¶ Découverte Corps Enquête Initiale
C'est l'histoire d'une famille qui depuis 24 ans se bat pour connaître la vérité sur la mort de leur soeur, de leur fille. Paquita Parra a été assassinée par une nuit glaciale de décembre 1998, près d'Angoulême. Elle avait 30 ans. Son corps calciné a été retrouvé dans une voiture incendiée au pied d'une falaise de la vallée des Eau Claire. Ce colcaise, vieux de deux décennies, a connu de nombreux rebondissements.
laissant parfois espérer aux frères et à la mère de Paquita que la résolution de l'affaire était proche. Et puis non, fausse piste, vice de procédure, une juge dessaisie. Les proches de Paquita ont tout connu. Vendredi 4 décembre 1998. C'est une nuit d'hiver glacial. Une nuit noire et épaisse. Appui moyen, à 10 km au sud d'Angoulême, la petite commune est profondément endormie.
Seul le véhicule de patrouille de la gendarmerie de la Couronne vient fendre le silence de la nuit. Les gendarmes inspectent les alentours de la ville. En pleine semaine, hormis quelques chats errants, les rues sont vides. Un peu avant 4h du matin, les gendarmes s'enfoncent dans la vallée des Eau Claire. Le week-end, ce site au pied des falaises calcaires est très fréquenté par les promeneurs et les amateurs d'escalade. La nuit, tout est désert.
et l'endroit est particulièrement lugubre. En s'enfonçant sur le chemin du verger, la patrouille découvre une voiture. Enfin, ce qu'il en reste. Elle est stationnée près d'une falaise. Elle a été complètement incendiée. Encore chaude et fumante, il y a même de la braise au niveau des pneus. Manifestement, l'incendie vient tout juste de se terminer.
Qui a bien pu mettre le feu à ce véhicule ? Ou alors c'est accidentel, pensent les gendarmes. Mais à y regarder de plus près, il n'y a aucune trace de coup sur la carrosserie. Les gendarmes appellent immédiatement des renforts et les pompiers. Une fois sur les lieux, les équipes s'affairent autour de la carcasse de la voiture. Au niveau du siège du conducteur, c'est bien ce qu'il pense. Cette forme, il s'agit de reste d'un corps carbonisé.
La tête est penchée en arrière. C'est une vision d'horreur. Chose étonnante, le siège du conducteur a été reculé au maximum. Le corps calciné est d'une grande fragilité. Alors il est extrait avec la plus grande minutie pour ne pas qu'il se brise. Il est détaché avec le siège d'un seul bloc. Direction la morgue d'Angoulême. La voiture est une Fiat de couleur rouge.
Les numéros sur la plaque d'immatriculation sont encore visibles. Quelques coups de fil plus tard, l'identité du propriétaire du véhicule est retrouvée. Il s'agit de Francesca Parra, surnommée Paquita Parra. une jeune femme de 30 ans, employée dans une enseigne de la grande distribution à Puy-Moyen. Mais est-ce que ce corps calciné est le sien ? Et comment est-elle morte ?
Pour les enquêteurs, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas pire comme scénario qu'un incendie. Les flammes ravachent tout sur leur passage. Et sans indice, les recherches s'annoncent très compliquées. Les techniciens de l'identification criminelle dépêchés sur les lieux vont méticuleusement analyser la carcasse du véhicule. Aucune effraction n'est constatée. Mais le pare-brise avant a été démonté, certainement pour accélérer la combustion.
un travail de professionnel rapide et efficace. La piste du suicide ou de l'accident est donc immédiatement écartée. Au pied du conducteur, des papiers ont été allumés avec une allumette et de l'essence a été aspergée près du siège. Dans l'habitacle, quelques effets personnels de la propriétaire du véhicule jonchent le sol. Une paire de lunettes carbonisées.
et sa carte grise. Le jour se lève, les techniciens quittent la vallée des Eau Claire. Après avoir tenté de joindre la jeune femme à son domicile sans succès, Les gendarmes filent chez la maman de Paquita. Peut-être qu'elle sait quelque chose. Au petit matin, ils tapent à la porte de Carmen, qui se trouve avec l'un de ses fils, David. Tout de suite, les gendarmes expliquent ce qu'ils ont découvert.
et présente à Carmen les lunettes cassées retrouvées dans la voiture incendiée. La mère de famille est sous le choc, car il s'agit bien des lunettes de sa fille. Dans un premier temps, les gendarmes retournent sur les lieux de l'incendie avec deux des frères de Paquita pour tenter d'en savoir plus. David et Jean-Marie sont bien étonnés de découvrir la voiture de leur petite sœur à cet endroit. C'est un lieu qu'elles ne fréquentaient jamais.
Et encore moins la nuit. Elle n'a pas pu s'y rendre seule. À la vue du siège si reculé, les frères de Paquita reprennent espoir. Leur sœur est toute petite, 1m55 tout au plus. Impossible de conduire aussi loin du volant. Ça ne peut pas être elle. Puis, ils accompagnent les gendarmes chez Paquita. La jeune femme habite seule une maison de ville rue de l'église à Villebois-la-Valette, à 15 km d'Angoulême. Le pavillon est vide, bien rangé.
aucune trace d'effraction. A l'étage, le lit est fait. Paquita n'a donc pas dormi chez elle. Il n'y a ni son sac à main, ni son manteau. Le mince espoir de revoir la jeune femme vivante vient de s'effondrer. D'autant qu'après avoir passé des coups de fil, les gendarmes savent qu'elle n'a pas dormi chez son petit copain et qu'elle ne s'est pas présentée à son travail. Le corps carbonisé ne peut être que le sien.
Reste à attendre les conclusions du médecin légiste pour en avoir la certitude. L'analyse des dents, restée intacte malgré l'incendie, vient confirmer ce que tout le monde redoutait. Le corps brûlé. et bien celui de Pakitapara. Pour des raisons que l'on ignore encore aujourd'hui, le médecin légiste ne pratique pas d'autopsie complète sur le corps de la jeune femme. Les causes de sa mort sont donc impossibles à déterminer.
