¶ Enfance et Découverte du Vélo
C'est souvent à l'adolescence qu'on la découvre et qu'on y est le plus vulnérable. La pression sociale nous pousse à modifier nos comportements, parfois contre notre volonté. On se met à boire trop d'alcool, à fumer ou à se droguer. parce que tout le monde le fait. On ne choisit plus. On laisse le groupe choisir pour nous. Christophe s'est toujours passionné pour le vélo jusqu'à en faire son métier. Quand il devient coureur professionnel, il découvre l'envers du décor.
Mais dans un milieu où le dopage est un acte banal, comment pratiquer son sport sans trahir ses valeurs, sans céder à la pression sociale ? Vous écoutez Transfer, épisode 375, un témoignage recueilli par Mathilde Mélin. J'ai grandi dans un petit village, j'avais 1500 habitants dans le Tarn. C'est un village au fond d'une vallée, une grande route passante dans la vallée et autour de la montagne, c'est deux montagnes, c'est encaissé totalement.
Je grandis dans un HLM, qui dit HLM, c'est des familles qui n'ont pas de gros moyens. Ma mère, en fait, Elle est agent d'entretien, c'est-à-dire à domicile. Elle fait du ménage, donc elle est régulièrement à la maison. Mon père, c'est différent. Je le ressens présent, mais pour autant, c'est quelqu'un qui se lève le matin à 5 heures.
Il travaille à l'usine, à 8h, il débauche, à 8h30, il embauche le maçon. Midi, 13h, il vient manger à la maison. C'est là où je le vois le plus souvent, en fait. Je le vois, mais il mange une demi-heure, mais il fait sa assiette 20 minutes. et ensuite il repart à 13h faire maçon jusqu'à 17h, et à 17h30 il repart à l'usine jusqu'à 21h. Je manque de rien, j'ai tout ce que je veux, je prends plaisir, on m'a une liberté à jouer.
à étudier, il y a toujours l'envie que je réussis. Je dirais que c'est du respect mutuel, non l'en donnant. Ils me rendent heureux et j'essaie de les rendre heureux. Je suis passionné par une vidéo, que je regarde une cassette vidéo, que j'ai réussi à obtenir, je ne sais pas pourquoi.
C'est un film sur des jeunes qui font du BMX. Et ça me passionne, ça me plaît, ils font des roues arrière et tout ça. Je souhaite avoir un BMX. Donc j'en parle à mes parents et c'est un budget. Donc ils ne peuvent pas, ils s'entendent avec mon oncle et ma tante pour me l'acheter à deux.
Et donc, on part sur Béziers, qui est à peu près à 45 minutes de là, et on va chercher ce BMX. Comme d'habitude, on va dans un magasin, on envoie un, qui est moins cher. Petit à petit, tu flashes sur un, et tu n'oses pas le dire. Mon oncle, la tante, le voit, mes parents le voient. Et au final, je repars avec un super BMX, un beau BMX.
Et j'adore ce vélo, en fait. Je le regarde et il me plaît. Première nuit, je le passe à ma chambre. Je passe ma première nuit avec mon BMX. Ça a duré peut-être deux, trois nuits jusqu'au moment où on me demande de le mettre au garage quand même. Et voilà, je reviens fier sur ce vélo. C'est mon premier vrai vélo, je dirais.
Cette vidéo que j'ai vue me passionne et je commence à faire des rois arrière, des wedding qu'on appelle. Et puis ce petit village dans lequel j'habite, en fait, il fait environ 1,6 km de long. C'est un village tout en longueur. avec cette route qui passe là, il ne faut pas mon temps, et je me donne comme objectif de traverser tout le village sur la roue arrière. Il n'y a vraiment aucune raison pourquoi ça, mais j'ai cette fierté, je me dis je vais y arriver, je vais y arriver.
On fait des courses autour de l'immeuble, il y a d'autres qui ont des vélos. On essaie de faire des courses et je commence à l'utiliser. Du coup, ça me permet, ce vélo, de sortir de chez moi. Jusqu'à ce moment-là, j'étais toujours à faire des jeux autour, sur mon stade, à jouer au tennis, à jouer au Monopoly. Et grâce au vélo, ça me permet d'aller plus loin. Arrive l'âge de 15 ans, depuis quelques années, je pratique le vélo, j'adore ça.
Techniquement, avec les rois arrière, tout ça, mais je me rends compte que dès que j'attaque des montées, que je veux aller un peu plus loin, c'est compliqué parce qu'un BMX n'a pas de braquet. On ne peut pas changer de vitesse, il n'a pas de vitesse.
¶ Débuts en Compétition et Haut Niveau
Et là, je me dis, il me faut un VTT, il faut que j'aille plus loin, découvrir cette montagne. Je sais que de l'autre côté, c'est l'Héro, c'est l'Aude, c'est Carcassonne, c'est plein de choses. Et là, je demande à mes parents de m'acheter un VTT. Donc, je pratique le vélo depuis quelques mois et là, je rencontre une personne...
Alain, que je rencontre dans ce village, et lui, il m'entérine dans ma manière de faire du sport. C'est-à-dire, c'est la satisfaction personnelle, c'est pas battre l'autre à tout prix. C'est une personne qui, depuis des années, est reconnue dans le village pour être très performant sur un vélo, mais vélo-route.
Il me prend sous son aile, je commence à faire la première sortie à vélus sur la route, et là il me dit « waouh, t'as quelque chose ». Il me pousse finalement, ça me motive à aller rouler avec d'autres. Et là, j'ai deux copains qui décident d'aller faire une grosse épreuve, la finale de Coupe d'Europe de VTT. Et je pars non licencié, c'est-à-dire en short, t-shirt. Je pars faire cette épreuve avec eux et on arrive là-bas et je termine le troisième junior.
Et à mon retour, je cherche un club. Je cherche un club pour pouvoir me licencier. Le seul club qui est à proximité de chez moi, c'est un club de vélo-route. Je décide d'aller dans ce club. Pour autant, j'ai Alain qui me dit « attention ».
Il m'a averti pourquoi lui, il n'a jamais fait de compétition. Donc, il met des alertes un petit peu. Tout le côté où ce n'est pas très clair, c'est-à-dire qu'il y en a qui sont prêts à gagner, qui sont prêts à tricher pour gagner. Et puis, il y a le côté compétition, c'est toujours bas de les autres.
La première course, ça se passe plutôt bien. Et la deuxième course, je la gagne. Et là, ça va super vite, en fait. Je me retrouve à être comme le meilleur junior de la région. Et arrivé le mois de juin, je me retrouve sélectionné pour des stages en équipe de France. Déjà, ça fait à peine 4 mois que je fais des courses. Et là, je me retrouve avec les meilleurs Français. Je tire vraiment mon épingle du jeu. Franchement, je pense que physiquement, je suis le meilleur du stage.
Et à l'issue de ce stage, je suis sélectionné pour le championnat du monde qui avait lieu à cette époque-là à Athènes. On roule la nuit, on roule la nuit, j'arrive à la maison, on est fier. Et lorsque j'arrive, mes parents m'annoncent qu'ils ont eu un appel du conseiller technique national et qu'ils me retirent de la liste.
Donc je prends un pet quand même, parce que je savais que j'avais été le meilleur sur le stage, je savais que j'avais gagné ma place. Après j'entends bien, c'est vrai, j'avais pas d'expérience, donc je l'entends. Je l'entends, mais ça me fait mal quand même. Mais bon, ce qui m'empêche pas après de continuer.
Au moment où j'obtiens le bac, je suis assez mitigé sur ce que je veux faire. La première motivation, je veux travailler dans l'Office national des forêts. Et je me rends compte que si je veux rentrer dans l'ONF, il faut que j'aille étudier l'OM. Et ça, ça me fait peur.
Et un autre point qui me plaît, c'est le travail public. Construire des ponts, construire des routes, des ouvrages d'art, en fait. Et là, je décide, du coup, de partir sur un DUT génie civil, travail public, qui se trouve à Toulouse.
Et là, je suis sérieux. Je sors même majeur du DUT. Mais là où c'est compliqué, c'est faire du vélo parce que le DUT, c'est 39 heures par semaine. Le seul moment que j'ai de livre, c'est le jeudi après-midi où là, je peux faire les grosses sorties et tous les soirs, je suis sur le petit balcon de l'appartement en train de faire du home trainer.
Tu fixes ton vélo sur un système fixe et ça te permet de pédaler sur un balcon, de pédaler sur place. Donc ça permet de s'entraîner sans pour autant aller dehors. Je m'en débrouille et je fais avec.
¶ Statut Sportif Élité
J'obtiens mon DUT au mois de mai 1994. Je suis admis à l'école d'ingénieur qui est juste à côté du DUT. Mais en même temps, le DUT se termine très tôt. J'arrive à me consacrer complètement au vélo. Je fais beaucoup d'entraînements, je roule tous les jours.
Et là, du coup, arrivent rapidement des résultats. Arrive le mois de juin, juillet, où j'ai de gros résultats. Et c'est là qu'il y a le DTN, la Technique Nationale, ou l'entraîneur national, qui vient me voir et qui me propose d'entrer au bâton de Joinville. On appelle ça plus exactement l'école interamé des sports. Ils recrutent des sportifs pour pouvoir représenter la défense au niveau international.
Je dois faire mes dix mois d'armée, obligatoire. Et là, on me donne la possibilité de le faire dans le sport, à représenter la France au niveau international. Je n'ai pas du tout l'objectif de passer séquence professionnelle. Mais vraiment pas du tout. Je veux dire, je vais là pour chercher mon statut de sportif de haut niveau, clairement.
Mon but derrière, c'est même voir reprendre peut-être les études après, je ne sais pas. Mais dans tous les cas, c'est aller chercher un statut pour pouvoir m'ouvrir la porte des entreprises. Par contre, le vélo m'a passionné. Donc je me dis, waouh, tu peux faire que du vélo pendant un an, pourquoi pas, vas-y. Mes journées au bâton de Joinville sont dignes d'un coureur cycliste. Je ne suis là que pour faire du vélo. On est 17 coureurs.
