Quand la compulsion prend toute la place - podcast episode cover

Quand la compulsion prend toute la place

Jan 04, 202453 minSeason 8Ep. 298
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Summary

Raphaël raconte comment des TOC de contamination, nés après le divorce de ses parents, ont progressivement envahi toute sa vie, l'isolant et causant d'immenses souffrances. Malgré des tentatives précoces, il n'a cherché de l'aide sérieuse qu'une fois sa relation amoureuse détruite et sa vie professionnelle compromise. Son récit détaille le mécanisme des TOC, la difficulté d'en parler, et son combat radical pour se rétablir en s'exposant à ses peurs, pour finalement trouver le chemin de la guérison et s'investir auprès d'une association.

Episode description

Dans la série de romans Everworld de l'écrivaine américaine Katherine Alice Applegate, un groupe d'adolescents se retrouve projeté dans un monde parallèle dangereux peuplé des dieux de la mythologie. Alors qu'ils tentent de rentrer chez eux à tout prix, l'un d'entre eux, Jalil Sherman, fait face à un dilemme unique: dans ce nouveau monde, il ne souffre plus des TOC qui lui pourrissent habituellement l'existence.

Raphaël n'a pas la chance de pouvoir se réfugier dans une réalité alternative. Il a une vie de couple, un boulot prestigieux, des amis… Mais dans ce monde-là, ses obsessions vont prendre toute la place.

L'histoire de Raphaël a été recueillie par Louise Nguyen.

Transfert est produit et réalisé par Slate Podcasts.
Direction éditoriale: Christophe Carron
Direction de la production: Sarah Koskievic
Direction artistique: Benjamin Saeptem Hours
Production éditoriale: Sarah Koskievic et Benjamin Saeptem Hours
Chargée de préproduction: Astrid Verdun
Prise de son: Johanna Lalonde
Montage et habillage musical: Mona Delahais
Musique: «Marimba Enigma», Nicolas Montazaud

L'introduction a été écrite à quatre mains par Sarah Koskievic et Benjamin Saeptem Hours. Elle est lue par Aurélie Rodrigues.

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Transcript

Intro / Opening

Dans la série de romans Everworld de l'écrivaine américaine Catherine Alice Applegate, un groupe d'adolescents se retrouve projeté dans un monde parallèle dangereux, peuplé des dieux de la mythologie. Alors qu'il tente de rentrer chez eux à tout prix, l'un d'entre eux, Jalil Sherman, fait face à un dilemme unique. Dans ce nouveau monde, il ne souffre plus d'étoques qui lui pourrissent habituellement l'existence.

Raphaël, lui, n'a pas la chance de pouvoir se réfugier dans une réalité alternative. Il a une vie de couple, un boulot prestigieux, des amis. Mais dans ce monde-là, ces obsessions vont prendre toute la place. Vous écoutez Transfert, épisode 298, un témoignage recueilli par Louise N. Guyenne.

Enfance et Premiers Signes

Je grandis dans une famille, somme toute, assez classique, classe moyenne, je dirais. Mon père est consultant en ressources humaines indépendantes. Ma mère est institutrice. Et voilà, c'est plutôt un cadre de vie idéal.

Enfant, je développe un trait de personnalité assez particulier. Je suis très attaché à certains objets comme les livres. Et il est important, au moment où je quitte ma chambre, c'est dans ma chambre que sont mes livres, qu'il soit parfaitement ordonné et qu'il n'y ait pas de poussière dessus. C'est-à-dire qu'au moment où je sors de ma chambre, où je vais dehors pour faire une activité ou une autre, je me dis que ce serait quand même mieux.

que les livres soient rangés, qu'ils soient dépoussiérés. J'ai du mal à caractériser exactement. Je n'analyse pas. Ça ne répond à rien de particulier, simplement à une sorte d'appel qui vient de l'intérieur. petite forme d'angoisse. Je n'analyse pas ce phénomène, simplement je le vis et j'essaye de le contrer en prenant toujours une minute ou trente secondes pour ordonner les livres comme je voudrais qu'ils soient.

Le Divorce et l'Apparition des TOC

En 2007, j'ai 14 ans. Je rentre au lycée au mois de septembre. Et quelques semaines avant mon arrivée au lycée, mes parents divorcent. C'est une période que je vis très mal. Pendant les quelques mois... qui précède le divorce. Mes parents font chambre à part, ils ne se parlent plus. Quand ils se parlent, c'est très conflictuel, c'est même violent. Je ressens un sentiment d'impuissance et aussi une peur parce que c'est tellement violent que je ne sais pas jusqu'où ça peut aller et que j'ai peur.

C'est violent dans les mots qui sont prononcés. Il n'y a jamais de coups qui sont assénés de l'un envers l'autre. En revanche, la violence verbale est très forte et finalement, le divorce est presque un soulagement. Dans le cadre du divorce, il est décidé que c'est chez ma mère que moi et ma sœur allons vivre à partir de maintenant. Au moment où on déménage, j'arrive dans une nouvelle maison où je ne me sens pas bien.

Ce ne sont pas les repères qui sont les miens et dans lesquels j'ai vécu. Et je découvre un contexte qui est celui du lycée avec beaucoup de changements. Donc, c'est une période de grands bouleversements pour moi. J'essaie d'exprimer...

Les Rituels s'Installent à la Maison

par des comportements, toute la violence et la colère que je ressens vis-à-vis de mes parents. Et comme je suis chez ma mère, c'est d'abord contre elle, envers elle, que ses comportements s'expriment. De façon très simple, j'évite de toucher les objets qu'elle a touchés.

Ça commence par les poignées de porte. Dans les premières semaines de l'emménagement dans cette maison, je ressens au moment d'ouvrir la poignée de la porte le même inconfort que celui que je pouvais avoir quand mes livres étaient mal alignés. Pendant quelques jours, ça n'est qu'un inconfort. Les jours passent, ça devient une difficulté de toucher la poignée de la porte. Les jours passent...

Ça devient une impossibilité d'ouvrir la poignée de la porte avec ma main. Je dois recourir à un mouchoir, à un gant, à un bout de bois. Au moment où je touche la poignée de porte, j'ai le sentiment d'avoir touché quelque chose de très sale. Et c'est une sensation que je ressens physiquement sur ma main et qui génère l'envie de me laver la main.

C'est une forme de contamination particulière parce que ce n'est pas la peur d'attraper une maladie parce que la poignée de la porte serait objectivement sale. C'est un moyen de défense contre une violence que j'emmagasine depuis trop longtemps et que je ne sais pas évacuer autrement que par... ce comportement de rejet et qui s'exprime par ces petits gestes, par cette difficulté à toucher certains objets et par ce besoin ensuite de me décontaminer en me lavant les mains.

TOC Escalade et Conflit Familial

Les objets qui peuvent être contaminés sont tous les objets que je vais voir ma mère manipuler. Les poignées de porte, les couverts, le pommeau de douche, parce qu'on n'a qu'une douche et qu'évidemment, elle se douche à cet endroit et moi aussi après. Tous ces objets que...

je l'ai vu toucher ou que je l'imagine toucher deviennent des objets contaminés et donc contaminants. Je prends un exemple, j'ouvre la poignée de la porte avec la main. Si après je touche un autre objet, comme j'avais la main contaminée, je contamine l'objet.

Donc le schéma, il est de « je touche un objet qui est contaminé, ma main est contaminée, je dois me décontaminer la main par un lavage ». Et évidemment, ça crée une tension exacerbée à la maison, puisque ma mère voit que je n'arrive plus à toucher les objets qu'elle touche, que je me lave les mains.