La seule chose dont les enquêteurs sont sûrs, c'est qu'elle est décédée avant l'incendie, car dans ses poumons, aucune trace de suie n'est retrouvée. Elle n'a pas inhalé de fumée. Son corps sans vie a donc été positionné intentionnellement au niveau du siège conducteur, puis son meurtrier a mis le feu à la voiture. Le crâne est fracturé sur le côté droit, mais aucune trace de balle.
A-t-elle reçu un coup violent à la tête ? En tout cas, c'est une mort programmée. Pour la famille de Paquita, le monde vient de s'écrouler.
¶ Vie et Dernières Heures Paquita
Qui en voulait à cette jeune femme sans histoire, solaire et bien dans sa peau ? Immédiatement, le parquet d'Angoulême... ouvre une information judiciaire pour assassinat. Et pour tenter de percer le mystère de sa mort, les enquêteurs vont fouiller dans la vie de la jeune femme et reconstituer ses dernières heures avant sa mort.
Paquita Parra est la petite dernière d'une famille de six enfants. Elle a cinq grands frères, c'est un peu la chouchoute, et la protégée de cette famille nombreuse qui, à Villebois-la-Valette, est connue de tous. La ville est petite et les paras, originaires d'Andalousie, ont élu domicile dans ce joli coin des Charentes dès les années 60. Paquita est très proche de sa mère Carmen. Elle passe la voir tous les soirs, un petit moment privilégié entre les deux femmes.
Son père est mort dix ans auparavant. Paquita attire les regards. Il faut dire qu'elle est particulièrement jolie. Petite brune pétillante aux longs cheveux bouclés, entourant un visage de caractère et de beaux yeux marrons, elle est très coquette, toujours apprêtée, même sans occasion particulière. Paquita a un emploi stable.
Elle travaille dans une centrale d'achat d'une grande enseigne d'un supermarché et vient même d'acheter une jolie maison en plein cœur du village où elle habite seule. Depuis quelques mois, elle est en couple avec Patrick, un collègue de travail. Sportif, discret et sans histoire, un brin timide et réservé. Pas vraiment l'homme qu'elle envisage comme le père de ses enfants. Car à 30 ans, Paqueta rêve de fonder une famille. Un travail ? Un petit copain ?
des sorties arrosées avec ses copines. Bref, elle a le quotidien classique d'une jeune femme de son âge. Pourtant, à y regarder de plus près, il semble que la vie de Paquita ne soit pas si paisible qu'elle ne laisse paraître. Pour le comprendre, il faut remonter quelques heures avant son meurtre. On va s'arrêter un petit peu sur cette nuit du meurtre avec mon invité, maître Christine Maz. Maître Maz, bonjour. Bonjour à tous.
Vous êtes l'avocate de la famille de Paquita Parra et bâtonnier au barreau de Bordeaux. Merci tout d'abord d'avoir accepté mon invitation. J'imagine que ce n'est pas le genre de dossier que l'on a tous les jours, maître.
Non, c'est évidemment les dossiers les plus graves. Alors, je ne parle même pas de dossier là. Un instant de vie terrible, cataclysmique, une mort effroyable. Moi, à l'époque, J'ai vraiment le sentiment, j'ai 55 ans aujourd'hui, j'en ai 20 ans de moins à l'époque, 22 ans de moins, et je me dis mais vraiment, Qu'est-ce qui fait qu'une femme va connaître ce destin-là, ce sort-là ? Ça m'interpelle tout de suite, ça. Tout de suite. Je trouve que ça a une connotation.
Tellement criminels. Je pense à un acte de grande criminalité à l'époque. Ça, je m'en rappelle énormément. Je m'en rappelle vraiment comme si c'était hier. Alors, il y a une chose surprenante quand même au tout départ, si je reviens à cette nuit du drame. Le médecin légiste fait le choix de ne pas autopsier le corps de Paquitapara. Est-ce que cela vous étonne, maître ?
scandalise. Ça m'étonne. Je ne suis pas l'avocat de l'époque quand l'autopsie, qui n'en est pas une, on la prendra après aussi. C'est un vrai scandale. À l'époque, on a les possibilités de faire des autopsies, même sur des cordes brûlées. Ça n'est pas fait. Souvent, ce que l'on voit dans les enquêtes qui sont abordées comme ça, c'est qu'il y a une multitude.
d'éléments qui ne sont pas faits. C'est pour moi ce fiasco judiciaire, il est né de plusieurs problèmes qui sont consécutifs les uns les autres avec beaucoup le moins compétence. du mal à le dire parce qu'on peut louper des choses même en matière de justice, mais quand même il y a une orientation parcellaire et puis il y a des actes judiciaires qui auraient dû être faits et qui n'ont pas été faits dès le départ, notamment le gel des lieux.
Pourquoi ? Est-ce qu'on n'y pense pas à ce moment-là ? Est-ce qu'on se dit que... Qu'est-ce qui peut se passer dans leur tête à ce moment-là ? Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des gendarmes à l'époque. Le gel des lieux n'est pas fait. Ce qui est un drame.
Absolue, parce qu'on sait... Donc il y a des traces qui disparaissent, des indices qui disparaissent ? Sur une scène de crime, surtout sur celle-ci, on a quand même des choses importantes à voir. Est-ce qu'il y a des traces de pneus, de pieds ? des papiers qui pourraient nous amener à identifier des auteurs potentiels, des cigarettes avec la capacité de prendre de l'ADN. C'est ça, le gel des lieux. Le gel des lieux, c'est chercher tout ce qui... peut permettre d'amener à l'identification.
On le voit d'ailleurs dans les dossiers terroristes où on trouve très vite dans les gels des lieux, dans la mise en place de moyens techniques sur les voitures, on trouve des choses qui amènent à identifier les conducteurs de cette voiture. la recherche d'ADN, il y avait beaucoup de choses à faire à l'époque. Alors, attention, on a énormément progressé aujourd'hui. on n'était peut-être pas à la pointe des techniques que nous avons aujourd'hui.
Pour autant, la disparition des indices avec l'incendie condamne la famille à ne pas savoir de quoi Paquita est morte. Dès le départ, comment ils le vivent, le fait que ça va être compliqué ? Des indices, il y en a dans le véhicule, on en trouvera. Ça, par contre, c'est fait. Tout est carbonisé. Quand on est sur un...
