¶ Introduction: Tropes et Début de l'Histoire
Dans les séries comme dans les films, les scénaristes utilisent un vaste champ d'astuces pour amener les téléspectateurs à avancer dans le scénario. Ces figures de style récurrentes s'appellent des tropes et ils sont entrés dans l'inconscient collectif. Ils nous sont devenus familiers. Dans les comédies romantiques, le trope le plus fréquent, c'est le « will they, won't they ». Est-ce que les protagonistes vont finir ensemble ?
C'est en partie en s'appuyant sur ce procédé qu'ont été écrites les dix saisons de Friends. Les scénaristes n'ont pas cessé de tenir les téléspectateurs en haleine avec l'histoire d'amour de Ross et Rachel.
¶ Rencontre à 15 Ans: Les Débuts Secrets
Inès n'a que 15 ans quand elle rencontre Pierre. Très rapidement, ils se voient en secret, comme le font parfois les adolescents. Mais la fin du lycée approche et leur relation va être bouleversée. Attention, cet épisode aborde des sujets sensibles. Pour en savoir plus, reportez-vous au texte de description de l'épisode. Vous écoutez Transfer, épisode 366, un témoignage recueilli par Mona Delahaye. J'habite dans un petit village en France avec mes parents et mon frère.
C'est l'été avant la rentrée en seconde. On va régulièrement chez des amis à mes parents déjeuner le midi et profiter de leur piscine parce qu'ils ont une piscine. Et ils ont deux garçons. À peu près de notre âge, ce qui se passe, c'est que le plus âgé qui a un an de plus que moi est assez distant, c'est-à-dire qu'il n'est pas forcément présent pendant le déjeuner.
Je sais qu'il est en première, il m'impressionne un peu, plutôt grand, brun, assez énigmatique. Rien de plus, je sais qu'il est au lycée aussi, le lycée où je vais aller, mais c'est tout. Je rentre en seconde, je suis très excitée d'intégrer mon lycée parce que c'est un grand lycée. Donc on a un peu la place d'être qui on veut, etc. Puis j'ai beaucoup d'amis qui sont aussi dans ce lycée.
J'ai déjà eu des amourettes au collège et que j'aime bien. Je suis un peu volage, ça m'intéresse les garçons, tout ça. Je suis plutôt là-dedans. Mon premier jour au lycée, je prends le bus et je vois Pierre, qui est le fils des amis à mes parents. Je le vois rentrer dans le bus, je ne me pose pas plus de questions que ça. À l'arrêt suivant, il y a ma meilleure amie qui rentre dans le bus. On se questionne un petit peu sur les horaires, on ne comprend pas tout. Juste devant nous, il y a Pierre.
Il se retourne et il nous parle pour statuer sur notre questionnement sur les horaires. Donc là, je me dis, ok, d'écouter notre conversation. C'est la première fois qu'il me parle directement et je me dis que c'est bizarre, mais pourquoi pas ? Avec ma meilleure amie, on n'avance pas plus sur ce sujet, on le remercie et puis voilà. Donc la rentrée se fait, les semaines passent, j'y fais pas particulièrement attention. On se recroise certainement le matin à l'arrêt de bus, etc., mais sans plus.
Vient un jour où je reçois un texto de sa part. En fait, nos parents doivent aller à un dîner ensemble chez des amis. Et ils me demandent si j'y serais aussi. Je ne sais pas comment il a eu mon numéro, mais je lui explique que non, je ne serai pas à ce dîner parce que je garde des enfants. Il me répond en gros qu'il viendra me voir ce soir-là. Je suis un peu interloquée, je me dis non mais...
Il ne viendra pas. C'est n'importe quoi. Il est en première. Pas moyen qu'il débarque. Le babysitting se termine. Je ne saurais pas trop dire quelle heure il est. Il est dans la rue. Il m'attend et je le rejoins. à la sortie de ce babysitting. On marche un peu, on se balade au stade, au city, etc., comme dans un petit village. Et on arrive sur un parking où on s'allonge sur une place de parking et on discute. Je suis attirée par lui, mais je ne sais pas si c'est parce qu'il est...
plus âgée en première, etc., ou si c'est vraiment parce que je le trouve attirant. Je me sens grisée de ce qui est en train de se passer. Je ne sais pas trop pourquoi c'est en train d'arriver. Je ne sais pas trop comment c'est arrivé. Il y a quelque chose d'assez fort qui se passe et je l'embrasse. Quand je l'embrasse, je sens sa main qui passe sur les strass dans mon dos et c'est une sensation qui me fait du bien. Je retiens...
Quelque chose à ce moment-là, c'est son odeur. Je suis très, très attirée par son odeur. Forcément, j'attends quelque chose, mais je comprends assez vite que ce n'est pas le projet.
¶ La Connexion Secrète au Lycée
Parce qu'au lycée, c'est plus « je te connais pas », mais on se retrouve parfois dans un bâtiment un peu plus caché pour s'embrasser, ou quand on se voit au CDI, on s'écrit et on se retrouve quelque part. Il y a des choses un peu comme ça, mais ce n'est pas du tout officiel. C'est caché et c'est à peine s'il me dit bonjour dans les couloirs. C'est vraiment quelque chose de très distant, de secret.
Ça m'embête un peu et en même temps, ça génère beaucoup de désir et d'excitation parce que c'est très inaccessible. Et donc forcément, ça crée de l'envie. Dans les couleurs du lycée, quand on ne s'est pas croisé le matin au bus, j'ai envie de le croiser. Il y a un côté peu probable puisque le lycée est très grand. Ça me procure une sorte de choc un peu électrique.
Quand je le croise, je sens l'énergie. Même s'il ne me calcule pas, il y a un truc assez fort qui fait que moi, ça me fait vibrer. Ça dure pendant plusieurs mois. On se revoit régulièrement la nuit lorsque je suis en babysitting. Il vient carrément dans la maison chez les gens. Quand les enfants sont couchés, on se voit, on discute dans la cuisine, etc. C'est souvent le soir, la nuit, on fait presque le mur dans notre village pour se retrouver la nuit. C'est très comme dans les films finalement.