On est devant ne pas avoir comme objectif de passer pro. Et là, l'objectif simple, c'est rouler. Rouler tous les jours et aller participer à des courses. Et là, j'explose carrément, puisque je me retrouve avec 12 victoires internationales, un titre de champion du monde militaire, un titre de champion de France du Contre la montre, espoir.
Ça confirme que finalement, j'ai des qualités pour gagner des courses. Et pour autant, je ne vois pas pro. Sur les entraînements, je suis le plus fort. Et en même temps, je vois que les autres, ils ne le font pas de la manière aussi saine que moi je le fais.
¶ Entrée dans le Monde Professionnel
C'est la première fois où je rencontre ces fameuses trousses de toilettes remplies de médicaments. C'est-à-dire que les gens ont des trousses de toilettes, mais ce n'est pas pour y mettre la brosse à dents ou quoi que ce soit, c'est pour y mettre tout un arsenal médicamenteux et à côté de cela, un petit dictionnaire qui s'appelle...
le Vidal, je découvre un autre monde. Jusque-là, j'évoluais dans un petit club. On n'est plus dans un monde amateur, on est déjà dans un monde semi-pro. Lorsque je suis dans cette année-là, j'oublie quand même... tout le côté reconversion d'après. Je vis passionnément cette période-là. Je me rends compte que je peux aller encore plus loin, mais jusqu'où, je ne sais pas trop, en fait.
Rapidement, j'ai des contacts avec des équipes pro, des directeurs sportifs qui veulent à tout prix me faire signer pour passer pro. Et là, déjà, je me dis qu'ils viennent me chercher. Alors que je vois avec moi, il y a des coureurs, on est 17, les 15 qui veulent passer pro envoient des lettres de candidature pour passer pro. Moi, je ne demande rien, on me propose trois contrats. Globalement, il y a trois équipes qui me proposent de passer pro. Et là, je me dis, ça y est, tu es désiré en fait.
Et après, ça va super vite. Lors de mon titre de champion de France contre la montre, il y avait eu déjà des prédiscussions avec Yvon Madiot, qui devait créer une équipe qui était la française des Jeux. Et là, dès l'arrivée, on s'entend, on se voit au championnat, j'ai le titre.
Je signe mon contrat sur le capot de la voiture, mais c'est un bonheur assez court, puisque quelques semaines après, j'apprends que le sponsor de la Française des Jeux se retire pour cette année. Il préfère prendre un an de recul et peut-être le faire l'année d'après.
Et là, le théâtre sportif m'annonce, mais que non, tant pis, le contrat est tombé à l'eau. Fort heureusement, les deux autres équipes qui me convoitaient tout le temps sont restées en contact avec moi et dont je suis dans une autre équipe pour démarrer dès le 1er janvier 1996.
¶ La Culture du Dopage
Et là, j'arrive dans une équipe où il y a des anciens pros qui sont là depuis dix ans et qui, entre guillemets, font le métier. En fait, c'est quoi ? C'est faire tout pour y arriver, faire tout pour gagner. Et dans le faire le métier, il y a le médical.
Dans le faire le métier, il y a le dopage. Il y a tout ce qu'il y a à côté. Ce sont des gens qui sont prêts à tout, dont l'objectif, ils sont payés. Pourquoi ? Ils sont payés pour gagner des courses. Et là, c'est un haut niveau. Et là, j'arrive motivé, mais je vois qu'il y a de l'entrée.
un problème entre la politique de l'équipe et les anciens coureurs. C'est-à-dire que ces anciens coureurs qui arrivent d'équipe déjà professionnalisée et qui sont vraiment très attachés à ce que fait le métier et la mise en place d'un suivi médical en tant que coureur.
Pourtant, dans cette équipe-là, ils essaient de faire les choses bien et ils mettent en place un système d'homéopathie. Le diato-sportif, de toute façon, il le dit clairement, il dit pas de PO chez nous. Le PO, c'est l'érythro-proéthine. En fait, le but, c'est améliorer l'endurance chez les coureurs.
Pourquoi ? Parce qu'on va augmenter le nombre de globules rouges dans le sang. Le PO, on en a tous dans le corps. Il suffit d'en rajouter, de s'en injecter pour qu'il y ait plus de globules ensuite dans le sang. Et comme le globule rouge est la molécule qui transporte l'oxygène vers les muscles, vous êtes plus fort lorsque vous n'avez plus de globules rouges.
Et je commence à prendre conscience vraiment de la place de la médecine dans le système professionnel. Je suis pro, mais je déchante rapidement parce que dès le mois de janvier, on n'est pas payé. Le mois de février non plus. Mais on fait quand même des courses. Et dès les premières courses, je m'affiche comme un bon coureur. Et là, rapidement, l'équipe Estina me relance encore. C'est l'équipe qui m'avait également proposé un contrat un an avant.
Et le théâtre sportif vient me voir sur une course. Il me dit, écoute, ton équipe, elle ne va pas durer longtemps. Et là, quand je vois que je ne suis plus payé au bout du troisième mois, je décide de rentrer en contact de nouveau à cette équipe. Ils m'expliquent comment ça fonctionne, comment ça fonctionne chez Festina, qu'ils mettent tous les moyens pour réussir, qu'ils ont un système et qu'ils respectent totalement la philosophie de chaque coureur.
Clairement, déjà, sur le plan professionnalisme, c'est totalement différent. Sur un autre niveau, moi, j'avais eu l'impression, en fait, en rentrant chez Force Sud, que j'entrais dans une vraie équipe pro. Je rigolais de tous les anciens qui disaient que ce n'est pas bien, etc. Je me disais, mais qu'est-ce que c'est ? Je peux me jeter à la façon Picsou qui se jette dans les pièces, je pouvais me jeter dans les cuissards, dans les maillots, etc. Je trouvais ça incroyable.
Et pour autant, quand j'arrive chez Festina, dans tout ce que m'explique le débat sportif, je vois que c'est totalement différent et qu'il y a surtout quelque chose qui est x10, toute la surveillance médicale et entre guillemets le dopage. mais il me dit clairement que je peux continuer à faire comme je le sens. Il croit vraiment en moi, il croit en mes capacités. Et rapidement, je fais mes preuves, je monte l'école, je fais péter pas mal de monde.
Je fais déjà ma place, je suis un peu le petit fougueux qui arrive, le petit nouveau qui veut montrer qu'il est fort en fait. J'y arrive plutôt bien et donc je ressors de ce stage quand même plutôt motivé. Sur ce stage, on me fait passer les stages. Je rencontre l'entraîneur de l'équipe qui essaie d'emporter du scientifique dans l'entraînement. À travers des tests, il évalue ce qu'ils appellent le moteur du cycliste. Et là, les tests parlent.
ils démontrent que j'ai, comme ils disent eux, un gros moteur, c'est comme les chevaux dans une voiture en fait. Et là, on me dit que j'ai les qualités d'un Bernard Hinault, etc. et que je peux avoir d'énormes performances chez les pros.
C'est vrai que quand on me parle de Bernard Hinault, qu'on fait référence à lui, même si je n'ai pas trop de culture dans le vélo, je sais que c'est quand même le meilleur coureur français de l'histoire. C'est quelqu'un qui a gagné toutes les courses, qui a gagné le Tour de France, qui a gagné tous les grands tours.
Donc voilà, clairement, une fois de plus, il y a une personne face à moi qui confirme de par des chiffres que je reste un grand coureur et que si Bernard Runeau a gagné deux grandes courses et que j'ai les mêmes qualités que lui, pourquoi moi je ne pourrais pas les gagner ? Ça me fait plaisir parce que c'est des qualités qui me sont reconnues.
Je suis quelqu'un qui suis tout neuf. C'est des choses qui m'interpellent quand même, alors que face à moi, il y a des gens qui font ça depuis des années. J'ai dit, mais ouais, c'est que sûrement, tu as beaucoup de marge de progression. Au fil des semaines, je commence à constater des choses normales. Je rends compte qu'en début de saison, ça allait bien.
Et puis là, arrive le mois de mai, juin, où là, franchement, ça devient compliqué. Je ne m'y retrouve plus. J'ai beau m'entraîner sérieusement, j'ai beau faire ce qu'il faut, les bornes, compter les heures, c'est-à-dire que quand j'ai six heures à faire, je n'en fais pas 5h59. Je fais voir plutôt 6h01.
Donc je fais ce qu'il faut et pour autant, les autres progressent beaucoup plus vite que moi. Je me dis, c'est dû à tout ce qu'ils font à côté, mais je n'ose pas y croire en fait. Je n'ose pas y croire parce que j'ai une meilleure qualité, c'est moi qui les ai, ce n'est pas eux. J'insiste jusqu'au moment où je suis bien obligé de comprendre que le côté dopage a un énorme effet. J'en parle dans l'équipe, j'en parle au directeur sportif, j'en parle à mon entraîneur.
Et eux m'expliquent clairement que, de toute façon, pour l'instant, je suis jeune, je suis là pour apprendre. J'ai signé pour trois ans, je suis fascinant, et que j'ai au moins deux années pour apprendre. Et même le directeur sportif me dit, de toute façon, on a compris si peu que... Les deux premières années, les néopros, ils ne doivent pas prendre les gros produits.
On me parle de PO, on me parle de croissance, on me parle de testostérone, on me parle de produits lourds qui sont faits là pour améliorer la performance. Par contre, clairement, on me dit, mais par contre, les corticoïdes, la caféine, etc., qui sont tout de même des produits dopants.
qui sont appelés un petit peu les produits dopants du poivre ou de petits joueurs. Ça, tu peux y aller comme tu le faisais chez les amateurs. Ils savent très bien que moi, je ne faisais pas ça chez les amateurs. Et je me dis, mais non, j'ai deux ans pour progresser, deux ans pour contrer ce phénomène du dopage. On ne sait pas détecter le PO et parce qu'on ne sait pas détecter le PO, on essaie de trouver une autre solution pour empêcher son utilisation.
