L'ange gardien - podcast episode cover

L'ange gardien

Dec 19, 202437 minSeason 9Ep. 370
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Summary

Coline raconte son adolescence marquée par l'isolement et le harcèlement au lycée, où elle se sent invisible et développe des idées noires. Sa rencontre avec un professeur d'histoire bienveillant devient sa seule lueur d'espoir et un soutien inattendu. Malgré des tentatives de suicide et des difficultés familiales, l'attention de ce professeur l'aide à traverser cette période sombre et à trouver le chemin de l'épanouissement, reconnaissant en lui l'ange gardien qui lui a sauvé la vie.

Episode description

Pour poursuivre ses études, Todd Anderson est envoyé dans la prestigieuse école américaine Welton. C'est une école réputée mais très sévère. Il y rencontre le professeur Keating, qui enseigne la littérature anglaise avec une méthode anti-conformiste. Avec d'autres étudiants, ils vont faire revivre Le Cercle des poètes disparus, un groupe d'esprits libres dont M. Keating fut l'un des membres. Dans ce film de 1989, Robin Williams interprète un professeur inspirant qui change la vie de ses élèves.

Au collège, au lycée, et même chez elle, Coline ne se sent pas à sa place. Elle ne trouve nulle part l'équilibre dont elle a besoin pour s'épanouir, jusqu'au jour où elle croise le regard de son nouveau prof d'histoire… 

L'histoire de Coline a été recueillie par Mélina Zafiropoulos.


Transfert est produit et réalisé par Slate Podcasts.

Direction éditoriale: Christophe Carron
Direction de la production: Sarah Koskievic
Direction artistique: Benjamin Saeptem Hours
Production éditoriale: Sarah Koskievic et Benjamin Saeptem Hours 
Chargée de préproduction: Astrid Verdun
Prise de son, montage et habillage musical: Johanna Lalonde
Musique: «In Readiness», André Barros [SPA]

L'introduction a été écrite par Sarah Koskievic et Benjamin Saeptem Hours. Elle est lue par Aurélie Rodrigues.

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Les sujets sensibles abordés dans cet épisode sont : tentative de suicide.


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Transcript

Intro / Opening

Pour poursuivre ses études, Todd Anderson est envoyé dans la prestigieuse école américaine Welton. C'est une école réputée, mais très sévère. Il y rencontre le professeur Keating qui enseigne la littérature anglaise avec une méthode anticonformiste. Avec d'autres étudiants, ils vont faire revivre le cercle des poètes disparus un groupe d'esprit libre dont M. Keating fut l'un des membres. Dans ce film de 1989, Robin Williams interprète un professeur inspirant qui change la vie de ses élèves.

Enfance Solitaire et Débuts Difficiles

Au collège, au lycée et même chez elle, Colline ne se sent pas à sa place. Elle ne trouve nulle part l'équilibre dont elle a besoin pour s'épanouir jusqu'au jour où elle croise le regard de son nouveau prof d'histoire. Vous écoutez Transfer, épisode 370, un témoignage recueilli par Mélina Zafiropoulos. Je grandis dans une petite ville de campagne en Normandie, à 60 kilomètres au sud de Caen. J'ai deux parents et deux sœurs, je suis au milieu.

J'ai une enfance au somme toute ordinaire, si ce n'est que je nourris un sentiment de ne pas être aussi importante que mes sœurs et d'être un peu transparente et de ne pas forcément avoir ma place. Par exemple, elles ont un prénom que je trouve original, qui n'est pas dans le calendrier. Et moi, j'ai le prénom qui est le plus donné en France pendant des années.

Des fois, je récupère des matériels scolaires de ma grande sœur alors que ma petite sœur a des affaires neuves et ça alimente l'idée que je n'en vaux pas tellement la peine. Je sens qu'on est toutes les trois très aimées par mes parents, mais je suis juste très jalouse de mes sœurs. J'ai l'impression de ne pas avoir d'identité propre par rapport à ma petite sœur, notamment.

En primaire et au collège, ça se passe plutôt bien. En primaire, je suis bien intégrée. Au collège, il y a juste un ou deux élèves qui m'embêtent quelques fois, mais j'ai quand même mon groupe d'amis.

Le Harcèlement et l'Isolement au Lycée

Quand j'arrive au lycée, je rentre en seconde en septembre 2008. Je suis avec mes amis, même si on n'est pas dans la même classe, mais on se retrouve au récré, aux pauses. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, je suis quelqu'un de discipliné. Et tout de suite, ça me catalogue vite comme une personne coincée qui ne sait pas s'amuser. Et mes amis en... On profite pour se moquer de moi un peu gentiment au début. Et puis après, je deviens vite le bouc émissaire.