Dès que je touche un objet qu'elle vient de toucher, s'énerve, croit que je la provoque, le prend mal et donc la violence est décuplée. Ces rituels, ils se cantonnent à la maison, où forcément le climat devient de plus en plus...

pesant pour moi, de plus en plus anxiogène, parce que n'importe quel objet peut être contaminé. Si je vois ma mère dans ma chambre, je vais avoir une montée d'angoisse très forte parce qu'elle va contaminer mes affaires personnelles. Donc la maison devient un endroit difficile. Je passe de moins en moins de temps à la maison. Ces comportements me laissent tranquille au lycée. Ma mère n'y est pas. Je ne parle à personne de ce problème. Ces comportements...

me font souffrir. Je souffre de cette angoisse permanente. J'ai le sentiment de résister à une situation qui est injuste, à la violence de ce divorce dont je ne suis pas responsable. Je justifie comme ça ces comportements.

Les Premières Consultations Échouent

Voyant que la communication est rompue, mes parents décident de m'emmener voir une psychologue. Je refuse dans un premier temps et finalement, je finis par accepter en disant « très bien, j'y serai physiquement, mais je ne dirai rien à la psychologue ».

Et je me tiens à ce programme et je ne parle pas à la psychologue. Et donc, les séances sont assez gênantes puisqu'elle parle toute seule et je ne parle pas. Et après, il y a un débriefing avec ma mère, en l'occurrence. Et je vois le visage de ma mère se décomposer parce qu'elle... comprend que ces séances ne servent pas. Et donc, ça ne fait qu'aggraver les choses vis-à-vis de mes parents qui pensaient trouver là une solution et qui n'en est pas une. Donc, ça n'arrange rien.

voyant que ça ne marche absolument pas avec cette première psychologue, il décide de m'emmener voir un psychiatre. Et là, symboliquement, ça n'est pas du tout la même chose. On a beau être un adolescent, on sent bien que derrière le mot psychiatre, il y a le mot folie. C'est le médecin des fous, c'est la représentation que j'ai à ce moment-là. Et donc je vis très mal ce passage de la psychologue au psychiatre et je ne change pas de comportement, je reste mutique.

Mais le psychiatre que je vois comprend ce qui est en train de se jouer. Il comprend que je ne suis absolument pas demandeur. Il comprend qu'il y a une situation délétère et il accepte de jouer le jeu vis-à-vis de mes parents. C'est-à-dire, il accepte de me recevoir pendant une heure, de ne pas parler.

parle d'autre chose. On parle du match de foot, on parle de mes amis au lycée, on parle de tout, sauf du problème. Et c'est une manière de me laisser en paix vis-à-vis de mes parents. Il accepte de jouer ce jeu-là, cela étant à la fin de tout. toutes les séances, il me pose invariablement les deux mêmes questions. De quoi rêvez-vous et où en êtes-vous des rites obsessionnels ?

Comme je ne suis pas demandeur, je réponds à côté. Plus exactement, je mens. Car les rites obsessionnels, ils sont toujours là. Ils ne font que s'aggraver. Je sais qu'en lui mentant, je ne m'aide pas. Je n'y arrive pas, je n'arrive pas à m'ouvrir à cet homme en qui j'ai confiance. Pour autant, c'est trop difficile. Il y a trop de colère, il y a trop de douleur que je n'exprime pas, y compris face à quelqu'un qui est bienveillant envers moi, qui veut m'aider, mais je n'y arrive pas.

La Prépa: Stress et Aggravation des TOC

Je suis persuadé qu'en m'éloignant physiquement de mes parents, le problème va partir. En 2010, j'ai 17 ans, je passe mon bac, et donc je décide d'intégrer une classe préparatoire. Je quitte la région où j'ai grandi et je vais dans une autre ville, pas très loin, mais tout de même assez loin pour prendre mes distances et surtout ne plus avoir besoin d'habiter chez mes parents. Dès que je quitte le domicile de mes parents, ça va immédiatement mieux.

Je vis une nouvelle expérience, la classe prépare, je sais que ça va être difficile, donc les liens se resserrent. En tout cas, le climat délétère s'évapore et c'est une période que j'aborde plutôt de façon positive.

Les premières semaines en classe prépa se passent bien. Je comprends très vite que c'est une autre paire de manches par rapport aux années de lycée, que je vais devoir beaucoup travailler. Les matières qui sont enseignées sont passionnantes. Je découvre des gens passionnants, donc je vis plutôt bien.

Évidemment, il y a peu de loisirs, il y a beaucoup de stress et beaucoup de fatigue. On a tendance à vouloir travailler la nuit, à vouloir travailler, à prendre par cœur des tas de choses. Ce n'est pas forcément opérant, mais ça génère en tout cas de la fatigue. Et comme il y a des épreuves, des devoirs surveillés... toutes les semaines, il y a du stress aussi. Mais dans l'ensemble, ça commence bien.

Nouveaux Déclencheurs, Rituels Croissants

Le stress et la fatigue qui caractérisent les débuts de ma classe préparatoire, ils ont un effet sur les comportements qui étaient nés du divorce de mes parents et ils s'accentuent. C'est-à-dire que je ne suis plus chez mes parents, donc les objets qui touchaient.

il n'y en a plus. En revanche, la mécanique qui générait ces comportements, elle, elle est toujours là. Il ne s'exprime plus sur des objets que touchaient mes parents. Mes parents ne sont plus là. En revanche, il s'exprime sur d'autres choses.

Et ces comportements se multiplient. Les objets qui me posent problème quand j'arrive en prépa sont beaucoup les livres, qui ont une constante dans ma vie. J'ai un problème avec les livres d'occasion, qui peuvent être tâchés. Si un livre est tâché et que je suis en train de l'étudier...

il faut que j'aille me laver les mains, tout simplement. Je les couvre, du coup, ça aussi, c'est un autre comportement, c'est que je couvre mes livres, donc j'achète du papier pour recouvrir mes livres, que sur les livres d'occasion. J'ai un problème avec les chaises aussi, mais il n'y a pas de rationalité là-dedans.

devant une chaise qui ne me revient pas, j'ai cet inconfort qui se transforme de plus en plus en angoisse. Et l'angoisse de plus en plus forte me donne un besoin de plus en plus impérieux d'aller me laver les mains ou de changer de chaise. Une personne dont la tête ne me revient pas, si je lui serre la main, j'ai la sensation de contamination sur la main, donc il faut que je me lave la main.

J'étudie ma leçon la veille d'un devoir. Et une pensée qui vient absolument incontrôlée. Tu vas rater ton examen. Impossible de continuer à travailler sur mon cahier tant que je n'ai pas évacué cette pensée par un lavage. Et donc, je me lève, je quitte ma chaise, je vais aux toilettes et je me lave les mains. Mais comme je suis fatigué et anxieux à cause de la prépa, un lavage ne suffit pas. Il va en falloir un deuxième.

Quand je suis très fatigué, il en faut un troisième. Et le problème, c'est que ces trois lavages deviennent la base de la fois suivante. C'est-à-dire qu'à partir du moment où je me lave les mains trois fois, la fois d'après, qui sera peut-être dans cinq minutes... peut-être le lendemain, et bien là-bas, ce sera trois lavages. Et donc, ça devient très chronophage, angoissant.

Prise de Conscience et Humiliation

Quand je fais mes rituels, je souffre deux fois. C'est-à-dire que je souffre une première fois parce que je touche un objet contaminé, j'ai une mauvaise pensée, j'ai une montée d'angoisse, donc je souffre, je vais l'évacuer. Et je souffre une deuxième fois parce que quand je me lave les mains... j'ai la conscience de toucher le fond. Je subis véritablement, et là, je comprends qu'il y a un problème, puisque j'étais persuadé.

avant d'arriver en prépa que le problème partirait de lui-même en changeant de contexte, je constate que ce n'est pas le cas. Ce logiciel, appelons ça un logiciel, il est installé et il me mange petit à petit et il me contraint à passer de plus en plus de temps à faire des lavages, à laver des objets et il m'occupe de plus en plus l'esprit. Je suis de moins en moins tranquille.

dans ma vie, puisque toute rencontre, tout déplacement peut générer ce besoin de me laver les mains. Je commence à avoir le pressentiment de quelque chose que je ne contrôle pas. Non seulement que je ne contrôle pas, mais qui me contrôle.

