¶ Introduction du déjà-vu
Il nous est tous arrivé d'avoir ce sentiment étrange et inquiétant lors d'une soirée entre amis, d'un moment à deux, ou de la découverte d'un endroit, d'avoir déjà vécu la scène que nous sommes en train de vivre. Ce sentiment c'est celui du déjà vu. Pendant longtemps, L'humanité lui accordait une valeur surnaturelle, l'interprétant comme un don de voyance ou la preuve de l'existence des rêves prémonitoires ou des vies intérieures. Aujourd'hui, la science tend à l'expliquer.
bergson a émis l'hypothèse que ce déjà vu est la conséquence d'une simple confusion des mécanismes de mémoire et de perception ce que tendent à confirmer les neuropsychologues qui eux parlent de désynchronisation Reste, quelle que soit l'explication, ce choc entre l'imaginaire et le réel, le passé et le présent, le rêvé et l'arrivée.
Un choc qui fut celui de Victoria quand un jour, sa vie prit un tournant inattendu dans un lieu qui ne lui était pas inconnu. Vous écoutez Transfer, épisode 161, un témoignage recueilli par Nina Pareja.
¶ Jeunesse et fascination pour le cinéma
Je grandis à Nîmes, dans une famille d'origine polonaise. Je suis moi-même née en Pologne. J'arrive donc à Nîmes à 3 ans. Mes parents travaillent avec mon frère, donc il arrive un petit peu plus tard, donc lorsque j'ai 6 ans. On apprend très vite à être autonome parce que mes parents étant arrivés en France à plus de 30 ans, ils ne sont pas... assez à l'aise avec la langue française pour pouvoir nous aider pour nos études, pour notre école.
Mes parents ont un cercle d'amis qui sont artistes. Je suis petite, je vais de vernissage en vernissage, je participe à leurs fêtes, je dors sur des canapés qui ne sont pas ceux de mes parents. et donc forcément ça a créé chez moi cette appétence pour le monde de l'art j'ai l'impression que ça fait partie de ma vie depuis toujours et donc le cinéma
Bien sûr, devient cet échappatoire, comme les livres aussi, mais le cinéma particulièrement. Donc, dès petite, je suis une enfant de la télé, clairement. C'est cette génération, les années 80. Donc un soir, j'ai 16 ans et sur Antenne 2 est diffusé le film « Beauté volée » de Bernardo Berdellucci.
Ça passe en deuxième partie de soirée, je n'ai pas le droit de le regarder parce que j'ai école le lendemain, donc je l'enregistre sur le VHS. Et lorsque j'ai le temps de regarder en fin de film, je le regarde une première fois et je suis subjuguée. Pas tellement par l'histoire, où il y a quand même cette sensualité latente des personnages de Liv Tyler, à mon âge, dans le film.
Mais par les paysages, je vois les paysages, cette ambiance, cette lenteur qui se dégage de cette Toscane que je ne connais pas et que je n'imagine pas du tout visitée parce que les voyages que l'on fait nous en famille, c'est pour aller voir la famille.
en Pologne. Donc on fait un voyage par an, on prend la voiture, on fait mille kilomètres, coupé en deux parce qu'on s'arrête en Allemagne, et puis on finit chez la grand-mère en Pologne. Voilà, ça c'est nos vacances, et ce sera nos vacances pendant de longues années. Je ne peux pas me permettre... de rêver à autre chose, mais les films sont sous moyen de rêver. La lumière toscane, les collines, je me dis que c'est incroyable, ça existe vraiment. Un jour, j'irai là-bas.
Je regarde le film, je vois le générique, je rembobine la cassette et je regarde le film parce que je veux le revoir avec des yeux qui ont déjà vu cette beauté et qui veulent maintenant voir les détails un peu plus en profondeur. Je suis une bonne élève, tout se passe bien, toujours dans cette autonomie. Une autonomie d'ailleurs qui me pousse à vouloir partir juste après le bac.
J'ai les résultats. Tout l'été, je prépare mon départ pour l'Allemagne. Je décide d'être fille au père, de me faire cette expérience pour découvrir autre chose. Je n'ai aucune idée des études que je veux faire. Je me dis que cette année me servira. à apprendre l'allemand et puis avoir un petit peu autre chose. Je m'occupe donc d'un premier enfant, puis dans une seconde famille de quatre enfants. Donc suite à cette expérience d'à peu près un an, je décide que je veux faire des études longues.
parce que les enfants, ce sera pour plus tard. J'ai 20 ans, 19 ans quand je reviens, et je décide de commencer des études. Je ne sais toujours pas ce que je vais faire. Je me retrouve à la fac de Montpellier. Je choisis un cursus qui me plaît, donc la communication, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup, je ne savais même pas que c'était possible. Je commence mes études, première année, en colocation, c'est un peu la liberté, c'est un peu la folie.
Très peu à Nîmes, voir mes parents pendant cette première année parce que je commence à me faire des amis à Montpellier. Ça se passe très bien, je goûte à une nouvelle vie. Mes amis de Nîmes commencent un petit peu à me languir, comme on dit, dans le sud.
