En 1995, le rédacteur en chef de Elle, Jean-Dominique Bobby, est victime d'un AVC. Enfermé dans son corps, il ne peut désormais communiquer qu'avec son œil gauche. Cette histoire, Julian Schnabel la raconte en 2007 dans le film Le scaphandre et le papillon. L'immobilité, la perte des mots, le temps qui se dilate, mais aussi l'amour, comme seul fil entre deux mondes. Celui des vivants,
et celui de ceux qui s'en éloignent peu à peu. Henri, lui, n'a pas perdu la parole, mais il a vu s'éteindre lentement celle qu'il aimait. Mais parfois, ce sont les vivants qui reviennent de loin. Vous écoutez Transfer. Ce témoignage a été recueilli par Lola Colomba. Attention, cet épisode aborde des sujets sensibles. Pour en savoir plus, reportez-vous au texte de description de l'épisode.
Je suis né à Bourg-en-Bresse en 1940, juste au début de la guerre. Et j'ai perdu mon papa en 1943. J'avais trois ans. Ma maman est restée seule avec huit enfants. Elle nous élevait comme elle l'a pu. C'était très dur. Au moment de la guerre, ce n'est pas facile. Il n'y avait pas grand-chose à manger. Pour vivre, il fallait penser à se nourrir. Et il a fallu que maman...
m'envoie dans une ferme à la campagne où il était sûr que j'aurais à manger. Alors je suis arrivé dans cette ferme où j'étais comme le chien. Comme le chien, je ne comptais pas, j'étais complètement invisible. On m'a emmené dans un grenier et on m'a dit, tiens, voilà, c'est là que tu vas coucher. Il y avait une paillasse par terre qui était constituée de feuilles de maïs. J'ai pleuré, pleuré, pleuré, pleuré. Et puis, il fallait que je m'efface.
Pendant quelques années, jusqu'à l'âge de 11 ans, je suis berger dans cette ferme. Mes journées, le matin, quand je passe devant la fenêtre au rez-de-chaussée, la patronne me tend un petit verre de lait et je vais à l'écurie. Je commence à enlever le fumier derrière les vaches. Je cherche ça sur une brouette qui est beaucoup plus haute que moi. J'essaie de la sortir comme je peux. Je pleure, je pleure beaucoup, mais j'y arrive.
Les gens du village me disaient que j'étais le garçon le plus courageux du village, et j'en étais fier. Je suis fait pour être dehors, pas pour cette ville-là, parce qu'elle était très dure, mais je n'avais pas le choix. Mais je suis un petit être sauvage, il faut que je sois dans la nature. Un jour, mon patron me prend un part et il me dit, voilà, il faut que tu restes à la ferme.
Alors, si tu veux, on va te garder tous les ans une petite bête, une petite génisse. Tu te feras un cheptel et tu resteras à la ferme. Et moi, ça me convenait parce que j'étais très près des animaux. Je me confiais plus aux animaux qu'aux humains. Et j'ai gardé cette petite bête qui est devenue ma confidante. Et je l'ai gardée pendant 6 ou 8 mois. Et puis un jour, j'arrive à l'écurie, cette petite bête n'y était plus. Il l'avait vendue. Et pour moi, ça a été une cassure. Et j'ai dit...
Je ne resterai pas. Et puis finalement, quelques temps après, j'ai dit je m'en vais. Quand j'arrive à la maison, après mon départ de la ferme, ma maman est très contente. Elle me couvre un bisou et je n'ai pas connu ça depuis des années. Pour moi, c'était un grand moment de bonheur, mais il fallait quand même penser à vivre. J'ai fait mon apprentissage de mécanographe pendant trois ans, mais je ne suis pas fait pour ce travail, je suis fait pour vivre dehors.
Au bout de trois ans, j'ai abandonné la mécanographie et je suis rentré dans une entreprise de drapeau public, le bâtiment d'abord. La vie de chantier, c'était très physique. Je souffre vraiment parce que ce n'était pas du tout le même travail qu'à la ferme. J'ai dit, il faut t'accrocher et j'y arrive. Nous sommes en 1957.
Un jour, avec un copain, on se promène. Et puis, dans la rue, on voit deux filles qui marchaient devant nous. Et avec mon ami, on dit, tiens, si on les abordait, on irait éventuellement prendre un verre. Puis après, il m'a dit, moi, tu vois, celle de gauche, elle me plaît bien. Je pense celle de gauche, moi, je pense celle de droite. Puis moi, celle de droite, c'était Hélène. Elle a 4 ans de plus que moi, c'est-à-dire qu'elle a 21 ans.
Et bon, j'ai su qu'elle était secrétaire dans une entreprise. Alors un soir, je l'ai abordée, ça n'a pas tellement marché. Parce qu'elle me dit, mais ce n'est pas possible, tu me fliques. Je dis non, je suis là par hasard, vraiment par hasard. Et puis on a décidé quand même de se revoir.