¶ Premiers Moments Intimes
Un soir, Pierre vient dormir à la maison. Je suis hyper contente qu'il vienne dormir à la maison. Et il dort dans la chambre en face de moi. Il est là parce que mon père doit l'emmener le lendemain à Paris parce qu'il doit y aller aussi. Et du coup, on profite du déplacement. Il est dans la pièce en face. Je le rejoins et on commence à s'embrasser. Et en fait, on en vient à voir...
notre première relation sexuelle entre guillemets où on va avoir les premiers préliminaires ensemble. C'est un moment qui est assez intense parce qu'il y a une forte tension entre nous depuis des semaines. Je n'ai jamais couché avec quelqu'un. Ça reste un moment vraiment intense dans lequel on ressent une forte connexion. Donc cette année de seconde, elle a été plutôt fun et riche parce que malgré des résultats en chute libre, j'ai plutôt passé une bonne année.
Il y a Pierre, mais il y a aussi d'autres personnes. Et lui aussi, il voit d'autres personnes. Mais au-delà de ça, j'ai toujours un petit peu cette place. On finit toujours par se retrouver. C'est une relation particulière à laquelle je suis attachée et dans laquelle je trouve quelque chose de spécial. Et donc l'année de seconde s'achève, je passe avec des résultats râles et pâquerettes, mais c'est preuve de fun.
¶ Rencontre Avec Arthur et Première Relation Formelle
La première commence et j'ai un très bon ami à moi qui fait du hockey. Dans son équipe de hockey, il y a un garçon qui s'appelle Arthur. Il me l'a introduit un petit peu comme une blague en me disant « J'ai un gars dans mon équipe, je suis sûre que ça pourrait matcher. » En fait, on commence à parler comme ça, par SMS. Et un jour, on se rencontre et effectivement, ça marche plutôt bien. On commence à se fréquenter.
Je vais droit dedans pour une relation de couple et ça se passe plutôt bien. Dès le départ avec Pierre, c'est un peu compliqué parce qu'on n'arrive pas à mettre un mot sur notre relation. Quand j'ai parlé pour la première fois de Pierre à Arthur, je n'ai pas su lui dire si c'était un ami ou autre chose. Et en fait, je n'arrive pas à le présenter en tant qu'ami, mais je n'arrive pas non plus à dire que c'était mon amoureux parce qu'en fait, ça ne l'a jamais vraiment été.
¶ Naviguer Entre Deux Relations et la Jalousie
On n'arrive pas à se définir en tant que binôme. Serre, il a aussi une copine. On a mis quelques distances. Chacun fait un petit peu sa vie. Ça me manque de le voir, mais j'arrive à un stade où je veux le meilleur des deux. Donc j'essaye de continuer à le voir. Mon copain est très jaloux. Ça va me faire rentrer dans quelque chose d'assez complexe.
où j'essaye de mentir pour pouvoir voir Pierre. Un jour, on va au cinéma avec Pierre, on va voir The Artist, et je suis stressée et tendue parce que j'ai l'impression de faire quelque chose de mal.
J'ai la pression d'Arthur derrière. Je sais qu'il ne veut pas que je le voie. Et je vais au cinéma avec lui quand même. Quand on sort de la séance... le bus passe devant nous et je vois Arthur dans le bus qui nous fixe et je vois la colère dans ses yeux et je me dis que là, j'ai fait une connerie et que ça va peut-être me coûter cher.
¶ La Confrontation et le Choix Difficile
C'est ce qui se passe parce que c'est un peu le moment où Arthur commence à être en tout cas verbalement violent avec moi. Suite à cette discussion virulente, Arthur me demande de ne plus voir Pierre. Et c'est une décision difficile pour moi parce que je n'ai pas du tout envie d'arrêter de le voir. Je choisis mon couple.
parce que je suis amoureuse, que j'ai envie de rester et de sauver ce que j'ai avec Arthur, même si ça veut dire arrêter de parler à Pierre. Les semaines et les mois qui suivent...
¶ Le Manque et la Reprise du Contact Secret
J'essaye de l'ignorer quand je le vois dans le bus, au lycée. Mais c'est vraiment un exercice difficile parce que j'ai qu'une envie, c'est d'aller lui parler. Pendant un temps, j'arrive à stopper, mais à un moment, j'y retourne parce qu'il me manque.
terriblement. Et je pense que je reviens lui parler à un nouvel an. J'ai beaucoup bu et à minuit, je l'appelle. Et quand je l'appelle, à ce moment-là, il me dit « Si tu ne m'avais pas rappelé aujourd'hui, je ne t'aurais plus jamais parlé. » Du coup, je vois ça comme un signe et je me dis qu'il faut qu'on se revoie, qu'il faut qu'on se reparle, qu'on a trop de choses à se dire, etc. Je recommence à le voir en cachette.
Souvent, on se voit simplement dans le centre du village et l'été, ça arrive que j'aille me baigner chez lui et qu'on fasse des siestes collées. On ne s'embrasse pas, etc. Mais il y a une intensité physique... qui est difficile à ignorer. C'est quelqu'un qui me donne chaud, c'est quelqu'un qui me donne envie de le toucher. Il a une odeur vraiment qui m'attire. C'est terrible, je n'arrive pas à m'en défaire. Il vient un jour où je rentre de chez Pierre.
Il me raccompagne chez moi et en fait, au moment où on traverse la rue principale, une voiture passe et dans cette voiture, il y a Arthur. Là, je sais que c'est très mauvais pour moi parce que je sais déjà que... Il va être encore une fois verbalement violent avec moi. Cette soirée-là, c'est une soirée très compliquée parce que j'avais mes deux meilleurs amis qui viennent dîner chez moi avec leurs parents.
Et en fait, Arthur me fait une scène. Il est hyper violent verbalement avec moi. Il m'enferme dans la chambre pour me prendre la tête. Je descends juste dire au revoir à mes amis. à la fin du repas où finalement je n'ai pas assisté une seule seconde. Je repense à Pierre qui m'a mis un petit peu un ultimatum en me disant c'est lui ou moi. Et j'ai décliné cet ultimatum en choisissant Arthur. Je me demande vraiment pourquoi j'ai fait ça et pourquoi je m'inflige ça.
Je me dis que je ne suis peut-être pas en sécurité avec cette personne, mais en même temps, j'ai trop peur de le quitter. On passe à autre chose et je continue ma relation avec Arthur. en jurant évidemment de ne plus voir pire.
¶ Voyage aux États-Unis et Contrôle
Je sais que je ne vais pas pouvoir honorer cette promesse parce que je pars aux États-Unis avec Pierre. C'est une décision qui a été prise par nos parents quelques mois avant. C'est prévu. On part ensemble étudier l'anglais. Alors, on n'est pas dans le même logement, etc. Mais on part ensemble. Donc, je vais passer un mois aux États-Unis là-bas. Et Arthur m'appelle tous les soirs.
de façon assez invasive. Et à côté de ça, je vois Pierre tous les jours, mais je me permets pas de passer du temps avec lui exclusivement. Et si on passe du temps ensemble, on est en groupe et on se parle pas.