Je fais très attention à ce que ces comportements ne se manifestent pas devant mes camarades. Je veille à me laver les mains discrètement en faisant passer mes lavages de mains pour des passages aux toilettes. Mais je fais très attention à ce que personne ne décèle quoi que ce soit. Je me surveille beaucoup, mais même si je veux me surveiller au maximum, parfois j'ai ce besoin impérieux de me laver, de laver quelque chose qui survient. Et donc, mes amis voient des choses.

Un jour, mes amis viennent me voir dans ma chambre d'internat, à l'improviste, et la catastrophe, je n'ai pas caché mon chargeur. Ce chargeur est contaminé parce que, par inadvertance, je l'ai mis. dans une zone de ma chambre qui est contaminée et que je n'avais pas nettoyée. Et donc, cette zone contaminée a contaminé le chargeur. Et précisément, quand il se retrouve là où il ne doit pas être, mes amis arrivent dans ma chambre. Ils s'installent sur le lit, sur la chaise.

certains restent debout, et je me liquéfie. parce que je me dis, mais qu'est-ce qui va se passer si jamais il y en a un qui touche le chargeur ? Et là, je commence à suer, je suis très concentré là-dessus. Évidemment, arrive ce qui doit arriver, c'est-à-dire que pour se donner une contenance, un de mes amis prend le chargeur et l'enroule autour de lui. ses doigts. Il repose le chargeur et je regarde tout ce qu'il touche et je me dis, dès qu'il part, il faut...

que je lave tout ce qu'il a touché. Et il touche tout, et c'est la catastrophe, et il contamine toute la chambre. Et donc, je vis très mal ça. Et mes amis perçoivent cette gêne, et ils me demandent, mais qu'est-ce que tu as, Raphaël ? Tout allait bien il y a 30... secondes, et là, tu as l'air mal. Et je mens. Je dis, oui, je viens de penser qu'il faut que je rappelle ma mère, il y a quelque chose d'urgent. Enfin, je botte en touche, systématiquement.

Et ça ne nuit pas à ma vie sociale, ça ne nuit pas à mes résultats scolaires. C'est en parallèle de tout ça que s'accumule une souffrance très forte finalement, mais dont je ne souffre pas dans ma vie sociale et dans mes résultats scolaires. Au fil des semaines et des mois, même si les résultats scolaires sont plutôt bons que ma vie sociale épanouie et épanouissante, au niveau des rituels et des pensées, je ne contrôle plus rien.

Il y a des moments qui sont plus difficiles que d'autres, notamment à l'approche des concours blancs. Il y a intervalles réguliers des mises en situation pour préparer le concours.

Et là, le stress et la fatigue sont à leur maximum. Et plus on approche des concours, plus le stress monte, évidemment, et plus les rituels deviennent envahissants, au point... qu'il y a des soirs où je n'ai pas le courage de sortir parce que j'ai peur des situations qui peuvent se présenter à moi en sortant et je préfère ne pas aller boire un verre avec mes amis parce que je crains ce qui peut se passer dehors.

La veille d'une épreuve, je sens que je vais me planter. Donc, je suis très stressé. Je travaille encore plus pour compenser mon retard. Mais beaucoup de mauvaises pensées m'assaillent au moment où je révise, au point que je me lève et je passe 45 minutes à me laver les mains. Ce sont des douches collectives, des WC collectifs, puisque je suis en internat.

Au moment où j'arrive pour commencer à me laver les mains, il y a un camarade de classe et je commence à me laver les mains. Je vide le tube de savon tellement la sensation de saleté est forte qu'elle ne part pas. Malgré 10, 15 lavages, il n'y a plus de savon. On est l'hiver, j'ai la main en lambeau. Je vois des bouts de peau qui s'écartent de ma main. Et plusieurs dizaines de minutes plus tard, le même camarade revient.

Et il dit, mais c'était là depuis tout à l'heure ? Et je dis, mais non, je viens de revenir. Et là, je suis mis, finalement, face à mon problème, devant autrui, et j'ai une réaction un peu violente, et je réponds sèchement. Parce que là aussi, je souffre trois fois. Je souffre parce que j'ai des pensées qui m'assaillent, je souffre parce que j'ai les mains en lambeaux, et je souffre parce que...

je suis humilié devant un camarade. Où est-ce que ça va s'arrêter ? Et là, je touche le fond et je prends nettement conscience que je ne contrôle plus rien, que je ne suis plus libre. Et c'est à ce moment-là que je mets progressivement un mot sur ce que j'ai. C'est un acronyme qui se grève dans ma tête, c'est l'acronyme de TOC, de Troubles Obsessionnels Compulsifs. Mais je ne l'assume pas, je ne me l'avoue pas et je ne me renseigne pas.

La fin de la prépa se passe bien. J'ai de très bons résultats au concours, des bons résultats que je n'explique pas parce que les rituels sont tellement forts, je perds tellement de temps à me laver les mains, à me torturer l'esprit avec des pensées que je n'explique pas comment je peux réussir mes concours. que ces comportements n'aient de conséquences sur les résultats. J'ai une grande joie.

à l'issue de ma prépa parce que j'ai réussi mes concours. Et en même temps, à côté de ça, il y a une part cachée qui est terrible, qui est que j'ai un mal qui me ronge complètement, de plus en plus, sans que je n'arrive à enrayer ce processus.

École de Commerce: Les TOC Envahissent

Je réussis mes concours, donc je change de ville, j'intègre une école de commerce en région parisienne. Et là, comme quand j'arrive en prépa, page blanche. Page blanche, j'arrive dans un nouveau lieu, nouveau contexte, nouvel environnement. Pas stressant, parce que quand on arrive en prépa, on sait qu'on va beaucoup travailler. Là, j'arrive en école de commerce de façon assez sereine. Mais très vite, le logiciel.

du TOC est très implanté et il ne faut pas beaucoup de temps pour que les pensées obsédantes et les rituels trouvent leur place dans le nouvel environnement qui est mon école de commerce. véritablement, avec le temps, je sens que c'est mon cerveau, que ce sont l'omniprésence des pensées qui est la clé, c'est-à-dire que je suis en état d'alerte permanente au-dessus de la tête. Tout peut générer une envie de me laver les mains.

ce qui occasionne une hyper-vigilance où je suis alerte à tout. Le TOC, ça grave, il est très présent, j'organise ma vie autour du TOC. Je mets en place une logique d'évitement dans beaucoup de sphères de ma vie. Il y a des endroits où je ne suis pas à l'aise. Dans Paris, par exemple, le quartier de la gare de Lyon, j'ai beaucoup de mal à m'y rendre, je ne m'y rends pas.

Et quand on me propose un verre ou une soirée à Gare de Lyon, je décline et je dis que j'ai autre chose de prévu. Le problème du chargeur, c'est aggraver depuis la prépa, avec l'aggravation, avec la fatigue, avec le stress, de ce chargeur-ci. qui étaient dans ma chambre, le problème devient progressivement tous les chargeurs, tous les chargeurs d'iPhone, tous les chargeurs blancs. On part d'un objet particulier et avec le temps, ça se généralise à toutes les familles d'objets.

Et après, le prolongement du toc chargeur, ça a été le toc écouteur. Peut-être parce que l'objet ressemble, qu'un écouteur ressemble à un chargeur, eh bien, c'est tous les écouteurs qui sont devenus contaminés du jour au lendemain. J'arrive en école de commerce en 2012. J'ai des TOC depuis 2007. Donc, le logiciel est là depuis cinq ans. Et maintenant, il se rattache à tout et où que je sois, quel que soit le contexte, il est là.