Et très vite, très vite, j'ai compris que c'était la femme de ma vie. Elle savait tout, elle connaissait tout, elle jugeait tout, elle avait toujours le bon jugement. Moi, j'étais une petite bête encore, j'étais une petite bête sauvage. C'était un choc, c'était un choc pour moi. J'avais beaucoup d'admiration et puis je désirais aller beaucoup plus loin. Les premières sorties, ce sont des visites autour du lac de Lentua, des visites dans la montagne, beaucoup de marches en montagne.
C'est notre passe-temps favori. On se retrouvait avec les fleurs, avec les animaux, très tôt le matin. On me disait demain matin, est-ce qu'on peut se voir à 5h30 ? Oui, à 5h30, bien sûr qu'on va se voir. Je suis très content de me lever à 5h30. On vit de très bons moments avec Hélène et puis on dit peut-être qu'il faudrait qu'on a un visage de séancer. Elle était joyeuse.
Elle était très réservée, était joyeuse. Je ne m'attendais pas à ça. Je pensais qu'elle allait me dire, écoute, on va prendre encore un peu de temps parce que tu vas faire ton service militaire. Et on pourrait voir ça. Après, j'étais sur le point de partir en Algérie. Et puis, j'ai dit, moi, c'est maintenant. Je veux qu'on soit lié. On le fait, on se finance. Et quelques temps après, je reçois mon affectation pour partir en Algérie, faire la guerre d'Algérie.
Je suis appelé, et comme tous les jeunes Français, entre 19 et 20 ans, on doit faire le service militaire. Et on est envoyé là-bas, comme soldat appelé. Et on est appelé pour du maintien de l'ordre. Comme tout le monde, on y allait reculons. Il ne pouvait pas dire qu'on était content de partir, mais il fallait y aller. Parce que quand on nous parle de sentiments nationaux, à l'époque, ça ne nous parlait pas beaucoup. Tant plus qu'à 19 ans, on n'était pas bébés, mais presque.
J'embarque pour l'Algérie à Marseille. C'est en mars 1960 que je débarque à Alger. On nous met dans les wagons pour rejoindre notre affectation. Moi, j'ai été infecté sur les hauts plateaux de Kabylie. C'est là-bas qu'avait commencé la rébellion. J'ai rejoint Saint-Arnaud, une grande ville à côté de Sétif.
Et là, je découvre vraiment, vraiment la misère. Je découvre le Moyen Âge. Je découvre vraiment la faim des enfants familier qui vous courent après, qui essayent d'avoir la moindre petite chose. On fait des patrouilles en ville. On est attaqué par le spécial effet d'agape. On se fait tirer dessus, on riposte, on fait comme on peut, qu'on essaie de sauver Zapo. On a 30 000 morts et autant de disparus. De l'autre côté, c'est pareil, c'est bien, bien pire encore.
c'est la guerre avec toutes ses horreurs, il n'y a pas de guerre propre. On n'est pas formés, nous les appeler, on n'est pas soldats de carrière, militaires de carrière, on n'est pas formés pour encaisser ça. Et pour quelqu'un comme moi qui est sensible, ce n'est pas facile à vivre.
Un jour, la veille de Noël, lors d'une patrouille, on nous attendait, et les balles sifflaient, elles venaient de gauche, de droite, on avait peu de solution devant nous, on ne pouvait plus ni avancer ni reculer, il fallait sauver sa peau. C'est ce que tout le monde a essayé de faire. Nous étions 17, 15 morts, deux à 100 lettres sorties. Moi, on m'a retrouvé 48 heures après. J'ai plongé du bon côté parce qu'il y avait un ravin.
Une autre fois, on faisait des bouclages. C'est-à-dire qu'une fois, dans une grotte, il y avait deux gars qui sortent et puis une fille. La fille était violée, bien sûr. Elle sortit de la grotte, la petite, elle avait les yeux qui sortaient de la tête, elle m'en avait peur. On savait que ça se pratiquait. Couramment, chez eux, c'était pareil. Quand ils prenaient quelqu'un de chez nous, moi, j'avais dit à mes gars, si j'assistais à même une tentative, je...
Je le flinguerais, le gars. Ça ne s'est jamais produit. Mais après, là, on a été déminiés. Si je m'y étais opposé, sans doute qu'on m'aurait tiré dessus aussi, moi. Ça m'a pourri un peu la vie pendant longtemps.
Pendant la guerre, heureusement, les services postaux de l'armée fonctionnent à peu près. On reçoit quand même du courrier, pas régulièrement. Alors parfois, on attend, on attend. Et puis un jour, il nous arrive une dizaine de lettres. J'ai des lettres d'Hélène, et puis on ressent qu'elle est... plus inquiète que moi. On essaye de ne pas inquiéter nos proches quand on reçoit du courrier, quand on répond, des banalités.
Ça ne servait à rien de les inquiéter, parce que ça dépendait un peu quand vous répondiez de l'humeur du moment, suivant ce que vous avez vécu, suivant ce que vous avez entendu. On a l'inquiétude, parce qu'on se dit « elle va m'attendre, c'est sûr ».