À un moment comme ça de scène avec une voiture carbonisée, c'est plus compliqué parce qu'évidemment, il y a plein d'éléments. Mais quand je parle de gel des lieux, moi, c'est l'entourage du véhicule. C'est ça qui était important à faire. Ça n'a pas été fait.
Ça, c'est vraiment… Mais comment ils vivent ça ? Au départ, ils ne vivent pas ça. Ils arrivent dans une affaire criminelle, vous imaginez bien, une sœur qui meurt dans ces conditions, une fille qui meurt dans ces conditions. C'est par la suite, quand on va découvrir… dossier, quand on va travailler le dossier sur le plan judiciaire, qu'on va se rendre compte de ça. Et c'est vrai qu'on ne se rend pas forcément compte de ça lorsque le moment...
se réalise. C'est a posteriori qu'on se rend compte de ça et il est trop tard. Oui, bien sûr. Merci beaucoup Maître. On vous retrouve dans le prochain épisode de ce podcast consacré à l'affaire Pakitapara. En reconstituant la dernière journée de la jeune femme, et contrairement aux apparences d'une vie bien rangée, les enquêteurs vont découvrir que Paquita courait un grave danger et elle s'en était confiée à la gendarmerie. De quoi Paquita avait-elle peur ?
Ses inquiétudes avaient-elles un lien avec son meurtre ? C'est ce que je vous raconterai dans le prochain épisode de l'affaire Pakitapara. Avant de poursuivre cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute. Si vous voulez continuer à nous soutenir, abonnez-vous à la chaîne Bababam Plus sur Apple Podcast. Cela vous permettra une écoute sans interruption.
Ou bien écoutez ce message de notre partenaire sans qui ce podcast ne pourrait exister. Ne partez pas, je vous retrouve juste après. Jeudi 3 décembre 1998. Comme d'habitude, Paquita quitte sa maison de Villebois-la-Valette pour se rendre à son travail. Elle arrive un peu avant 8h. Elle est employée dans une base logistique d'une enseigne de supermarché.
Puis elle repart vers 17h, mais contrairement à d'habitude, elle ne passe pas voir sa mère. Elle rentre directement chez elle, puis à 18h, avec son compagnon Patrick, elle repart et se rend dans le garage tenu par son frère Jean-Marie. Selon ce dernier, elle n'est pas dans son état normal, elle aurait même eu les larmes aux yeux. Écoutez le témoignage de Jean-Marie dans l'émission « Non élucidée » réalisée par Lucille Martin.
J'avais eu la voiture de son petit copain en réparation. Donc ils sont arrivés le soir, tous les deux, et j'ai trouvé Paquita un petit peu bizarre. Elle avait des larmes aux yeux, elle allait pleurer ou elle venait pleurer. Et j'ai demandé s'il y avait un souci. On m'a dit non, non, tout va bien, ne tracasse pas, il n'y a pas de problème. À la suite de cette visite au garage, Patrick repart de son côté et Paquita du sien.
Mais au lieu de rentrer chez elle, la jeune femme file à la gendarmerie de Villebois-Lavalette. Elle demande à être entendue pour une histoire de chèque volé. Il est 19h et le gendarme qui la reçoit refuse de prendre sa déclaration. Il lui demande de revenir le samedi, jour où elle a effectivement déjà une convocation prévue à cette même gendarmerie pour cette fameuse histoire de chéquier volé pendant l'été. Mais la jeune femme est stressée. Alors elle insiste.
C'est important, ils doivent l'entendre, car samedi, il sera trop tard, dit-elle. Et puis, elle a cette demande surprenante. Elle demande qu'on la mette sur écoute, comme l'actrice Carole Bouquet. Car, dit-elle, elle a besoin d'être rassurée. De quoi ou de qui Paquita a-t-elle si peur ?
Impossible de le savoir, puisque le gendarme n'entendra pas la jeune femme, prétextant qu'il préfère prendre toutes les dépositions en même temps le samedi. Cette histoire de chèque volé est-elle la clé du mystère ? Ce soir-là, Paqueta repart seul de la gendarmerie vers 19h30 sans avoir pu livrer son secret et ses angoisses. Pour les enquêteurs, cette soirée du jeudi 3 décembre est un mystère.
¶ Suspects et Fiasco Judiciaire
Alors, il décide de lancer un appel à témoins dans la presse. Ceux qui auraient vu la jeune femme ce soir-là sont pressés de se manifester. Et en effet, un certain Jean-Michel appelle la gendarmerie et livre un témoignage important. Il est persuadé d'avoir vu Paquita dans sa voiture, chemin du verger dans la vallée des Eau Claire, aux alentours de 22h15. Il était alors avec son épouse en voiture, écoutez-le toujours dans l'émission non élucidée.
Quand je suis revenu à 22h15, que je redescendais pour rentrer chez moi, et là, j'ai vu la fille. À mon avis, quand je suis arrivé, elle attendait quelqu'un. Elle a regardé comme si elle voulait voir la voiture qui arrivait. C'est parce qu'elle attendait. Ma femme qui était avec moi m'a dit, elle est folle de se mettre là, disons, elle va faire zigouiller. Ce témoignage confirme ce que pensent les proches de Paquita.
elle devait forcément avoir rendez-vous dans cet endroit avec une personne qu'elle connaissait. Et les chèques volés devaient être la raison de ce rendez-vous. Une deuxième personne appelle la gendarmerie. Elle dit avoir vu des flammes hautes à 23h30 sur le parking. Paquita a donc dû être tuée entre 22h15
et 23h30, et elle devait forcément connaître son agresseur pour le suivre dans cet endroit si isolé. Mais au lieu d'avancer sur la piste des carnets de chaque volet, les enquêteurs préfèrent creuser du côté de la piste amoureuse. À commencer par le dernier petit ami de Paquita. Patrick, le discret, le réservé, aurait-il quelque chose à se reprocher ? Depuis la mort de sa petite amie, Silence Radio.
Il ne donne aucune nouvelle à la famille de Paqueta et ne semble même pas affectée par sa mort. Les écoutes téléphoniques l'attestent. Au téléphone avec sa mère, il insulte la jeune femme, la traitant de salope, car il a appris que pendant leur relation, Paquita voyait toujours son ex-petite amie. Ça l'a rendu fou. Malgré cette étonnante attitude, il a un alibi. Le soir du drame, il regardait le match de foot à la télé. Les gendarmes en restent là.