Une Relation Amoureuse Face aux TOC

En 2015, j'attaque la dernière année d'école. J'ai 22 ans et c'est une année enthousiasmante parce que le cursus est différent et qu'on est mis en situation, on est mélangé avec des personnes d'autres horizons. Donc, j'aborde cette dernière année. sereinement. Et c'est au cours de cette dernière année d'études que je tombe amoureux d'une fille de ma promotion. On commence à sortir ensemble en mai 2016. La scolarité se termine en juin.

Les premiers mois de couple avec cette fille sont idylliques. J'ai le sentiment de vivre la période la plus heureuse de ma vie. C'est la première fois que je tombe amoureux à ce point. Je comprends à ce moment-là que j'avais jamais été amoureux avant, que là, c'est vraiment le grand amour, il est là. Et donc, je suis sur un nuage, c'est un état de plénitude permanent.

qui n'empêche pas le TOC de s'exprimer, mais il est secondaire. Et donc, la première année est un rêve éveillé. Tout va bien et je suis très heureux, malgré le TOC, qu'il ne progresse plus. Il est là, il est présent, mais il ne s'aggrave plus. Je prends beaucoup sur moi. Comme j'ai très envie de bien faire, je fais des efforts, c'est-à-dire que je retarde le plus possible les moments où je vais aller me laver les mains pour que ça ne se voit pas.

La première situation où je suis mal à l'aise, c'est la première fois qu'elle vient chez moi, dans mon appartement, qui est organisé récoureusement avec une géographie où les objets contaminés sont cachés dans un sac inaccessible sous le lit. quand je mets un gant de vaisselle.

Et donc, forcément, la première fois que ma copine vient chez moi, je lui ai dit, mais pourvu qu'elle n'ait pas l'idée de tendre la main sous le lit et de récupérer le sac où il y a tous les objets contaminés, parce que là, je ne sais pas comment je vais faire.

Vivre Ensemble: Le Poids du Secret

Au bout d'un an et demi, les parents de ma copine vont vivre en Chine et libèrent leur appartement à Paris. Et donc c'est l'occasion pour nous d'emménager dans cet appartement pour faire une économie de loyer.

Quand elle me propose d'habiter avec elle pour emménager dans l'appartement, j'ai quand même un capteur qui s'allume en disant « Ah, ça va changer la donne au niveau des tocs ». Mais ça ne m'inquiète pas, j'ai envie d'habiter avec elle, c'est le prolongement naturel de la situation et de notre bonheur. mais j'ai dans un coin de ma tête le pressentiment que ça risque de changer des choses.

Pendant les premiers mois de notre emménagement, je fais tout en secret. Je souffre beaucoup parce que je fais beaucoup d'efforts pour essayer de masquer, pour essayer de retenir mes lavages, mes compulsions, pour essayer que ça n'ait aucun impact sur elles. J'y arrive de moins en moins.

Et donc, je souffre beaucoup en silence. Et j'ai de plus en plus de mal à cacher les comportements étranges. D'autant qu'on est dans l'appartement où elle a grandi. Elle a passé toute sa vie. Et je n'ai pas envie que l'image qu'elle a de son chez elle soit perturbée. Dans ce nouvel appartement, j'ai une zone où je place les objets contaminés. C'est une zone qui n'est pas cachée, c'est au-dessus du panier à linge. Et un jour, on rentre d'une soirée et précisément, elle pose son sac à main.

sur le panier à linge. Et la catastrophe, c'est son sac préféré. Et elle le reprend et elle le met sur le canapé. Donc, elle contamine le canapé. Et là, le canapé où j'adore être, notamment pour lire, je dis mais je ne vais plus pouvoir me mettre dessus. Donc, je prends le sac. Je le mets à côté, je le remets sur la zone contaminée et je prends une éponge, je mets du liquide vaisselle sur l'éponge et je me mets à nettoyer le canapé. Et là, je le fais devant elle. Elle me demande ce que je fais.

Et je dis, c'est une situation facile. Il y avait une tâche, donc j'enlève la tâche. Je sens que je vais dans le mur. Je sens que je vais dans le mur et que viendra un moment où je ne pourrai plus le cacher.

L'Ave et les Conséquences

Le temps passe dans cet appartement et je souffre de plus en plus. J'ai de plus en plus de mal à vivre dans cet appartement. tenté d'être le plus possible à l'extérieur. Un jour, je décide de prendre les devants et avant de passer pour fou aux yeux de ma copine, je décide de lui avouer ce que j'ai. Et donc, de façon...

un peu solennel. Je lui demande d'aller dans le salon. Je lui dis, j'ai quelque chose à te dire. Je pense que tu perçois des choses dans mon comportement que tu ne comprends pas. Je souffre de TOC. Et je lui explique rapidement les thèmes d'obsession, la peur de la contamination, les rituels de lavage, les compulsions de lavage qui sont associées.

Elle essaie de comprendre des situations qui se sont passées. Mais quand t'as fait ça, est-ce que c'était lié à ça à ce moment-là ? Et très souvent, la réponse était oui. Il y avait des tas de situations qu'elle n'avait pas vues et qui s'expliquent par le TOC. Et là, cette phrase... T'es un peu fou, en fait. C'est quand même fort d'entendre ça. D'autant que c'est très exactement ce dont j'ai peur. Moi-même, j'ai cette peur d'être fou. Et donc là, elle appuie là où ça fait mal.

L'annonce a un effet catastrophique dans notre quotidien. Avant que je ne lui dise que j'ai des TOC, je souffrais tout seul, je prenais énormément sur moi. À partir du moment où je lui dis ce que j'ai, je ne me cache plus. Le problème, c'est que je la fais rentrer, elle aussi, dans mon toque. Non seulement je ne me cache plus, et elle se met à faire des rituels avec moi.

voire à ma place. Je lui demande d'arrêter de toucher un chargeur, d'arrêter de mettre des choses sur la panière à linge parce que c'est réservé aux objets qui sont contaminés par mon TOC. Et on organise notre vie en fonction de mon TOC.

C'est une fille qui est très coquette et un jour, elle pose son sac dans une autre zone de l'appartement qui est contaminée et je lui demande de jeter le sac. Et c'est le sac qu'elle prenait tout le temps, donc je sais que dès qu'on va sortir, le sac sera là, excédé par... par cette pensée, par cette angoisse, je lui demande de le jeter. Mais aussitôt après, je comprends que c'est excessif. J'essaye de le cacher.

À défaut de le jeter, je le cache. Elle le reprend et j'ai beau avoir conscience que ça va trop loin, je ne peux pas m'empêcher de lui demander de jeter le sac. Je vois qu'elle souffre parce que je la vois résigner. Ça n'est pas forcément verbalisé, mais parfois, elle tente de négocier.

et je lui impose et je vois que je lui impose. Elle est contrariée. Après, je la sens affectée. Je le suis tout autant parce que j'ai parfaitement conscience du mal que je lui fais. Mais là, le toc est trop fort. Je lui obéis et malheureusement, ma copine lui obéit aussi. Sous-titrage ST' 501

Les TOC Détruisent la Relation

À l'été 2018, les parents de ma copine qui vivent en Chine reviennent. Pour les vacances, passent les deux mois avec nous dans cet appartement qui est suffisamment grand pour accueillir plusieurs personnes.

Pour moi, c'est un cauchemar parce que, évidemment, je ne peux pas demander aux parents de ma copine de se laver les mains dès qu'ils touchent quelque chose, d'éviter de s'asseoir à tel ou tel endroit. Donc, je suis obligé de prendre sur moi. Et ma copine... utilisent cette période pour vivre de manière totalement relâchée, c'est-à-dire pour vivre normalement.