Elle commence à me ridiculiser. Une fois, j'ai une copine qui me crie dessus parce que je refuse de sécher un cours. Une autre qui m'humilie parce que je tiens un journal intime. Des fois, je les vois s'amuser à me fuir en récré. Puis elles finissent par ne plus m'attendre pour aller manger le midi. Et comme je n'ai pas envie de faire d'accue toute seule au self pendant 20 minutes, je saute le repas. Et je ne mange pas.

Je commence à avoir peur d'elle. J'essaye de trouver des stratégies pour les éviter. Des fois, je passe des récrés dans les toilettes ou au CDI. Et j'essaye d'arriver en retard le matin au lycée. J'essaye de sortir la dernière du cours avant les récrés pour être le moins possible exposée. Je me sens très seule et isolée. Je n'ai personne à qui parler.

Je suis mitigée parce que d'un côté, j'assume d'être différente, de ne pas boire et puis d'être disciplinée. Je suis presque fière de ça. Et de l'autre, je me dis que c'est de ma faute si je ne suis pas intégrée, je n'y arrive pas et il suffirait juste que je fume.

je sorte un peu pour que les gens m'acceptent. J'ai honte de moi parce que tout ce qu'elles disent, j'ai l'impression que c'est vrai, que je ne sais pas m'amuser, que je suis une personne pas cool et que si je ne bois pas, c'est que je ne sais pas profiter, que je suis trop sage. Peut-être que c'est vrai ce qu'elles disent, au fond, que je suis trop coincée, que je suis chiante, en fait. Je rentre en cours, c'est le...

La Rencontre avec le Professeur

premier cours d'histoire, il y a le prof qui nous regarde rentrer les uns après les autres. Et même s'il est jeune, je le trouve un peu austère, il a l'air froid, pas très avenant. Donc je m'assois. Et au bout de 20 minutes, il y a ma voisine de classe qui me donne un coup de coude et qui me dit, le prof, il est pas mal.

Je suis très gênée parce que je n'ai pas trop l'habitude de me poser ces questions-là. Mais là, je suis obligée de me demander aussi ce que j'en pense. Il a une silhouette élancée, élangiligne. Il a une trentaine d'années, il a un visage doux, des yeux bleus, un nez droit, un léger diastème quand il parle, des cheveux très courts, poivre et sel.

et des petites manières un peu efféminées que je trouve très attrayantes. Donc il a toutes les caractéristiques physiques qui me plaisent, mais toujours cet air un peu distant quand même. À peu près un mois après... On reçoit nos premiers devoirs d'histoire et moi je m'attends à une bonne note parce que je suis une bonne élève et là je reçois un 9,5. Donc je suis très déçue et puis j'ai envie de pleurer.

La cloche sonne, tous les élèves partent et moi je suis la dernière à sortir. Et là j'entends le prof me dire « alors t'es déçue ? » Et je me retourne et je suis un peu interloquée. Il est en train de me regarder en souriant.

Je réponds un peu en bafouillant « ouais ». Et il enchaîne, il dit « mais tu sais, 9,5, ce n'est pas une note catastrophique, il ne faut pas que tu t'inquiètes pour ça, avec un peu de travail et d'entraînement, tu pourras progresser ». Moi, je suis complètement hypnotisée à ce moment-là parce que je réalise que c'est un prof sympa.

qui est attentionnée et dévouée auprès de ses élèves. Et puis, il s'intéresse à moi alors que je n'ai rien demandé et je suis tellement transparente et insipide. Alors, tout un coup, ça me rend importante. J'ai l'impression d'exister, en fait. Je sors de cette discussion-là, je suis sur un petit nuage parce que je me sens privilégiée. Je me rends compte que je pense beaucoup à lui.

J'ai hâte d'aller en histoire et à chaque fois que je le vois, je suis très contente. Je me rends compte que je suis triste, par exemple, quand il fait grève et que je ne peux pas le voir, alors que je suis censée être contente de finir les cours plus tôt.

Des Sentiments Amoureux et l'Obsession

Pendant les récrés, ça se passe de plus en plus mal avec mes amis. J'ai de plus en plus peur de les voir, donc peur d'aller au lycée. Et en même temps, j'ai hâte aussi parce que la seule chose qui me donne envie... d'y aller, c'est le prof d'histoire, c'est les cours d'histoire. J'espère à chaque fois le croiser dans un couloir. J'essaie même de trouver des stratégies pour traîner le plus possible près des salles d'histoire ou près de la salle des profs. Je passe ma journée à espérer le voir.

Avant les cours d'histoire, j'ai des symptômes physiques qui se manifestent. J'ai des tremblements, j'ai les mains moites, j'ai les jambes qui flageolent. Et quand je le vois, j'ai un sourire jusqu'aux oreilles, j'ai les yeux qui pétillent. J'ai des papillons dans le ventre et j'ai une sensation d'euphorie que j'ai l'impression qu'aucun autre bonheur ne peut égaler. Quand je rentre chez moi, je pense tout le temps à lui vu que ça ne se passe pas bien avec mes amis à côté de ça.