Et donc, l'Union Cycliste Internationale, qui est la Fédération Internationale, décide de limiter le taux de globules rouges dans le sang à 51. Parce qu'on juge qu'une personne normale, un homme par exemple, à un pourcentage entre 39 et 47. Et donc, il décide de limiter à 51. Et donc, l'objectif maintenant, pour tout ce qui dope, c'est quoi ? C'est que tous les coureurs soient à 51 dhématocrites.
Et ce qui va à mon avantage en fait, c'est quoi ? C'est que j'ai un gros moteur et en même temps je suis à 40 hématocrites. C'est quand même plus intéressant que si j'avais un gros moteur et que j'étais à 50 hématocrites parce qu'on ne pourrait plus me faire progresser. Et là, mon directeur sportif et le médecin de l'équipe, c'est très bien que si on me passe de 40 à 50, ça fait 25% de progression sur une performance énorme.
¶ Pression et Résistance Initiale
Donc, qu'est-ce qui se passe ? Je sens de suite qu'il y a une stratégie d'équipe dans l'équipe où on veut me tenter petit à petit et m'amener au dopage. On me dit que je peux devenir un grand coureur si je le fais, etc. Mais ça va crescendo. Un soir, j'arrive, après le massage, j'arrive dans ma chambre et je vois une seringue sur la table de chevet. Je comprends de suite que c'est quelque chose qu'ils appellent une récupération. C'est de l'eau avec du glucose à l'intérieur.
Vous pouvez rajouter de la vitamine B6, de la vitamine B12, des choses pour récupérer, des multivitamines, etc. Mais c'est de la récupération. C'est quoi l'objectif ? C'est aider le corps à récupérer.
Je fais quasiment comme si je ne la vois pas, parce que je ne veux pas déjà rentrer dans ce système. Ce n'est pas une dopage pourtant, il faut le savoir. C'est quelque chose qui est autorisé. Par contre, l'acte de la piqûre, pour moi, est une première marche. Donc, il est hors de question pour moi de passer à l'acte de l'injection.
Je commence à réfléchir, je me dis, waouh, ça veut dire que je rentre dans un système où régulièrement je vais avoir de la pression, on va m'inciter à le faire. Il ne faut pas oublier que j'ai un contrat de travail, j'ai des supérieurs. Et d'ailleurs, je me dis, bon, il va falloir faire face.
Et donc, je reste dans ma philosophie de me dire, non, tu vas y arriver. Si tu es sérieux, tu fais attention au sommeil. Parce que face à ça, qu'est-ce que je vois ? Je vois des courants qui se dopent et je vois des courants qui, en même temps, ne sont pas aussi sérieux que moi. Donc, je me dis, le sérieux va battre le dopage. Et donc, j'ai confiance en ça.
La saison passe en 1996 avec des résultats plutôt intéressants quand même. Je suis sectionné pour les champions du monde du contre-la-montre. J'ai l'impression vraiment d'avoir ma place chez les pros. Je termine cette saison plutôt content et j'arrive au mois de décembre, il y a une fête où je suis au club dans lequel je me trouve, Mazamé, ils fêtent les champions de la vallée. Et là, je vois une personne qui m'interpelle, que j'avais connue il y a quelques années au lycée.
Et on s'assit à côté, et là, la discussion commence à discuter de tout. Mais à un moment donné, il y a une remarque, une question qu'elle me pose qui m'interpelle, en fait. C'est sa manière de parler, d'être aussi cash. Dans un milieu où j'évolue, où il y a quand même beaucoup de non-dits, les gens font attention à ce qu'ils disent. Je trouve une personne qui ne se met pas de limite.
Et là, on discute aussi bien de mon sport que du sien. Je vois déjà toute la différence qu'il y a. C'est-à-dire, moi, je suis dans un milieu pro, je suis professionnel, je vis de ça. Elle est dans un milieu amateur où finalement, elle fait du sport, pourquoi ? Pour se faire plaisir, toujours faire de mieux en mieux. Elle fait du patinage à roulettes artistique.
patinage à glace artistique, mais sur des patins en roulette, en quad, pas en ligne. Même si elle me passionne, je la regarde, je ne la quitte pas des yeux, ça ne change pas qu'à côté.
patinage à roulettes, ce n'est pas quelque chose qui m'intéresse beaucoup. Pour moi, ce n'est pas vraiment du sport. Et donc, cette personne s'appelle Pascal. Et donc, je décide d'aller la retrouver le lendemain, un endroit où je savais qu'elle allait. Et là, il y a une grosse aventure qui démarre et qui me bouffait d'air, en fait.
Alors, l'hiver passe. Et là, de par les tests que j'ai pu faire l'hiver et les cours de début de saison, j'obtiens ma sélection pour le Paris-Nice. C'est le gros premier rendez-vous de début de saison, en fait. Ils sont tous gavés de PO. Je crois qu'on doit être huit coureurs au départ, mais sept sont gravés de PO en mode croissant sur ses rondes pour commencer à préparer le Tour de France. Et moi, je sais que je n'ai rien.
Le PO n'étant pas détectable, il y a des contrôles sanguins qui sont mis en œuvre par surprise sur les différentes courses, deuxième, troisième ou quatrième étape. On apprend, on est réveillé un matin en urgence, qu'on croit qu'il y a des vampires qui sont là.
Alors les vampires, c'est qui ? C'est des préleveurs de l'Union Sikis Internationale, de la Fédération Internationale, qui viennent faire des prélèvements sanguins pour mesurer le taux d'hématocrite dans le sang, le nombre de grubles rouges, et à partir du moment où tu es au-delà de 51, tu n'avais pas le droit de prendre le départ.
On décide de choisir Christophe pour aller directement au contrôle le premier pour faire patienter un petit peu les préleveurs le temps que les autres fassent le nécessaire pour passer à travers les mailles. Donc je vais faire le contrôle pendant que les autres se préparent au contrôle.
Ça peut paraître étonnant, mais je le vis comme une chance. Moi, je n'ai pas de souci. J'y vais, je n'ai aucun stress. Par contre, je sais qu'en même temps, je joue leur jeu et je les aide à tricher. Mais pourtant, je ne les aide pas à tricher. C'est que je ne dis rien et je n'ai pas envie de dire quoi que ce soit.
Je vis un rêve, je suis dans une équipe, je suis pro, je fais la fierté de mes parents, je gagne ma vie pour faire du vélo. Je suis curieux de tout ça et je pense toujours pouvoir réussir un jour. J'ai cette position où je me rends compte que je suis un peu le fusible de cette équipe, c'est-à-dire qu'il permet de gagner du temps pour les autres. Je vois que je suis différent et qu'il y a des choses qui ne me conviennent pas dans la manière d'être des gens. Je ne parle pas sur le plan sportif.
pas sportif, on est OK, on en a parlé, mais c'est plutôt la manière d'être et le respect que peuvent avoir ces personnes envers les autres. Mais ça me met beaucoup de pitié, notamment pour les autres, parce qu'à côté de ceux-là, à côté des corps, il y a qui ? Il y a les mécanos.
Il y a les soigneurs. Et qui c'est qui en prennent la figure ? C'est eux. Et je me suis vu sur des situations où le corps s'énervait pour pas grand chose. Et à côté, le mécano qui est en train de dire oui monsieur, oui monsieur. Parce que lui, il voulait garder sa place. Et là, je commence à avoir ce système de subordination et de non-respect.
qui me gênent énormément. Et c'est comme ça que, petit à petit, je me rapproche de l'encadrement, en fait. Je m'éloigne des cours pour me rapprocher de l'encadrement. Est-ce que c'est de la pitié ou est-ce que c'est des personnes auprès de qui je me sens le mieux ? Mais en tout cas, c'est des gens qui me paraissent les plus respectueuses.
Je pense que j'utilise aussi ces faits pour montrer que je ne rentrerai pas dans le système d'à côté. En montrant que je reste moi-même dans ces situations-là, je démontre aussi que je resterai moi-même vis-à-vis du dopage, dont je m'affiche un peu différent des autres.
¶ La Deuxième Saison Difficile
Donc passé le Paris-Nice, je constate déjà que le niveau ça va être compliqué, ça va crescendo, et je fatigue en fait. Moi depuis le mois d'hiver, j'avais essayé d'être très studieux, parce qu'on sait toujours que la deuxième année chez les pros, c'est toujours la plus compliquée. J'avais été très studieux durant l'hiver, j'avais beaucoup bossé, je suis arrivé en forme en début de saison, et là je me rends compte que finalement il y a une progression qui devient normale chez les autres coureurs.
On s'amuse parce qu'il faut savoir que faire du vélo, des bonnes et des bonnes, c'est dur. Mais en plus, quand vous le faites avec des coureurs qui sont dopés, c'est encore plus fatigant parce que ça roule à des vitesses qui sont anormales. Je commence à douter sur mes capacités à récupérer. D'autant plus qu'il y a toujours des retours permanents où on me dit « tu sais, on est là pour gagner une autre vie, il faudrait aussi que tu penses amener de l'argent dans l'équipe ».
que tu participes à ton travail, etc. Faire le métier, c'est pas ça. Et puis, il y a même un événement, un jour où j'arrive sur la course, au bout de six jours de course, je suis fatigué. Il y a toujours ce système où, pour pallier le risque que les vampires arrivent à l'hôtel, on nous fait des prises de sang régulièrement au bout du doigt. C'est le médecin de l'équipe qui nous le fait.