¶ La rencontre avec Eric
Et me réclame un petit peu et l'occasion se présente puisque l'un d'eux fête son anniversaire. Et donc j'arrive dans cette maison que je connais très bien puisque j'y ai passé beaucoup de soirées en tant que lycéenne. Pendant mon absence, se sont créés de nouveaux liens avec de nouvelles personnes. Parmi elles, je vois arriver un très beau garçon.
voilà, d'une 25 ans à peu près, moi j'en ai 20, brun, typé, un petit peu méditerranéen, la mâchoire carrée, bien bâtie, assez grand, etc. Et là, je me dis, ouh ! Il fait chaud quand même dans cette pièce. Mais à ce moment-là, moi, dans mes 20 ans, pas super bien dans ma peau, je me dis qu'il est beaucoup trop bien pour moi. Il est en dehors de ma ligue, comme disent les Américains. Je ne me sens pas du tout à la hauteur, clairement. Je n'ai pas assez confiance en moi.
Je suis étudiante, lui il travaille, il travaille dans le bâtiment, dans l'entreprise de son père, il est maçon, donc clairement on n'a pas du tout les mêmes univers. Mais comme je suis quelqu'un de bonne composition et que l'esprit de la fête est dans, je fais des petites blagounettes à mes copines pour les faire rire en faisant mine d'aller vers lui, d'essayer de le draguer. Mais bien sûr, je n'en fais rien parce que je suis beaucoup trop...
mal à l'aise et quand même assez timide à 20 ans. Et la soirée se passe. Et à un moment... Mon frère qui est venu nous rejoindre, qui a 14 ans à l'époque, mais qui est très grand et très mature, donc je le traîne un petit peu partout avec moi, s'endort sur mes genoux, sa tête sur mes genoux. Et donc Eric vient s'asseoir à côté de moi, à ma surprise, et commence à parler. Le courant passe. On part, mon frère et moi, je suis à la fenêtre, je dis au revoir général, comme ça.
Et je dis au revoir à Éric qui est assis sur sa chaise. Et là, il me lance un regard de braise qui me confirme que ce n'est pas seulement dans ma tête. Je vois que clairement, quelque chose chez moi lui plaît. Donc, je reviens la semaine d'après, sur l'invitation de mes amis. Et bien sûr, j'ai la boule au ventre, les papillons, c'est tout un festival à l'intérieur de moi.
J'arrive chez eux, je suis la première, et puis la porte s'ouvre finalement, et Eric est là lui aussi. On sent qu'il se passe quelque chose entre nous, jusqu'au point où il me ramène à la maison, chez mes parents. Et là, on se retrouve tous les deux dans ces situations où il y a toujours cette petite gêne que tout le monde connaît. On parle un petit peu, mais il y a une grosse tension et on finit par s'embrasser.
On est là, on est dans la voiture, en bas de chez mes parents, on s'embrasse et c'est merveilleux. Et à partir de là, on ne se quitte plus.
¶ Début de relation et premiers doutes
Cette relation devient très rapidement une relation dans laquelle on ne se pose pas de questions, on est ensemble en fait. Je commence à venir un petit peu tous les week-ends du côté de Nîmes, parce que lui habite du côté de Nîmes et que moi je suis à Montpellier. On se voit vraiment régulièrement. Il vient aussi pendant la semaine. Je découvre avec lui, avec ce décalage entre lui qui est déjà dans la vie active, moi qui suis étudiante, boursière, fauchée, qui galère un petit peu.
Je découvre des choses comme aller au restaurant, aller au cinéma très régulièrement, aller très généreux. Je commence vraiment à avoir des paillettes dans les yeux et je tombe très rapidement amoureuse parce que c'est quelqu'un qui dégage un carré. qui a une aura qui est excessivement drôle. Il me fait mourir de rire et avec qui je me sens très bien. Donc, voilà, cette relation est comme une évidence, en fait, dès le départ.
Nous partons en vacances avec notre équipe d'amis de Nîmes, donc ceux grâce à qui on s'est rencontrés. Contre toute attente, je découvre une personne différente. Donc ça fait quelques mois qu'on est ensemble. On est en vacances, tout pourrait bien se passer. Je suis face à quelqu'un qui ne me regarde plus. Je n'existe pas. Seuls les amis, la galerie est là pour le faire briller. Il y a ce soir où nous rentrons de balade.
En fin de journée, nous sommes à ce moment-là à Paris. Je me couche et là, c'est la première fois que ça m'arrive et je pleure. Voilà, je suis triste parce que je ne reconnais pas cette personne. Je ne sais pas qui il est à ce moment-là. Quelle est la vraie personne, en fait ? Est-ce celle avec laquelle je suis à Paris à ce moment-là ou celle que je connais depuis quelques six mois ou plus ? Je me demande si je dois rester dans cette relation ou pas parce que vraiment, ça me...
beaucoup ne me convient pas du tout. Dès le lendemain, il est charmant. Je ne sais pas s'il se rend compte de la situation. Je ne sais pas s'il se rend compte de ma peine parce que j'ai pleuré en silence la veille. Mais voilà, il me fait rire, la journée se passe bien, les vacances se terminent, j'ai ce goût amer.
quand même, parce que ce n'est pas anodin ce que j'ai vécu, ce n'est pas anodin de pleurer la nuit, mais ce n'est pas non plus normal de vouloir arrêter une relation pour un incident. On est humain, tout le monde peut faire des erreurs, donc je passe l'éponge.