Et l'ex-petit ami alors, celui que nous appellerons Christophe ? C'est vrai que les enquêteurs ont retrouvé chez Paquita une lettre de 15 pages de cet homme dans le salon. Il est resté 4 ans avec elle et il n'a jamais été apprécié par la famille Parra. C'est le moins qu'on puisse dire. Artiste peintre, marginal, bad boy, vivant encore chez ses parents, provocateur, autoritaire et violent avec la jeune femme, l'homme de 31 ans a tout pour déplaire.
Les frères de Paquita ont toujours vu d'un très mauvais œil l'histoire entre Paquita et Christophe. A plusieurs reprises, la jeune femme s'est présentée en réunion de famille, le visage tuméfié. De quoi rendre fou ses frères prêts à en découdre avec son petit ami. Mais Paquita s'y est toujours opposée. Elle avait peur de Christophe et de ses réactions. Écoutez le témoignage de la nièce de Paquita dans Non-Élucité.
Elle m'a expliqué qu'il l'a frappé, qu'il lui mettait des coups de genoux dans le ventre, qu'il était vraiment violent, alors qu'elle mesurait 1m57, puis je pense qu'il fait au moins 1m85. Après quatre années d'une relation toxique, le couple se sépare en janvier 1998. Enfin, officiellement. En réalité, Paquita et Christophe continuent de se voir, au restaurant, à l'hôtel. Trois jours avant le meurtre,
les deux amants sont encore aperçus ensemble. Le profil de Christophe est particulièrement inquiétant, d'autant que selon les frères de Paquita, il aurait balancé à leur petite sœur un jour alors qu'il était en colère « Si je te fais quelque chose, personne n'en saura rien. Dans la voiture de Paquita, une lame de cutter et des tubes de gouache ont été retrouvés. C'est exactement le matériel qu'utilise l'artiste pour peindre. Le jeune homme,
atout d'un suspect idéal. Pendant 9 mois, il est placé sur écoute, mais cela ne donne rien. La juge d'instruction décide de faire appel à une technique nouvelle arrivée tout droit des États-Unis. Pour déterminer la personnalité de Christophe, elle demande l'aide d'une profileuse. Et cette dernière, sans jamais avoir rencontré cette ex-petite amie, dresse dans son rapport d'expertise le portrait d'un psychopathe.
tout à fait capable de passer à l'acte. Une perquisition est organisée à son domicile. Et bingo ! Un ticket de caisse révèle que le jour de la mort de Paquita, Christophe a acheté une paire de gants en latex et trois bidons d'essence. Avec tous ces indices, 11 mois après la mort de la jeune femme, l'artiste peintre est placé en garde à vue. Devant les gendarmes, il dit ne pas du tout comprendre ce qui lui arrive. Il le jure, il n'a rien fait à Paquita. Il ne la voit plus.
Ils ont rompu depuis le mois de janvier 1998. Enfin, là-dessus, on sait qu'il ment. Alors oui, c'est vrai qu'il est violent. Ça, il ne le nie pas. Mais encore une fois, il n'a pas tué Paquita. Et les gants achetés le jour du meurtre ?
C'est pour des travaux de peinture qu'il effectue dans une entreprise. Et le combustible, c'est de la térébenthine qu'il utilise pour ses chantiers. Et puis il a un autre alibi. Le soir de la mort de Paquita, Il était au restaurant La Bonne Franquette à la Couronne avec un vieux copain à 10 km de la vallée des Eau Claire.
Le vieil ami en question est immédiatement appelé. Et il confirme cette soirée au restaurant, bien qu'il ait été surpris de l'appel de Christophe qu'il ne voyait plus depuis longtemps. Quant aux propriétaires du restaurant et les clients, ils confirment eux aussi que les deux hommes étaient bien présents ce soir-là au restaurant. Mais selon les gendarmes...
il a tout à fait eu le temps de rejoindre Paquita sur le lieu du crime, juste après le restaurant pour la tuer. La théorie des enquêteurs, c'est celle-ci. Un féminicide à la suite de violences conjugales répétées. Le 30 septembre 1999, Christophe est mis en examen et placé en détention provisoire à la maison d'arrêt d'Angoulême. Moins d'un an après la mort de la jeune femme, ses proches sont soulagés. Enfin, ils tiennent le meurtrier de Paquita. Ils vont pouvoir faire leur deuil.
Mais depuis sa cellule, Christophe continue de clamer son innocence. Ce n'est pas lui qui a tué Paquita et il va tout faire pour le prouver. Sa famille va faire appel à un détective privé, Roger Marc Moreau. Ce spécialiste de la contre-enquête va reprendre toute l'affaire depuis ses débuts et en quelques jours mettra mal tous les indices retenus contre Christophe.
D'abord, le copain qui a passé la soirée au restaurant avec Christophe, le soir du meurtre, est réentendu par le détective. Et il déclare que Christophe l'a redéposé chez lui juste après 23h. Christophe de son côté assure avoir branché la télé en arrivant chez lui. Il a regardé un film avec Jerry Lewis, un acteur américain dont il est fan. Il décrit avec précision une scène du film qu'il a visionnée en arrivant. Cette scène se situe 7 minutes après le début du film, qui a débuté à 22h50.
Difficile donc de se retrouver en même temps dans la vallée des Eau Claire et devant la télé. Et puis rappelez-vous, la fameuse profileuse mandatée par la juge d'instruction Elle n'a jamais rencontré une seule fois le suspect. Non, elle s'est juste contentée d'analyser un dossier. Autre aspect gênant, la veille et le jour de l'interrogatoire à la gendarmerie.
Cette criminologue a passé de nombreux coups de fil aux gendarmes et a dirigé l'interrogatoire. Selon l'avocat de Christophe, maître Lalanne, elle a donc pris la place du juge d'instruction. Et c'est tout simplement illégal. Les unes après les autres, les pièces de l'épée dossier tombent. En octobre 2002, la cour d'appel de Bordeaux estime que l'experte a orienté l'enquête. Il y a eu vise de procédure.
est atteinte au droit de la défense. La garde à vue de Christophe est donc annulée et, fait rare, la juge d'instruction d'Angoulême est désaisie. Après dix mois de détention provisoire, Christophe est libéré, faute de preuve. 120 000 euros lui sont même accordés pour détention abusive. Le dossier sur la mort de Paquita est désormais vide.