Je compense en pensant à lui et à la maison. J'écris tout le temps sur lui dans mes journaux intimes. Je peux écrire des pages sur juste le fait que je l'ai croisé deux secondes dans un couloir. Et puis, je le dessine beaucoup aussi dans mes agendas, dans mes cahiers de brouillons. Mais comme je n'ai pas envie qu'on tombe dessus par inadvertance, je ne dessine que des parties. Donc, ses yeux, son sourire, sa silhouette ou ses mains.

Je regarde tout le temps ma photo de classe parce qu'on avait pris cette photo en début d'année pendant le cours d'histoire, du coup. Je passe un peu mon temps à le regarder, ça me fait du bien. Je comprends que j'ai... des sentiments amoureux. Un jour, je rêve plusieurs fois de lui la même nuit. Je me rends compte que je suis presque obsédée par lui ou je ne fais que de penser à lui.

Et de toute façon, comme je n'ai pas vraiment d'amis fiables, toute mon énergie est un peu consacrée à ne penser qu'à lui pour me faire du bien quelque part. Plus ça se passe mal... avec mes amis, et plus j'espère le croiser pour avoir une touche de réconfort dans ma journée qui a été misérable. J'espère qu'il reviendra me voir comme il m'avait déjà parlé une fois.

J'attends de nouveau qu'il revienne vers moi, qu'il me demande comment je vais. Je m'imagine que je lui raconte que ça se passe mal avec mes amis, mais je finis par tomber dans l'oubli parce que je suis tellement effacée et timide que...

L'Espoir Déçu et les Idées Noires

Il ne me remarque plus. L'année de seconde se termine. Je suis triste de terminer. avec ce prof d'histoire, d'autant que je ne me suis pas faite remarquer, donc je suis frustrée aussi. Et je ne sais pas si je vais l'avoir l'année prochaine, donc je passe l'été à espérer le ravoir. Et je me promets que si jamais je l'ai, cette fois, je participerai en classe.

Le jour de la rentrée de première, je suis très stressée, je n'ai pas dormi de la nuit. Donc j'arrive, je découvre ma salle, j'attends devant la porte. Là, il y a deux garçons qui sont en train de parler des profs qu'on a. Et là, je l'entends prononcer ce nom-là. Il dit, on a monsieur un tel en prof principal. Et là, je bug pendant deux secondes. Et je me dis, c'est pas possible, j'ai pas entendu ce nom-là à prof principal.

Et là, je réalise et je ressens une explosion de joie. C'est vraiment un feu d'artifice d'émotions. Je me dis que c'est le plus beau jour de ma vie. Je n'ai jamais été aussi heureuse que ça. C'est juste magnifique. Je me dis comme c'est le prof principal, là. Cette fois, je me promets de participer en cours d'histoire. Je pense aussi à mes amis de seconde et je me dis, si elle continue de m'embêter, je vais lui en faire part.

En classe, je me mets à participer pour la première fois de ma scolarité. Mais il y a des garçons qui commencent à se moquer de moi. D'abord, c'est des ricanements quand je passe à l'oral, c'est des messes basses. en cours. Et puis après, ils s'en prennent à moi, verbalement, sur mes tenues vestimentaires, sur ma manière de me comporter. Et puis, ils me traitent de trisos, de cassos, de neuneus. Et c'est assez violent, puisque je me dis, mais pourquoi moi, en fait ?

En octobre, j'ai une série de mauvaises notes qui tombent et moi, ça me démoralise assez vite, surtout que c'est des matières dans lesquelles je suis censée être compétente. Et je commence à me sentir... de moins en moins bien. À la maison, l'ambiance, elle est toujours aussi anxiogène. Mes parents se disputent beaucoup. Ma mère a des comportements agressifs. Un jour, elle me dispute.

parce qu'elle est obligée de se lever tôt pour m'emmener à l'école. Une autre fois, elle m'engueule parce que je me suis faite voler mes chaussures à la piscine. C'est une ambiance qui est très toxique. Et j'ai l'impression que je suis en train de couler et de plus trop avoir de refuge, en fait. Mes parents, ils sentent que je ne vais pas bien. Ma mère, quand elle m'en parle, elle a un ton qui est très agressif. Mais mon père, il essaye de me parler.