Mais comment je vais revenir ? J'aurais une jambe coupée, j'aurais reçu des éclats dans le visage. Alors on est inquiet, on est inquiet pour beaucoup de choses. Et puis il peut se passer beaucoup de choses ici en France qu'on ne sait pas. C'est très douloureux. Après, je désire me marier, on convient avec Hélène de se marier, et en 1961, on fixe la date du 4 février 1961, un an après mon départ en Algérie.
Et je rentre pour un moment, pour une permission de trois semaines. Ça passe très vite. On passe beaucoup de temps à l'église, beaucoup trop longtemps. Parce qu'on voudrait qu'on soit mariés vite. Après, il y a le repas, il y a la famille.
Il y a beaucoup de gens qui viennent vous poser des questions sur votre vie. Vous auriez dû attendre, vous auriez dû attendre un peu. C'était mieux, notamment ma belle famille qui disait qu'ils auraient dû attendre un peu. Moi, je savais qu'on avait attendu trop longtemps. Puis Hélène aussi.
Et puis après, on avait signé, c'était notre vie. Après, on appartenait l'un à l'autre pour la vie. Ces trois semaines passent très vite. C'est très joyeux, c'est très intense, mais ça passe très vite. Et puis, en réalité, c'est pas trois semaines parce que les... La dernière semaine, vous êtes déjà presque parti, vous replongez dans l'ambiance.
Je suis retourné en Algérie, et puis encore quelques incidents, pas mal d'incidents, et on juge que je devienne dangereux pour l'armée. Pour tout ce que j'ai subi, il y a des choses que je ne tolérais plus. Parce que j'ai vu des anciens qui avaient fait la guerre d'Indochine et qui étaient revenus complètement tarés, débiles, et on a peur de devenir comme eux. La guerre, c'est ça. On s'en sort de la guerre, mais c'est ce qui se passe après.
On me dit, voilà, il y a un convoi sanitaire qui rentre en France. Un convoi sanitaire, c'est un avion avec des blessés, avec des estropiés, deux ou trois qui étaient devenus fous. Alors, on te charge de t'occuper de cet avion pour emmener les gars au Val-de-Grâce à Paris. Et puis, j'ai fait ça. Après, ils m'ont dit, tu peux terminer ton temps en France. Quand j'ai été renvoyé en France, chez moi, j'ai commencé à faire des cauchemars, comme beaucoup de mes camarades.
Alors ces cauchemars, c'était des explosions. Je me réveille dans la nuit en transpirant, à sauter du lit, à ne pas savoir où je suis. Ça se traduisait aussi par jamais me mettre en face d'une porte si quelqu'un frappait, si quelqu'un sonnait, parce que j'avais toujours l'impression qu'on allait tirer des balles ou une grenade à travers cette porte.
À l'époque, ce n'était pas recommandé, après la guerre, d'aller voir un psychiatre ou un psychologue ou une assistance sociale. Ces gens-là, il fallait les mettre de côté. Et moi, j'ai éprouvé le besoin quand même de parler à un psychiatre. Je l'ai vu, ce psychiatre, pendant quelques temps. Il m'a donné...
Les cachets, je me rappelle, étaient très difficiles de m'exprimer au sujet de la guerre, parce qu'on voulait oublier, essayer d'oublier. Et ce n'était pas la meilleure chose à faire, il fallait parler. Et puis, quelques mois après, il me dit « bon, je ne peux plus rien pour vous, vous allez bien, soyez très prudents, vous allez rester fragiles, pas d'alcool, une vie très saine. »
Et c'est ce que je me suis forcé de faire toute ma vie, d'avoir une vie à peu près calme. Avec Hélène, nous avons décidé de tirer un trait sur tous ces souvenirs, de ne pas ramener ça, parce que ça ne nous amenait rien de bien dans la vie. C'est une autre période, il a fallu la vivre, c'était obligé, c'était comme ça. Mais après, il fallait penser aux belles choses que l'on allait découvrir tous les deux. Nous avons eu deux filles, Laurence, en octobre 1961, et Valérie.
Novembre 1963. Et puis alors, se promener avec la poussette, très grand moment de bonheur. Ça ne peut pas se traduire. C'est la chair de votre chair. Attention, j'ai adoré mes filles, mais moi j'ai l'impression qu'ils n'étaient pas à moi, que c'était toute Hélène. Il lui a fallu beaucoup de courage, mais elle, avec deux enfants, elle voulait un troisième. Et puis, on découvre à 7 mois de grossesse qu'elle avait un cancer, mais très avancé. Ça n'avait pas été détecté.
Et elle a été soignée par un grand cancérologue. Et puis tous ses professeurs ont dit, puis ils la tutoyaient et ils disaient « Mais tu as deux enfants et toi tu vas mourir. Qu'est-ce qu'elles vont devenir tes filles ? Il faut cesser cette grossesse. » Et finalement, elle a pleuré beaucoup. C'était sa décision. Elle a toujours respecté la mienne, mais moi, j'ai toujours respecté la sienne. Alors, ils ont fait une césarienne. Le bébé n'était pas viable. Il avait déjà aussi le cancer.