Pour les frères de Baguetta et sa mère Carmen, c'est un énorme coup dur. Avec ce sentiment que l'enquête a été bâclée et mal orientée. L'avocate de la famille de Baguetta, maître Christine Maz, ne mâche pas ces mots. Dans la presse, elle parle d'un fiasco judiciaire. Deux ans après la mort de la jeune femme, l'enquête repart à zéro. Mais les choses n'avancent plus. Faute de preuves et de nouvelles pistes, en 2010, le dossier Paquita Parra est refermée.
¶ Combat Famille Nouvelles Pistes
Maître Christine Maz, vous êtes toujours avec moi, vous êtes l'avocate de la famille Parra. Lorsqu'en 2010, soit 12 ans après la mort de Paquita, sa mère Carmen, ses cinq frères entendent de la part de la justice, c'est fini, le dossier est clos. On ne cherchera plus. Que ressent-ils, maître ? C'est une deuxième mort.
C'est un effondrement absolu, c'est un abandon. Non seulement il y a eu ce fiasco judiciaire, et maintenant on est dans l'abandon judiciaire. C'est ce qu'il y a de pire pour des familles victimes. Et parce qu'on sait très bien, nous, que si la justice ne suit pas ce dossier, c'est terminé. Donc, c'est un moment très dur. On est face à ce que j'ai vécu comme une injustice.
une injustice, mais la pire qui soit. C'est-à-dire, on s'est trompé, parce que c'était ça aussi, on s'est trompé, mais on ne va pas rester ouvert. Mais est-ce qu'à ce moment-là, c'est cataclysmique dans la famille ? C'est l'abandon judiciaire ? J'ai vu des gens s'effondrer, j'ai vu une maman… enterrer une nouvelle fois Paquita. C'est un moment très lourd pour la famille, un moment d'ailleurs où la maman, dans la salle d'audience, se met à crier, les frères...
à hurler, c'est un moment qui est marqué dans ma mémoire d'avocat. Et c'est terrible parce que dès le départ, cette enquête s'oriente de manière unique. sur cette voie-là, portée par des enquêteurs qui mordiculent, rejettent toute autre orientation de l'enquête. Et c'est un désastre. C'est ce que j'ai appelé, et ce que j'appelle encore, le fiasco judiciaire.
Quand on vous sert un criminel, quand vous venez de perdre ce qu'il y a de plus beau au monde… Et on y croit. On y croit. Et ce ne sont pas des gens qui connaissent la justice, ce ne sont pas des gens qui… C'est des gens qui font confiance à l'autorité judiciaire aussi. La maman, elle a besoin d'avoir un juge qui lui dit « c'est lui le tueur de paquets ».
Alors ce n'est pas la première fois que l'on entend une enquête qui part dans une direction, puis impossible de faire bouger les lignes, à la fois pour les partis civils ou même la défense. Pourquoi d'après vous en 98, puis dans les années qui suivent, les enquêteurs, la juge d'instruction ne s'ouvre pas justement ? à d'autres hypothèses. Ça paraît insensé et pourtant, ça arrive souvent.
Alors, quelques autres hypothèses sont évoquées. Je veux être loyale totalement et transparente, je l'ai toujours été. D'autres hypothèses sont évoquées. 4, je crois, à l'époque, sous mémoire. Mais on ne va pas loin. C'est-à-dire qu'on sent très bien un directeur d'enquête qui est focus sur le petit ami. Et ces hypothèses-là, les autres, ne sont pas investiguées dans leur matérialité, notamment dans un protagoniste, dont je tirerai le nom parce que l'instruction est en cours actuellement.
qui détient des armes dans sa maison, les armes ne seront pas saisies, les armes ne feront pas l'objet de la moindre investigation. Ça vous montre que quoi, même si… on évoque potentiellement un autre protagoniste, on n'y va pas. Non, on n'y va pas. Et c'est vraiment ce qui se passe. Alors, on reparlera dans l'épisode 4 de ce protagoniste mystérieux dans le dossier qui est dans le dossier depuis le début. Juste avant d'aller sur ce terrain-là, après 2010...
dit, le dossier est clos. Mais vous, vous allez vous battre, notamment en alertant les médias pour ne pas que Paquita Parra tombe dans l'oubli. Vous voulez que l'on continue à chercher... Que se passe-t-il durant les quelques années qui suivent la clôture du dossier, mais avant 2017 ? Avant 2017, là, le dossier est abandonné par la justice. Et nous, on n'abandonne pas.
C'est-à-dire qu'on se dit « mais on ne va pas pouvoir abandonner ça, ce n'est pas possible » et on fait beaucoup de médias. Ce qui va amener à réceptionner l'avocat que je suis et la famille énormément de témoignages. énormément d'éléments qui vont me permettre d'écrire au procureur de la République de l'époque. Et je n'ai pas cessé de lui écrire, non pas pour l'ennuyer.
mais lui porter à la connaissance de tout ce que nous réceptionnons. C'est-à-dire qu'on réceptionne plein de choses à l'époque. Des lettres anonymes, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que vous réceptionnez ? Des lettres anonymes, des témoignages, des gens qui veulent parler. Il y a des gens même qui ne... viendront pas vers nous, mais iront à la gendarmerie parler de certaines choses qu'ils n'ont pas dites à l'époque, parce qu'on ne leur avait pas demandé. C'est là où tout d'un coup...
Eh bien, les choses changent d'orientation. Mais alors, quand un dossier est clos, qu'est-ce qui se passe ? Parce que vous recueillez des informations, mais il n'y a plus de dossier, il n'y a plus de magistrats qui sont... J'ai pris au procureur de la République qui, lui, ouvre ce qu'on appelle une enquête... c'est-à-dire qu'il ne peut pas ouvrir une nouvelle instruction parce qu'il n'a pas d'éléments suffisamment nouveaux pour pouvoir le faire. Les textes sont très clairs là-dessus.
il est quand même en capacité d'ordonner une enquête et il saisit des gendarmes pour enquêter sur les éléments que nous lui porterons. Et des éléments qui viendront aussi parce qu'on a fait eu des télés, on a de la radio. Les médias ont été merveilleux. Eux, les médias ne sont pas abandonnés. Et c'est ces éléments-là qui vont être portés à la connaissance.
des différents enquêteurs sous le contrôle du procureur de la République. Mais la difficulté, c'est que moi je n'ai pas accès à l'enquête, je n'ai accès qu'au procureur de la République. Et le procureur de la République va quand même diligenter des... On va dire une poursuite, très claire, une enquête préliminaire, tout en me disant, maître Maz, je ne suis pas dans la capacité de réouvrir un dossier parce que les éléments que vous m'apportez ne sont pas suffisants pour le faire.