Il y a seulement un soir où je ne peux pas rentrer chez moi parce qu'il est trop tard et je suis sur le campus, je fais la fête. Du coup, il me propose de dormir avec lui et j'accepte. Il ne se passera rien. Ce n'est pas un moment qui est... hors du temps comme avant, mais je vois qu'il y a toujours un petit truc.
Mais qu'on ne se permet pas d'aller plus loin parce qu'il y a Arthur derrière qui met la pression et Pierre est assez blasé de la situation. Il ne veut pas retomber là-dedans. Je trouve ça terrible. On est en voyage au bout du monde. On aurait pu passer un mois grave cool ensemble. Et en fait, c'est une catastrophe parce que...
On me pourrit le moment en m'appelant tous les jours et en me faisant culpabiliser d'être partie avec Pierre, alors que finalement, ce n'était pas vraiment ma décision non plus. Au retour, on est à côté dans l'avion. À un moment, je suis fatiguée et je m'allonge sur ses genoux pour avoir un petit peu plus de place.
Et je sens que je peux me le permettre. Et il y a sa main qui vient dans mes cheveux et qui me fait des couches-couches dans les cheveux. Et au fond de moi, je sais que ce qu'on a, c'est encore là. C'est juste que ça n'a pas le droit d'exister. Là, je rentre en terminale et mon copain, donc Arthur, n'est pas dans le même lycée que moi. C'est un lycée où il y a des classes préparatoires. Pierre rentre en classe préparatoire dans ce même lycée. J'en profite pour aller voir Arthur au lycée.
et apercevoir Pierre de loin. Mais je sais que je ne peux pas non plus m'en approcher. Je suis en terminale, j'ai 17 ans, donc pour le nouvel an, on organise une fête. À minuit, vraiment, au moment de passer la nouvelle année, je décide d'appeler Pierre et il répond.
Donc à cette soirée, évidemment, il n'y a pas Arthur. Je lui dis que je suis désolée qu'il me manque trop et que c'est difficile de ne pas passer du temps avec lui. Il me répond que si je ne l'avais pas appelé avant la nouvelle année. Il avait décidé de son côté qu'il arrêterait de me parler. C'était un petit peu son dernier délai avant de tourner la page et de me mettre de côté. Quand il me dit ça, je suis un peu folle.
Je dis à mes copines, non mais tu te rends compte ? Si je ne l'avais pas appelé, ils ne m'auraient plus jamais parlé, mais c'était trop le destin. Heureusement que je l'ai rappelé, t'imagines ? Mais je pense qu'à un moment, elles en ont marre aussi d'en entendre parler, c'est-à-dire que c'est toujours un pas en avant, trois pas en arrière, et puis on ne se met jamais ensemble, donc en fait, ça ne mène à rien.
Donc, on me dit aussi qu'il me fait tourner en bourrique et qu'en fait, tout ça, c'est juste pour se foutre de ma gueule. Et c'est vrai qu'il y a une partie de moi qui se dit peut-être que c'est ça. Mais en fait... Moi, je n'y arrive pas. C'est au-delà de mes forces et je me dis que lui et moi, c'est vraiment spécial et qu'il faut qu'on garde cette connexion parce qu'il y a quelque chose de plus qu'avec les autres. J'ai trop besoin qu'il soit dans ma vie.
¶ La Relation Abusive Avec Arthur
Avec Pierre, on se dit beaucoup de choses. On se dit vraiment tout. Je pense que c'est quelqu'un à qui je me confie énormément aussi. Je lui parle des comportements d'Arthur et que lui, ça le met hors de lui. Il trouve que c'est un con et il comprend pas ce que je fais avec ce mec. Il est vraiment...
bordeur violent et à des comportements où il en vient à me forcer à coucher avec lui quand je veux pas. Donc moi, je reste un peu avec lui par peur de ce qui pourrait m'arriver. Et je fais passer ça comme si c'était OK. J'ai eu mon bac avec une mention assez bien. Je suis hyper contente de la fin de mon lycée parce que j'ai le permis, je gagne en liberté, je fais des week-ends avec Arthur où on part en voiture et c'est super cool. Je travaille, j'ai un petit boulot d'été.
Et je sais qu'à la rentrée, je vais faire mes deux premières années d'université en Ile-de-France en communication.
¶ Départ à l'Université et Agression Sexuelle
Je pars à l'université, je suis hyper excitée de rencontrer des nouvelles personnes, etc. Mais difficile parce que je vais être séparée du coup d'Arthur. Je sais aussi que la distance est... les nouvelles personnes, ça peut engendrer Des difficultés dans notre couple parce qu'il est de nature jalouse et je sais déjà que ça va rendre les choses compliquées, sachant que beaucoup de choses où il y a de l'alcool, on fait la fête, il y a des garçons et je sais que ça peut...
être compliqué pour lui à gérer. Cette première année d'études, elle se passe bien. Je me dis d'amitié, on travaille quand même pas mal, mais on fait aussi beaucoup la fête. Je me découvre une personnalité assez fêtarde. J'en profite. Je trouve ça cool. Je joue un peu avec les limites. Je dragouille par-ci, par-là. Mais je ne franchis pas la limite.
Cette première année, je suis plutôt contente d'être loin d'Arthur parce que ça me donne un peu plus de liberté, je me sens un peu plus en sécurité, peut-être un peu plus libre de ce que je fais au quotidien. Et Pierre, on peut échanger un peu plus librement par texto, même si c'est très ponctuel, on garde le lien, mais à distance. Et on ne se voit pas forcément à ce moment-là. Lui, il est en classe préparatoire, donc ça lui prend aussi du temps. Et moi, je profite aussi de mon année.
En 2014, deuxième année d'études, on a comme chaque année une soirée d'intégration pour les nouveaux étudiants. Là, moi, je suis en deuxième année, on profite. On sort à Paris, dans une grosse boîte. Au moment de rentrer, j'ai un ami d'Amphi qui nous demande si quelqu'un peut l'héberger. Je vois bien que personne n'a trop de disponibilité.
Sous mon lit, j'ai un lit qui se tire et que je peux rajouter dans ma chambre. Donc, je lui propose en tout bien, tout honneur s'il veut. Moi, je peux l'héberger, il n'y a pas de souci. Et donc, on rentre. Je vais prendre ma douche et quand je sors de la douche, il me viole. J'ai vraiment tout fait pour qu'il arrête, mais c'est impossible, je n'avais plus de force.