¶ Projets et mal-être caché
Les mois passent, la relation s'installe. C'est une relation dans laquelle je rencontre ses parents, je rencontre sa famille, ses petites nièces dont l'une que je vois naître pendant cette relation. mes parents, c'est une chose établie. On vit cette relation à distance parce que je décide de continuer quand même à faire mes études, donc la seconde partie à Aix-en-Provence. Donc la distance devient un petit peu plus grande, mais ça n'en reste pas moins une relation passionnée.
où il vient même, malgré ses horaires difficiles et son travail difficile, une fois par semaine ou plusieurs fois par semaine, juste dormir chez moi dans mon petit studio à Aix-en-Provence, ce que je trouve extrêmement romantique, extrêmement joli. Et voilà, ça me plaît beaucoup. Pendant cette année-là, il achète un terrain sur lequel il veut faire construire une maison. Je ne comprends pas très bien au début si c'est un investissement immobilier ou si c'est pour nous, mais je découvre...
que c'est finalement une maison qui nous est destinée, donc un très, très gros projet. Moi, je m'adapte par la force des choses parce que, clairement, dans ma situation, je ne peux pas m'investir ni financièrement ni autrement. Je fais mes études, c'est assez long, c'est assez facile.
Je travaille aussi à côté pour essayer d'être un petit peu autonome et pas trop dépendante. Lui m'aide beaucoup, donc j'ai aussi cette forme de reconnaissance envers lui. Moi, ce qui est important, c'est d'être avec lui, tout simplement, donc peu importe l'endroit.
Je finis mes études au bout de cinq ans et je me rapproche du coup de Nîmes parce que lui, entre-temps, a repris l'entreprise de son père. Donc forcément, il ne peut pas travailler où il veut et je me dis que je pourrais, moi, m'adapter. encore une fois et que je trouverai du travail là où il est sans réseau et sans expérience c'est un parcours du combattant donc je m'adapte, je fais de l'intérim de fil en aiguille
commence quand même à trouver des missions qui me plaisent, jusqu'au moment où on finit par emménager dans cette maison, qui n'est pas dans un endroit qui me plaît forcément, qui m'éloigne un petit peu du travail que je trouve. Je dois faire trois heures.
heures de trajet par jour pour aller travailler à Montpellier. Mes amis... ils me disent mais en fait tu es parisienne en vivant en Languedoc avec tous ces trajets ce train, ce tram, cette voiture tous les jours est un voilà une sacrée paire de manches pour aller gagner ma croûte mais le travail me plaît donc je suis très heureuse à ce moment là Donc on a des projets, forcément, ma situation commence à se stabiliser, j'ai un CDI qui est assez intéressant, donc à ce moment-là, on est en...
en 2007, on se dit que peut-être on peut commencer à essayer d'avoir un enfant. Une part de moi, en fait... Ce n'est pas qu'elle a des doutes, mais je suis quand même consciente que quelque chose ne va pas parce que je continue de pleurer la nuit. Je suis... avec quelqu'un qui a ce côté très charismatique et très drôle, qui me séduit au quotidien et que j'aime vraiment plus que moi-même en fait, mais qui a aussi cette part sombre qui l'empêche d'être affectueux, de montrer...
son affection, son amour autrement que par le fait de construire une maison, par le fait de faire des cadeaux. Sa manière de montrer ses sentiments est matériel et non physique.
¶ Échec des essais bébé et vacances ratées
À partir de 2009, j'ai 29 ans, on se lance vraiment dans l'aventure. On essaie d'avoir un enfant. Ça ne fonctionne pas, mais on considère que c'est assez normal, que ça ne fonctionne pas du premier coup. En 2012... Donc ça fait trois ans qu'on essaye d'avoir un enfant, ça ne fonctionne pas. On s'est beaucoup sacrifié pour cette maison, on n'a pas profité de notre jeunesse. On se dit qu'on va partir en vacances, donc on part en vacances.
En Sardaigne, c'est magnifique. C'est les vacances dont on rêve. Et en fait, ce que mon conscient refuse de voir, c'est mon corps qui me le crie. Je suis malade, on part dix jours, je suis malade dix jours. Je passe les pires vacances de ma vie, donc à pleurer sur la plage, à pleurer dans mon lit et à être face à quelqu'un.
qui est un mur de nouveau alors qu'on pourrait vraiment passer de très belles vacances. Je me retrouve au final seule et je me dis mais en fait je suis avec quelqu'un mais je suis seule, j'ai une solitude qui me ronge. et qui me rend donc malade physiquement. Avant ces vacances-là, je suis amenée à
¶ Une nouvelle connexion et la demande
à mener un projet pendant lequel je rencontre un collaborateur avec lequel le courant passe très bien. C'est immédiat, c'est évident, on rit beaucoup, notre relation professionnelle est aussi très fluide. On se parle surtout par message, parce que lui et moi ne vivons pas dans la même ville, donc concrètement, on ne s'est jamais vus. Et donc, quand je rentre de ces vacances terribles, le fil de la discussion avec ce collaborateur reprend.