Elle a souffert, souffert, parce qu'à l'époque, le cancer était traité avec du cobalt et du radium. C'était des mèches de radium qu'on mettait dans le ventre pour faire un feu croisé comme ça sur la tumeur. pour faire mourir cette tumeur. C'est horreur. Elle est ressortie là-bas, elle faisait 32 kilos, entre 32 et 34. Hélène n'a pas voulu aller en maison de repos. À l'époque, ça ne se faisait pratiquement pas. Elle a fait sa convalescence à la maison.
Pendant cette période-là, ma sœur décide de prendre les deux filles avec elle. C'est terrible parce que cancer, dans ces années-là, on ne parlait pas de guérison. On m'a dit, voilà, on la prolonge de cinq ans. On a pendant cinq ans, mais ça peut durer trois ans, et ça peut durer six. Chaque jour, c'est une victoire. Mais une victoire à quel prix ? Au prix de souffrance. Puis vous dites, mais tiens, elle est moins bien qu'hier, elle est moins bien. Voilà, vous avez peur.
Et Hélène se remet petit à petit de son cancer. Et elle s'est vertuée à reprendre le travail rapidement. Nous récupérons nos deux filles et nous reprenons une vie à peu près normale. Et toute cette petite famille de quatre personnes a décidé de quitter Bourg-en-Bresse pour cette grande ville de Lyon afin de trouver un emploi où nous pouvions espérer une promotion. On va à Lyon.
Et dans la même journée, on trouve un emploi pour elle, un emploi pour moi et une école pour les enfants. Moi, je travaille dans une grosse boîte internationale où on me prend comme chef de chantier à l'essai. Hélène contacte un laboratoire et elle est prise au contrôle qualité. Les journées étaient très longues, les journées de travail, c'était minimum 12 heures. Et on travaillait le samedi aussi, et souvent même le dimanche matin.
Quand il m'est arrivé de partir à 2h du matin, Hélène se levait toujours pour préparer mon petit déjeuner. Elle voulait que j'aie bien mangé avant de partir, que j'ai toujours une tenue de rechange au cas où je prendrais l'appui en visitant des chantiers.
Ça me touche énormément. C'était une sainte, cette femme. Elle, elle s'occupait des enfants aussi, en plus de son travail. Parce que moi, j'étais souvent du placement. C'est vrai qu'elles ont été élevées avec beaucoup d'amour. Certains disent trop. Mais ça a compensé un peu ce que...
Eden et moi, nous n'avions pas connu. Il nous arrivait de nous chamailler, notamment pour l'éducation des enfants. De temps en temps, je n'étais pas assez sévère. Mais malgré tout, ils nous étions un petit peu, on ne peut pas dire fâchés, mais un petit peu chamaillés. C'était une promesse qu'on s'était faite. Nous devions toujours nous réconcilier le soir avant d'aller au lit, parce que qui peut être sûr le lendemain matin de ce qui se passera.
En 1994, j'ai 54 ans, je suis en pleine force physique malgré tout. Souvent, il m'est arrivé d'avoir des douleurs au ventre. J'ai décidé de consulter et on a détecté d'abord un cancer de l'intestin. J'ai été opéré. Ce cancer a continué à évoluer. Après, on m'a découvert un cancer des testicules. J'ai très peur parce que le...
Le professeur qui m'a opéré à Lyon m'avait dit, voilà, il te reste neuf mois à vivre si on ne t'opère pas. Et si on t'opère, si ça ne réussit pas, tu en auras pour trois semaines. Je me suis battu pour continuer à vivre. Il n'y avait pas de raison que je n'y arrive pas. J'ai bien eu des doutes souvent, mais je me suis battu, puis j'ai réussi. Il a fallu à peu près cinq ans après mon opération.
pour qu'on me dise « tu es guéri ». Pour mon épouse et moi-même, ça a été un très grand soulagement, bien sûr. Je reçois un jour un courrier de la sécurité sociale qui m'invite à passer une visite. Et à la suite de cette visite, il m'annonce que je ne peux pas reprendre le travail. Ce serait trop dangereux pour vous de continuer à travailler. Et je vous mets en invalidité. J'ai annoncé ça à mon entreprise et j'ai quitté mon emploi.
J'ai été très triste, bien sûr. Bien sûr, c'est difficile à vivre. Hélène a cette époque-là 58 ans. Et Hélène, on lui a proposé une mutation à Paris. Et Hélène a demandé à ce moment-là, elle a dit « Non, je ne veux pas partir, je lui demande d'être licenciée ». Alors elle s'inscrit au chômage, c'était très bien rémunéré à l'époque.
Et moi, pareil, moins invalidité, j'avais mon salaire supérieur à ce que je percevais dans l'entreprise. À 58 ans pour Hélène et à 54 ans pour moi, c'est comme si nous étions à la retraite. Nous avons... organiser notre vie comme si nous étions à la retraite. À ce moment-là, nous disons, bah tiens, nous allons pouvoir profiter l'un de l'autre, parce qu'une fin de carrière, c'est une fin de carrière, on est libre.