Et au bout du cinquième jour de la course, il y a le médecin qui me convoque dans la chambre et qui m'expose les résultats de ma prise de sang et m'explique que je suis à 36 hématocrites. Il faut savoir qu'un nombre c'est entre 39 et 47. de moyenne, et si vous êtes à 39, vous êtes anémien, vous êtes en dessous, et qu'il faut faire quelque chose. Et il m'explique que ce n'est pas bien pour ma santé, et que finalement, pour protéger ma santé, c'est faire une piqûre de PO.
Ça vous remonte à 41 d'hématocrites, et entre guillemets, tu es guéri. Et pour autant, je refuse. Mais je réfléchis. Et à côté de cela, il rebondit sur le côté récupération, car à côté de cela, si ce n'est pas le PO, ne pas oublier qu'il y a le côté vitamine aussi. Et là, c'est autorisé, il n'y a aucun risque, etc. C'est des choses que dans les aliments, mais si on te le met à travers des intraveineuses, c'est plus facile.
et ça va plus vite dans le cours. Et arrive un jour où finalement, je décide de m'intéresser à tout ça, d'avoir plus de curiosité et d'en parler à Pascal, qui me dit, écoute, dans tous les cas...
Si tu fais quelque chose, ce qui est important, c'est que tu me le dises. Moi, je serai toujours avec toi, je t'accompagnerai, on peut toujours en discuter, mais il est important que tu me le dises. Et là arrive le championnat de France contre la montre, que j'avais déjà fait l'année passée, c'est sur le même parcours.
Comme l'année passée, il y a cette fameuse seringue avant le départ. Et là, je ne sais pas pourquoi, contrairement à l'année passée où la seringue, je ne l'avais pas utilisée, je lui demande que je le bien tenter. Le soigneur tout content, bien évidemment. Qu'est-ce qu'il fait ? Il vient vers moi, il me le fait et je me laisse faire. Comme un soumis en fait. C'est bizarre comme sentiment quand même. Parce que tu as l'impression d'avoir une première défaite déjà là-dessus.
Et là, tu as l'impression de franchir un cap. Pour autant, c'est que de l'eau glucosée que je demande. Je lui demande de me le faire sans la caféine. Il va pour me faire l'injection et puis me loupe. Il me loupe et puis à côté apparaît une grosse cloque qui fait que finalement je prends peur et puis il m'enlève tout. Je me rends compte que j'ai fait une connerie, que j'ai franchi un pas, que je n'aurais jamais dû franchir.
Je prends peur et en même temps, d'une part, c'est fait, c'est fait, je suis comme ça, je l'ai, elle n'est pas rentrée dans la veine, donc ça me rassure, ça veut dire qu'elle n'aura pas d'effet. Je termine la course et je termine troisième du chrono. Alors, satisfait parce que finalement, je mets 45 secondes dans mon chrono de l'année passée. Donc, j'améliore mon chrono. Je me retrouve sur le podium avec mes deux collègues, mes deux équipiers. Au fond de moi, je sais que c'est moi qui ai gagné.
Je sais à quoi ils jouent, je sais à quoi ils tournent, je sais qu'ils sont à la cure de PO en mode croissant sur ces ronds, et je me dis intrinsèquement, parce que le classement, il se joue en une minute, il ne se joue pas beaucoup sur plus d'une heure d'effort.
Je descends du podium, il y a un journaliste qui vient me voir et il me dit « waouh, t'es troisième mais tu parais être le plus heureux sur le podium ». Et j'ai dit « ben ouais, je suis content, j'ai battu mon record ». Au fond de moi, je savais pourquoi j'avais la banane. Celui qui pouvait être heureux et qui n'avait pas de secret, c'était moi. Et donc voilà, j'ai ma satisfaction.
Je suis épuisé, je ne récupère plus. Finalement, il me tarde que cette saison se termine. Et je décide de la stopper assez tôt pour ensuite derrière, réattaquer la saison d'après. Après, je me rassure un petit peu parce qu'on sait très bien que chez les Neopro, la deuxième saison est toujours la plus compliquée.
Mais en tous les cas, je termine cette saison avec un zéro pointé en termes de victoire. À la fin de cette saison, j'ai besoin de couper, c'est-à-dire que je mets le vélo un peu de côté. On discute pas mal quand même avec Pascal sur le métier que je fais, faire du vélo, être payé pour faire du vélo.
Régulièrement, on me rappelle que mon père est maçon, il y a maçonnerie, il gagne trois fois moins que moi à monter sur le toit en plein hiver, en plein froid, etc. Donc je relativez vite, je me remets un peu au VTT, ce qui me permet de retrouver du goût.
à faire du vélo, à pédaler, à travers la montagne, à travers la nature, à me dépasser moi-même plutôt qu'essayer de battre les autres à tout prix. Et c'est comme ça que, petit à petit, j'arrive à me rattaquer et me remettre dans la saison d'après.
¶ Prendre Position sur les Primes
Et là, il est question, comme chaque fois, la saison d'avant étant terminée, du partage des primes. On passe une soirée à échanger sur les modalités de partage. Et là, il faut savoir que l'équipe Estina avait été très performante durant cette année.
Et là, il est question de partager. Et il y a les deux principaux de l'équipe, qui étaient Richard Viren, qui était son acolyte, Pascal Hervé, décident, ou ont décidé avec d'autres coureurs, de partager les primes du Tour de France contre les neuf coureurs qui ont participé à la course.
28 corps dans l'équipe, donc il y a 28 corps qui discutent. Ensuite arrive le débat sportif de l'équipe qui constate cette discussion qui était de calmer le jeu, etc. Et là, moi, je ne sais pas pourquoi, je me lève et je prends la parole. Je prends la parole pour expliquer que si eux veulent garder l'argent du Tour de France, il est hors de question que je paie les produits pour ceux qui se dopent. Sur 2 millions de gains, je parle en francs, ça représente 600 000 francs de produits.
Ils déduisent le prix des produits et ensuite, c'est ce qui reste, ce qui est réparti parmi les cours. Et là, je décide de dire qu'il n'est pas question que moi, je paye une partie des produits, qu'on me fasse la répartition avant de déduire l'achat des produits.
C'est une prise de position ferme. C'est-à-dire que jusqu'à maintenant, je refusais le dopage, mais je ne disais pas aux autres ce qu'ils avaient à faire ou quoi que ce soit. Ça n'avait aucune incidence sur les autres. Ça fait à peine deux ans que je suis pro, il ne faut pas l'oublier. J'ai à peine 23 ans et demi.
¶ Confrontation et Isolement
Et là, je me mets rapidement à dos, bien sûr, tout le milieu. Je ne peux que voir un lien de causalité. Je me retrouve derrière à être inscrit, à être mis sur les équipes numéro 2. D'un côté, c'est un mal pour un bien.
Je sais en partie pourquoi je suis là, mais en même temps, j'ai retrouvé des personnes avec qui je m'entends bien. C'est des cohorts qui ne sont pas avec l'équipe numéro une, qui se prennent beaucoup moins la tête. Et donc, finalement, je relativise, je me dis, écoute, ce n'est pas plus mal. Mais ça ne dure pas. Rapidement, on me remet sur l'équipe numéro 1 et je me retrouve comme ça de but en blanc sur Paris-Nice. Pour quelles raisons ? Je ne sais pas, mais dans tous les cas, je le fais.
Je vois de plus en plus de fatigue sur ce Paris-Nice. C'est physique, mais c'est aussi mental. J'ai de moins en moins de résistance, j'ai de moins en moins de force à m'opposer. Donc, sur ce parrainiste, j'arrive un soir super fatigué, je discute avec le soigneur et je décide finalement d'accepter une première récupération. Une récupération, en fait, c'est une injection d'eau glucosée.
par voie intraveineuse. Alors, c'est totalement torusé. Ce n'est pas du tout du loupage, je crois que ce soit. Mais l'acte de la piqûre, c'est un nouvel acte. Donc, c'est un nouveau pas franchi à nouveau, même si la fois d'avant, ça avait été loupé. Et puis, là, je rebascule.
On en fait une première, on en fait une deuxième. Ça n'empêche pas que je suis complètement épuisé et je me rends compte que je pars en live. Je ne maîtrise plus la situation. Je fais des choses qui ne sont pas moi, qui correspondent pas à mes valeurs, qui correspondent pas à ce que je défends depuis le début.
À ce moment-là, je loupe une trajectoire, manque d'inattention, et je sors de la route et je tape dans une poubelle, et dans l'état où je suis, je rentre à la maison. Je constate et j'apprends que j'étais à 35 hématocrites, donc totalement anémiés, complètement épuisés, physiquement et mentalement.
Je suspends le vélo, en fait. J'ai plus envie. Et puis, j'ai de longues discussions avec Pascal sur la beauté de ce métier quand même, être payé à faire du vélo. Elle sait que j'adore le vélo. Elle sait que j'adore ça. Et pour autant, là, j'ai même plus envie d'y monter.
Je remonte sur mon VTT et je me remets à rouler un peu sur mes parcours de quand j'étais jeune. Je reprends plaisir et je me remémore tous ces souvenirs, une époque d'ailleurs quelques années avant où mon grand-père était vivant. Mon grand-père, c'est quelqu'un qui s'est battu pour des valeurs. Ça a toujours été un exemple pour moi. Et je me disais, tu ne dois pas abandonner. Petit à petit, je relativise, ça revient au bout de quelques semaines.
et je continue ce marseillaise en fait. Je reprends mon boulot mais d'une manière différente, c'est-à-dire que je me rends compte que depuis quelques années, on essaie de me faire devenir un coureur cycliste professionnel.
Et je me rends compte que j'ai des qualités physiques, mais je pense que je n'ai pas les qualités mentales. C'est-à-dire que je n'ai pas la même motivation que ces gens. Et donc, je me dis, voilà, recentre ta pratique sur la pratique elle-même et pas ce qu'elle peut te procurer derrière. Je dois m'apporter du bonheur et je dois apporter du bonheur aux gens. Et là, je prends conscience que tes courses cyclistes, tu as d'autres missions que faire du vélo et aller gagner des courses.