Et c'est de plus en plus sympathique. Ça devient une routine du quotidien qui me fait sortir de ma vie privée. Mais en parallèle, je me rends compte aussi que pour la première fois, moi qui me suis toujours adaptée, pour la première fois, je me suis quand même éloignée d'Eric. C'est-à-dire que je n'arrive plus à prendre sur moi, je n'arrive plus à être d'humeur égale, à sourire, à faire semblant. Je vois moi-même que mon comportement, sans être ni aigrie, ni méchante.
ni quoi que ce soit, je vois que mon comportement n'est plus vers lui. Il ressent la différence. Et donc, quelques semaines après notre rentrée de vacances, il me demande un mariage. La première chose qui me vient à l'esprit, c'est pourquoi maintenant ? Je note que je n'en ai pas envie à ce moment-là parce que je suis dans cette relation avec ce collaborateur qui m'épanouit, dont je ne connais pas la nature, qui était innocente au départ, mais...
Mon hésitation, mon doute à ce moment-là me fait me poser des questions sur cette relation avec ce collaborateur. Et donc je dis oui. Un oui un petit peu mou, mais... C'est un oui qui correspond à l'amour que j'ai pour lui, parce que je n'ai pas cessé de l'aimer. Je ne suis pas heureuse, mais je l'aime toujours. Je ne peux pas dire non, parce que le non impliquerait d'expliquer pourquoi, alors qu'on est en relation depuis 13 ans et que nous n'avons pas discuté.
voilà, de terminer la relation ou quoi que ce soit, que tout est tellement implicite que je ne peux pas faire autrement quelque part que de répondre oui.
¶ L'infidélité et Eric changeant
Quelques semaines après cette demande en mariage, notre contexte professionnel commun nous amène à nous rencontrer avec ce collaborateur. Et les choses se passent très naturellement, c'est-à-dire que de cette relation épistole... qui était si fluide et si évidente, naît une relation physique. Le crush se concrétise, on ne se pose même pas de questions, même si lui est engagé de son côté, moi du mien.
C'est assez difficile à dire et peut-être à comprendre, mais à ce moment-là, je ne culpabilise pas. La magie dure assez peu de temps puisque très rapidement, c'est-à-dire tout de suite, la femme de mon collaborateur apprend ce qui s'est passé par une maladresse. En parallèle de ça... Je découvre Eric sous un nouveau jour. Après quasi 14 ans de relation, Eric devient l'homme dont j'ai toujours rêvé. Il est attentionné, il me regarde.
Et non seulement il me regarde, en plus il me regarde comme si j'étais la huitième merveille du monde. Moi qui devrais une fois de plus être la plus heureuse, je suis triste en fait. Je me dis mais...
En lui parlant dans mon fort intérieur, je me dis, mais en fait, tu étais capable de faire ça pendant toutes ces années et tu ne m'as rien donné. Tout ce que je demandais, en fait, c'était d'avoir un petit peu de chaleur humaine et tu me la donnes maintenant parce que tu sens que je suis en train de m'éloigner de toi.
Cette tristesse est accompagnée un peu de colère. Je n'arrive pas à profiter pleinement de ce nouvel homme. Je reste quand même sur mes gardes parce que j'ai peur de tomber de haut et ça ne dure pas.
¶ Le retour du malheur
Au bout de six mois, Eric est redevenu le Eric que je connaissais. Le Eric qui, quand il rentre à la maison, j'entends la porte du garage claquer, me donne des... des sueurs froides presque et des maux d'estomac. Voilà, je revis de nouveau avec cette personne et je suis de nouveau malheureuse.
Je pleure la nuit et en même temps, je ne me vois pas vivre sans Éric. C'est impossible. C'est impossible à imaginer. Et même si j'ai été amenée à trouver un bonheur ailleurs, je n'imagine pas ma vie sans Éric.
¶ La rupture après 14 ans
En mai 2015, c'est un lundi, il est 7h du matin, je me réveille. et je vois qu'il est assis au bord du lit, et donc je vois le visage décomposé d'Eric au bord du lit, moi mal réveillée, et Eric qui me dit, c'est fini, on ne peut plus continuer comme ça, je veux qu'on arrête notre relation. Et c'est quand même dingue qu'on me réveille un lundi matin, après 14 ans de relation, pour m'annoncer cette rupture. Et en même temps, je peux pas nier que je l'avais vu venir.
Donc là commence un cycle infernal où je pleure tout le temps, sauf quand je travaille et je suis obligée de travailler puisque je suis freelance, j'ai des projets, je ne peux pas me rater puisque de ces projets... dépend un petit peu mon avenir en tant que freelance. Je n'ai plus de filet de sécurité, je suis toute seule désormais.
Et donc là, je prends ma voiture, je pleure, je me couche, je pleure, je marche deux mètres dans la maison, je pleure. Ça n'en finit pas à tel point que je ne me rappelle plus quel effet ça fait de ne pas pleurer. C'est mon monde qui s'écroule.
pas tellement de surprises oui et non à la fois parce qu'on n'était pas heureux je n'étais pas heureuse mais j'étais prête à rester malgré ça mais on avait des projets on avait cette maison on avait l'idée d'avoir des enfants et donc c'est Pas tellement l'idée d'être seule qui me fait peur, c'est l'idée d'être sans lui, parce que c'est tout ce que j'ai connu, je l'ai connu à 20 ans, on a grandi ensemble, même s'il a 5 ans de plus que moi, on a grandi ensemble.