De toute façon, je ne faisais pas le poids. C'est un moment hyper compliqué pour moi parce que je sais que je suis encore avec Arthur. J'aimerais bien lui dire, mais je ne me sens pas du tout en sécurité de lui dire non plus parce qu'il a aussi des tendances violentes. Donc je me demande...
¶ Confidences à Pierre Après le Traumatisme
Comment il pourrait réagir ? Je ne sais pas à qui en parler. On est en octobre, j'ai encore une année entière à tenir en amphi avec cette personne. Donc je décide d'en parler à Pierre. La personne est encore dans ma chambre et il dort. Et en fait, j'écris ce qui s'est passé à Pierre. Et du coup, il est vraiment fâché. Il me dit qu'il va monter dans un train et qu'il va venir lui casser la gueule. Et moi, je lui dis non, en fait, tu ne vas pas faire ça parce que...
Là, il faut que j'efface ça de ma vie et que je continue. Il ne faut pas que Arthur le sache. Je ne sais pas comment je vais faire, mais je vais le faire. J'avais juste besoin que tu le saches parce que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un. Le lendemain, il finit par partir et moi je file chez une amie pour laver mes draps et je l'ai appelé de chez moi.
Elle a décroché et elle m'a dit qu'est-ce qui s'est passé. Le lundi suivant, je pense que je reviens en amphi comme si de rien n'était et ça sera comme ça toute l'année. Je vais complètement occulter ce qui s'est passé.
¶ Stage à l'Étranger et Rupture Avec Arthur
Et je vais passer une deuxième année qui se déroule très bien avant de partir en Erasmus. En 2015, je pars en stage d'études aux Etats-Unis. Très rapidement, je me rends compte que la distance va m'aider à prendre de la distance avec ma relation avec Arthur. J'ai conscience que c'est une relation toxique, mais j'ai jamais trouvé le courage de le quitter.
Et là, je trouve le courage de le faire avec les milliers de kilomètres qui nous séparent. Et du coup, je poursuis mon stage comme ça, libérée d'un énorme poids. J'en profite pour rencontrer d'autres gens, notamment... Un garçon avec qui je vais me lier très très vite et avec qui je vais passer vraiment trois mois incroyables.
On fait plein de choses, on se découvre, on a plein de choses à se raconter. Et on va passer un mois vraiment ensemble où je vais être dans son appartement et où on profite du temps qui me reste en fait là-bas. À ce moment-là, je ne pense pas vraiment à Pierre parce que je profite vraiment à fond. J'ai eu un nouveau souffle, une nouvelle liberté et dans un nouvel endroit aussi. Donc forcément, ça apporte plein de choses. Je suis stimulée de partout.
¶ Retour en France et Retrouvailles Intenses
Et du coup, je n'y pense pas. Mon stage se termine, je rentre des États-Unis, donc je prends mon avion, j'atterris à Paris, je monte dans un train et j'arrive dans mon village d'enfance. Tout de suite après, mon premier réflexe, c'est d'aller voir Pierre. On est dans son jardin, on discute sur une balancelle devant la piscine et on se raconte un petit peu le voyage. C'est trop fort, je pense que...
J'exprime que je suis libérée d'Arthur, il le sait. Donc en fait, on est libérée de ce qui pesait aussi sur notre relation et sur tous ses interdits. Et du coup, on s'embrasse. Mais moi, je sais que je repars très vite parce que je pars en Erasmus ensuite. C'est encore l'été et c'est avant la rentrée.
¶ Les Rendez-vous Nocturnes et le Cycle Ininterrompu
On va reprendre un petit peu les rendez-vous nocturnes avec Pierre. Maintenant, j'ai une voiture. Donc, on se voit dans ma voiture la nuit. Et la voiture, ça va devenir un petit peu l'espace où on se retrouve cet été-là. On se retrouve vraiment nus tous les deux dans cette voiture, au milieu de la nuit, dans notre village. Et en fait, il me dit qu'il ne peut pas coucher avec moi. Je ne comprends pas. Je me dis non, mais là, enfin...
On est tous les deux nus dans une voiture, on se caresse, mais non. Et je ne comprends pas pourquoi. Et en fait, non, c'est juste qu'il y a une pression des années qui sont passées. de ce truc un peu cyclique qui fait que de revenir. Et on a le poids de cette relation qui n'a jamais vraiment existé, qui pèse. Et on sait que je repars.
On revient un peu à la case départ encore une fois. Et en fait, on se retrouve. Et ça crée quelque chose qui plane. On sacralise complètement ce truc et on se dit... Moi, en tout cas, c'est ce que je me dis. Je me dis, mais ça n'arrivera jamais. Là, ça fait déjà cinq ans. L'histoire se répète, mais on n'y arrive pas. J'ai 21 ans. Je pars en Erasmus, en Italie. Je suis...
Techniquement, toujours en couple avec mon mec aux États-Unis. Mais il y a eu cet épisode avec Pierre, difficile à ignorer. Et mon copain des États-Unis doit venir me voir pour Noël. Très vite, je me rends compte que ça ne va pas être possible. Donc, je le quitte. Ça se fait à distance. Ça se passe plutôt bien. Et en fait, très vite, en Erasmus, les soirées font forcément...
écho à de nouvelles rencontres. Et bien que j'ai toujours pensé qu'il fallait aimer pour avoir des relations sexuelles, un soir, je craque sur quelqu'un et je me dis, allez... Je vais essayer un one night. J'ai 21 ans, ça ne m'est jamais arrivé parce que j'étais en couple longtemps, etc. Je me dis, allez, je vais coucher avec ce gars et on verra ce que ça donne. Je trouve ça fun. Je me dis qu'en fait, ce n'est pas si difficile que...
Je peux aussi me dire que là, je vis dans une ère un peu de légèreté où je n'ai pas forcément besoin d'être en couple pour profiter et que je fais ce que je veux de mon corps et je pense que... Je prends une petite revanche un peu là-dessus, donc je fais la fête, je m'éclate. Pendant mon Erasmus, j'ai l'occasion de rentrer un peu voir ma famille. J'en profite parfois pour aller voir des amis.
¶ Erasmus en Italie et la Rencontre à Nantes
Cette fois-ci, je vais à Nantes, où j'ai une amie qui étudie, et elle étudie dans la même université que Pierre. Je le sais. Ce soir-là à Nantes, je vais à une soirée avec ma pote. Et ensuite, tous les gens qui sont à SB4 vont à une autre soirée. On est dans la file d'attente. Tout d'un coup, j'entends mon prénom. Je me retourne et derrière moi, c'est Pierre.