Pour moi, c'est un enfer parce que je vois cet appartement se contaminer en quelques jours. Il devient invivable, il ne met plus possible. Je ne supporte plus d'y rester parce qu'on est quatre, les gens vont et viennent, ils touchent tout.

et je passe le plus de temps possible dehors, parfois simplement un marché dans la rue, simplement pour que l'angoisse qui est trop forte puisse s'évacuer. Pendant l'été, où les parents sont là, la mère de ma copine s'occupe du pressing. Voulant me rendre service, donc la mère de ma copine, mais... une de mes chemises, dans un endroit qui était contaminé de l'appartement. Ça contamine ma chemise et cette chemise atterrit sur un cintre, les cintres de pressing métalliques.

Et comme je suis dans une phase difficile, il n'a pas fallu longtemps pour que de cette chemise sur ce cintre, ça passe à toutes mes chemises sur tous les cintres. Là aussi, évidemment, j'achète des cintres en bois parce que je n'ai pas de problème avec ça. Ça, ça amène à un TOC qui me pose beaucoup de problèmes. C'est que mes chemises sont contaminées. Et pour le travail, c'est très difficile à vivre parce que je travaille à ce moment-là dans un grand groupe du CAQ.

40 ou costume cravate et de mise. Et donc, ça commence à ce moment-là à devenir difficile pour moi de porter une chemise. Je développe beaucoup plus de tocs, donc les bouteilles en verre, notamment les bouteilles de vin. Et c'est un enfer. Et cette période qui...

pour ma copine est une parenthèse où elle peut souffler, pour moi est une descente aux enfers. Et à la fin de l'été, l'appartement n'est plus vivable. Il est vital pour moi que je retrouve un environnement qui soit vivable. Quand les parents repartent vivre en Chine, il est intégralement contaminé. Je pousse fort pour qu'on prenne un appartement à nous. Quand je propose à ma copine de changer d'appartement, elle est d'accord, elle le vit plutôt bien, elle l'accepte et on le fait.

On déménage en décembre 2018 en restant à Paris, dans un autre quartier. Et là, comme ça avait été le cas quand j'arrive en prépa, en école, on arrive dans un appartement pur. Mais voilà, le TOC s'est beaucoup renforcé pendant les...

Ça s'est considérablement aggravé. J'exerce sur ma copine une surveillance accrue. Quand je vois qu'elle touche un objet contaminé, je lui demande de se laver les mains. Et donc, finalement, la relation se détériore. L'appartement est plus petit, donc on peut moins s'isoler. Et je sens qu'elle n'est plus heureuse.

Peu de temps après notre emménagement dans notre appartement, on décide d'inviter une dizaine d'amis pour passer un samedi soir sympa. Comme ces amis sont bien élevés, je me doute qu'ils vont venir avec une bouteille de vin. Et donc j'appréhende, j'appréhende un peu cette soirée. Évidemment, les 10 arrivent avec une bouteille de vin. Et là, c'est la panique, puisque je passe la soirée à regarder.

comment circulent les bouteilles de vin, à regarder qui les touche, ce que touchent les gens qui touchent les bouteilles de vin. Et en fait, je traverse la soirée comme un fantôme. À tout retenir, parce que je me dis, bon, il va falloir... tout décontaminer après, il va falloir tout nettoyer, donc il faut vraiment être attentif à ce qui se passe et pas du tout aux conversations.

Et à la fin de cette soirée, je suis rincé parce que je retiens tout. Dès que le dernier invité parte, je me rue sur le sopalin, le liquide vaisselle pour commencer à tout désinfecter. Ma copine me regarde faire et elle a cette phrase de dire « J'avais l'impression qu'il y avait un éléphant dans la pièce et j'étais la seule à pouvoir le voir. » Je me hais, en fait. Je me hais parce que c'est grotesque, je le sais.

Consciemment, quand je suis dirigé par mon angoisse, je ne peux pas faire autrement. Ses parents achètent une maison, une résidence secondaire en province. Ma copine y va souvent et ne me propose pas d'y aller. Mais je sens qu'elle veut protéger ce lieu contre Montauk, et donc contre moi. Un soir d'été 2019, c'est un dimanche, elle rentre d'un week-end qu'elle vient de passer avec sa sœur dans cette maison. Je suis sur le canapé en train de lire et dès qu'elle franchit la porte, je vois sa tête.

Manifestement, elle venait de pleurer, d'avoir une crise de larmes. Et instantanément, avant même qu'elle prononce une parole, je prends conscience que là, la fin est proche. Là, il y a une prise de conscience très nette et je comprends ce qui se joue en elle.

De manière assez solennelle, je lui demande de s'asseoir à côté de moi et de m'expliquer. Et elle m'explique que dans le train, à l'idée de revenir dans cet appartement, à l'idée de la surveillance, à l'idée des rituels que j'allais lui imposer, elle a fait une crise d'angoisse. À partir de ce déclic, de ce retour de week-end, pendant cette discussion qu'on a, je comprends que c'est la fin, que si je ne fais rien, je vais la perdre. Et là, je dis bon...

Là, je ne peux plus me mentir, il faut que j'aille consulter. Mais dos au mur, pas volontiers. Ce n'est pas elle qui me le demande. Elle, elle exprime son mal-être, mais je comprends à travers l'expression de ce mal-être que ça ne peut plus durer et qu'il faut que je prenne les choses en main. Je trouve un psychiatre qui a l'air réputé. Je lui envoie un mail, je ne décris pas des comportements, je dis voilà, j'ai un TOC, est-ce que vous pouvez me recevoir ?

Il met quelques jours à me répondre et il me dit une réponse très sympathique. Le TOC relève plutôt des thérapies comportementales et cognitives. Je ne suis pas formé à cela. Contactez un autre thérapeute qu'il connaissait. Je contacte ce psychiatre qui m'est recommandé et sur Doctolib, je vois que je ne peux pas prendre rendez-vous avec lui avant un mois parce qu'il est complètement suroccupé. Et donc, je prends rendez-vous pour dans un mois.

Pendant ce mois qui me sépare de mon premier rendez-vous avec le psychiatre, mon couple explose puisque ma copine ne fait plus d'efforts, rentre dans une phase de rejet violent. Elle refuse. tout compromis avec le TOC. Elle refuse de faire les rituels que je lui demande. Quand elle commence à refuser de rentrer dans le jeu du TOC, je m'écrase. Parce que j'ai conscience que si jamais je continue à lui demander des choses, c'est fini.

Je lui imposais le diktat du TOC et du jour au lendemain, ça devient le contraire. Et donc, je me remets à me cacher, à tout faire tout seul et à prendre sur moi vraiment le plus possible.

TOC et Vie Professionnelle

Ça aggrave mon TOC et qu'il a envahi tous les domaines de ma vie, et notamment un domaine qui était plutôt abrité jusque-là, qui est le domaine professionnel. où depuis l'été de l'année d'avant, j'ai beaucoup de mal à porter des chemises, et donc j'y vais en... en pull, col roulé. Enfin, j'essaye de trouver toutes les stratégies d'évitement qui sont les moins visibles, mais ça se voit.

J'ai des remarques. Je suis angoissé à l'idée d'aller au travail. C'est un chef-d'œuvre d'évitement, puisque je fais passer ça sur une forme d'anticonformisme. D'ailleurs, j'en ai marre, il n'y a pas de raison. J'exprime ma singularité. Je me dis, mais les pauvres, mais si.

savait. Et évidemment, ça a un impact sur mes résultats, sur ma concentration. Un jour, j'ai un rendez-vous très important avec une personnalité politique locale. Évidemment, il faut mettre une chemise, je la mets. Ce rendez-vous... se passe bien. Je ressens quand même assez fortement l'inconfort qui est lié au port d'une chemise. Et après, ce rendez-vous qui se passe bien, mon chef dit, bon, on va fêter ça, on va aller au restaurant. Et on se met en terrasse, il fait plus de 40 degrés.