Et aujourd'hui, de voir que nos chemins se séparent, de façon assez moche en plus, parce qu'ils se comportent assez mal, on dirait qu'il m'en veut alors que c'est lui qui a pris la décision, et donc je suis triste.
¶ Deux ans de tristesse et le voyage
seule, c'est en fait de ne plus l'avoir dans ma vie qui me rend triste. En septembre 2017, mon amie Héléna...
me propose de partir spontanément en Toscane en roadtrip, toutes les deux. Il faut savoir qu'à ce moment-là, je suis toujours en train de pleurer. Je me dis que si ça continue comme ça, la vie risque d'être... et je me pose sincèrement des questions sur comment faire pour me sortir de là, parce que j'ai tout fait, j'ai vu des psys, j'ai vu un psy, j'ai vu deux psys, j'ai vu trois psys, j'ai essayé toutes les méthodes possibles, et rien n'y fait, je suis...
toujours triste. Je pleure toujours quand je suis en train de conduire pour aller acheter une baguette de pain. C'est vraiment atroce. Et donc forcément, quand Elena me propose la Toscane, la première idée qui me vient à l'esprit, c'est beauté volée, ce voyage qu'il m'avait promis. qu'on n'a jamais fait ensemble Eric et moi je vais finalement le faire avec cette chère amie et j'en suis très heureuse forcément j'accepte tout de suite parce que je n'ai aucune raison de refuser
Et on part, on prend la route. On arrive à Sienne un dimanche soir. On voit notre premier coucher de soleil tellement cliché. Ensemble, on s'arrête sur le bord de la route, on se prend dans les bras tellement on est heureuse. Et voilà, commence notre semaine, une petite semaine, en rejoignant des amis australiens qui sont déjà sur place. Et je me couche le premier soir dans cet immense appartement et je pleure.
Le lendemain matin, je me réveille. La terrasse est immense. Je n'avais pas vu la vue puisqu'on était arrivés assez tard. Et là, c'est vraiment un shot de Toscane. Comme on en voit sur les cartes postales tout ce qu'on peut imaginer sur la Toscane, je fais un travelling avec mon téléphone de ce paysage de collines, d'ombres, de lumières.
¶ Le hasard mène au Lodge de Sienne
pour le poster sur les réseaux sociaux. À la fin de la journée, on est là sur la Piazza del Camp, donc la place très connue de Sienne, et un ami m'envoie un message et me dit « Ah, mais tu es à Sienne ! » Lui aussi est sommelier. Il me dit, mais tu as Sienne, c'est mon endroit préféré, mon restaurant préféré de la ville. Ça s'appelle le Lodge.
Un endroit avec une cave extraordinaire. Ils cuisinent très bien. Vas-y si tu peux. Elena et moi, toutes les deux, travaillant dans le vin et la gastronomie, forcément sont... très à l'écoute de ce merveilleux conseil, donc on se dit pourquoi pas cette semaine on ira. Nos amis australiens nous rejoignent, on cherche un restaurant ce soir-là pour aller dîner, on prend une rue au hasard, on parle, je lève les yeux.
Et là, qu'est-ce que je vois ? Je vois le lodge. Et là, on se dit, bon, ben voilà, c'est le signe de l'univers. On doit y aller, c'est ce soir. Et donc, nous y allons. Le vin est merveilleux, le repas se passe à merveille, la décoration est fabuleuse, c'est une ancienne épicerie qui a été transformée en restaurant, c'est un peu une institution de la ville. Le personnel est adorable, il parle français d'ailleurs.
Et pendant tout le repas, je vois, dans mon champ de vision, je vois un couple, un homme et une femme qui sont là et qui rient toute la soirée. On sent vraiment une complicité très forte. Ils se montrent des photos sur leur téléphone, ils sortent de temps en temps pour fumer une cigarette à l'extérieur. Et je me dis quand même...
même en la regardant que j'aimerais bien connaître ça quand même un jour, même si j'y crois plus trop, je me sens plutôt morte de l'intérieur plutôt qu'apte à aimer de nouveau et à faire confiance, mais c'est quand même beau de voir ce genre de scène.
¶ Découverte du domaine du film
Et la soirée se passe. On sympathise avec le propriétaire, Mirko, qui nous propose, à la fin de la soirée, de venir avec lui. On ne sait pas ce qui se passe. Il nous sort un énorme trousseau de clés. Il nous dit, allez, suivez-moi. On le suit dans la rue, on sort du restaurant, on marche quelques mètres dans une petite ruelle en contrebas.
Et on rentre dans une pièce, il allume la lumière, et donc là, des voûtes en pierre, un bar immense, une petite pièce en contrebas qui semble être une salle de concert, mais vraiment toute petite, avec une vingtaine de places assises. Il nous dit que c'est le club de jazz qui est attenant au restaurant. On ne l'ouvre que quand les touristes partent de la ville, à la mi-octobre. Il nous fait visiter une autre pièce qui est en dessous de cette salle de concert.