Et là, je commence à reprofiter pleinement de ce monde et de profiter des spectateurs, profiter des supporters. Je vais beaucoup plus à leur rencontre. Je me cloisonne beaucoup plus dans ce milieu qui n'est pas le mien. J'ai beau changer ma manière de faire, les kilomètres, il faut les faire.
Donc il faut s'entraîner, il faut faire les courses. Traditionnellement, le championnat de France est toujours organisé, quand je dis championnat de France individuel, sur route. C'est une course où on part tous groupés et le premier qui arrive à gagner, il est toujours programmé une semaine avant le Tour de France.
Il faut imaginer, c'est le mois de juin 1998, ça fait deux ans et demi que je suis pro chez Fessina, deux ans et demi que je suis pro, et mon contrat se termine en fin d'année. Et là, il est question de reconduire mon contrat. Je suis convoqué sur ce même championnat dans la chambre du directeur sportif.
comme par hasard aussi du médecin. On m'exprime clairement que j'ai des capacités, si je joue à Armégal avec les autres, de gagner Paris-Roubaix, de faire podium du Tour de France, de devenir champion du monde du chrono, etc. Et que mon profil les intéresse toujours autant.
Donc, ils me proposent une augmentation. À côté de ceux-là, ils me font une deuxième proposition, en fait. Que si jamais je m'engage à utiliser EPO en mode croissant sur ces rounds, je peux gagner dix fois plus. Et là, le choix, il est... Il est clair pour moi, il est évident. Avec l'objectif que j'avais, le sens que je voulais remettre au sport, je décide clairement d'en rester à ma position initiale. C'est-à-dire qu'il est hors de question que je ne me dope pas.
Je voyais le coup venir. Je me doutais bien qu'à un moment donné, il fallait qu'on discute de la recondition de mon contrat. Et là, je trouve une solution. Je donne de l'espoir. Je donne de l'espoir à mon directeur sportif. Je lui explique que mon facteur limitant, clairement, ce qu'il souhaiterait, c'est que j'améliore mon hématocrite, mon taux de globules rouges dans le sang, avec de l'EPO.
Et qu'en discutant avec mon entraîneur, il y avait peut-être d'autres solutions pour le faire qui me convenaient. J'avais vu qu'on pouvait faire des stages en altitude ou des stages en hypoxie. Pour faire simple, l'hypoxie, c'est quoi ? C'est que vous simulez l'altitude dans des habitations. C'est-à-dire qu'on rarifie l'oxygène dans une chambre. Ainsi, le corps va réagir à cette hypoxie et va augmenter le taux du globule rouge dans le sang.
¶ L'Affaire Festina Éclate
Je pars pour mon stage qui se déroulait dans les Alpes. Ça fait à peine une heure que je roule, je suis dans ma voiture tranquillement, tout seul. J'écoute la radio et là j'entends une annonce. Un soigneur d'une équipe cycliste s'est fait arrêter sur nos frontières franco-belges. avec 400 ou 450 produits dopants. On n'a pas l'identité de la personne. Rapidement, les infos arrivent et puis j'apprends que c'est un soigneur de l'équipe Festina.
Ça sent mauvais, je comprends, je fais partie de cette équipe. À part les gens de l'équipe, personne ne connaît la vérité. Je fais partie de cette équipe, donc je suis un parmi les autres. Là, ça m'inquiète un peu quand même, je prends peur parce que je ne connais pas jusqu'où ça va aller. Je me retrouve dans mon hôtel et plus je suis en chambre, mieux c'est.
Donc, j'essaie de passer aussi l'après-midi en plus en chambre à 3600 mètres d'altitude. Et je suis tous les affaires et j'apprends un maximum de choses par la télé parce que là, je ne cache pas que les communications sont quasi coupées avec l'encadrement. puisque la police judiciaire a pris en charge le dossier, et donc, entre guillemets, tout le monde a l'impression d'être sous écoute, et donc personne ne dit rien.
Moi, je m'entraîne de mon côté, je continue à m'entraîner parce que je suis quand même assez détaché de ça. Je sais que finalement, la justice ne me rattrapera pas.
Je sais juste que ce qui peut me rattraper, c'est le soupçon et l'interprétation de la part de beaucoup de personnes. Et là, je me retrouve sur la route parfois avec des gens qui me font des signes de piqûre, des gens qui me crient dopé. J'ai l'impression que quand je suis au restaurant, tout le monde me regarde. J'ai l'impression de tout ça.
vit très très mal, mais fort heureusement, rapidement, les cours arrivent sur le territoire français, ils sont entendus par la police judiciaire, pour démontrer que tout le dopage est organisé dans le cyclisme, que tout le monde se dope dans l'équipe, que tout le monde se dope dans le peloton.
¶ L'Unique Coureur Propre
Clairement, il y a deux corps de l'équipe qui disent que je suis le seul coureur de l'équipe à ne pas me doper du tout. C'est quand même un soulagement pour moi. Je sais que les gens vont enfin connaître la vérité, mais en même temps, je n'ai pas conscience de tout le tapage médiatique qu'il peut y avoir derrière.
À travers ce que je suis à la télé, je suis à la radio, je prends réellement conscience de l'ampleur du dopage dans l'équipe fascinante. Mais je me rends compte du nombre de personnes qui étaient engagées dans le système.
Ce que je n'avais pas conscience avant, en fait. Je me rends compte réellement de ce que ça représente. Une personne avait 450 produits d'opin sur lui, qu'il a mené d'Allemagne, qui transitaient via la Belgique, qui arrivait en France pour le Tour de France, etc. Tout ce dispositif.
Et puis surtout, ce dont je me rends compte, c'est que ça concerne du pénal. Et ça concerne le judiciaire, la police judiciaire. Donc ça met une sacrée claque. Et en même temps, je ne sais pas que je me rassure, mais je sais très bien que c'est pareil dans les autres équipes.
Et à côté de cela, il y a les médias qui viennent vers moi, dont je parle ouvertement, je dis les choses que je n'ai pas pu dire. C'est-à-dire que je me suis tué pendant deux ans et demi, et là, d'un coup, on m'ouvre la parole. Jusqu'à maintenant, ce n'est pas que j'ai... pas voulu dire, c'est que personne n'est venu me voir, je n'intéressais personne. Et d'un coup, j'intéresse quelqu'un. L'affaire continue et le dossier Festina arrive dans les mains du procureur de Lille.
¶ Conséquences Judiciaires et Transfert
Et là, je suis convoqué par la police judiciaire à Lille. On m'audition, on me met en garde à vue d'entrée. On m'explique que clairement, on ne m'en veut pas. On sait très bien que moi, j'y suis pour rien, que la vérité, ils la connaissent, mais qu'ils ont juste besoin d'avoir mon audition.
Ça ne change pas qu'on me prélève quand même les cheveux, on me fait une prise de sang, etc., pour avoir la certitude quand même que je n'avais pas utilisé de produit. Je me rends compte qu'ils savent beaucoup de choses, donc ça se passe plutôt bien. Mais je vois que ça va aller loin, cette affaire.
Ça va aller sur du pénal probablement. Et en sortant, d'ailleurs, je croise un ou deux coureurs de mon équipe. Je me rends compte que finalement, on était tous interrogés sans le savoir, simultanément. Pendant toute cette période, la consigne, c'était de ne pas trop communiquer entre nous. Donc ce que l'on n'a pas fait. Et je rentre à la maison et j'explique à Pascal que les policiers connaissent la vérité. Cette saison se termine en fait dans une ambiance spéciale où on a peu de relations.
On a peu de rations, c'est qu'il y a un procès dessus, les gens sont entendus, on entend que celui-là a été entendu tel jour, etc., mais pas trop. Moi, personnellement, je ne croise quasiment pas l'équipe du Tour. Carrément, on sait très bien que l'équipe Estina va avoir du mal.
Et là, la Française des Jeux m'explique clairement que l'équipe Festina va exploser, qu'ils sont toujours prêts, ils ont besoin de moi, ils ont envie de moi. Et donc, je décide de signer un nouveau contrat avec la Française des Jeux pour l'année 99.
Les premières courses arrivées, je me sens relativement intégré dans l'équipe. Clairement, j'ai des bons résultats d'entrée sur les courses du premier mois. J'arrive à avoir ma sélection pour le Dauphiné libéré, qui est la plus grande course à étapes avant le Tour de France. Et là, je me retrouve sur une course où on parle beaucoup d'un Américain qui arrive, qui était Lance Armstrong.
Il arrive, pourquoi ? Parce que c'est un ancien couac qui était très très bon à l'époque, il a signé à une équipe française, il a eu un cancer, un cancer des asticules, il avait une métastase au cerveau, etc. Et il s'en est sorti et il revient avec des performances monstrueuses.
J'arrive sur ce Dauphiné libéré, je fais le job, je pense être en grande forme sur cette étape, je fais le travail pour mes leaders de l'équipe et lors de la dernière étape, je gagne. On me donne l'occasion de lever les bras et je gagne ma sélection pour le Tour de France.
Quelque chose qui n'était pas du tout prévu. Mais face à une telle victoire, Marc Madiot, qui est le directeur sportif de l'équipe français des Jeux, est quasi obligé. Le monsieur propre qui gagne une étape du Dauphiné libéré, comment ne pas le mettre sur le Tour de France ? C'est une sélection qui ne se refuse pas.
¶ Le Tour de France 1999
Je vais sur le Tour pour voir ce que c'est. Je vais sur le Tour, mais en même temps, par fierté par rapport à mes parents, pour les gens qui m'ont toujours encadré, qui m'ont toujours suivi, dans le sens où faire le Tour de France, ça reste faire le Tour de France. Et là, il y a un journal parisien, un journaliste, qui me propose de faire une chronique quotidienne pour montrer et expliquer comment je découvre le tour. Et donc, je l'accepte.