Vous vous dites, maintenant, on va vivre autrement. On a décidé de construire une maison à 14 kilomètres de Bourg-en-Bresse, à la campagne, dans notre région d'origine. En 2004, Hélène a les comportements de plus en plus étranges. Dans les conversations, elle perdait un peu le cours de ses pensées. Et surtout, elle fuyait les contacts. Ça commençait à m'intriguer.
En 2007, elle s'est perdue, loin de chez nous. Elle a été arrêtée sur la place et puis elle a été perdue. Et c'est un couple qui l'a demandé, vous voulez quelque chose, je ne sais plus où je suis. Ils ont pris les papiers du véhicule et l'ont accompagné à la maison. Et ensuite, elle a décidé d'arrêter de conduire. Et un jour, elle m'a dit, je ne garde pas mon vélo, je le vends. J'ai compris qu'elle partait vraiment.
Certainement qu'Hélène avait commencé à comprendre qu'elle n'était plus sûre d'elle, qu'il fallait qu'elle cesse certaines activités, notamment la conduite. Elle était suivie par un neurologue depuis plusieurs années. Trouble cognitif, léger, après un peu plus prononcé. C'est en 2011. C'est une neurologue de Lyon qui nous a reçus et qui a demandé à me parler en dehors d'Hélène. Elle m'a dit « Voilà, votre épouse est atteinte de la maladie de la jeune mère. »
Et elle m'a dit, ça risque d'évoluer très vite. Qu'est-ce que ça veut dire pour moi ? Et elle m'a dit, vous allez être obligé de la confier dans une maison spécialisée. Et moi, j'ai dit non, c'est moi qui m'occuperai d'elle, je ne veux pas. Quand vous découvrez que la personne que vous aimez, qui est toute votre vie... Parce qu'elle part, elle oublie tout, elle n'a plus envie de parler. Votre vie s'écroule. Votre vie s'écroule. Alors vous dites, qu'est-ce qu'on va faire ?
À partir de ce moment-là, c'est moi qui prends tout en charge. D'abord pour tout ce qui était paperasserie, c'était elle qui s'en occupait toute sa vie, moi jamais. J'ai pris ça en charge, parce que je voyais qu'elle ne pouvait plus le faire. Et puis ensuite, elle a commencé à avoir peur de beaucoup de gens. Alors elle ne voulait pas d'infirmière, elle ne voulait pas de soignante.
Alors c'est moi qui ai pris en charge complètement, qui ai fait sa toilette, qui la faisait manger, qui l'accompagnait aussi comme j'ai pu. Nous avons une très grande terrasse à l'appartement qui est au quatrième étage, et j'avais peur qu'elle saute.
Alors, j'ai installé un fil de nylon devant la porte-fenêtre avec des clochettes. Et la nuit, parce que quand je me couchais, je tenais toute la main la nuit, mais je m'arrivais la nuit de lâcher sa main. Alors je touchais vite, voir si elle était à côté de moi. Et puis, j'avais peur qu'elle sorte et qu'elle saute. Alors, je vais installer ces clochettes. Oui, c'était des précautions de tous les jours, tous les jours, tous les instants. C'était un bébé, mais un bébé adulte.
Pour ce qui est des filles, ma fille Valérie travaille à l'hôpital de Nevers avec son mari, et pas beaucoup de disponibilité, c'est très dur. Et puis autrement, ma fille Laurence, à Perpignan, fait ce qu'elle peut, elle vient. parfois deux ou trois fois par semaine. Mais moi, c'est 24 heures sur 24. À la maison, j'ai des aides, des aides ménagères.
qui viennent, mais moi, les aide-ménagères, je ne veux pas qu'elle fasse le ménage, je veux qu'elle s'occupe d'elle, qu'elle lui fasse faire des dessins, voilà. Et bon, moi, après, c'était dur. Une femme si intelligente, incapable de... de crayonner, de faire un dessin, de colorier, c'est terrible. C'est terrible. C'est une deuxième guerre pour moi. Mais une que je ne vais pas gagner.
Au fur et à mesure des années, qui passent beaucoup trop vite d'ailleurs, je vois que son état de santé se dégrade. Alors on prend contact avec une psychologue. Et elle essayait de faire entrer dans ma tête qu'Hélène ne reviendrait jamais comme avant et qu'il fallait envisager même prendre contact avec une EHPAD. Je prends contact, la directrice et le personnel soignant nous reçoivent.
On parle, Hélène n'a pas dit un mot, bien sûr, mais j'ai dit, voilà, maintenant, j'envisage dans quelques années, peut-être dans 10 ans, dans 5 ans, je ne sais pas, mais je vais retenir une place. On a reçu une confirmation qu'elle était prise en charge quand il y aurait une place de livre. Et en sortant, la directrice me dit « mais vous venez pour une place, mais vous ne serez jamais prêt ». Elle avait compris tout de suite.