On voit une table, des casiers avec des bouteilles, une salle de dégustation fantastique, etc. Un deuxième étage en dessous. Plein de bouteilles, donc toutes cellophanées parce que l'humidité est très présente. Et donc pour préserver les étiquettes de vin, on les cellophane. On descend au troisième étage. Un quatrième étage ? Avec Héléna, on a des frissons parce qu'on est... Là, on est moins de 2000 avant Jésus-Christ. On est dans un étage qui a été construit par les étrusques.
Donc en termes d'histoire, en termes de lieu, de magie, de ce qu'on est en train de vivre, on est toutes les deux émerveillées. La visite se termine, on remonte, et pendant qu'on est en train de remonter dans l'escalier,
¶ Rencontre inattendue avec Andrea
On croise ce fameux couple qui était en train de rire dans la salle avec nous un peu avant. Et donc Mirko, le propriétaire du restaurant, et l'homme se salue, il semble se connaître. Et en remontant l'escalier, Mirko me dit « Ah, mais ce monsieur, tu sais, il fait du chianti, les vignerons... »
Je dis, ah d'accord, super. Et il me dit, c'est dans son domaine qu'a été tourné le film Blablabla. Il me dit un mot en italien, je ne parle pas un mot d'italien, donc je ne sais pas ce qu'il me dit. Mais j'ai un doute quand même, je tique.
Et je le regarde comme ça et je dis « Mais beauté volée ? » Elle me dit « Ah, je ne connais pas le titre en français. » Elle me dit « Mais c'est avec Liv Tyler. » Je dis « C'est beauté volée de Bertolucci. » Elle me dit « Oui, c'est ça. » Et là, je dis « Mais Mirko ? » Mais c'est la raison pour laquelle je suis en Toscane aujourd'hui. Et lui, tranquillement, me dit « Bon, je vais vous présenter. » Donc en remontant, Mirko passe derrière le bar.
Dans son élégance naturelle, débouche une jolie bouteille de Franciacorta, le champagne italien. Nous discutons en attendant que ce fameux couple remonte de sa visite. Le couple remonte, Mirko entame la discussion, il leur dit, mais ces demoiselles travaillent dans le vin, elles viennent de France, voilà, les présentations très basiques. Il y a clairement comme une...
un courant qui passe entre l'homme, le vigneron et moi. C'est-à-dire qu'on parle beaucoup tous les deux. Je lui explique mon travail. je lui dis quel est le type d'entreprise avec laquelle je travaille en France. Et tout de suite, je me sens bien.
un regard bienveillant, il dégage quelque chose qui me met tout de suite en confiance et que je n'arrive pas trop à comprendre sur le moment parce que je suis quand même morte de l'intérieur à ce moment-là. Donc, ressentir ça est vraiment quelque chose... à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Et très naturellement, l'idée lui vient de nous proposer de venir visiter son domaine le lendemain.
Bien sûr, nous sommes très heureuses d'aller visiter un domaine viticole pendant notre séjour. Nous sommes partis tellement rapidement que nous n'avons rien eu le temps d'organiser. Et donc, ça tombe quelque part à pic parce que c'est double plaisir, donc à la fois le cinéma et le vin.
¶ Visite du domaine et connexion profonde
on est toutes les deux enchantées de cette nouvelle. Donc le lendemain, après la visite du jour d'un petit village médiéval toscan, circuit touristique classique de toute personne visitant cette région, nous appelons Andréa. de la voiture en lui disant on sera là d'ici une heure et il nous dit je vous attends et donc on roule on arrive donc vers le lieu dit
On se tourne, il y a une énorme allée de chênes, avec au bout un grand portail en fer, une villa qui semble immense, etc. On se dit, non, ça ne doit pas être là. Donc on continue notre chemin, on s'enfonce dans les bois, et au bout de 5 minutes, on se dit, bon, peut-être que finalement...
On s'est un petit peu trompé de chemin. Donc, on rappelle Andrea qui nous dit, si, si, c'était là. Donc, on fait demi-tour. Lorsqu'on arrive au bout de l'allée de Chêne, on voit une petite silhouette au bout qui nous fait coucou. Et donc, c'était Andrea qui nous attendait déjà devant le portail. Donc on se gare et on voit à travers le portail immense cette vie-là.
Très honnêtement, même si j'ai vu le film plusieurs fois, je ne me rappelais absolument pas de cette majesté. C'est vrai que je ne m'y attendais pas du tout. Elena a un souvenir beaucoup plus flou du film, mais moi, beauté volée, c'est quelque chose qui ne fait pas. partie intégralement de mon ADN, mais forcément dans un film, on ne voit pas les choses telles qu'elles sont réellement, donc c'est vrai que je ne m'y attendais pas du tout. On fait trois pas dans...
Dans le jardin, Andréa nous accueille avec sa sympathie, son sourire. Et à peine est-on entré que j'apprends qu'il est séparé, qu'il a trois enfants et que donc Chiara, qui nous a présenté la veille, ni sa femme, ni sa petite amie, mais une amie d'enfance qui vit au Pérou et qui le voit une fois.
tous les 5 ans donc en gros c'était hier soir et on a eu beaucoup de chance en fait de tomber l'un sur l'autre et de pouvoir faire cette visite aujourd'hui Donc la visite de la villa commence, c'est une villa toscane assez classique avec un jardin à la française.