Un jour, il m'emmène à Caen pour un rendez-vous médical, donc on a une heure de route, et il me dit qu'il a l'impression qu'avec maman, que je ne vais pas bien parce que je me renferme sur moi, je suis tout le temps du mermossade, je parle mal. Je réponds, bah ouais, je me trouve nulle, j'ai l'impression que je réussis rien, et puis mes sœurs, elles sont meilleures que moi. Et là, lui, il s'agace un peu, il dit, mais t'as pas de raison, t'as du talent, je vois pas pourquoi...

T'es jalouse de tes sœurs, vous êtes toutes les trois différentes. » Et puis, il termine en disant « On dirait que tu fais exprès pour te faire remarquer que tu cherches à ce qu'on s'apitoie sur ton sort. » Et là, ce que j'entends, c'est qu'en fait, ils en ont marre de moi, que moi, je les saoule avec mes problèmes, qu'eux, ils ont d'autres soucis plus importants que mes problèmes d'ado mal dans ma peau. Je me sens un peu...

et je me dis que mes parents ne veulent plus de moi, que je n'ai pas d'amis fiables, que les gens se moquent de moi. Et je me dis que c'est moi le problème. Et que je mérite peut-être pas de vivre. Au début, c'est juste une idée qui j'aille de me dire peut-être que la solution, c'est de disparaître. Et l'idée, elle fait son chemin, parce que je n'arrive pas à trouver d'autres solutions, je n'arrive pas à m'en sortir.

C'est une idée qui commence à prendre son sens, à me dire, en fait, ça peut être concret. Et quand même, j'ai cette lueur d'espoir à travers mon prof d'histoire. J'attends la réunion par un prof où je me dis, je vais lui en faire part de mon mal-être. de mon découragement et peut-être qui pourra m'aider et essayer d'arranger les choses.

L'Intervention Inattendue de l'Ange Gardien

Un jour en classe d'histoire, il nous annonce qu'il ne viendra pas à La Réunion parent-prof parce qu'il part en congé paternité. Et là, je m'effondre parce qu'il y a deux choses. Premièrement, il m'enlève le dernier espoir auquel je m'étais accrochée. Je me dis décidément que ma vie entière est un échec, tous mes espoirs se brisent. Il y a aussi le fait qu'ils deviennent papa. J'ai une prise de conscience assez brutale où je réalise que je ne suis qu'une gamine de 16 ans qui est...

amoureuse d'un adulte marié avec des enfants et que je ne fais pas partie de sa vie, qu'il n'en a rien à faire de moi, que je n'existe pas pour lui. Et moi, à ce moment-là, il ne me reste vraiment plus rien. Sans lui, je n'ai plus aucune accroche. Le soir, je n'arrive pas à m'endormir. Je suis torturée par une haine de ma personne. C'est insupportable d'avoir conscience de mon existence et du...

et du grotesque de ma vie et de ce que je suis. Je ne supporte plus d'être moi, de m'entendre penser, de vivre. Et je me dis que la seule solution pour arrêter de souffrir, c'est de mourir. Je me mets à imaginer des plans, à sauter du toit du lycée, à me défenétrer du quatrième étage, à me pendre dans ma chambre, à chuter dans les escaliers. J'ai l'impression enfin d'avoir trouvé... La solution pour arrêter de souffrir.

La semaine suivante, c'est le vendredi 4 décembre. On travaille sur un projet en autonomie. Et avec mon groupe, on décide de se balader dans les couloirs sous prétexte d'un sondage. Et on arrive au quatrième étage.

Je me rapproche d'une fenêtre, j'ouvre la fenêtre, je regarde en bas et je me dis « vas-y, c'est le moment, c'est l'occasion ». Mais je ne le fais pas parce que là, il y a les filles qui sont à côté et je ne voudrais pas les traumatiser. Et en plus, elles me retiendraient. Je referme la fenêtre. Elle continue de marcher. Moi, je m'arrête devant l'escalier. Et là, je me dis, vas-y, saute, fais-le. J'ai tellement une urgence à mourir, tellement c'est insupportable.

d'exister et d'être moi. C'est vraiment une torture de respirer. Ça fait une semaine que je ne fais que de penser à la mort tout le temps. Je me réveille mort, je dors mort, je m'endors. en pensant à la mort, en me disant que demain, c'est le bon jour. Et là, j'ai l'impression que ce jour-là, c'est l'occasion. Mais j'ai un espèce d'instinct qui va se passer quelque chose à la fin du cours, une intuition qui me retient. Et du coup, je continue, je redescends les marches.

La cloche sonne à la fin du cours. Tout le monde ramasse ses affaires. On est au CDI. Et là, le prof s'approche de moi. Il vient me voir et il demande à me parler. Du coup, je me retrouve toute seule dans sa salle avec lui. Je suis assise derrière le bureau et il est en face de moi. Et il me demande alors qu'est-ce qui ne va pas ? Et en fait, ça me touche parce que... À ce moment-là, en fait, il me fait revivre. J'avais l'impression de me noyer et là, il vient de me tendre la main.