Il faut un élément vraiment nouveau pour relancer l'enquête. C'est ce qu'on verra dans le prochain épisode, maître. Merci beaucoup. Je rappelle que vous êtes l'avocate de la famille Parra et bâtonnier du barreau de Bordeaux, maître Maz.
¶ Découverte de la Boîte Rose
prochain épisode. L'histoire aurait pu en rester là, un meurtre non élucidé comme malheureusement de nombreux autres, et une famille meurtrie. mais c'est sans compter un nouvel événement qui va entièrement relancer l'affaire. En 2017, soit 19 ans après le meurtre de Paghi Tapara, Un professeur de dessin décide d'emmener ses élèves en forêt pour trouver l'inspiration. Une des élèves va découvrir au pied d'un arbre une mystérieuse boîte rose à peine dissimulée sous un feuillage.
Un petit objet qui va permettre de relancer l'enquête et peut-être de retrouver le meurtrier de Paquita. Avant de poursuivre cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute. Si vous voulez continuer à nous soutenir, abonnez-vous à la chaîne Bababam Plus sur Apple Podcast. Cela vous permettra une écoute sans interruption. Ou bien écoutez ce message de notre partenaire sans qui ce podcast ne pourrait exister. Ne partez pas, je vous retrouve juste après.
Avril 2017. C'est une sortie originale que propose ce jour-là l'un des professeurs d'art plastique d'un lycée près d'Angoulême. Une virée dans les bois de puits moyens, histoire de dénicher des éléments insolites pour trouver l'inspiration. Chaque élève part avec en tête le souhait de découvrir un trésor. À peine dissimulée au pied d'un arbre, une adolescente tombe sur une boîte rose. Elle l'ouvre et à l'intérieur,
Elle découvre une série de cartes de fidélité, un porte-chéquier et un badge professionnel au nom de Francesca Parra. Mais elle n'en parle à personne et ramène la boîte chez elle, cachée sous son lit. Neuf mois se sont écoulés. Alors qu'elle entreprend un grand rangement dans la chambre de sa fille, la mère de l'adolescente découvre la boîte poussiéreuse abandonnée sous le lit. Elle s'empresse alors de faire des recherches sur Internet.
En tapant le nom indiqué sur les papiers, la mère de famille découvre l'impensable. Les documents dans ses mains sont ceux de Pakitapara, morte il y a 20 ans, ici, juste à côté de chez elle. La mère de famille dépose... immédiatement la petite boîte chez les gendarmes, l'affaire va connaître un nouveau souffle et la famille para reprendre espoir.
Il y a quelques mois, l'enquête rebondit de manière spectaculaire à moins de 2 km des lieux du drame. Au cours d'une sortie scolaire, une lycéenne découvre des objets qui ont appartenu à Paquita. Dans une boîte rose, Des cartes de fidélité, un badge professionnel et un porte-chèque. Les scientifiques sont formels. Cette boîte n'a pas passé 20 ans dans la nature. Elle a été déposée récemment.
Pour son frère, c'est un motif d'espoir, mais aussi de nouvelles interrogations. Pourquoi cet endroit ? Pourquoi si c'était l'auteur des faits ? qu'il n'a pas fait disparaître tout comme il a pu faire disparaître ou tenter de faire disparaître le corps de Paquita, c'est une énigme. Tous ces éléments matériels découverts dans la forêt sont désormais en cours d'analyse ADN. Dans la famille, l'espoir renaît enfin, particulièrement pour Carmen Parra, 86 ans, la mère de Paquita.
Quelques jours seulement après sa mort, elle a choisi de venir habiter ici, dans la maison de sa fille. Dans ce lieu transformé en sanctuaire, elle garde l'espoir de comprendre un jour ce qu'il s'est passé. De savoir la vérité. Parce qu'on est toujours pareil. On ne sait pas. On ne sait pas qu'est-ce qui s'est passé. On ne sait pas pourquoi. On ne sait pas s'il a souffert, s'il a eu peur. De savoir la vérité avant on est parti.
Dans la tombe. Le meurtrier rôde-t-il toujours dans le coin ? Et puis pourquoi avoir déposé cet objet ici, 20 ans après les faits ? Quelqu'un se sentait-il menacé ? Acculé ? Peut-être bien. Car juste avant la découverte de cette boîte, un nouveau procureur avait pris la décision de rouvrir le dossier Paquita Parra par le biais d'une enquête préliminaire. Ce qui veut dire de nouvelles auditions et des perquisitions à venir.
À présent, ce sont les gendarmes de la section de recherche de Poitiers qui vont tenter de répondre à toutes ces questions. Et ils vont commencer par analyser les ADN retrouvés sur la boîte. Il y en a trois. Celui de la jeune fille qui a découvert la boîte, celui de sa mère... Mais le troisième est inconnu. Le 18 juillet 2018, l'information judiciaire est rouverte. Un nouveau juge d'instruction est saisi. Et chose extrêmement rare, décidément ce dossier n'est pas comme les autres.
La justice va ordonner l'exhumation du corps de la victime pour analyser les restes du corps et tenter de découvrir à qui appartient l'ADN inconnu retrouvé sur la boîte rose.
