr�ta. - Ah, vous avez chang� d'avis? - Non pas du tout, mais je pr�f�re le boire dans votre chambre, ce dernier verre. (pause) - Vous avez raison, venez. Les deux femmes se retrouv�rent dans l'ascenseur. Imaginez deux tam-tam. Chacun sur sa colline, leur rythme est diff�rent. Et pourtant, d'une certaine fa�on, les �chos se compl�tent. S'arrondissent, les uns les autres. S'entre-m�lent pour inventer un autre rythme, bien plus riche. Leurs deux coeurs, dans cet ascenseur, �taient des tam-tam. La Comtesse ouvrit la porte de sa suite et la laissa passer. Nona enleva directement ses boots, laissa tomber son manteau, ensuite son chandail, �parpill�s par terre, comme des pierres blanches pour l'aider � retrouver plus tard son chemin vers la sortie. Elle alla s'asseoir dans le canap�, en soulevant sa robe. La Comtesse vit ses jambes habill�es d'un collant noir � motif l�opard. Espi�gle et souriante, Nona croisa les jambes, en lotus. Mais l�... ainsi assise, son regard d�couvrit la toile pos�e sur la chemin�e. Qu'elle scruta longuement. Sans rien dire. Peut-�tre juste les yeux l�g�rement embrum�s? Le tam-tam dans sa poitrine plus fort? M�me pas s�r. Au bout d'un moment, La Comtesse lui tendit une tasse de th�. puis, elle vint s'asseoir aussi sur le canap�. On entendait juste les coeurs s'accorder dans leurs battements et le cric-crac du biscuit que La Comtesse mangeait, en croquant d'abord les coins. Les mains serr�es autour de la tasse de th�, enfin, Nona parla: - Mais c'est moi, sur la toile. La Comtesse ne r�pondit rien, elle croqua juste le 3 coin de son biscuit. Nona poursuivit: - Mais vous l'avez vue, vraiment! Vous l'avez m�me peinte, toute enti�re et tr�s argent�e... - Quoi donc? - Ma... solitude. Je me regarde l�, de dos, et vous savez ce que je ressens? - Non, dites-moi. - Je ressens tout ce d�sir que vous avez pour moi. C'est beau, c'est rassurant, c'est gu�risseur. S'il fallait faire une exposition juste avec cette toile, ma galerie est � votre disposition, Madame Noble et Riche! Puis, en d�posant sa tasse sur la table basse, Nona se leva d'un bond. La Comtesse sursauta. - Vous partez... d�j�? L'oeil p�tillant, Nona r�pondit: - Que n�nni, je cherche le mini-bar! Votre th� est exquis, mais �a manque de folie ici! Je vous pr�viens, je reste dormir chez vous cette nuit. Et vous allez tout me raconter. Parce que je veux tout savoir. La Comtesse avala le dernier morceau de biscuit, se leva, fit 2-3 pas vers Nona, puis tendit sa main pour relever enfin cette fichue bretelle et pour caresser enfin cette m�che rebelle. - Ca fait des mois que j'ai envie de faire cela, dira-t-elle ensuite, avec un sourire �triqu�. Nona se souleva sur la pointe des pieds, passa sa main autour de la taille de La Comtesse et approcha son visage du sien. Elle la regarda longuement, comme au ralenti, presque en train de loucher. Avant de lui rouler une pelle envahissante. Elle l'embrassait comme si elle avait soif. Comme si c'�tait le dernier baiser avant la fin du monde. La Comtesse eut le vertige. Et quand son ventre gargouilla d'�motion, Nona partit dans un �clat de rire contagieux. - Bon, j'ai soif, il est o�, ce mini-bar? - Laissez, je vais commander du champagne. - Non, non, non... le champagne c'est trop bourgeois, attendez, je m'en occupe! Une fois le room service au bout du fil, Nona demanda des biscuits sal�s et tout le n�cessaire pour faire des Bloody Mary. La Comtesse se racla la gorge discr�tement. - Pour l'exposition, vous �tes d'accord alors? - Mais oui, je vous l'ai dit... - Vous ne voulez pas regarder d'abord les autres toiles? - Parce que vous en avez d'autres? mais montrez-moi alors! La Comtesse souleva alors le drap blanc, avant d'ajouter: - Prenez votre temps. Elles sont toutes l�. Sur ce, le gar�on d'�tage toqua � la porte. La Comtesse lui ouvrit, il avan�a le