Et puis surtout, il a un regard très inquiet et c'est une personne qui est plutôt solennelle. Et il a l'air vraiment préoccupé pour moi alors que je ne pensais pas en valoir la peine. Je ne pensais pas mériter tant d'attention. Je ne comprends pas en fait comment il le sait que je ne vais pas bien. Donc il commence à lire ma fiche trimestrielle où j'avais écrit à la question comment je vois le trimestre prochain. J'ai mis de plus en plus dur. La raison de mes difficultés, j'ai écrit...

Des couragements, des motivations, des concentrations, lenteur. Et puis surtout, les pistes pour améliorer le trimestre, j'ai écrit « À quoi bon ? ». Et là, le prof me dit « Mais c'est quand même alarmant ». Et il répète, dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ? Vraiment, je me sens exister quand il me dit ça. Je ne suis plus toute seule. Et j'ai l'impression qu'il me voit, qu'il entend ma souffrance. C'est la première personne qui comprend que là...

Là, il se passe quelque chose et même moi, je me dis, mais c'est peut-être grave en fait. Donc je lui parle des garçons qui se moquent de moi en classe. Il me demande qui, je lui donne les prénoms. Il me demande si je veux bien qu'il leur en parle et il insiste. Et moi, j'accepte parce que j'ai l'impression que c'est mon protecteur, en fait. Après cet entretien-là, j'ai l'impression que c'est devenu la seule personne qui peut me sauver. Maintenant, ma vie ne tient plus qu'à lui.

Thérapie et Relations Familiales Complexes

C'est un peu l'apparition d'un ange gardien qui vient me sauver de la noyade. Je suis toujours très amoureuse de lui et cet entretien aussi me rassure dans l'idée que non seulement il est beau, mais il est vraiment gentil et encore plus attentionné que ce que je m'imaginais même.

Pas longtemps après, ma mère m'emmène voir une psy, mais sans qu'on ait de discussion entre nous, sans qu'il y ait de dialogue. Et moi, je le prends un peu comme un abandon parce que ma mère se repose entièrement sur la psy pour se délester. de moi, du fardeau que je suis, pour ne pas avoir à me parler là où moi j'attends qu'elle me réconforte et me rassure.

Donc à cette psy, je finis par lui dire que je suis amoureuse de mon prof. Je lui raconte une scène qui m'a beaucoup fait souffrir, où on est pendant une heure de perme avec la classe et il y a le groupe principal. qui se moquent du prof d'histoire. Et moi, je ne dis rien, je me trouve lâche. Je n'ose pas prendre sa défense parce que j'ai peur qu'on me grille sur mes sentiments, j'ai peur qu'on comprenne que je suis amoureuse de lui.

La psy, elle m'explique, en fait, je fais une sorte d'association où tout ce qui est dit à son sujet, je me le réapproprie et je m'y identifie. Elle m'explique que je suis dans un schéma de dépendance affective. Un jour, ma mère rentre dans ma chambre et elle me voit avec les yeux rouges.

Je finis quand même par lui dire qu'il y a des garçons dans ma classe qui m'embêtent. Et elle décide de prendre rendez-vous avec le prof principal, qui est donc mon prof d'histoire. Je vais voir mon prof pour proposer ce rendez-vous avec ma mère. Lui, il me propose qu'on se voit tous les deux avant pour lui parler éventuellement de choses que je n'ose pas dire à ma mère. Et moi, j'accepte parce qu'à ce moment-là, je me dis que c'est à lui que je vais lui faire part de mes idées noires.

Je lui explique que je ne me sens pas bien, je suis découragée, j'ai du mal à travailler. J'ai un peu du mal à verbaliser, je tourne autour du pot et je finis par lui dire que j'ai des idées noires. Et puis, lui, il me rassure, il me dit « T'es une brillante élève, t'as des capacités, t'es intelligente, et puis t'es une de celles qui participe le plus en classe. » C'est des mots qui me font du bien.

Lui, il me propose d'en parler à ma mère. Et moi, je préfère que ce soit lui qui lui en parle, parce que ma mère, j'ai peur d'elle. Donc l'après-midi, on se voit tous les trois. Ma mère, elle lui répète un peu la même chose que je lui ai dit ce matin. Ensuite, il voit ma mère toute seule. Moi, j'attends dans le couloir. Ma mère, elle sort de la salle. Moi, je rentre. Je me retrouve toute seule avec mon prof d'histoire. Et lui, il m'informe.

Donc j'ai dit à ta mère les idées noires que tu m'as dites ce matin. Et il ajoute, ça me fait de la peine de te voir toute triste comme ça. J'aime pas te voir malheureuse alors que t'es jeune, t'as toute la vie devant toi. Et ça me fait vraiment plaisir, ces mots-là, puisque c'est exactement ce que j'ai envie d'entendre de la part de mes parents et celui qui le verbalise. Et j'ai l'impression qu'il y a quand même quelqu'un qui se soucie de moi, en fait.