¶ Exhumation Corps Analyse Forensique
4 septembre 2019, un peu avant 14h, devant le cimetière de Villebois-Lavalette. Le quartier est entièrement bouclé. Les journalistes sont nombreux. mais tenu à bonne distance par un important dispositif de sécurité. Quatre des frères de Paquita, accompagnés de leur avocate, avancent vers la tombe de leur petite sœur. Carmen, 87 ans, la mère de Paquita, trop âgée, n'a pas eu le courage de venir. Mais elle veut savoir pour pouvoir faire son deuil. Imaginez l'émotion que suscite un tel événement.
et le courage qu'il faut aux frères de Paquita, à ce moment-là, devant son cercueil déterré, 21 ans après sa mort. Quatre frères, unis autour de la tombe, 100 corps de Paquita para, Quelques instants après l'exhumation, difficile de retenir leurs émotions. Salvatore Parra, l'un des frères de Paquita. Le plus dur, ça a été tout à l'heure, avant de partir de la maison, ma mère est restée.
où elle a craqué, elle a repensé à ça, et c'est difficile de voir une mère qui craque. Ce n'est pas la première fois, mais là, au bout de 21 ans, il est temps que ça s'arrête. Plus d'une heure avant l'exhumation, le village est déjà quadrillé par les gendarmes. Impossible d'approcher le cimetière. Preuve que l'opération menée est délicate, mais surtout essentielle pour la résolution de cette affaire aux multiples rebondissements.
L'exhumation a été demandée par le juge d'instruction en charge de l'enquête après la découverte en août 2018 de plusieurs effets personnels de la victime. Après analyse... Un profil ADN suspect est identifié, mais la personne est inconnue des forces de l'ordre. Maître Christine Maz, avocate de la famille Parra. On attend beaucoup, on attend un travail sur l'ADN, on attend... On attend une manifestation importante sur le plan technique pour expliquer les causes du décès.
Le cercueil, très abîmé, est immédiatement transféré dans les locaux de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, l'IRCGN, à Ronis-sous-Bois, en région parisienne. Sur place, le corps de la jeune femme... est autopsié. Il est d'abord passé au scanner pour tenter de retrouver des indices sur les os. Comment a-t-elle été tuée ? Lui a-t-on tiré dessus ? Lui a-t-on fracturé le crâne ? Bien que le corps soit calciné, grâce aux nouvelles technologies,
Des éléments nouveaux peuvent apparaître. Et puis, il y a un nouveau logiciel qui a fait son apparition. C'est Anacrim, une révolution pour les enquêtes criminelles. Anacrim permet de faire des schémas relationnels et des chronologies. même avec de très nombreuses personnes interrogées dans un dossier. Il permet donc de recouper toutes les informations et vérifier qu'aucune hypothèse n'a été laissée de côté. Pendant ce temps, des témoins sont à nouveau entendus.
La famille de Paquita aussi. Parmi elle, il y a David, l'un de ses frères. Cela fait des années que David a perdu le sommeil et dans ses nuits agitées, il a réfléchi longuement. Il a aussi lu le dossier des centaines de fois. Les cotes, il les connaît par cœur et il s'est fait une opinion. Pour lui, c'est sûr, il s'agit d'un crime crapuleux et les noms des criminels sont dans le dossier.
Rappelez-vous, depuis le début, les frères de Paquita sont persuadés que les chèques volés ont un lien avec la mort de leur sœur. Le 3 janvier 2020, c'est une journée froide d'hiver, de celle où le ciel ne se lève jamais. Au cimetière de Villebois-la-Valette, le cercueil de Paqueta retourne sous terre. Entouré des hommes de la gendarmerie,
Les frères de Paquita assistent une deuxième fois à l'enterrement de leur petite sœur. Là encore, Carmen ne se déplacera pas, préférant rester à la maison, enfin chez sa fille. chez qui elle habite depuis sa mort, entourée des photos jaunies de Paquita qui posent sourire aux lèvres, ultime souvenir du visage rayonnant de la jeune femme.
Côté enquête, les recherches se poursuivent. Et comme il y a 20 ans, les gendarmes lancent un nouvel appel à témoins. Toute personne qui aurait des informations est la bienvenue. La stratégie est payante. Une lettre signée d'un ancien directeur de banque affirme que l'un de ses clients, au moment des faits, lui a affirmé connaître l'assassin. Quant à Anakrim, il permet également de faire avancer l'enquête. Se rapprocherait-on ?
enfin de la vérité. La famille Para va-t-elle enfin découvrir le visage de celui qui a tué Paquita ? Maître Christine Maz, vous êtes toujours avec moi, vous êtes l'avocate de la famille Parra. La découverte de la boîte rose dans les bois, déposée peu de temps avant, on le sait, puisque la qualité des documents à l'intérieur l'atteste, va permettre à l'enquête de repartir, selon vous, maître.
Que cherche à dire celui qui a déposé cette boîte dans les bois ? Vous l'avez compris, ce dossier se ferme en 2010. Une enquête préliminaire est en cours, sous les éléments que nous pouvons confier, qui sont recueillis par des personnes. grâce aux médias. Et puis tout d'un coup, la découverte miraculeuse de cette boîte, de ces éléments. Alors, il n'y a pas qu'une boîte, il y a d'autres éléments à côté. Un vêtement. Oui, un vêtement.
Et puis, ces documents qui vont être trouvés par une jeune fille. Et c'est ces éléments-là, découverts dans un état très correct. qui laissent penser qu'ils avaient été cachés quelque part, qui permettent de dire que le procureur de la République, qui va nous convoquer, qui va vous dire « je vous ai dit que ».
J'ai réouvert l'affaire de Paquita à l'instruction. C'est un moment incroyable. À ce moment-là, je dis, mais le dossier a parlé. C'est évident que quelqu'un est venu les mettre, les cacher. Il y a deux éléments qui m'interpellent. Premiers éléments, on cache ces documents dans un bois ou dans un endroit, pas au fond d'un bois, dans un endroit quand même accessible aux piétons.
Et on ne les cache pas de manière totale, on les dissimule un peu, ce qui laisse cette jeune fille pouvoir les trouver. Deuxième point, mais quand même, ces documents n'ont jamais été détruits. Et ça pour moi, c'est…
C'est une vraie question. Est-ce que, d'après vous, c'est un proche du meurtrier ? Est-ce que vous avez une hypothèse là-dessus ? D'abord, le dossier parle, donc l'enquête préliminaire a dû... a dû permettre à la personne qui a caché ces documents de vite les cacher, peut-être en s'inquiétant d'une éventuelle perquisition.