On visite les pièces. Il faut savoir que c'est un monument national. C'est un petit peu comme un musée. Andrea est vigneron et conservateur de musées, en gros. Les pièces s'enchaînent. Il y a des papiers peints du XVIIIe siècle qui sont quasiment... intacte, tout est dans son jus. C'est assez unique de voir un endroit pareil. Avec Elena, on est émerveillés parce que c'est la surprise totale pour nous deux. On ne s'attendait pas du tout à rentrer dans un univers aussi exceptionnel.
Dans l'une des pièces, il y a le lit du pape, Alexandre III, il y a son grand-père, Andréa, qui était archéologue, surnommé le Comte Rouge, parce qu'il était communiste. qui a également essayé de tuer Hitler. Enfin, il y a un documentaire sur lui. Donc, les histoires s'enchaînent au milieu de tous ces objets qui semblent être laissés par leur propriétaire cinq minutes avant notre passage. Il nous propose de faire la dégustation des vins.
dans le jardin, en face du théâtre de Verdure. Les statues sont baignées de cette lumière magique qu'on appelle la golden hour, le coucher de soleil toscan, avec ces lumières ocres, roses, magnifiques. On déguste. les vins. À ce moment-là, Elena, qui est une personne très élégante, reçoit un appel et elle s'éloigne un petit peu dans le jardin et je comprends qu'elle veut nous laisser un petit peu tous les deux.
On discute, on est un petit peu gênés, mais très heureux. On sent qu'il y a quelque chose qui se passe, qui est très naturel, très sain. Je ne saurais pas l'expliquer, je ressens quelque chose que... On me l'aurait dit peut-être une semaine avant, j'aurais ri de bon cœur en disant jamais de la vie, je ne ressentirais ça dans une semaine. Et en fait, si, j'y suis. Je vois qu'il est en train de me regarder.
avec un sourire et une certaine forme d'interrogation dans le regard. Le festival des papillons dans le ventre, de nouveau. On se quitte après cette dégustation. Il nous laisse très aimablement les bouteilles que nous avons ouvertes pour les faire déguster à nos amis australiens qui n'ont pas pu se joindre à notre visite. Il nous raccompagne jusqu'à la voiture. Il fait une petite accolade à Hélène.
Il vient mon tour et donc là, il me fait un hug très prolongé, ce qui confirme un petit peu ce que je ressentais. On s'assoit dans la voiture. Et Léna s'assoit à côté de moi, elle est comme sonnée. Je la vois, elle ne réagit pas, elle est complètement immobile. Elle tourne la tête lentement vers moi et me dit mais il s'est passé un truc de fou entre vous deux là.
¶ Un nouveau départ et l'amour
Le séjour se termine lentement. Nous partons, Héléna et moi, à Florence. Andréa et moi avions échangé nos coordonnées. Je lui envoie un petit mail pour le remercier de son accueil, de la dégustation. de la visite, mais je laisse une petite ouverture pour que le mail de réponse soit un dialogue plus qu'autre chose. Et ça fonctionne, parce que je vois que son mail de réponse appelle lui aussi à une réponse.
Et on continue comme ça pendant quelques jours. C'est lui qui propose très rapidement de passer sur une messagerie un petit peu plus instantanée. On passe sur WhatsApp. Et jusqu'à la fin du séjour, on sera en relation continue. un petit peu plus sur le moment, sur l'instantané. Le dimanche, nous reprenons la route pour entrer à Montpellier. Nous échangeons sur WhatsApp jusqu'à 3h du matin.
À ma grande surprise, je lui ai dit, il s'est passé quelque chose. Je me suis sentie très bien avec toi. Je n'ai pas de doute sur le fait qu'il faut qu'on se revoie. Il me dit, oui, clairement, il faut qu'on se revoie. Et tout est très simple, en fait. Alors qu'on se pose toujours des questions.
il faut prétendre, il faut faire semblant, il ne faut pas rappeler tout de suite. Nous, on est vraiment dans le naturel et la spontanéité, on ne se pose absolument pas ce genre de questions et on sait qu'il va falloir se revoir. Or, moi... Le mercredi qui arrive, je dois partir pour quelques jours voir une amie à Lisbonne. Et lui part dans...
deux semaines pour une tournée de trois semaines aux Etats-Unis. Donc, on essaye de caler nos plannings pour se voir. Il me dit, mais quand est-ce que tu reviens du Portugal ? Et je lui dis, j'en rentre le 9 octobre. Il regarde son planning, il me dit « mais je serai là ». Le moment arrive de quitter Lisbonne et de rejoindre Marseille. Au moment de l'atterrissage, mon cœur bat tellement fort que j'ai l'impression que tout le monde l'entend. Et là, je descends de l'avion.
Je regarde, je scrute tous ces visages qui sont en face de moi dans l'espoir de le voir. Et je l'aperçois dans un coin à gauche avec son sourire un petit peu timide, un petit peu gêné. Et là, il me reste deux mètres avant de le rejoindre, et je me dis, mais ok, donc là, je fais quoi, en fait ? Je lui serre la main ? Non, je lui fais la bise, je lui fais un hug ?