Je me dis, mais mon Dieu, c'est un signe, il est derrière moi, il est là, on se voit par hasard, il me reconnaît, il me parle. Je lui dis... demande qu'on aille ensemble dans cette soirée. Et en fait, il me dit, mais non, moi, il y a ma copine. À ce moment-là, il est en couple. C'est très sérieux. Et je me dis, bon, j'ai vu Pierre.
Si lui aussi, ça a réveillé quelque chose en lui, je vais laisser mon téléphone allumé, si jamais il m'appelle. Et à 4h du matin, mon téléphone sonne. Et je réponds, c'est Pierre. Et il me demande où je suis. Je lui envoie l'adresse. Quelques minutes après, il est là. Je lui ouvre, il rentre et on se saute dessus. Et on commence à s'embrasser, s'enlasser dans la cage d'escalier.
Ma pote ouvre la porte et elle nous dit qu'on fait trop de bruit, qu'il faut qu'on se trouve à un autre endroit. Sauf qu'on est à Nantes, on est en ville. Moi, je n'ai pas d'appartement à Nantes. Lui, dans son appartement, il y a sa copine. Et du coup, on choisit ma voiture. Pendant l'acte, en gros, il me sort un je t'aime. Et en fait, ce je t'aime, moi, je le prends un peu au pied de la lettre et je me dis, ben...
Il l'avoue enfin, il y a quelque chose et je me dis mais c'est fou ce qui se passe alors qu'il est en couple, etc. Mais moi, à ce moment-là, je n'ai personne. Donc, ça ouvre un peu une porte et j'ai une lueur d'espoir. sur ce truc-là. À un moment, on se rend compte que les premières lueurs du jour arrivent. On rentre chacun de notre côté.
Et le lendemain, on se réécrit. Lui, il me dit que c'était une erreur et qu'il aime sa copine, qu'il n'aurait jamais dû faire ça. Donc moi, je ne comprends pas trop. J'avoue qu'avec ce qui venait de se passer, je me dis que... le timing n'est toujours pas bon, qu'on n'arrive pas à trouver un endroit où on se rencontre, dans un espace-temps où tout le monde est célibataire et où on a envie d'essayer ensemble.
Ça me met en colère, ça m'agace. Visiblement, lui, il n'est toujours pas prêt et ce timing n'est toujours pas là. Ce ne sera pas encore pour cette fois.
¶ Difficultés Familiales et la Lettre Désespérée
En été 2016, mon Erasmus est terminé. En juillet, mes parents m'annoncent qu'ils divorcent. C'est pas facile. J'accepte la situation, mais ça brise...
Beaucoup de choses dans la relation avec mes parents. Je sais que Pierre va sûrement le savoir parce que nos parents sont amis et donc je m'attends à ce qu'ils m'écrivent. Et en fait, il ne le fait pas et c'est quelque chose qui me... parce que je pensais que malgré justement cette distance et le fait qu'on ait du mal à trouver une place dans la vie l'un de l'autre, on serait quand même là pour les moments difficiles.
Je change d'université, je vais à Gap pour mes deux dernières années d'université et je commence du coup une nouvelle vie là-bas. Ce n'est pas forcément évident. Je vais rentrer dans une période un peu difficile où j'ai très envie de m'intégrer, mais j'ai du mal parce que je travaille et je suis à l'université en même temps.
Et en fait, je ne m'entends pas avec mes colocs. Ce n'est pas comme je l'espérais. Du coup, j'ai beaucoup le temps de penser. Je repense beaucoup à ce qui s'est passé à Nantes. Je décide d'écrire une lettre. J'espère que ça lui fasse un électrochoc et je lui exprime que moi, cette histoire de timing, à un moment, je n'y crois plus. Un texto, on le next rapidement. Une lettre, c'est plus difficile à ignorer. Et l'écrit, ça reste. Un texto, ça s'efface.
Il faut qu'on fasse un move ou qu'on ait un dénouement à cette histoire. Ça me pèse. Ça fait des années que ça dure. C'est cyclique. Ça ne m'amuse plus. J'ai besoin qu'on mette un terme à tout ça. Du coup, je crache tout sur le papier.
¶ L'Appel Choc et la Révélation
je lui envoie, suite à cette lettre, un soir, il m'appelle. Je suis dans mon lit et je sens qu'il n'est pas comme d'habitude très froid. Et il me dit en gros qu'il faut que je déconstruise tout ça parce qu'il n'a pas été honnête avec moi. qu'il a fait un travail sur lui et qu'il est sociopathe. Et qu'en fait, toutes ces années, il s'est moqué de moi et il m'a juste utilisé.
pour son propre plaisir et que c'était un jeu, mais que, en gros, j'étais sa marionnette et qu'il était très heureux de m'avoir en plan B. J'en reviens pas. Je suis... Très en colère. Et en même temps, je me dis que ça me donne une raison. Que c'est peut-être ça, la fin de l'histoire. Et que maintenant, qui m'a dit ça, ok. C'est pas facile à encaisser. Je pleure. Je suis dans mon lit.
¶ Tourner la Page et Rencontrer Mathieu
Fin de l'histoire, je mets ça derrière moi et je ne le reverrai jamais. L'année suivante, on est en 2018. Ça va mieux parce que j'ai changé de coloc. Grâce à une prof qui m'a aidée à trouver un autre logement, je passe beaucoup de temps avec un petit groupe d'amis. Et dans ce groupe d'amis, il y a Mathieu. Et avec Mathieu, on cherche un peu. Je sais que je lui plais. On s'embrasse plusieurs fois, des soirées, etc. Mais je ne suis pas sûre. Je ne veux pas me lancer. Moi, je profite.
Je suis sur les applis et je fréquente des garçons comme ça en one night et ça me va très bien, je m'éclate. Je retrouve un peu l'énergie positive que j'avais un peu perdue sur ma première année, donc j'en profite vraiment beaucoup.
¶ Le Retour de Pierre à Noël 2018
À Noël, cette année-là, je rentre dans ma famille. Je ne sais pas trop comment on en arrive là, mais on se réécrit avec Pierre parce qu'on sait qu'à Noël, on est là, qu'on rentre tous les deux dans l'autre famille. Lui, il a quelqu'un. On se retrouve à se donner rendez-vous le soir avant Noël. Il vient au milieu de la nuit. On le fait rentrer en douce le soir et il dort à la maison et il passe la nuit avec moi.