Je fais la première étape et le lendemain, je découvre ma première chronique. J'explique un peu tout ce prologue avec les barrières, etc., qui m'ont marqué, la vraie découverte. Et là, ce qui me marque, en fait, c'est le titre. Christophe va faire le tour à l'eau claire.
¶ Tension et Conflit au Tour
Donc je sens bien évidemment que si je suis le coureur qui court à Leclerc, on peut imaginer, on peut interpréter que les autres ne le font pas. Il ne faudra pas tarder, c'est que rapidement j'ai des remarques de coureurs, qu'en quoi ils se sentent visés, ils se sentent mal à l'aise par rapport à cette chronique-là.
Puisque beaucoup de gens peuvent penser que se dope par contre. Plus ça va et plus on me demande de parler pour eux. Ce que je refuse totalement. Donc je ne peux pas me permettre d'engager ma parole alors que je ne suis sûr de rien. Et là, la tension monte. Au fil des jours, la tension monte jusqu'au moment où je prends des remarques dans le peloton, je prends des remarques dans mon équipe.
Il y en arrive au point où les cours de mon équipe ne me parlent plus. Je passe les repas au resto tout seul, à manger tout seul, à parler à personne. C'est très particulier ce qui m'arrive parce que... Finalement, je me lève le matin. Je sais que les autres ne veulent pas me parler, donc je déjeune seul. Je range les choses que j'ai sorties de la caisse. Vous savez, on a une caisse où on se sert pour manger. Et ensuite, je pars, je pars me préparer. On part en voiture sur le départ.
Personne ne me parle. J'arrive au départ, je discute avec le soigneur qui me donne mon ravito. Le départ, je me prends des remarques par-ci, par-là en permanence. Et puis arrivent les moments de me ravitailler où là, c'est le plus grand plaisir de ces étapes.
J'apprécie, je suis en queue de peloton, je mange tranquillement. Arrive l'arrivée où là, par contre, on passe du calme total de mon côté à la pression. Je passe la ligne et arrivent sur moi plusieurs journalistes pour me poser des questions. sur comment a été la journée, qu'est-ce que j'en pense. Et moi, je suis dans ce système où je parle, je parle ouvertement, je me lâche parce que pendant six heures de vélo, je n'ai parlé à personne.
Je passe du temps à parler. Ensuite, je pars à l'hôtel où je dois me faire masser. Et après, j'arrive au resto où là, régulièrement, on est plusieurs à table. Mais une fois de plus, mes équipiers ne me parlent plus. Ou juste pour me dire qu'il fallait que je me taise. Et là, ça va crescendo jusqu'au moment où finalement, on me gueule dessus. Donc là, c'est plus possible. Et j'appréhende et je fais le maximum pour manger seul le matin et manger seul le soir.
La deuxième étape, c'est un contrôle à montre. Je fais mon chrono. Je pense avoir fait un chrono plutôt bon. Je rentre à l'hôtel et je me vois encore sur la table de massage à regarder le chrono et les performances des autres.
Et là arrivent les grosses pertes des premiers, notamment d'Amstrong, où là je me dis « mais ce n'est pas possible en fait ». Et là je me dis « ouais, mais c'est bon, tu n'as plus besoin d'avoir de doute là-dessus, c'est vraiment reparti comme avant ». J'exprime clairement que sur le Tour de France, on ne peut pas rouler à ses vitesses sans être dopé.
Donc, on me présente comme celui qui dénonce Lance Armstrong. Non, je dis juste qu'on ne peut pas gagner. Je ne dénonce pas directement, mais c'est un peu sous-entendu. Donc, je me mets à dos le chef du peloton.
On me reproche dans mon équipe que personne de notre équipe va gagner une étape parce que je mets à dos notre équipe contre Vincent Strong. En vélo, c'est difficile de faire gagner quelqu'un, mais c'est super facile de l'empêcher de gagner. Il suffit de tout le temps rouler sur lui, etc. C'est super facile.
Ça devient de plus en plus violent. En même temps, il y a la pression des journalistes. Je vois petit à petit que je baisse la tête. Petit à petit, je faiblis. J'essaie de résister. Je fais mes courses. J'ai fait quelques étapes où je me sens bien. Mais par contre, je fatigue. Ensuite, ce suit le lendemain du chrono, une étape de montagne très difficile. Qui dit très difficile, c'est plusieurs cols dans la journée. Et en plus, rendu encore plus difficile par le mauvais temps.
On est de nombreux coureurs à prendre le froid, la pluie, la neige, après 6 heures de vélo. avec une montée très difficile. Et là, on a Alain Sampson qui arrive, on avait plusieurs minutes d'avance sur tous les autres, qui domine totalement l'étape, qui explose tous les chronos dans la montée, etc. Il faut s'imaginer, frigorifier à l'arrivée. J'arrive avec Jean-Cyril Robin.
le leader de l'équipe, et qui arrive, qui s'est battu. Je l'accompagnais jusqu'au dernier call. Et là, il arrive et là, il se lâche, en fait. Il me dit non, mais ce n'est pas possible. Tu as vu ce qu'il a fait et tout, c'est impossible. Et lui, on voyait qu'il était encore froid, frigorifié.
Je le sais, je vous le dis depuis un moment et tout, et je me dis, c'est bon, c'est le moment en fait. Il y en a un, deux autres qui arrivent, ils disent la même chose. Et je dis, à ce moment-là, dans ce moment de faiblesse, où tout le monde a froid, où tout le monde en a bavé, où ils se sont fait exploser par un coureur, je me dis, c'est bon, ils vont parler.
Je me retrouve quelques minutes après à la collation, où là, je vois déjà que c'est beaucoup mieux. Ils n'ont plus envie de parler, ils n'ont plus aussi énervé qu'il était avant. Et je regrette un truc, finalement, c'est que des journalistes ne soient pas venus les voir juste après l'arrivée.
Ça me multiplie par deux, par trois, l'envie de tout faire péter. Là, je pense que je rentre dans une bascule. Jusqu'à ce moment-là, je disais la vérité, je disais la vérité que j'avais envie qu'on connaisse les spectateurs. Et là, je constate bien que le soutien, je ne l'aurais plus.
Je ne l'aurais pas. J'espérais encore pouvoir l'avoir. Et là, j'ai eu ce brin d'espoir qui n'a pas duré longtemps. Et là, je bascule en totale opposition. Au début, j'étais sur la résistance au dopage. Ensuite, j'ai été un petit peu sur l'information. Et là, je me mets dans l'opposition de milieu. Le lendemain, il y a une étape.
Et là, pour montrer mon opposition, il faut savoir que l'étape avait été tellement dure que le patron du Tour, qui était Lance Armstrong, qui avait le maillot jaune, décide et fait passer le message dans le peloton qu'il fallait partir tranquille pendant une centaine de kilomètres. Et comme l'arrivée était à l'Alpe du Hesse,
que la course démarrerait à 80 km de l'arrivée. Les cours de l'équipe ne me le disent pas, parce que je ne parle avec personne. Par contre, je la prends par un mécano. Et pour montrer mon opposition un peu le temps, dès le drapeau débaissé, dès le pardonné, je mets une attaque.
Et donc, après mon attaque, je ne me fais pas d'idée, je sais que ça va rouler, je me retourne, et qu'est-ce que je vois au bout de quelques kilomètres ? C'est l'équipe de l'Incentron qui roule, des Français qui roulent, et même des coureurs de mon équipe qui me roulent dessus.
Peloton m'arrive dessus et puis là, ça crée de partout en fait. On me traite de tout dans tous les sens. Là d'un coup, je sens une main sur l'épaule en fait. Et c'est Lance Armstrong qui me parle. Alors bien évidemment, quand Lance Armstrong parle, tout le monde se tait. Il me dit clairement que ce n'est pas bien ce que je fais pour le milieu, que c'est faux, etc. Au bout d'un moment, la seule réponse que je lui donne, c'est un petit sourire en coin. Il termine par un fuck you.
Et du coup, je me laisse glisser derrière. Il repart sur le devant du peloton pour se mettre en patron. Et lorsque je me laisse glisser derrière, je m'en reprends autant qu'avant qu'il vienne me taper sur l'épaule.
Je me rends compte que j'ai d'une part Armstrong qui s'est positionné et qu'autour d'eux, il y a tous les moutons qui suivent et qui savent très bien que s'ils veulent avoir une place et qu'ils peuvent pouvoir espérer gagner une course, une étape notamment sur ce tour, il ne faut surtout pas être avec moi de mon côté, donc avec Christophe.
Et donc, voilà, j'ai bien compris que là, c'était mort. Tout était rompu, en fait. Et le seul objectif qui me manquait, c'était rallier l'arrivée. Mais il reste encore 150 kilomètres. J'arrive et puis là, j'ai l'appréhension quand même, parce que je sais comment s'est passé la journée.
Déjà pendant le massage, il y a le directeur sportif qui va me voir, qui me dit qu'il fallait que j'arrête. Que jusqu'à maintenant, c'est de la recommandation, qu'il me recommandait de ne pas trop parler, etc. Mais là, il me donnait l'ordre de ne plus parler aux médias. Clairement, je fais face à lui, je dis non, il n'est pas question, si j'ai des choses à dire, je les dirai.
Bref, il s'en va en claquant la porte, je descends au repas, et là, juste avant de rentrer au repas, il y a un journaliste. l'étranger qui m'interpelle. Et au moment où il commence à me parler, il y a le directeur sportif de nouveau, Marc, qui arrive et qui m'attrape par l'épaule, qui me prend par l'épaule de manière violente, qui m'amène dans la salle de resto privée et qui me pousse dans la salle et claque la porte derrière.
De manière à dire, c'est bon maintenant, on est entre nous en famille, on va régler nos comptes. Pendant cinq minutes, tout le monde mange, j'entends le bruit des fourchettes, tout le monde tête baissé. Marc Maglio prend la parole et dit, je veux que vous arrêtiez de parler de dopage journaliste.