Et là, je perds totalement le contrôle, je m'avance vers lui et je l'embrasse. On est tous les deux très maladroits parce qu'au final, on s'est vus deux fois. Et on se retrouve ici, on est tous les deux dans un lieu qui n'est une zone de confort pour aucun de nous deux, puisqu'on est à l'aéroport de Marseille. On marche, on se tient la main. jusqu'au parking pour récupérer la voiture. Et là, on s'arrête et on se roule une grosse pelle.
tout simplement. Encore, c'est naturel, c'est à la fois romantique, passionné, c'est un petit peu le condensé de tout ce qu'on s'est échangé pendant ces jours et qui juste explose à ce moment-là. parce qu'on n'arrive plus à se contenir. C'est évident, c'est maintenant, et ça se passe. On prend la voiture, il m'indique la destination, c'est moi qui conduis, parce que c'est ma voiture que j'avais laissée à l'aéroport de Marseille. Il a loué cet endroit qui est...
Une maison d'hôtes, un vieux masse qui a été rénové par un jeune couple qui se situe au pied de la Sainte-Victoire avec un immense jardin. Sans se connaître, on arrive dans un lieu et tout se fait très naturellement. On se découvre, c'est à la fois beau, à la fois forcément un petit peu tâtonnant, un petit peu... Mais au final, très naturel au début de la soirée.
On a l'impression de se connaître depuis longtemps parce que la richesse de ce que nous avons échangé les jours précédents était telle que... On ne se connaît pas, mais au final, on se connaît. Et quand on prend le chemin pour aller au restaurant le soir, on marche dans les ruelles d'Aix-en-Provence en se tenant la main, comme si nous étions ensemble depuis belle lurette. On a le sentiment d'être... Un couple ? On ne se pose pas de questions, en fait, on est un couple.
¶ Construire une vie ensemble
Se quitter après quelques jours est difficile, mais on se dit très vite qu'on ne peut pas rester trop longtemps sans se revoir. Et donc début novembre, j'y vais, je me lance, je prends mes billets pour Rome. puis Sienne, et on se retrouve comme ça, de nouveau au mois de décembre, on passe notre premier nouvel an ensemble à Rome avec ses amis, sa fille, donc il me présente sa fille, donc tout de suite, on se fait même des cadeaux, on n'a pas passé de nouveau.
à l'ensemble, mais on avait tous les deux, sans se le dire, prévu des petits cadeaux, donc des petits cadeaux drôles et des petits cadeaux un peu plus sérieux. On présente son cadeau sérieux, entre guillemets. C'est une petite boîte. Et là, dans mon naturel un petit peu taquin, je lui dis « alors, tu ne te mets pas à genoux ? » Et là, en ouvrant la boîte, effectivement, c'est une bague. Donc, gros malaise.
Parce que quand même, on n'est pas ensemble depuis assez longtemps pour ce genre de... Voilà, des fusions. Et il me dit simplement, ben non, j'ai vu ça dans une boutique, c'est une créatrice japonaise, j'ai pensé que ça te plairait beaucoup. Et là, je me dis, mais... ça existe en fait, ça, en vrai ? Je pensais que ça n'existait que dans les films, ce genre de phrases. Et non, ça existe en vrai. Dès qu'on se quitte, on a déjà hâte de se revoir, donc ça c'est déjà un signe.
On ne passe pas trois semaines sans se revoir. Trois semaines, c'est vraiment le grand maximum. Donc c'est souvent moi qui y vais parce qu'avec mon travail, c'est plus facile de me déplacer, de travailler à distance. Le temps s'écoule comme ça. Nous sommes en janvier, en février, en mars. Je rencontre peu à peu son frère, son fils, son autre fille. On passe nos premières vacances ensemble.
C'est juste normal. On est dans une normalité qu'aucun de nous n'attendait, que moi j'étais loin d'imaginer. Je constate que je ne pleure plus la nuit. Donc ce rythme s'installe, on se voit très souvent, les années passent, on est en 2020, circule cette rumeur sur virus, une pandémie. Moi je suis sur un événement professionnel à Montpellier.
Et il me tarde de partir parce que, notamment, on parle de confiner et qu'il est impossible que je sois confinée toute seule. Si je dois être confinée quelque part, ce sera en Toscane. Donc, je termine cette événement. professionnel, je clôt mes dossiers, je boucle ma valise et je pars en Toscane, vraiment à dix jours du premier confinement qui a eu lieu en Italie en mars 2020.
On ne s'attendait pas du tout à ce qui allait se passer. Au final, le timing est parfait. Nos professions, tous les deux, sont très affectées par ce qui se passe. Mais au final, on est là, on est tous les deux, on traverse ça ensemble. Et on ne peut pas s'empêcher d'être heureux, en fait. La situation est tragique, on a peur, mais on est ensemble et on se le dit tous les jours. On se dit tous les jours, mais qu'est-ce qu'on est bien ? On est tous les deux.
Vous venez d'écouter Transfer, épisode 161, un témoignage recueilli par Nina Pareja. Il a été produit et réalisé par Sleip.fr sous la direction de Christophe Caron et Benjamin Septemours. Production éditoriale, Sarah Koskiewicz. Prise de son, Nina Pareja. Montage, Guillaume Assal. Musique, sable blanc. Retrouvez tous les épisodes de transfert sur slate.fr ou sur votre application de podcast préférée. Pour proposer une histoire,