Évidemment, on est trois ou quatre, on est trois. Tout le monde, première chose, enlève sa veste et moi, je garde la veste. Je garde la veste, il fait 40 degrés. Et pourquoi je garde la veste ? Parce qu'il est hors de question que je me retrouve juste en chemise sur la chaise. Je ne vais penser qu'à ça, ce n'est pas possible. L'idée même de la chemise me met mal à l'aise. Donc, moins je la vois, mieux c'est.

Je n'ai pas envie que ma main touche la chemise et du coup, quand il y a la veste, ils diront que j'ai une protection en plus. Ça amène une scène surréaliste où il fait plus de 40 degrés. Je suis en nage. en nage dans mon costume. Et mes deux collègues ont dit « Mais qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu n'enlèves pas ta veste ? » Et là, c'est une des rares fois où je n'arrive pas à garder la face. C'est-à-dire que là, il y a un problème évident et je ne trouve aucune excuse.

pour justifier le fait que je garde ma veste. Et donc, je passe ce déjeuner à transpirer comme jamais je n'avais transpiré de ma vie et à toucher le fond, parce que là, je me sens humilié devant ma hiérarchie en plus. Quand le déjeuner est fini et que je remonte dans ma voiture, j'ai une crise nerveuse, de larmes. Ce n'est pas de la tristesse, c'est simplement un épuisement nerveux. Je n'arrive pas, ne serait-ce qu'à calmer l'aggravation du TOC. Je me demande jusqu'où ça va m'emmener.

Sous-titrage ST' 501

Toucher le Fond: L'Incident du Rasoir

Les difficultés professionnelles, ma copine qui devient méchante, l'épuisement, la fatigue, tout ça amène à un état d'angoisse permanent. Et parfois, l'angoisse est tellement forte que les rituels ne suffisent pas. Un soir, je suis chez moi tout seul et il ne reste plus beaucoup de savon. J'ai une consommation de savon inimaginable à cause de mon toque. J'ai les mains en lambeaux, ça devient permanent. Et ce soir-là, il y a...

probablement un élément déclencheur assez anodin qui m'amène devant mon lavabo pour faire mon rituel de lavage. Et j'ai beau vider le savon et le gel douche, la sensation de saleté est encore très forte, comme si je ne m'étais pas du tout lavé les mains.

Et à ce moment-là, la seule chose que je trouve à faire, c'est de prendre mon rasoir et de me dire, puisque le savon ne suffit pas à enlever la sensation de saleté, je vais l'enlever physiquement, c'est-à-dire que je prends mon rasoir et je me coupe le bout des doigts. Pas jusqu'au sang. L'idée, c'était simplement de gratter pour enlever la peau, mais pour que la peau puisse se gratter, pour que la peau qui avait été en contact avec l'objet contaminé ne soit plus là.

Je me vois en train de me couper les doigts et me dire « mais demain, ce sera quoi, les veines ? Quelle sera la fin ? » Là, je prends conscience que c'est pour moi qu'il faut que j'aille voir le psy et pas tellement, uniquement.

Chercher de l'Aide: Le Déclic

pour sauver mon couple. C'est-à-dire que là, il y a une chute libre qu'il faut enrayer. Je touche le fond, il faut réagir. Quelques jours après cet épisode arrive la date du rendez-vous avec le psychiatre. J'avais pris le premier rendez-vous de la journée à 7h du matin.

parce que, comme je travaille, je ne voulais pas qu'il y ait un risque de retard. Et donc, je me retrouve à partir en pleine nuit. J'arrive dans le cabinet du psychiatre, assez sympathique, et la première séance, c'est une séance de diagnostic. Et je lui dis, j'ai un TOC dont je lui décris des symptômes. Il écoute, il écoute, je parle tout seul pendant cinq minutes. Et il dit TOC d'intensité moyenne. Il n'a pas l'air particulièrement ému par mon cas, donc ça ne doit pas être si grave que ça.

Donc, il y a un peu ce double sentiment. Je ne suis pas un cas désespéré, presque un peu vexé, et en même temps rassuré parce qu'il doit voir pire. La suite de la séance, il m'explique le principe des traitements. Il me dit qu'il y a deux manières qui peuvent être complémentaires de se sortir du TOC. C'est d'une part, en première intention, ce qu'on appelle une thérapie comportementale et cognitive. Il ne rentre pas dans le détail de ce que c'est, mais je prends note.

et éventuellement la prise d'antidépresseurs, les deux pouvant aller de pair. Cette première séance, elle est assez neutre finalement. Ça ne déclenche pas un électrochoc et je me dis, bon, je vais peut-être gagner un sursis vis-à-vis de ma copine. Voilà.

Ça y est, j'ai pris les choses en main, je sors de ma première séance, donc ça va vers le mieux. On est fin septembre, il est tellement sollicité que la prochaine séance, c'est fin octobre. Et là, par contre, ce que je fais, c'est que je prends 10 rendez-vous à la suite.

La Rupture et la Recherche Personnelle

Peu de temps après la première séance chez le psy, la situation avec ma copine se calme un peu et on arrive à avoir des conversations à peu près apaisées. Et au cours d'une de ces discussions, on décide, on est tous les deux d'accord pour dire qu'il est mieux. qu'elle reparte vivre dans l'appartement de ses parents, parce que le quotidien dans notre appartement n'est plus possible. Le problème, c'est qu'à partir du moment où elle s'éloigne de moi physiquement...

On s'écrit moins. Et donc, il y a une distance qui s'instaure entre nous. Moi, j'attends le deuxième rendez-vous. J'essaye de contenir un petit peu, de sauver les meubles, en fait. Mais je sens une distance avec elle. On se voit très peu. Et en général, quand on se voit, c'est quand elle vient récupérer des affaires.

les ramener dans l'appartement de ses parents. Le 20 octobre 2019, c'est un dimanche soir, c'est aux alentours de 18h, il fait nuit déjà, et c'est un des soirs où elle vient récupérer justement ses affaires. pour la semaine. Et on a une discussion. Et là, de manière très franche, elle dit, je préfère te dire que j'envisage de plus en plus et de plus en plus sérieusement de te quitter. Ça fait trois ans et demi qu'on sort ensemble. Je ne panique pas.

Parce qu'au fond, elle ne fait que verbaliser quelque chose que je sais, que je sens, qui me semble inéluctable. On finit la discussion de manière apaisée. Ça n'amène pas à une crise. Quand elle quitte l'appartement, il faut agir. Et là, je prends mon ordinateur, je fais des recherches approfondies, d'abord sur ce qu'est le TOC, sur le fonctionnement du TOC. Je comprends beaucoup de choses et je me dis, mais comment ai-je pu attendre ?

aussi longtemps. Les TOC ont démarré en 2007, on est en 2019. Ça fait 12 ans que je souffle de TOC. C'est la première fois que je fais une recherche Google sérieuse sur le sujet. Et je fais des recherches approfondies sur la thérapie comportementale et cognitive, dont m'avait parlé mon psy.

Au fil de mes recherches, ça m'amène sur quelques émissions. Et il y avait une émission qui va bien monter, c'est « Mille et une vies », une émission de Frédéric Lopez, où il y a un témoignage qui dure 1h30 d'un ancien malade de TOC et qui raconte son parcours.

Et je regarde cette vidéo, je la re-regarde, je comprends en écoutant ce témoignage le mécanisme du TOC, que finalement, le TOC, ça part d'idées qu'on ne contrôle pas, qui sont ce qu'on appelle les obsessions, qui ont deux caractéristiques par rapport à des...

personne normale, c'est que ce sont des pensées qui génèrent beaucoup d'angoisse et qui ne partent pas. Et face à ces pensées qui génèrent de l'angoisse et qui ne partent pas, la personne malade, elle met en place ce qu'on appelle des compulsions. on en parle aussi de rituels, qui ont pour but de chasser cette angoisse. Le problème, c'est que plus vous faites votre compulsion, donc là je fais le lien avec mon propre cas, plus je me lave les mains, plus ça renforce l'idée.

que le chargeur est contaminé. C'est la compulsion, c'est le rituel, l'acte que vous faites pour neutraliser l'angoisse, qui nourrit l'angoisse. Et c'est un cercle vicieux, et par des phases de fatigue, de stress, le rituel, la compulsion, devient de plus en plus longue, complexe. typiquement mon cas quand j'étais en prépa, avec le stress des concours qui m'amenait le rituel de un lavage à trois lavages à cinq lavages, et donc je comprends tout ça. Et là, ça me donne une...