Là, je lève la tête, je lui dis, mais c'est pour moi ce que tu dis. Je suis le seul à parler de dopage, donc pourquoi tu dis vous ? Je lui dis, je parle pour tout le monde, mais oui, c'est toi le plus concerné. Il commence à me reprocher le fait que si Stéphane Lowe de l'équipe...
avait fait deuxième la veille ou à une étape, s'il n'avait pas gagné, c'était à cause de moi. Que s'il n'avait pas gagné, c'est parce que moi, j'ai dénoncé le dopage et que du coup, aucun coureur de l'équipe pourrait gagner. Et là, d'un coup, je regarde Stéphane, je lui dis, mais c'est vrai ce qu'il dit ?
Et là, il laisse planer le doute. Je suis vraiment au fond du trou, en fait. Je suis au fond du trou où il ne me tarde qu'une soeur, je mange rapidement, en fait. Je me groinfe, je m'en vais, j'appelle Pascal, mon épouse. Je discute, je vois que là, ça ne va pas. Il y a tout qui cogit dans la tête, dans tous les sens. Je commence à penser que je ne suis pas à ma place, que je suis en train de me faire du mal. Je vais rentrer en dépression, je vais craquer, ça ne va pas le faire.
23h le soir, je suis en chambre avec Stéphane Lowe. La question à qui je posais, c'était à cause de moi qu'il n'avait pas gagné l'étape. Et puis, dès que j'arrive, il était en train de regarder la télé, il se tourne de l'autre côté, il éteint la télé, il se met à dormir. Moi, j'éteins tout. Je me retrouve là pendant une heure dans le lit, dans le noir, à penser, à cogiter, voir que le sommeil ne va pas arriver. Je me lève sur le coup de minuit, je crois.
Je sors de la chambre, je me mets dans un couloir, dans une cage d'escalier, tout seul, avec le bloc issu de secours qui m'éclaire un petit peu. J'appelle Pascal. On parle pendant une heure et demie, je crois au téléphone. J'arrive à repartir au lit, je reviens me coucher à 3h30 du matin, j'ai passé 4h dans la cage d'escalier, puis même là je vois que le sommeil n'arrive pas, arrive 5h du matin, et je descends avec ma valise à l'accueil à 5h, vers 6h ou 6h30 arrive la personne de l'accueil.
qui me pose des questions. Il me dit, alors, l'étape, vous allez l'avoir dure aujourd'hui. J'ai dit, ouais, ça va être difficile pour eux aujourd'hui. Je parle pour les autres, mais lui, il ne percute pas, en fait.
¶ L'Abandon du Tour
Et donc, le matin, ma décision a été prise. C'est-à-dire que j'ai décidé d'abandonner le tour. Je voyais bien évidemment ce que ça allait donner. Je savais très bien que dans l'équipe, personne n'allait être d'accord. Pas spécialement parce que je ne continuais pas à mon tour, mais que tout simplement, médiatiquement, qu'est-ce que ça allait donner derrière ? Ça allait être un bazaré énorme en fait. Rapidement, Marc Madiot est arrivé pour essayer de me convaincre.
que je suis avant tout salarié, qu'il y a les autres qui comptent sur moi. Mais de toute façon, j'étais au fond du trou, j'entendais plus rien du tout. C'est peut-être mon éducation qui veut ça, mais je me veux d'aller saluer quand même les derniers, même s'ils ne me parlent pas. Au moins qu'on ne me reproche pas d'avoir pas salué mes coéquipiers avant mon départ. Et je vais à la salle du petit-déj et au moment où je rentre, j'annonce mon départ, je tends la main.
La majorité me tend la main sans me regarder. Il y en a un qui refuse de me la serrer et il y en a un qui me demande si je suis sûr que c'est la bonne décision. J'ai dit oui, la décision je l'ai prise et je suis sorti. Pour moi, la carrière est complètement terminée. C'est-à-dire que je remettrai plus dans ça. Je repars rejoindre mon épouse.
Je prends un avion, j'arrive sur le lieu où il y a mon épouse. Bien évidemment, c'est un des plus grands moments de réconfort que j'ai pu avoir. Et là, je suis un autre homme, c'est difficile à expliquer. Je parle aux gens comme s'ils ne rien n'étaient. Je ne pleure plus pour rien parce que c'est oublié.
Le lendemain arrive, j'achète la presse parce que je voulais savoir ce que ça avait donné tout ça. Et là, je vois que ça ne me surprend pas, mais que je suis lâché par tout le monde. Je suis critiqué par tout le monde dans mon équipe. Je suis critiqué par mes équipiers. Comme quoi je les ai lâchés, je les ai abandonnés. Je n'ai pas été solidaire. Je n'ai pas agi correctement envers eux.
Et là, indirectement, quand il y arrive, il y a un journaliste qui apprend où je me trouve. Il se rend compte que mon épouse était entraîneur en roller. Il se rend compte qu'à un endroit, il y a le championnat de France de roller. Et là, je donne un entretien à un journaliste.
pour exprimer un peu, avoir un petit peu ce droit de défense quand même. Face à ce que je voyais dans les journaux, il était important que j'apporte mes explications. On rentre à la maison, mais ça ne lui dira personne. On ferme complètement les volets et je crois qu'on passe deux jours. Deux jours dans la maison, enfermés totalement, à discuter de tout et revenir à la base. Mais il faut savoir qu'avant le Tour de France, j'avais signé un nouveau contrat.
¶ Après le Cyclisme Pro
Et donc, j'avais signé pour cette équipe. Et donc, j'intègre cette nouvelle équipe qui est l'équipe Jean de Latour au 1er janvier 2000 pour deux ans. J'arrive dans cette équipe et en fait, je vais de désillusion en désillusion. On avait convenu des actions.
de reconversion, des actions de double projet, etc. Je vois que ça n'a pas lieu. Et là, rapidement, je prends conscience que ma place, je ne l'ai plus. J'ai un contrat, mais je ne l'ai plus. Et là, je commence à réfléchir. J'ai un DUT que j'ai obtenu en 1994. On se retrouve là en 2000. Donc, ça fait plus de cinq ans que j'ai mon DUT. Donc, oui, j'ai le papier. Il m'a même encadré. Mais pour autant, j'ai perdu toutes les connaissances que j'avais pu avoir.
Par contre, à côté, je travaille depuis cinq ans avec un entraîneur que je rémunère, je travaille avec un diététicien que je rémunère, j'ai acquis des compétences. Et puis, même si je n'ai pas ma place dans ce milieu, je crois que j'ai encore un rôle à jouer dans la prévention du dopage. Donc, je décide de préparer un concours de pro de sport.
pour travailler au ministère des Sports, dans la prévention. Alors tout ça n'est pas du hasard non plus, c'est que s'il y a un soutien que j'ai eu devant tous ces événements, c'est bien le soutien de Marie-Georges Buffet, qui était ministre des Sports à l'époque, qui a pris la peine de me soutenir dans les moments difficiles.
Je participe au Tour d'Espagne, l'équivalent du Tour de France, mais en Espagne. Et dès le Tour d'Espagne, je décide de travailler mon concours qui aura lieu en 2001. Et dès le mois de juillet, je décide de casser mon contrat en fait.
C'est-à-dire, je leur dis, car je vous fais cadeau des six derniers mois à 9000 euros, je n'en ai rien à faire. Moi, ce que je veux, c'est être débarrassé de tout ça. J'ai 27 ans, j'ai démarré le vélo à 17 ans et demi, je suis passé pro à 21 ans et demi, et j'arrête ma carrière à 27 ans. C'est un vrai soulagement. Ce n'est pas une déception que d'arrêter ma carrière. Le choix, il est déterminé. Ce n'est même pas un choix, je crois. C'est une obligation où je n'aurai plus comment faire autrement.
¶ Combattre le Dopage
Il faut savoir que j'ai mon concours pour travailler au sein de la Fédération française de sexisme et faire de l'entraînement, du développement, mais aussi de la prévention. Mais rapidement, le premier rendez-vous, il s'avère que la Fédération ne veut pas bosser avec moi. Je ne le supporte pas. Donc, soutenu par Georges Buffet.
qui était toujours ministre, on me bascule sur un autre sport qui est le triathlon. Avec des jeunes, des cadets, des juniors, qui m'amènent beaucoup de bonheur. Parce que là, une fois de plus, j'avais pu le retrouver lorsque j'ai retrouvé mon épouse à... à la compétition de roller, je retrouve moi quand j'étais plus jeune. Je fais mon année au triathlon et derrière, comme c'était mon année de stage, on me met dans un service sur Bordeaux, un service de l'État.
Et là, il y a une personne dans ce service qui est chargée de la lutte contre le dopage, qui est chargée de mettre en place les contraintes de dopage, mais qui est à un an de la retraite. Et donc, on s'approche et il commence à me dire si ça m'intéresse ou pas de prendre sa suite.
Je pense que c'est mon histoire qui a fait que j'ai récupéré cette mission-là. Et là, je me retrouve de l'autre côté. C'est-à-dire que j'étais cycliste et à l'affaire d'un an, je me retrouve à mettre en place des contrôles antidopages auprès de tous les eaux sportifs, dont les cyclistes, et même les cyclistes pros.
Donc, se suivre derrière une dizaine d'années où je fais, pas une dizaine d'années, mais un peu moins, je crois, je fais 2010, je pratique la course à pied et la course en montagne. Et là, indirectement, eh bien...
¶ Lance Armstrong et Réflexions
J'ai envie de revenir sur le vélo, en fait. J'ai envie de revenir au premier amour, le VTT. Et là, je me rachète un VTT, je prends plaisir et je fais mes premières courses en VTT. Et là, ce que je n'aurais jamais cru qu'il m'arriverait, c'est que j'arrive sur une championnat de France VTT Marathon en 2012, au moment où l'affaire Lance Armstrong éclate. Il faut savoir que sur le Tour de France 99, j'ai dénoncé Armstrong.