Après cet entretien, je retourne à la voiture. Il y a ma mère et ma petite sœur, mais ma mère n'en parle pas de la soirée. Par contre, elle vient me voir quand même le lendemain. Elle vient me voir dans ma chambre, elle me dit « Tu sais, ton prof, il m'a parlé de tes idées noires. » mais il faut nous en parler quand c'est comme ça, il ne faut pas que tu restes toute seule. Moi, je la trouve en fait hypocrite, puisque...

Quand j'essaye de lui parler, elle fait l'autru, elle ne m'écoute pas. Et là, maintenant qu'elle se retrouve au pied du mur, elle s'inquiète, je me dis mais elle était où avant ? C'est un peu tard maintenant. J'ai toujours des projets. avec un lieu, une date, un mode opératoire. Mais comme à chaque fois, je n'arrive pas à mourir. Et souvent, c'est parce que je suis trop attachée à mon prof d'histoire. C'est la seule chose qui me retient à la vie, qui m'empêche de mourir.

Donc je trouve une autre solution, c'est de me scarifier. Je commence à me faire du mal. Souvent avec un bout de verre, je m'écorche la peau ou je me mords jusqu'au sang aussi. Et sur le moment, ça me soulage, je me sens apaisée. Et ça devient presque comme une forme d'addiction. Plus je vais mal, et plus je me fais du mal.

Rejet Social et Tentative de Suicide

On est au mois de mai, c'est le week-end de l'ascension. Il y a une copine qui organise un anniversaire où elle invite tous mes amis, toute ma bande de copains de première, sauf moi. Il n'y a aucune raison pour qu'elle ne m'invite pas. Moi, je sais que la seule raison, c'est parce que je suis coincée. C'est à cause de ma réputation de fille qui ne sait pas s'amuser parce que je ne bois pas d'alcool.

Donc le lundi matin, il y a tous mes amis qui sont en train d'en parler, de cette fête, et c'était trop bien, et on s'est trop amusé, et qu'est-ce que c'était drôle. Et moi je suis là, je les écoute, et je me sens complètement... Invisible. Personne ne me voit. Tout le monde s'en fiche de moi. Et le soir, je me rends sur Facebook. J'allais regarder les photos de cette soirée. Je vois que ça a l'air fun. Ils se sont bien amusés.

Je scrolle un peu, je prolonge la page, et là je tombe sur une série d'autres photos de mon autre groupe d'amis de collège, et je me rends compte qu'elles sont aussi sorties le même week-end, à la fête foraine, sans moi. Alors là, je me sens complètement vide en fait. J'ai la tête qui tourne, je me sens vacillée, j'ai un sentiment d'isolement. Je me dis mais en fait, j'existe pas et je ne compte pas. Je ne suis pas.

Je me sens vraiment mal et là je sais, je sais la solution. Donc je me descends dans la salle de bain de mes parents, dans la boîte à pharmacie, je récupère des cachets au hasard. Je remonte dans ma chambre, j'avale. Comme c'est le soir, je m'endors. Le lendemain, je me réveille. Je suis un peu groggy, un peu nauséeuse. Et je ne sais pas trop si je dois être réjouie ou pas. Je ne sais pas trop où j'en suis. Je me dis est-ce que c'est bien ou pas bien d'être en vie.

Réaction du Professeur et Soutien Concret

Quelques jours plus tard, je l'écris à mes amis. J'écris que j'ai avalé des médicaments et que j'avais envie de ne pas me réveiller le lendemain. Mes amis en parlent à mon prof principal, qui me convoque de nouveau. Lui, il a un ton un peu plus agressif avec moi cette fois. Il s'emporte un peu. Il dit « Mais c'est grave ce qui s'est passé. Tu ne peux pas te faire ça. Il faut absolument que tu le dises à tes parents. Ils doivent être au courant. » Moi, je me sens un peu brusquée.

Il se penche sur sa chaise et là, il sort un objet et il me dit « Est-ce que tu peux me donner ton numéro ? » Comme ça, je t'appelle et tu m'enregistres dans tes contacts. Je suis super contente parce que... Ça fait un an et demi que je suis amoureuse de lui, puis c'est un prof qui est quand même très distant avec ses élèves, et là, je vais avoir son 06. Pour moi, c'est juste le geste d'un ange gardien qui veille sur moi, en fait. Donc, le soir.