Suite à la lettre, on s'en était un peu arrêtés là, mais semble-t-il que là, on revient encore à ce stade cyclique où on a encore besoin de se voir, on a encore besoin de passer du temps ensemble. Et du coup, on en vient à dormir ensemble après avoir discuté de tout ça et de se demander pourquoi on n'arrive pas à être séparés, même après plusieurs années sans se voir.
¶ La Première Vraie Nuit Après Sept Ans
Le 27 décembre, il revient chez moi. Cette fois-ci, ça va plus loin. On va, après 7 ans, 8 ans, concrétiser vraiment et coucher ensemble pour de vrai. Et moi, c'est un moment que j'ai beaucoup imaginé, beaucoup attendu. C'est quelque chose que j'ai beaucoup sacralisé et je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Finalement, ça se passe et c'est incroyable. ... ... ... ... ...
Et je me dis que là, il y a quand même quelque chose qu'on ne peut pas ignorer. Que si moi, je l'ai ressenti, lui, il l'a sûrement ressenti. Et qu'on ne peut pas s'arrêter là. Pas après ça, pas après autant d'années, avoir attendu de le faire. Et on espérait que ça soit naze. Et finalement, c'est incroyable. Et du coup, ça remet tout en perspective, en tout cas pour moi. Donc, on couche ensemble et ensuite, ils rentrent. On s'envoie des nuages.
¶ Le Refus Final et la Rupture Définitive
en émoji juste parce que c'était un petit nuage et on reste un peu sur ce truc on discute après de ce qui s'est passé on se dit que c'était incroyable on est d'accord sur ce point Et moi, je lui dis, puisque c'était incroyable, viens, on se lance, quitte ta nana et on y va. Et il me dit non, parce que ce n'est pas possible, parce que... il est avec cette fille, qu'il est engagé, et que moi je suis loin, je suis à Gap, ça n'a pas de sens. Et donc c'est reparti, et il me dit non.
On se refâche un peu sur ce point et on se voit le 31 pour en discuter dans un bar. Je comprends qu'il n'y a pas de porte ouverte, que c'est un nom définitif. ça ne peut toujours pas exister, ça ne peut toujours pas prendre vie dans notre monde. On n'a toujours pas la place pour nous, donc ça s'arrête là. Quelques mois plus tard, en mars 2019, je suis de passage à Paris. On se donne rendez-vous dans un bar pour discuter. Au moment d'aller à ce rendez-vous, je me dis que...
Peut-être qu'en fait, il est revenu sur ce qui s'est passé en décembre, qu'il y a réfléchi. On est trois mois plus tard et je me dis qu'il y a une petite lueur d'espoir encore une fois. Mais en même temps, je redoute toujours un petit peu ce qui va me sortir parce que ça a toujours été comme ça. Dès que ça commence à aller vers le mieux, il y a une chute et j'attends aussi très souvent la chute. Et il me ressort.
le coup du sociopathe. Que je ne suis pas la seule, qu'il fait ça aussi avec sa meilleure amie de lycée, qu'elle voit un psy à cause de lui, etc. Et j'ai vraiment l'impression que là, il se prend pour le centre du monde. et qu'il est absolument emblairable. Je ne supporte plus d'écouter ce qu'il me dit, je me lève, je m'en vais, et sur le chemin, je le bloque de partout, de tous les réseaux.
Et je rentre à Gap vraiment triste et très en colère. Et je me dis que je ne veux plus jamais le voir. Je ne veux plus entendre parler de ce mec. Il est complètement fou. J'en peux plus qu'ils me prennent et qu'ils me jettent. Ça devient insupportable, j'ai plus son temps et c'est terminé.
¶ La Vie Avec Mathieu et le Message Pendant le Confinement
Je suis en coloc avec deux filles et avec l'une d'entre elles, on décide de bouger ensemble pour faire une coloc K2. Et du coup, on prend l'appartement au-dessus de celui de Mathieu. qui est le gars avec qui j'avais déjà eu quelques petites histoires, mais sans plus. Quelques mois plus tard, on est confinés. Et du coup, on se retrouve confinés, Mathieu avec son coloc et moi avec ma coloc.
Donc ce confinement, il est assez incroyable pour nous parce qu'on est entre amis, on cuisine, on fait du sport, on fait plein de trucs. Avec Mathieu, on crée une petite routine pendant le confinement. On a de la chance, on fait partie de ceux pour qui le confinement se passe super bien. Le matin, on se fait un petit smoothie. Après, moi, je vais faire mon yoga au soleil. Je bookine. Lui, il joue un peu aux jeux vidéo avec son coloc.
Et ensuite, on couche ensemble l'après-midi parce qu'on a que ça à faire et après on fait du sport, etc. Donc on a plutôt un bon rythme. Et il y a cette routine qui s'installe et c'est hyper agréable. C'est vrai que nous, le confinement, on aimerait bien que ça dure un an. Ça ne nous poserait vraiment pas de problème. Au bout d'un mois de confinement, je reçois un message de Pierre. qui arrive comme une déferlante parce que dans ce message, il m'étale toute sa vie en me disant que...
Ça va super bien avec sa nouvelle copine, que ça fait un an qu'il est avec elle, qu'elle est belle, intelligente. Il m'étale sa vie parfaite et il conclut en disant que quand bien même... Il pense à moi, il a envie de coucher avec moi, il pense à mon corps. Et j'ai vraiment l'impression qu'il est juste là pour faire chier. Il termine son message en demandant de ne pas répondre.
et en me disant que ça ne servira à rien et qu'on retomberait encore dans les travers du passé. Ce message me met hors de moi, sauf qu'à ce moment-là, il y a Mathieu qui est dans l'appartement, donc je dois lui expliquer. Donc je lui explique qui est cette personne, ce qui se passe, pourquoi je suis en colère. Et en fait, je n'ai pas trop envie d'en parler à Mathieu parce que je sais qu'il est en train de rentrer dans ma vie.
de façon assez intense, que je me projette un peu dans une relation et je me dis, non, en fait, pas maintenant. Je n'ai pas tout expliqué en détail à Mathieu parce que je n'avais pas envie qu'il ait la nature complète de notre relation. C'est quelque chose d'assez complexe et qui prend de la place.