chariot pour le placer � droite de la chemin�e. Il se mit � pr�parer les cocktails. Sans tourner la t�te vers lui, Nona lui cria: - Sois g�n�reux avec la vodka. Une fois les cocktails pr�par�s, il posa les deux verres sur le chariot et s'en alla discr�tement. Nona avait �tal� les toiles partout dans la pi�ce. Puis, elle monta sur la table basse, pour les regarder � la ronde. - Il y en a 10 au total! Et c'est moi sur chacune de ces toiles. - Depuis la mi-septembre, j'en ai peint une chaque dimanche, apr�s mon d�jeuner au restaurant. L�, o� vous n'�tes jamais revenue. - Bah non je n'y suis pas revenue, puisque j'habite ici moi, � Bruxelles. Mais... vous m'avez retrouv�e comment? - Euhh, Andr�? Vous savez, le serveur. Il s'est discr�tement renseign� � la r�ception. Et j'ai eu votre nom et votre email. - Mais quelle fouine, celui-l�... Attendez, ils vous les ont donn� comme �a? - Non, pas vraiment "comme �a"... j'ai dit que vous aviez �gar� un document important, et que je devais vous le rendre. - Vous avez menti? - Euhh, pas tellement, juste un peu. - Comment �a, juste un peu? La Comtesse lui montra du regard un tout petit plateau argent� pos� sur la commode. Dessus, il y avait un papier manuscrit, pli�. D'un simple regard, Nona reconnut son �criture. - C'est vous qui l'aviez? Je pensais l'avoir perdu. Dire que Nona avait rougi de la t�te aux pieds ce serait mentir. Elle avait rougi bien plus que �a! Troubl�e, Nona go�ta le cocktail - Ah, qu'il est bon! hmm Ecoutez, vos toiles sont splendides. Et je ne le dis pas parce que c'est moi dessus. Elles le sont vraiment. C'est �tonnant! Toujours la m�me femme, moi, de dos... et toujours le m�me d�sir, le v�tre. Chaque fois, dans d'autres couleurs et dans d'autres postures. C'est beau... J'aime, vraiment. (pause) J'ai tremp� ma culotte en les regardant. Sur ces mots crus, Nona d�posa son verre sur la chemin�e puis s'approcha de La Comtesse, � qui elle tendit la main tendrement pour la relever du canap�. Raidie d'�motion, La Comtesse posa son regard plus loin, sur la toile de la chemin�e. Argent vif, Nona souleva sa robe, prit la main de la Comtesse et la glissa dans sa culotte. - Caressez-moi, lui chuchota-t-elle ensuite dans le creux du cou. Et La Comtesse, travers�e de part en part, par un frisson et un d�sir, apprivoisa du bout des doigts cette chatte chaude, toute tremp�e, d�goulinante, collante, ce bouton sailli de sa capuche de chair, et ces l�vres ras�es � ras, en contraste, avec la glu visqueuse qui suintait. Elle ferma les yeux, pour mieux ressentir la pulsation des chairs d�sirantes sous ses doigts. Elle avait besoin d'entendre leur appel, pour �tre en mesure de leur offrir une d�livrance. Frotter � peine, en avant, en arri�re, faire des cercles doux, enveloppants, saisir entre l'index et le majeur la capuche protectrice du bouton, et la bercer d'amour, en petits mouvements � saccades, comme on agite une boule � neige, avant d'admirer sa f�erie argent�e. Laisser venir l'�moi. Et le sentir gonfler sous les doigts. Recommencer tendrement. Nona semblait chancelante sur ses jambes. La Comtesse passa alors une main ferme autour de sa taille pour la soutenir. Elle l'embrassa dans le cou aussi. La main dans la culotte continuait son ouvrage d�licat pour frayer un chemin � la vague qui allait d�ferler t�t ou tard, pour s'�chouer fatigu�e dans sa paume, comme sur un rivage. La vulve enti�re s'abritait dans cette paume, confiante. S'y abandonnait m�me, sans crainte. Et l�, debout, au plein milieu d'une suite hors de prix, dans un h�tel 5 �toiles � Bruxelles, par une nuit de d�cembre, illumin�e de d�corations scintillantes... deux femmes se rencontraient vraiment. Et s'aimaient, dans leur bulle � f�erie argent�e. *** Vous avez �cout� D�ferlante le podcast du d�sir.
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