À la veille de Noël 2019, la directrice de l'EHPAD m'appelle et elle me dit « Nous pouvons prendre votre épouse dès lundi prochain ». Et moi, d'un coup, j'ai dit oui, voilà. Et j'ai raccroché. Je ne pourrais pas, je ne pourrais pas, ce n'est pas possible. J'ai passé le samedi à dire comment je vais faire, comment je vais faire.
Je me sens de plus en plus mal à ce moment-là parce qu'avant que l'EHPAD m'appelle, je me disais pour lui qu'on ne m'appelle pas, pour lui qu'on ne m'appelle pas. Et puis après, quand j'ai dit ils m'ont appelé, c'est vraiment qu'il va falloir qu'elle y a. Vous ne serez plus ensemble, vous allez vous quitter. J'ai commencé à sombrer.
C'est la nuit, nous sommes au lit, mon épouse et moi, et j'entends des voix. Et ces voix me disent d'aller sur ma terrasse, qui est située au 4e étage, et qu'il faut que je saute, que mon épouse... je la retrouverai en bas, elle sera en bas. Bon, c'est ce que j'ai voulu faire. J'entends une voix, c'est le moment, saute. J'ai pris un escabeau, mais j'ai fait tellement de bruit que des voisins ont été alertés.
Moi, après, j'ai senti qu'on m'attrapait, c'était les pompiers, ils m'ont sauté dessus. Et puis, ils se sont dit, il faut l'emmener à l'hôpital psychiatrique. Puis là, moi, j'ai repris conscience. J'ai eu un éclair, comme souvent dans la vie, j'ai vu des petits trucs au dernier moment. L'hôpital cicatrique, ça voulait dire, Hélène, elle partait en maison de retraite, et moi, j'étais hospitalisé là-bas.
Alors je leur ai dit, mais je n'ai pas voulu me suicider, j'ai voulu mettre des guirlandes. Et j'ai montré mes guirlandes, et ils ont fait semblant de me croire. Parce que j'ai dit, qu'est-ce qu'on va faire d'Hélène ? Et eux, ils se posaient le même problème que moi. Ils ont compris, ils ont compris, et ils ne m'ont pas emmené.
Une psychologue suivait Hélène depuis un certain temps déjà, même depuis deux ans je crois, et elle apprend que j'ai fait une tentative de suicide et qu'il fallait qu'elle s'occupe de moi aussi. pas uniquement d'Hélène. Mais au début, je ne voulais pas lui parler. Je ne répondais pas beaucoup à ses questions. Chaque fois qu'on me pose une question, j'essaie de savoir où était le piège. Alors j'évitais de répondre, et puis je répondais souvent à côté.
Parce qu'on m'avait toujours dit, les psychologues, les psychiatres et puis les jeunes sociales, ce sont des gens qu'il faut fuir dans votre vie. Hélène ne parlait pratiquement pas. Un jour, je me mets à pleurer. Et elle vient, elle me prend par le coup, et puis elle me dit « tu es malheureux ». J'ai dit « oui, je suis malheureux ». Et puis elle m'a dit « et si tu parlais à Nathalie ? » C'est la psychologue.
Ça me touche énormément qu'elles me disent que je ne vais pas bien et qu'elles me prennent par le coup parce qu'elles ne parlaient plus. Moi, j'avais l'impression que quand je parlais, je parlais à un mur. Cette psychologue me dessinait des montagnes et me fait voir les étapes qu'il faudra franchir. Mais ces étapes, on va les franchir tout doucement à un autre rythme. Le sommet de la montagne, c'est la guérison.
Petit à petit, oui, un lien, je pense, très solide s'est fait entre nous deux. Et puis entre-temps, on fête nos 61 ans de mariage, et son état continue à se dégrader, et elle chute. Et elle se fracture d'une trois vertèbres. Alors, hospitalisation assez longue. Ensuite, pause d'un corset. Et à l'hôpital, on me dit que maintenant, il va falloir envisager son placement.
Et moi, non. J'ai dit, elle va venir à la maison. Et Hélène est revenue une journée et une nuit. Mais la nuit, elle s'est très mal passée. Elle a beaucoup souffert. Et le samedi matin, j'ai téléphoné à l'EHPAD. et il n'y avait pas de place disponible et pas d'espoir d'en avoir une. Alors j'ai pris le téléphone et j'ai eu une personne au téléphone avec une voix très douce, très gentille, qui m'a dit « Nous, nous aurions une place le mardi. »
Et j'ai dit, OK, on va le faire. Je ne pouvais plus m'en occuper. Ce n'était pas possible pour moi. Mais j'en prends conscience en étant sûr qu'elle ne resterait pas et qu'après, je pourrais la reprendre. Je vais visiter l'EHPAD, je prends contact avec la direction, je visite une chambre et je décide d'ameubler une autre façon à nous, c'est avec télévision, avec des photos.