Ce n'est pas facile de trouver les mots pour justifier ce qu'on a vécu, de trouver les mots pour justifier que ça me fait toujours autant de mal, même si ça fait plusieurs mois, années qu'on ne s'est pas parlé. Quand je vois qu'il ne comprend pas pourquoi un mec à qui je ne parle plus depuis des mois a autant d'impact, je me dis que ouais, en fait, il ne peut pas comprendre et c'est normal.
Mais du coup, je décide d'en dire le moins possible et d'essayer de passer un peu au-dessus de ça pour diluer la situation et essayer de faire en sorte que ça ne prenne pas des proportions monstrueuses pour quelque chose qui finalement ne changera encore une fois rien du tout. Et je ne réponds pas. Donc Mathieu me réconforte. Il essaie de me dire que ça ne sert à rien de me mettre dans des états pareils pour ça et qu'on ne va pas lui répondre.
Je ressasse, j'en parle à mes potes, je m'enferme pour faire des vocaux à mes copines. Mais voilà, je tourne la page assez vite, même si ça m'a fait du mal. Mais je me dis que ça sert à rien de s'éterniser. De toute façon, ça n'a pas d'intérêt.
¶ Construire une Relation Stable Avec Mathieu
Après le confinement, on emménage ensemble en location. Avec Mathieu, on se met très vite à chercher un appartement à acheter aussi. Rapidement, on trouve et on crée notre nid. en montagne, proche de Gap, pour construire notre chez-nous, faire des rénovations et plein de projets qui s'ajoutent à l'adoption d'un petit chien.
Avec Mathieu, on a une relation d'amour qui se construit, brique par brique, et où on travaille aussi pour que ça fonctionne. Et c'est quelqu'un qui m'a acceptée comme je suis, qui ne m'a pas demandé de changer. C'est quelqu'un de très attachant, très doux, avec qui on peut faire plein de choses et avec qui j'ai envie de faire plein de choses. Ça permet d'avoir des projets de voyage, des projets sportifs.
nous emmène à se dépasser ensemble et on a vraiment une relation où on est main dans la main. Il y a des choses forcément que je ne ressens pas. Pierre, ça a été instinctif dès le départ. Et j'ai toujours tendance à un petit peu comparer dans mon esprit, à me demander si c'est normal de ne pas ressentir autant d'effervescence avec Mathieu. Parce qu'avec Pierre, c'est...
Toujours très naturel, je n'ai jamais contrôlé ce que je ressentais. C'est quoi l'amour en fait ? Avec le temps, je me rends compte qu'il y a la passion. Et il y a l'amour. Et la passion, c'est quelque chose qu'on ne contrôle pas. On s'embrase, on vibre, c'est électrique. Là où l'amour, ça peut être... passionnelle et électrique, mais c'est aussi du travail. Et c'est aussi très bien parce que c'est beaucoup plus sain. Être en couple au quotidien, c'est du travail de tous les jours.
Vivre ensemble, c'est aussi du travail de tous les jours. Il faut apprendre à vivre avec l'autre. Et ça n'a rien à voir avec faire l'amour dans une voiture au milieu de la nuit.
¶ Le Fantôme de Pierre et les Rêves Récurrents
Mais il y a une partie de moi qui s'embrase encore pour ce genre de sensations et qui aimerait pouvoir ressentir ça. Les années qui suivent, je pense à Pierre de temps en temps. Il y a plein de choses qui me font penser à lui, des choses qui me ramènent à lui.
particulièrement mes rêves. Et quand je rêve de Pierre, j'ai cette sensation au réveil de vouloir m'enfoncer au plus profond de mes oreillers et oublier ce qui s'est passé parce que je le vis comme si c'était réel. Et du coup, c'est difficile parce que... Me réveiller en me disant qu'il n'a pas de place dans ma vie, c'est hyper dur. Jusqu'au moment où je me réveille un matin après avoir fait un rêve avec lui très détaillé. Suite à ce rêve, je me réveille et j'ai encore...
la tête enfarinée, je me dis mais c'est pas possible qu'il ait autant de présence encore dans ma vie. Forcément, ça m'arrive de le stalker. Je sais pas ce qu'il est, je sais pas ce qu'il devient foncièrement, mais mon corps n'arrête pas de le rappeler finalement.
¶ Nouvel Échange et la Rencontre à Gap
Ce matin-là, je suis blasée et je décide de lui écrire. Je lui dis que j'ai rêvé de lui, que ça m'arrive souvent. Et que je ne sais pas si ça va servir à quelque chose, mon message, mais j'avais besoin qu'il sache que parfois je pense à lui, que je trouve ça hyper dommage qu'on n'ait pas trouvé... comment vivre ensemble, en tout cas comment trouver une place dans nos vies respectives, mais que j'aimerais qu'ils fassent partie de ma vie comme un vieil ami.
Et contre toute attente, il me répond que lui aussi, il pense à moi, qu'il se demande ce que je fais, où je suis et comment je vais. Et que pour lui, je fais encore partie de sa vie.
mais que je n'ai pas la place d'exister. Il est assez d'accord pour dire que lui aussi, il a des moments où lui, il n'a pas vraiment de rêve, mais des sensations parfois quand il se réveille où il ressent... le besoin de me voir, ou un manque, ou un questionnement, etc. Il me dit qu'il aurait aimé être là pour des moments importants.
des victoires un peu dans ma vie, etc. Et qui suit tout ça à travers les réseaux sociaux. Et vraiment, ça résonne en moi cette semaine-là. Et en fait, cette même semaine, le jeudi soir, j'ai une soirée. Et je bois beaucoup. Je suis très saoule. Et je sais qu'il est tout seul. Parce qu'il m'a dit qu'il était en déplacement. Et donc je l'appelle pendant trois heures. Je ne me souviens pas tout à fait de ce qu'on s'est dit.
Mais je me souviens à quel point c'était incroyable de parler ensemble comme avant, sans filtre, et de se raconter juste ce qui nous passait par la tête. C'était juste... Une sensation énorme après cinq ans, comme si rien n'avait changé. Donc on raccroche, parce qu'il est très tard, et s'en suit un silence jusqu'au jour où... J'apprends qu'il vient à Gap pour le travail. Et en fait, on va se voir.
Quand j'apprends qu'il vient à ce moment-là, je décide de trouver un alibi et de dormir chez une amie sur GAP en disant qu'on fait une soirée toutes les deux. Et en fait, je vais... Lui donner rendez-vous dans le Airbnb qu'il a loué. Je vais ramener quelques bières et on verra comment ça se passe. L'idée, c'est de ne pas sortir en ville parce que j'ai peur de croiser quelqu'un que je connais.