Je le dis à mes parents. Je me sens vraiment obligée parce que moi, je n'ai pas envie de leur parler. Mais comme c'est lui qui m'a forcée, je le fais. Ma mère, elle est... Un peu sous le choc. Mon père aussi est sous le choc. Lui, il essaie quand même de parler, il essaie de communiquer. Je n'ai pas envie d'entendre ce qu'il a à me dire.

Je crois que j'ai aussi un peu envie de les punir, de leur dire que c'est aussi un peu de leur faute si j'en suis arrivée là. À la fin de l'année scolaire, je commence à me sentir mieux. Je me sens entourée par mes profs, plus que par mes parents. Et puis aussi, j'apprends qu'il y a un garçon qui est amoureux de moi. C'est toujours flatteur. J'ai mon groupe d'amis dans la classe de première. Et d'ailleurs, on part en vacances ensemble, à la mer. Et je me dis, enfin, je...

On m'accepte, quelque part. Cet été-là, je repense à mon prof d'histoire et je me dis que j'ai quand même eu de la chance de la voir.

La Dernière Année avec Lui

Je ne m'en serais pas sortie sans lui. J'attends la rentrée de terminale et j'ai hâte de le revoir. Donc je rentre en terminale et là, je découvre que c'est de nouveau mon prof d'histoire. Forcément, je suis très contente. J'ai une relation un peu privilégiée avec lui parce qu'il a compris que je l'aimais bien aussi, puisque souvent il me sourit dans les couloirs, alors que d'habitude il est très sérieux et un peu guindé.

Aussi, je dis que je veux être prof d'histoire et que j'ai envie de faire une fac d'histoire, donc il me propose qu'on en parle tous les deux, et même il m'invite un jour à faire des recherches à la médiathèque avec lui, dans le cadre d'un projet d'histoire. Il y a deux filles dans la classe qui participent aussi beaucoup et qui ont les meilleures notes. Je deviens vite jalouse et possessive de mon prof d'histoire. Lui, il s'intéresse à elle.

Il y en a une notamment qui a un comportement très aguicheur avec le prof. Elle parle fort, elle se vante, elle a beaucoup d'assurance. Moi, je suis timide et mal dans ma peau, mal à l'aise. Et je me sens abandonnée aussi par lui. Et puis mes amies que je m'étais faites en première et commencent un petit peu à s'éloigner de moi, alors peut-être que je parle trop de lui, peut-être que je suis trop collante ou que je me victimise trop, mais un jour, elles me jettent.

assez violemment, à la sortie du self, en employant des mots si durs. Elles me disent « On ne veut plus que tu traînes avec nous, tu dégages ». Je suis arrivée à un stade où je me suis accoutumée à mon malheur et je me dis « En fait, c'est ça la vie ». Ce sera toujours comme ça. Je n'aurai jamais d'amis, je ne serai jamais intégrée nulle part et il faut juste que j'accepte la situation parce que c'est moi, en fait.

Je prépare le bac dans un état d'esprit très isolé et de dépit. À la radio, il y a deux chansons qui passent. Sur les ondes, c'est Fireworks de Katy Perry et Fucking Perfect de Pink, qui sont des chansons qui s'adressent à des adolescents mal dans leur peau, en leur disant que ce sont de belles personnes, qu'ils méritent de belles choses et que ça va s'arranger.

Et quand j'écoute les paroles, en fait, ça me fait pleurer parce que je m'identifie vraiment à ces paroles. J'ai l'impression que les chanteuses, elles s'adressent à moi et j'ai envie d'y croire, même si j'en doute, mais j'ai envie de...

La Fin du Lycée et l'Adieu

croire que ça va s'arranger pour moi aussi. Que moi aussi, peut-être que je mérite quand même de belles choses. Le dernier cours d'histoire arrive et je suis dévastée parce que je réalise. que je ne vais plus revoir mon prof régulièrement alors que j'ai construit toute mon existence autour de lui. Mais le soir, je pleure, je verse des torrents de larmes, je suis au bout de ma vie.

Je me dis, mais comment je vais m'en sortir sans lui ? Tellement j'ai indexé un peu ma personnalité à lui. Là, je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas ce que je vaux. Le jour du bac arrive. On est dans une grande salle des fêtes. Je pense qu'on est 600 élèves. Les profs sont au fond de la salle. Et là, je revois mon prof d'histoire. J'espère qu'il viendra me voir avant l'épreuve. Mais ce n'est même pas lui qui me distribue le sujet.

Je suis déçue et puis l'épreuve commence. Je lui jette quand même quelques fois un coup d'œil, un peu pour me redonner du courage. Et puis à 9h36 sur ma montre. Je le devine marcher dans l'allée parce qu'il a un pas à ses vies. Et là, il s'arrête à ma table et il me dit... Il ne faut pas que tu t'arrêtes d'écrire parce que tu sais que tu n'as pas le temps, tu n'as pas le temps à perdre, donc tu continues sur ta lancée et tu fonces. Il me sourit et il repart.