Des photos d'une mariage, des photos de quand elle était plus jeune. Lors de ma première visite, la directrice de l'EHPAD rentre dans la chambre et elle comprend que je suis malheureux. Et elle me dit, je vais vous faire un gros câlin, on va se faire un gros câlin. Mais ça a duré un bon moment, et puis d'un seul coup, j'ai senti que c'était mouillé chez elle aussi, et c'était pas moi, c'était elle qui pleurait aussi.
Après ce câlin avec la directrice, j'ai compris qu'Hélène, c'était le mieux pour elle. Que là-bas, elle serait bien. C'était des gens pleins d'humanité. Elle serait très bien. Malgré ma douleur, c'était un réconfort. Un réconfort, je savais qu'elle serait bien. Le lendemain mardi, Hélène arrive à l'EHPAD. Moi, je ne suis pas présent. Je pensais que j'allais leur dire non, non, ramenez-la à la maison.
Pendant ce temps-là, je suis seul à la maison, j'essaie de passer mon temps comme je peux. La première nuit, je ne pouvais pas aller me coucher, je ne pouvais pas aller dans ma chambre. Ce n'était plus ma chambre. Ma chambre, c'était Hélène et moi, ce n'était plus ma chambre. C'était très difficile.
Au moins huit jours, je n'ai pas pu aller dans la chambre. Je dormais sur mon fauteuil à la salle à manger. C'était trop dur de ne pas avoir sa main. Et puis, elle avait toujours froid. Alors, elle se le tissait. toujours contre moi, je prends conscience que c'est une vie de couple qui se termine. Et se termine, ce ne sera plus jamais pareil.
À l'EHPAD, il y a un très grand parc et on nous voit arriver de très loin. Et j'avais installé un fauteuil, son fauteuil, de façon à ce qu'elle puisse me voir arriver. Et malgré sa maladie, elle attendait. Dès le matin, quand elle était levée, elle allait dans le portail veiller à ce que j'arrivais. Et si j'arrivais, que je tardais un peu parce que je discutais avec les infirmières, elle regardait vite par quel endroit j'allais arriver.
Je ne savais pas de notre surnom, c'était les amoureux ou les petits oiseaux, parce qu'on se bécotait beaucoup sur les petits bisous. Hélène, dès qu'elle me voyait, son visage changeait, elle était très heureuse. Et même un jour, elle ne parlait plus, elle ne disait plus rien.
Elle sortait de sa chambre, elle était soutenue par deux soignants, et elle a levé les bras et elle a dit « voilà mon amour ». Elle m'a dit ça, puis un jour elle m'a regardé, puis elle m'a dit « j'en ai marre ». Elle m'a dit « j'en ai marre ». C'est très difficile, très difficile. Malgré que je voulais rester avec elle, j'ai continué à avoir des idées suicidaires, oui. Je n'avais plus le courage de... C'est l'heure, c'est ce que je vais vous dire. Mais j'aurais presque...
Tellement dur que je l'aurais presque, à un certain moment, je l'aurais presque laissé. Je me suis fidèle à les mettre confiés à quelqu'un d'autre. J'envisage de me pendre. Alors je prépare une corde et je repère une branche. une branche d'un arbre, dans une forêt, mais qui est très près d'une route. Et il me fallait un petit escabeau. Alors j'ai pris un petit escabeau de trois marches. Le soir, c'était 11h du soir, je pars pour aller me pendre.
Et je monte sur mon escabeau, je passe ma corde à l'arbre, et ma corde se trouve trop courte. Alors je suis rentré, puis là j'ai eu l'occasion après d'en discuter avec ma psychologue. Et elle m'a dit, cette corde, il faut me la donner. J'ai dit, non, cette corde, je la garde. Et on l'a mis dans un coffre et on l'a marqué dessus, en gros. On a marqué qu'avant d'ouvrir ce coffre, il fallait téléphoner à un organisme de secours 24h sur 24. Il y a quatre chiffres et on a quelqu'un immédiatement.
Et là, il y a une porte qui s'est ouverte et on a enfin pu communiquer et parler vraiment de mon mal-être. Je décide finalement de m'ouvrir à Nathalie, ma psychologue, et de lui dire... mon enfance, et c'est pas là qu'il fallait commencer. C'était le départ de tout, c'était le commencement de mon existence, mais de la séparation avec ma maman, et tout découlait de là, une bonne partie.
Voilà, j'ai aussi les racontées, bien sûr, la guerre d'Algérie, les épisodes principaux malheureux de ma vie, quoi. C'est l'embuscade, tous ces morts, c'est la guerre, enfin, les épisodes de la guerre. Il fallait en parler, il fallait que ça sorte. Je me suis remémoré que l'embuscade en Algérie avait eu lieu la veille de Noël. Et la veille de Noël correspond aussi à la date du départ d'Hélène à l'EHPAD en 2020.