Donc j'ai préféré faire comme ça, même si ça a un côté un peu dangereux. Mais voilà, je me dis qu'on est adulte, on est capable de discuter, de se retrouver sans se sauter dessus. Donc j'y vais assez confiante et je me dis, allez, aie confiance en toi, ça va le faire, montre-lui que tu as le contrôle. Parce qu'il y avait ce truc un peu important pour moi de ne pas lui donner l'avantage.
Je n'avais pas envie qu'on retombe dans le truc où c'est lui qui maîtrise et où il a encore cette égotripe de se dire « elle est à mes pieds ». Donc moi, je suis arrivée très déterminée et de façon très naturelle. Je suis rentrée dans l'appartement.
Je lui ai dit bonjour, j'ai mis les bières dans le frigo et je me suis installée dans le canapé. Il s'est assis dans le fauteuil à côté de moi, donc il y avait un bon deux mètres entre nous deux. Et on a discuté toute la soirée, jusqu'au moment où il a fait nuit. et où je lui ai dit « viens, on sort ». Donc on sort en ville, il me prête son sweat. Je me balade en ville avec lui, c'est hyper agréable. Et là, on se remémore un petit peu les dernières années, toutes les années qui sont passées.
En toute transparence, on parle de plein de choses, on parle de nos couples actuels, on parle... On parle de ce qu'on fait avec eux, on est content d'échanger à ce sujet et on parle aussi de ce qui s'est passé les 15 dernières années, on parle de quand on a couché ensemble, on parle... de ce qui nous a marqué dans notre histoire, des moments importants, etc. Mais c'est très fluide, c'est très naturel. Et en fait, on n'a pas besoin de chercher les mots, c'est vraiment comme avant.
Alors que ça fait 4 ans, 5 ans qu'on ne s'est pas vu. Donc on marche, on mange une glace. Ma pote me dit que si je veux rentrer, c'est maintenant. Donc je décide de rentrer. On se fait juste une bise et je m'en vais. J'arrive chez ma pote, et là il m'écrit et il me dit juste « reviens ». Et je lui ai dit non, parce que je savais très bien que si je revenais, on reviendrait au point de départ.
Et je m'y suis refusée. Mais je sais qu'il est là trois jours. Et le lendemain, je me rends compte que je veux le revoir. Je ne peux pas redormir chez ma pote. Donc, je décide... de lui redonner rendez-vous dans cet appartement pour déjeuner avec lui. C'est bête, mais il me demande ce que je veux manger et je lui dis n'importe quoi. Et en fait, il me ramène des gyozas avec des nouilles sautées. J'adore l'asiatique.
mais il n'en a aucune idée. On ne se côtoie pas depuis nos années adultes et il n'en sait rien, mais c'est comme s'il lisait dans mes pensées. Et je le déteste de faire ça parce que je me dis, mais ce n'est pas possible. Jusqu'où ça va aller ?
On mange ensemble, mais j'ai courte parce que j'ai du travail et il faut absolument que j'y retourne. Je lui fais un câlin un peu plus long où vraiment je le serre dans mes bras et au bout de quelques secondes, il me repousse en mode « bon, maintenant, ça suffit parce que sinon, ça va aller trop loin ».
Le lendemain, je me dis que ce n'est pas possible, je sais qu'il est encore là aujourd'hui, il faut que je le vois. Je lui propose de pique-niquer dans un parc en ville. Ce jour-là, il m'offre une nappe de pique-nique. Et il me dit, comme ça, tu penseras à moi quand tu l'utiliseras. Mais je veux dire, c'est un truc nul. C'est une nappe affreuse à mettre dehors. Et je lui ai dit, mais j'ai pas besoin de ça pour penser à toi.
Ça m'a fait rire. Il m'a répondu pareil, j'ai pas besoin de ça pour penser à toi. Et en fait, toutes ces choses-là, c'est des trucs qu'il m'avait jamais dit avant. Moi, j'ai toujours eu l'impression d'être la seule à vivre dans ce film.
¶ Réflexions sur l'Amour, la Passion et l'Ombre du Passé
Les trois jours où il a été là, je l'ai vraiment vécu hyper bien parce qu'en fait, j'avais l'impression d'être complète et j'avais ce petit bout qui manquait à ma vie, qui était présent. Mais les jours qu'on suivit... Ça a été un petit peu la chute et la redescente parce que finalement, dans cette ville, j'avais la chance de savoir qu'il n'y avait jamais mis les pieds et il n'y avait rien qui me faisait penser à lui dans cette ville.
Aujourd'hui, il y a beaucoup de choses qui me ramènent à lui parce qu'on a vécu ces petits moments. Quand je passe dans la rue de l'appartement, j'y pense. Aujourd'hui, je me demande encore ce qu'il en est vraiment. Est-ce que je suis toujours ce plan B qu'il utilise quand il a besoin ? Est-ce qu'il se moque un peu de moi ? Est-ce qu'il y a un vrai truc ? Quand on a discuté, il m'a dit que j'avais ouvert la boîte de Pandore.
Mais il m'a aussi dit qu'il réussissait à me renfermer finalement dans cette petite boîte, que dans sa vie, personne n'était au courant de ce que je représentais. Dans ma vie, ce n'est pas le cas.
Et moi j'ai un peu cette angoisse du jour où il arrive quelque chose, j'ai envie qu'il soit là pour moi, et j'ai envie qu'il soit au courant s'il se passe quelque chose de grave, et j'ai envie qu'il soit au courant s'il se passe quelque chose de grave dans sa vie. Malheureusement aujourd'hui on n'a pas cette place.
Ça n'empêche pas que j'aime mon couple et que ça se passe très bien dans mon couple. Pierre, aujourd'hui, c'est vraiment la personne qu'il y a derrière le rideau et que je ne peux pas montrer. Et je le vis vraiment comme un fantôme qui me poursuit ou une ombre qui est toujours là et dont on ne peut pas se débarrasser. Il sera toujours dans un coin de ma tête. Et moi, je le ferai vivre avec les souvenirs et avec ce que je sais de lui. Peut-être que ça sera comme ça toute la vie.
Vous venez d'écouter Transfer, épisode 366, un témoignage recueilli par Mona Delahaye. Cet épisode a été produit par Slate Podcast. Direction éditoriale, Christophe Caron. Direction de la production, Sarah Koskiewicz. Direction artistique, Benjamin Septemours. Production éditoriale, Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Chargée de pré-production, L'introduction a été écrite par Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Elle est lue par Aurélie Rodriguez.
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