Mais pendant 12 ans, personne n'a su qu'Amstrong était dopé, personne n'a réussi à le prouver. Et là arrive 2012, où finalement l'USADA, l'agence américaine antidopage, démontre qu'Amstrong est dopé. et Armstrong avoue publiquement qu'il était dopé dans les années 99 et après. Il fait son annonce publique, il avoue publiquement devant toutes les télévisions internationales qu'il était dopé pour ses sept tours de France.
Et là, derrière, quelques mois après, je reçois un appel qu'en quoi Vincent Frank veut me rencontrer pour s'excuser. Alors ça, ça me fait sur le coup un peu drôle et même rigoler parce que je me dis, il faut juste se refaire une image en fait. Je me renseigne un petit peu, et puis l'intermédiaire m'explique que non, il ne veut pas du tout de médias, et qu'il a juste besoin de le faire. Quelques années avant, on a eu un cas de Marco Pantani.
Il a été une star, en fait, en Italie, mais aussi dans d'autres pays. Il a gagné le maillot jaune Tour de France, le Giro, le Tour d'Italie, etc. Et à un moment donné, il s'est fait contrôler positif. Il a été rejeté par le milieu. Il est rentré dans la Toxico et il s'est tué.
Et là, je ne pouvais pas m'empêcher de faire un rapprochement entre Pantani et Vincent Tronc, où je voyais actuellement tout le déchaînement qu'il pouvait y avoir sur lui. Et là, je me dis, non, ce n'est pas possible. Imagine que tu refuses de le rencontrer et que dans deux jours, tu apprends qu'il s'est tué dans une chambre.
Tu t'en veux toute ta vie. Et donc, j'ai accepté. Du coup, je donne mon accord pour cette rencontre. Je laisse le choix du lieu Alain Samson. Alors pourquoi, je n'en sais rien, mais il choisit le Fouquet's sur Paris. Je me donne le rendez-vous, j'arrive avant lui en fait, ça se fait au premier étage. Je le mets en haut de l'escalier et puis j'attends quelques secondes et là je le vois arriver. Je vois arriver une personne en fait avec une casquette via RBC.
un billet un peu, je ne sais pas, sportswear, mais pas super. Et là, je le laisse monter et à trois marches du bout, à peu près, il lève la tête et il me voit et il me tend la même. On part, on se décale, on va dans une petite pièce où c'est prévu qu'on fasse l'entretien. Et là, on discute de tout et de rien. Déjà, lui, il commence à vouloir s'excuser. D'entrée, je lui dis non. Tu n'as pas à t'excuser, en fait.
Lorsque tu as fait ce que tu as fait sur ce Tour de France 99, tu ne l'as pas fait pour me faire du mal, tu l'as fait pour te faire du bien, pour te sauver la peau. Donc moi, je ne t'en veux pas. Et j'ai commencé à lui poser plein de questions. Et je lui ai dit, mais sinon, aujourd'hui, comment ça va ?
Je lui dis, j'arrive de Bordeaux, je vis à Bordeaux, j'ai deux enfants, ils sont magnifiques, je suis heureux. Je termine en disant, je suis heureux. Et je lui dis, et toi ? Et là, il sort une photo de sa veste, il me met la photo de ses enfants, de son épouse. Il me dit, j'ai une belle famille. Et il en reste là, en fait. Et il n'est pas capable de me dire qu'il est heureux. Et là, je me rends compte que, déjà, ça me rassure. Je me dis, tu as bien fait de le rencontrer.
Je dis clairement que s'il a besoin de quoi que ce soit, je l'aide, mais indirectement, j'essaie de rattraper le cou de l'escalier, parce que je ne cache pas que j'ai ce sentiment. J'ai fait une très grosse erreur en fait dans cet escalier parce que je l'ai atteigné à l'escalier comme s'il y avait une sorte de domination, j'étais plus haut que lui. Et ça c'est vraiment un sentiment désagréable pour moi en fait.
Mais en tout cas, derrière, j'ai fait le nécessaire pour l'expliquer. Je reste à sa disposition s'il y avait besoin et si je pouvais l'aider. Et là, je reviens sur le devant de la scène, de la lutte contre le dopage et tout ce côté-là. Et lors d'un championnat de France, en fait, 2012, j'arrive, je fais ma course et j'en coûte moins bien. Je ne vais pas pouvoir faire la course devant.
¶ Le Combat Juridique Final
présage de mes forces et j'abandonne la course à 25 km de l'arrivée. Je passe près de l'arrivée et je donne mon dossard au signaleur. Je lui dis j'abandonne, c'est bon. Je vais à la voiture, juste à côté de la ligne, je me change, je prends la route.
Et je rentre chez moi. C'est en Ile-et-Vilaine. Moi, j'habitais Bordeaux. Donc, j'avais quand même quatre heures de route. C'est le premier week-end de septembre. Et je rentre et au bout de trois heures et demie de route, en fait, j'ai un appel. C'est l'organisateur de la course qui m'appelle. Il me dit, oui, Christophe.
Oui, un contrôle antidopage, vous devez vous soumettre au contrôle dans moins de 30 minutes. Ça faisait trois heures et demie que je roulais. Je propose à ce qu'on me soumette à un contrôle antidopage dès que j'arrive chez moi, puisqu'il me restait trois quarts d'heure de route. C'est refusé.
Et là, le temps passe, j'ai aucune nouvelle et arrive un mois à peu près après où je reçois un courrier de la Fédération française de cyclisme qui me suspend d'un an pour avoir refusé de me soumettre en contrôle antidopage. C'est vraiment un choc.
Je ne comprends pas, je relis le courrier, je suis tout seul à ce moment-là. Et en même temps, c'est le moment où on sait qu'Amstrong va avouer publiquement qu'il est dopé. Qu'il a avoué et on va apprendre qu'il va être sanctionné et qu'on va lui retirer les tours.
J'appelle une personne qui est journaliste et je lui annonce, je lui dis, je suis sanctionné pour dopage avant l'instant. Le fait est, c'est que j'entends une procédure parce que je ne veux pas me laisser faire. Je sens au fond de ça qu'il y a un règlement de compte dont je fais un appel. Je me défends. La fédération reconnaît que je n'ai pas fait de faute, mais me sanctionne quand même dedans. Je n'accepte pas d'être sanctionné alors qu'il n'y a pas de faute.
Du coup, je fais un contre-appel. C'est l'Agence française de lutte contre le dopage qui charge de mon dossier, qui annule totalement la décision de la FED et qui me blanchit. Mais je n'en reste pas là, en fait, parce que je trouve que la FED s'en sort trop facilement. Et je décide de contre-attaquer la FED sur ce coup.
pour volonté de me nuire. Donc je lance une procédure là-dessus pour montrer qu'il y avait réellement un coup monté, qu'il y avait une volonté de me nuire. Je gagne au tribunal administratif, la fédération est condamnée, qui fait appel. on va en cours d'appel administratif et je veux gagner, la fédération est condamnée. L'histoire arrive en 2012, ils sont finalement condamnés en 2015. Et je me dis, mais ça ne s'arrête jamais en fait.
¶ Vie Actuelle et Héritage
Aujourd'hui, dans le cadre de ma mission principale, je lutte contre le trafic de polydopants. J'ai des compétences de police judiciaire pour aller chercher les dopeurs et non plus les doper. Par ailleurs, je suis également préleveur antidopage, donc là je vais faire des contrôles sur les courses.
Et enfin, bien sûr, le point que je ne pouvais pas lâcher, c'est tout le côté prévention. Mais aujourd'hui, je ne fais pas spécialement de la prévention du dopage, mais je fais plutôt de la prévention des conduits déviants. Qu'est-ce qui me rend heureux aujourd'hui ?
à déjà d'être libre dans ce que je peux faire, dans ce que je peux dire. C'est d'avoir l'image d'une personne honnête en qui on peut avoir confiance. C'est d'avoir une épouse que j'aime. C'est d'avoir des enfants que j'aime et qui m'aiment, je pense.
Et en fait, c'est de ne pas avoir de regrets. Je crois que le plus grand des trucs, c'est de ne pas avoir de regrets. C'est-à-dire que j'ai toujours construit pour pouvoir faire tout conforme à mes valeurs. Et ça, je pense que c'est la plus grande des choses que je souhaite aux gens. Aujourd'hui, je suis une personne qui ne juge pas.
Je cherche juste à comprendre pourquoi les gens font telles choses, pour essayer de les accompagner et m'en servir pour aider les autres. La capacité à faire du bien, vous ne l'avez que lorsque vous avez une bonne estime de soi. Et quand je dis une bonne estime de soi, c'est une vraie bonne estime de soi. Ce n'est pas la peine de se comparer à plus mauvais que soi pour dire qu'on est bien.
c'est être capable de s'auto-évaluer, se dire je suis une belle personne. Si vous avez envie d'être une belle personne dans 10 ans, il ne faut pas attendre 10 ans. Vous venez d'écouter Transfer, épisode 375, un témoignage recueilli par Mathilde Mélin. Cet épisode a été produit par Slide Podcast. Direction éditoriale, Christophe Caron.
Direction de la production, Sarah Koskiewicz. Direction artistique et habillage musical, Benjamin Septemours. Production éditoriale, Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Chargée de pré-production, Astrid Verdun. Prise de son, Camille Legras. Montage, Johanna Lalonde avec Marius Sor. Musique, Thomas Loupias.
L'introduction a été écrite par Sarah Koskiewicz et Benjamin Septemours. Elle est lue par Aurélie Rodriguez. Retrouvez Transfert tous les jeudis sur slate.fr et sur votre application d'écoute préférée. Découvrez aussi Transfer Club, l'offre premium de transferts. Deux fois par mois, Transfer Club donne accès à du contenu exclusif, des histoires inédites et les coulisses de vos épisodes préférés. rendez-vous sur slate.fr Pour proposer une histoire, vous pouvez nous envoyer un mail à l'adresse