Le Combat Commence: Exposition Radicale

clairvoyance sur mon propre cas. Et donc, je comprends ce mécanisme-là du TOC et je comprends que la TCC, la thérapie comportementale et cognitive, consiste à s'exposer volontairement à une situation qui donne envie de faire une compulsion. Typiquement, je vais m'obliger à toucher un chargeur et je vais m'empêcher de me laver les mains. Je vois le travail qu'il va falloir que je fasse et je vois le chemin. Il y a des techniques.

qui vous apprennent à gérer votre angoisse, à gérer tout ça. Là, je viens simplement de comprendre que je vais perdre ma copine, que c'est une question de jour. Donc, je ne peux pas attendre deux ans que ça aille mieux. Il faut que ça aille mieux tout de suite. Et donc je comprends qu'il n'y a qu'une manière de faire, c'est prendre le taureau par les cornes et de combattre le mal par le mal. Je vais dans le dressing de notre appartement.

où toutes mes chemises sont en boule dans un sac, je prends le sac, je prends les chemises à pleine main et je les mets dans mon lit. C'est d'une violence indicible. Je me mets sur toutes les chaises, sur le canapé, l'objectif étant de... contaminer l'appartement radicalement le plus possible. En revanche, je ne dors pas la nuit. Je m'oblige à rentrer dans mon lit avec une chemise.

Et donc, je contamine tout l'appartement avec les chemises, que je les jette partout. Je ne me lave pas les mains, je m'empêche de me laver les mains. Donc, j'ai une sensation physique d'inconfort épouvantable. Mais en même temps, arrive à ce moment-là une sensation qui est très forte à vivre. Ça y est, le premier.

mais pas il est fait. Ça y est, je suis en train de briser les chaînes. Ça va être très dur, ça va être très long, mais il y a quelque chose d'irréversible. Je décide quand même d'aller au travail le matin, en chemise, costume, ce que je n'avais pas fait en allant simplement au bureau depuis très longtemps.

Je travaille en banlieue, une trentaine de kilomètres de Paris, et je sais qu'il n'y a pas très loin un grand centre commercial. Il y a l'idée qui se forme au cours de la journée, qu'après le travail, je vais aller dans ce centre commercial, je vais aller au rayon chemise et je vais toucher toutes les chemises du magasin.

Et donc, je pense à ça toute la journée. À 18h pétante, je prends mes affaires, je m'en vais et je vais dans ce magasin. Ce que je ne pouvais plus faire. Même m'approcher d'une chemise neuve, je ne pouvais plus le faire. Et je touche vraiment toutes les chemises une par une. Je les mets même contre mon visage qui est une partie du...

corps aussi qui devait être pur. Et donc, vraiment, je me souille complètement, le plus possible, le plus brutalement possible. C'est une sensation, le sentiment de se libérer de quelque chose qui pesait sur moi depuis trop longtemps et que ça y est, j'ai enfin trouvé.

la méthode, j'ai enfin fait ce qu'il fallait pour m'en sortir. Et donc, l'image que j'ai de moi-même s'améliore finalement d'un coup d'un seul. Ça me donne la force de supporter le mal-être qui ne part pas du jour au lendemain, du contact de ses chemises.

Rétablissement: Thérapie et Soutien

Le mardi, je retourne au travail. Je ne dors pas beaucoup plus, donc je reste très fatigué et je ressens le besoin d'en parler. J'appelle une amie très proche et on passe la soirée ensemble. Les mots arrivent et je me rends compte que ce que je trouve chez cette amie... C'est d'une part une grande merveillance, une empathie et une compassion. J'ai compris ce qu'était le TOC, même s'il s'est passé très peu de jours. Et je me libère, ça me libère et ça me renforce.

En rentrant de ce dîner avec une amie, je passe devant une supérette qui était ouverte. Et quand je passe devant ce magasin, je vois le rayon de l'alcool, du vin. Et je dis, bon ben voilà, je continue cette logique d'exposition et je vais acheter des bouteilles de vin. J'ignore pourquoi j'avais un problème plus avec les bouteilles vides que pleines. Et donc, je prends une bouteille que je vide dans mon évier et je la mets en contact avec tout l'appartement.

Le lendemain, donc le mercredi, est une date importante parce que le soir, ma copine a son cours d'équitation. Là aussi, l'idée germe en moi. Je vais aller la voir faire du cheval sans lui dire, en costume, en chemise. Je me mettrai dans les gradins. Je partirai avant la fin du cours. Je veux qu'elle me voie en chemise pour qu'elle voie finalement les efforts que je suis en train de mettre en place. Avant, je vais acheter des fleurs et je m'installe dans le manège.

arrive le moment où elle me voit et là, son visage se décompose. Mais ce n'était pas un sentiment de joie. Je comprends que c'est fini. Je reste 20 secondes et je m'en vais. Je laisse le bouquet de fleurs sur le pare-brise de sa voiture. Je laisse un mot, je me bats. Et les deux jours qui suivent se passent comme ça.

Toujours dans cette volonté de ma part de m'attaquer au problème, de m'exposer, d'empêcher le rituel. Et le vendredi, fin de semaine, je suis au bureau. Et en fin de journée, je reçois un texto de ma copine qui dit « Est-ce qu'on peut se voir demain ? » Quand je reçois ce message-là, c'est fini. Il manque que l'annonce, mais elle me quitte.

Je sors, il y a un grand parc dans mes bureaux. Je fais quelques pas, je remonte et je vais voir mon supérieur. Je dis, il faut que je te dise quelque chose. Et en fait, dès qu'on sort, je fonds en larmes parce que là, c'est l'épuisement de la semaine où je n'ai pas dormi, où j'ai fait des efforts.

presque surhumain, que je n'aurais pas cru possible une semaine avant. L'imminence de la rupture fait que je m'effondre. Et je lui dis tout, toute l'histoire. En condensé, en 20 minutes, on fait un tour du parc. Réaction remarquable de mon supérieur. Prends tes affaires, on verra lundi la suite. Donc passé ce choc, je reprends ma voiture et je me dirige vers là où travaille ma copine. Et on se retrouve finalement à mi-chemin. On a une discussion qui est très longue.

très longue, assez belle, bien que douloureuse. Mais la conclusion, c'est que c'est fini. Et là, je me retrouve, ça y est, le mur, je l'ai pris. Et donc, je remonte mon martre, très triste, abattu. Et je dis, bon, voilà, ça fait 12 ans. Ça fait 12 ans que tu as ça. Tu as commencé. Il faut évidemment continuer. Tant pis, je viens de perdre ma copine. Pour autant, le combat, il est commencé. Il faut le gagner.

Finalement, le moteur jusque-là des efforts que je faisais, qui était la peur, s'est transformé en un autre moteur qui est encore plus fort, c'est la volonté. Et le lundi matin, je retourne au travail, je vais voir le médecin du travail, je passe une heure avec lui.

Et il me dit, allez voir votre médecin généraliste et faites-vous arrêter le temps qu'il faut. Je vais voir mon médecin généraliste. Il m'arrête un mois. Je prends la décision d'appeler mes parents et de dire, je viens d'être arrêté un mois. Demain, je descends.