La psychologue m'a dit que ça réactivait un souvenir très douloureux de la guerre d'Algérie. C'est à ce moment-là que je comprends que tout ce que j'ai vécu, tous ces épisodes traumatisants étaient dus à... à la gare d'Algérie. Ça a impacté tout le restant de ma vie. Comme ces traumatismes n'ont jamais été dévoilés, n'ont jamais été soignés, ils sont réapparus, après, avec tous mes ennuis de la vie, autour de mes 80 ans. Et puis finalement, j'ai... J'ai fini par lui donner cette corde.
Fin janvier 2024, je ne me rends que tous les après-midi à l'EPAD, et l'infirmière cadre demande à me parler. Et elle me dit, Hélène, je souffre vraiment trop. Il faut envisager de la laisser partir. Alors elle me dit, je sais que vous aimez beaucoup, il faut aller lui parler. Il faut aller lui parler et il faut la laisser partir. Et comme un automate, elle est venue avec moi dans la chambre.
Elle a cassé Hélène, elle lui a fait quelques bisous, puis elle m'a dit « Maintenant, je vous laisse, il faut lui dire ». Il faut lui dire. Mais je me dis « Vous lui dites qu'elle ne fasse pas de soucis pour vous, que vous, ça va aller, que maintenant, si elle désire partir, il faut que... » Hélène est décédée le 6 février 2024 et ses obsèques étaient prévus le 16. Et moi...
Je suis allé la voir tous les jours à la chambre mortuaire. Je suis resté avec elle longtemps. Mais le 14, mon cœur a lâché. Alors on m'a emmené en urgence à Lyon. Et là, j'ai demandé si je pouvais sortir, qu'on recule quand même l'opération de deux jours pour passer aux obsèques. Et on m'a dit, vous allez mourir là-bas, avec l'émotion.
Je serais mort là-bas. Il me dit « Non, non, on ne peut pas vous laisser partir dans ces conditions, il faut qu'on vous opère. » Le médecin m'avait dit, la veille m'avait dit que mon opération était très grave, très risquée. mais qu'en fonction de la constitution physique, il pensait qu'il fallait opérer. Et moi, dans ma tête, je me disais, c'était peut-être un signe du destin, ça ne réussit pas, je partirais même tant qu'elle.
Quand je me suis réveillé, j'ai vu ce plafond blanc, j'étais vivant. Et là, ça a été très difficile. Je me rappelle de tout. Je me rappelle qu'Hélène, dans un jour, elle va être les obsèques en mon lieu et que je ne serai pas présent. Je suis malheureux. Je suis plus malheureux parce que je suis encore vivant. Pour moi, croyant, Hélène, elle est partie là où je voulais qu'elle aille. Je me dis que les choses vont aller comme ça, c'est le destin, j'ai fait ce que j'ai pu.
Je gère beaucoup mieux cette étape grâce au travail assidu que j'ai fait avec Nathalie, ma psychologue. C'était une petite porte de sortie si je replongeais. Elle m'a laissé son téléphone en disant « Maintenant, moi, j'ai confiance, on a bien travaillé, vous allez vous en sortir. Par contre, si vous avez encore besoin, il y a un coup de téléphone, il y a toujours quelqu'un de présent. » Maintenant, il m'arrive fréquemment de dire que moi j'étais tellement bas, j'étais en dessous de tout.
Et je m'en suis tiré. Je pense que tout le monde peut le faire. Tout le monde peut le faire. Et moi, j'ai eu cette psychologue. C'est la chance d'avoir cette psychologue qui m'a sauvé la vie. Il faut dire les choses telles qu'elles sont. Si je ne l'avais pas vue, je ne serais plus là.
Mon épouse, tous les matins et tous les soirs, j'ai aménagé un petit coin de prière, et avec ses photos, je vais lui souhaiter une bonne nuit, parler un moment avec elle, parler de ma journée, de lui dire que maintenant je reprends la vie, je suis heureux.
J'ai dit, surtout, ne fais pas de soucis pour moi. Le suicide n'est plus du tout envisageable. Pour moi, ce n'est plus une option. Parce que si dans deux minutes, je dois y aller, je suis prêt. Si c'est dans 15 ans, je serai prêt pareil. C'est la destinée. Accrochez-vous.
Vous pouvez descendre, vous pouvez être tout bas, mais quand vous êtes en bas, vous êtes obligés de remonter. Quand je croise des jeunes, je leur dis, vous avez la chance d'être deux. C'est une chance formidable d'être deux. Profitez-en. Dites-vous 20 fois par jour que vous vous aimez. Vous venez d'écouter Transfer. Ce témoignage a été recueilli par Lola Colomba. Transfer est produit par Slate Podcast. Direction et production éditoriale Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours.
Chargée de production Astrid Verdun. Chargée de post-production Mona Delay. Prise de son Johanna Lalonde. Musique originale Thomas Loupias. Sous-titrage Société Radio-Canada l'offre premium de transfert. Trois fois par mois, Transfer donne accès à du contenu exclusif, des histoires inédites et les coulisses de vos épisodes préférés. Pour vous abonner, rendez-vous sur slate.fr. Pour proposer une histoire,