C'est suffisant pour m'envoyer une décharge de dopamine et d'adrénaline pour me permettre de terminer l'épreuve. J'en pleure presque de joie tellement ce geste-là, je me dis, c'est... C'est un prof qui vient me voir en plein milieu du bac. Il a pris un risque pour venir m'encourager. Moi, j'obtiens mon bac.

L'Émancipation et la Guérison

Je rentre en fac d'histoire et là, c'est vraiment l'émancipation. Je m'amuse, je sors, je fais la fête, je rencontre plein de gens, je me fais plein d'amis. Et même si je ne bois pas, les gens m'acceptent comme je suis. comprends surtout que ce que les lycéens disaient de moi, c'est faux, puisque je suis tout à fait capable de m'intégrer et de sociabiliser, ce qui veut dire que finalement, ce n'était pas moi le problème. Je retourne régulièrement voir mon...

prof d'histoire, le vendredi soir, quand je reviens chez mes parents. Au début, je passe toutes les semaines. Après, j'essaye d'espacer un peu ces retrouvailles. Je me force à ne plus aller le voir. Je prends petit à petit conscience que Le rapport que j'entretenais avec lui était dysfonctionnel où je m'étais complètement attachée à lui et identifiée à lui et que je nourrissais une...

Au-delà d'une passion, une obsession pour lui, presque oedipienne, parce que j'attendais qu'il joue le rôle d'un père et que ce n'était pas sain pour moi. Après cinq ans d'études, j'obtiens un master.

Voyage Initiatique et Reconnaissance

Je fais plusieurs emplois, je change plusieurs fois de ville, je me mets en couple et je me sépare. Et à la suite de cette relation de maltraitance psychologique, je décide. de voyager. J'avais un projet de voyage depuis longtemps, mais je n'ai jamais osé. Et là, je me dis que plus rien ne me fait peur. J'ai l'impression que tout est accessible. Dis-moi, toute seule, à l'autre bout du monde.

Ça me paraît presque facile par rapport à ce que j'ai vécu. Donc je décide de partir en Amérique du Sud, en solitaire, avec mon sac à dos. Pendant ce voyage, à certains moments, je suis dans un état de sérénité, de félicité. J'ai pleinement conscience du privilège. de vivre. Je pense à mon prof d'histoire et je me dis que si j'ai la chance de profiter de ce moment-là, c'est grâce à lui. Parce que d'une certaine façon, ma vie, je la prends comme une seconde chance et que...

Je ne m'en serais pas sortie sans lui. Un jour, je suis en Argentine, à Mendoza. C'est le soir. On est en février, mais il fait chaud, puisque c'est l'été. Et on se promène dans un parc avec un... voyageurs que j'ai rencontrés à l'auberge. Il y a un spectacle de fontaines, de lumières et de sons. Et à un moment, j'entends la chanson Fireworks de Katy Perry. Et là, ça me projette 12 ans en arrière quand j'étais au lycée.

Et je repense à mon ado intérieur du 17 ans et je lui parle, je dialogue avec elle et je lui dis « Regarde où est-ce que t'es, Colline, regarde où est-ce que t'en es. T'es une personne courageuse. » indépendante et résiliente et je suis fière de toi. Je pense à mon prof d'histoire et je considère que le fait d'être épanouie, d'aller aussi loin, aussi longtemps, c'est la dette.

que j'ai envers lui, puisqu'il m'a sauvé la vie et que je lui dois ça, je lui dois d'être heureuse. Après ce voyage-là, j'envoie un mail à mon prof pour lui raconter ce voyage. J'ai envie qu'il sache que tout ça, je lui dois et que je lui suis reconnaissante. Et même s'il ne me répond pas, j'ai envie qu'il sache que... Moi, je m'en suis sortie grâce à lui que ces gestes, des petits gestes qui ont l'air anodins, ça a contribué à me sauver la vie.

Vous venez d'écouter Transfer, épisode 370, un témoignage recueilli par Mélina Zafiropoulos. Cet épisode a été produit par Slate Podcast. Direction éditoriale, Christophe Caron. Direction de la production, Sarah Koskiewicz. Direction artistique, Benjamin Septemours. Production éditoriale, Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Chargée de pré-production,

Astrid Verdun. Prise de son, montage et habillage musical, Johanna Lalonde. L'introduction a été écrite par Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Elle est lue par Aurélie Rodriguez. Retrouvez Transfer tous les jeudis sur Slate.fr et sur votre application d'écoute préférée. Découvrez aussi Transfer Club, l'offre premium de transfert. Deux fois par mois, Transfer Club donne accès à du contenu exclusif. Sous-titrage Société Radio-Canada Pour proposer une histoire,

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