Je n'avais pas été depuis trois ans chez mes parents, parce que c'est chez eux que les tocs avaient commencé et y aller était trop difficile. Le fait même d'aller chez eux est une exposition importante à part entière. Eux me parlent beaucoup du divorce, mais moi je sais...

que le divorce n'a finalement été que l'élément déclencheur, qu'aujourd'hui, finalement, les tocs qui m'empoisonnent la vie au quotidien n'ont plus rien à voir avec le divorce. Et cette semaine dans le Sud me fait beaucoup de bien. Je rentre pour ma deuxième séance chez le psychiatre. que de chemin depuis la première séance. J'explique que même si j'ai perdu ma copine, je veux quand même m'en sortir.

commencer la TCC tout seul, trop violemment. Et ils constatent que j'avais bien travaillé, que je m'étais bien renseigné. Et donc, on a très vite des discussions assez sérieuses et poussées. Il y a quelque chose de très important, c'est que dans la TCC, il y a le volet comportemental que je faisais, il y a aussi l'aspect cognitif.

Un jour, le psychiatre me propose de démarrer une de nos séances par un exercice un peu spécial. On va faire un exercice. Tu vas prendre une feuille et un stylo et tu vas écrire « Je souhaite de toutes mes forces que mon psychiatre décède avant la fin de la séance. » Je regarde, je me dis, mais ça ne va pas ? Je me dis, si, si, non. Je ne suis pas à l'aise en écrivant cette phrase.

Mais vous imaginez, si jamais vous mourrez. Et on parle, et à la fin, vous voyez, je ne suis pas mort. Je lui demande, mais c'est quoi cet exercice ? Ça vous a aidé à comprendre que vos pensées n'ont pas d'impact sur le réel. Ça ne les fait pas partir. Ça ne fait pas partir la pensée de comprendre qu'elle est absurde.

m'expose, je suis conscient que mon toque est une construction mentale qui n'a pas de réalité. Plus j'arrive à ne pas faire mes rituels de lavage, plus je prouve à mon cerveau qu'en fait, il n'y a aucun risque s'il a touché un chargeur à ne pas se laver les mains. Pendant le mois que dure mon arrêt maladie, je fais des séances régulières avec le psychiatre et j'utilise le reste de mes journées à faire les exercices qu'on est finis ensemble et à voir mes amis.

à cette période que je fais une sorte de coming out de talk auprès de mes amis les plus proches. Et je prends le temps individuellement de leur dire tout ce que j'ai vécu, de leur expliquer les raisons de la rupture, parce qu'on avait beaucoup d'amis communs qui ne savaient pas. Et donc, c'est une phase intense. Intense parce que je prends les choses en main, je m'ouvre d'une part importante de ma vie à mes amis et je vois surtout les premiers progrès qui arrivaient au bout de quelques semaines.

Je parle de progrès, ça ne part pas complètement, mais je vois la direction. Cela étant, à la fin du mois d'arrêt maladie, je ne me sens pas capable de retourner au travail. Plus les progrès... arrive au niveau des TOC et plus la douleur de la séparation arrive. On réapprend à se connaître, on reteste une liberté. Je constate que je retrouve avec les progrès une sérénité d'esprit.

très précieuse et que le TOC m'interdisait. Je suis beaucoup plus libre, beaucoup plus serein quand je suis avec des amis. Je ne crains plus le moindre événement extérieur qui pourra amener une obsession forte et donc le besoin de faire un rituel. C'est une période de renaissance. Quand l'arrêt maladie arrive à son terme, se pose la question de reprendre le travail. Nous avions, avec mes collègues qui savaient, on avait défini une stratégie, on ne dirait pas la vérité.

à mes collègues. En revanche, les ressources humaines sont informées, la direction générale est informée et on se met d'accord sur une forme de pacte où je reviens, mais vous n'attendez pas grand-chose de moi, au moins dans un premier temps. Quand je reviens au travail, je remets des chemises tous les jours, sans veste. On commence à espacer les séances avec le thérapeute. Je le vois quand même assez fréquemment, mais on commence à espacer. Un an après avoir commencé la TCC,

On ne se voit plus qu'une fois par mois. Et un an, presque jour pour jour, après la première séance, il dit nos séances commencent à ressembler à des visites de courtoisie. Et je n'ai plus repris de séance.

Aider les Autres et Vigilance

J'ai un sentiment de culpabilité quand même vis-à-vis de moi-même, que je ne me pardonne pas d'avoir perdu autant de temps, de m'être autant gâché. Et donc, je ressens le besoin. Mais est-ce que finalement, je ne peux pas mettre toute cette histoire au service d'autres personnes qui auraient ce problème pour leur dire... N'attendez pas de vous faire quitter, n'attendez pas de perdre votre travail. Je découvre qu'il existe une association.

qui existe, qui s'appelle l'AFTOC, l'Association française des personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs, qui organise notamment des groupes de parole, et je découvre qu'il y en a un à Paris. Et donc, je me suis rendu à un groupe de parole, à l'hôpital Saint-Anne, à Paris, et je découvre...

Un monde de gens qui vivaient ce que j'avais vécu. Et il y avait un membre bénévole et j'ai dit « moi j'aimerais m'engager aussi dans cette association ». Et c'est ce que j'ai fait. Je me considère comme rétabli. Je me surveille, je connais. trop la mécanique du TOC pour savoir que ça pourrait revenir. Mais finalement, cet engagement, d'une part, me permet de me racheter vis-à-vis de moi-même, c'est-à-dire que dès que j'ai le sentiment d'aider quelqu'un...

C'est un sentiment qui m'aide à me pardonner des propres erreurs que j'ai eues dans mon cas personnel. Si je veux être pertinent en parlant à des gens qui souffrent, ça m'oblige à une exigence de moi-même vis-à-vis de moi-même et donc d'être très vigilant où je pourrais ressentir le besoin de faire un... un lavage de main. Aujourd'hui, je regarde ça presque en souriant, en disant non, mais je sais trop bien que si jamais je fais un lavage de main, je vais replonger.

Je crois qu'aujourd'hui, il y a un tabou sur le TOC, mais plus largement sur la maladie mentale, sur la santé mentale, sur les troubles psychiques. Et je pense qu'il est important que le grand public soit éduqué sur le sujet, surtout... Pour le TOC, le mot est un peu galvaudé. Le TOC, c'est dans le langage courant. Les gens ne se représentent pas à la souffrance que c'est.

Aujourd'hui, le TOC, ça fait partie de mon histoire. Le TOC, ce n'est pas un trait de caractère. Ça a été une page de mon histoire. C'est la page de l'histoire de beaucoup de gens, beaucoup de gens longs. Et aujourd'hui, j'assume. C'est-à-dire que je n'ai plus honte d'en parler. J'ai eu honte pendant très longtemps. Pendant 12 ans, je n'en ai parlé.

personne et je ne me l'avouais pas moi-même. Aujourd'hui, j'assume cette part et je pense que ça aiderait les gens de savoir que oui, ils n'ont pas en avoir honte, qu'il faut qu'ils en parlent, qu'ils prennent le temps d'en parler, d'expliquer toute la souffrance qu'ils ressentent à des personnes bienveillantes qui seront là.

l'écouter et que ces personnes peut-être souffriront moins longtemps en silence, oseront s'ouvrir, seront mieux pris en charge. Je pense que ça aide les gens de voir qu'il y a des personnes qui assument finalement cette part de l'enfant. Vous venez d'écouter Transfer, épisode 298, un témoignage recueilli par Louise N. Guyenne. Cet épisode a été produit par Slate Podcast. Direction éditoriale, Christophe Caron.

Direction de la production, Sarah Koskiewicz. Direction artistique, Benjamin Septemours. Production éditoriale, Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Chargée de pré-production, L'introduction a été écrite par Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Elle est lue par Aurélie Rodriguez. Retrouvez Transfert tous les jeudis sur slate.fr et sur votre application d'écoute préférée. Découvrez aussi Transfert Club, l'offre premium de transfert.

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