Et deuxièmement, on a souvent des documents appartenant à des victimes qui sont gardés. Alors, quelqu'un qui avait un lien peut-être plus proche avec la victime et qui n'a pas pu s'en défaire, c'est une vraie question. pour nous ça. Et c'est une question qui n'est pas élucidée à ce jour.
Dans cette boîte, il y a trois ADN qui sont retrouvés. Celui de la fille qui a retrouvé cette boîte, justement, de sa maman. Et il y a un autre ADN inconnu. Est-ce que les enquêteurs ont découvert à qui appartenait ce dernier ADN ? À ce jour, nous n'avons pas de découverte identifiée d'un ADN. C'est compliqué l'ADN parce que ces documents avaient été...
beaucoup touchés par la famille, les professeurs. On est quand même dans les comparaisons d'ADN sur des éventuels protagonistes du dossier. Pour l'instant, l'enquête ne dit rien. Voilà. Fait rare, la juge d'instruction prend la décision de faire exhumer le corps de Paquita. À ce moment, quelle est la réaction de vos clients ? Est-ce qu'ils reprennent espoir ? Et vous-même, maître ? Le moment de l'exhumation, c'est quelque chose de difficile parce que ça montre quand même la carence de l'enquête.
en se disant mais on a peut-être loupé quelque chose il y a peut-être et je le dis moi d'ailleurs à l'époque au juge d'instruction de l'époque en disant mais on n'a jamais été voir s'il y avait une balle si on ne peut pas trouver un un élément matériel qui permettrait de dire qu'il y a eu un coup de couteau tout ça et à l'époque on prend la décision de ça ?
On en parle, je pense que le juge d'instruction est convaincu qu'il faut quand même reprendre ça. Et il a bien fait, vraiment. On le regrette, c'est un moment terrible, l'exhumation du corps de Paquita. Je crois que là... Là, vraiment, la maman, les frères, ont vécu une douleur immense, vraiment. Mais dans le cadre de la nécessité de l'enquête, ils y sont favorables, ils veulent vraiment avancer. Et est-ce que le corps parle ?
Le corps ne parle pas. Les investigations qui ont été faites n'ont amené aucun élément pouvant être exploité à ce jour.
¶ Enquête Actuelle Fardeau Famille
Alors j'avance un petit peu dans cette histoire aux multiples rebondissements. La famille de Paquita et vous-même êtes persuadé que la mort de Paquita est liée au chèque-volet et au grand banditisme. Pourquoi maître ? Les éléments d'enquête sur lesquels je me tairai aujourd'hui au regard des obligations qui sont les miennes et puis aussi au regard de la nécessité d'une enquête qui doit se faire.
dans les meilleures conditions possibles pour ne pas lui nuire à cette enquête. Aujourd'hui, se posent des orientations d'enquête qui n'ont jamais été investiguées jusqu'alors. Et c'est vrai que lorsqu'on regarde l'acte monstrueux de détruire par les flammes un corps dans une voiture,
On ne peut pas évoquer des actes liés aux grands banditimes. Ça ne veut pas dire que dans cette orientation, ça soit... ça qui résonne et puis les investigations aujourd'hui en cours sont en cours donc il est hors de question pour moi d'évoquer tout ça donc c'est la raison pour laquelle aujourd'hui Ce dossier qui amène des ouvertures d'investigation importantes est en capacité de se poser véritablement cette question. Je n'en dirai pas plus.
Avant de poursuivre cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute. Si vous voulez continuer à nous soutenir, abonnez-vous à la chaîne Bababam Plus sur Apple Podcast. Cela vous permettra une écoute sans interruption. Ou bien écoutez ce message de notre partenaire sans qui ce podcast ne pourrait exister. Ne partez pas, je vous retrouve juste après.
Près d'un quart de siècle, après la mort de Paquita et une enquête aux multiples rebondissements, l'avocate de la famille Parra, maître Christine Maze, en est sûre, la découverte de la vérité n'a jamais été aussi prête. Les cinq frères et la maman de Paquita vivent dans...
l'attente depuis près de 25 ans et ils n'ont pourtant jamais baissé les bras. Ils veulent la vérité après tant de mauvaises pistes, d'erreurs, de procédures et de temps perdu. David Parra est l'un des frères de Paquita. David Parra Bonjour et merci d'avoir accepté mon invitation.
Alors je précise pour les auditeurs que David est en ligne au téléphone. Donc on s'excuse par avance du son qui pourrait être un petit peu gênant. Mais le plus important, c'est que David soit là. David, j'ai une question toute simple. allez-vous et comment va votre famille aujourd'hui, 25 ans après la disparition de votre petite sœur ? Eh bien, on survit. On va très mal.
Moi, personnellement, je vais très mal. Effectivement, 23 ans après ce drame effroyable, il est difficile de reprendre un équilibre normal dans une vie où on est... incompréhension et un total mystère. Je pense que mes frères, ma mère est malheureusement malade, vivent très mal également cette situation.
Vous avez tout connu dans cette affaire, David. L'angoisse, les doutes, le sentiment que la vérité se rapproche. Justement, comment on tient ? Vous dites que vous allez mal, que vos frères vont mal. Mais qu'est-ce qui fait tenir ? Eh bien, ce qui fait tenir, c'est souvent la question que je me pose, vous savez, c'est qu'il nous reste notre mère et qu'elle a toujours voulu connaître la vérité avant de partir. Le temps, malheureusement...
Comment ça nous échappe ? Et pour notre sœur qui n'a jamais fait de mal à personne, une femme, une fille d'une gentillesse. Et puis voilà, on n'a jamais connu la violence dans notre famille. Dans notre entourage, un jour on vous donne le nom d'un pseudo criminel, ensuite un suspect, ensuite on revient en arrière, ensuite il y a des erreurs, et puis on apprend un domaine qu'on ne connaît pas du tout, parce que ce n'est pas du tout notre métier.
du tout notre domaine, le cœur de la justice et ce qui se passe dans la justice, malgré le fait que ce soit des hommes, mais bien sérieux. de sérieux problèmes dans les procédures judiciaires. On a eu de cesse de le dire. J'avoue que je ne veux pas dire qu'on joue de malchance. Mais ça continue encore. que les derniers temps avant sa mort, elle n'était quand même pas comme d'habitude. Elle semblait avoir peur. Comment ça se manifestait ?
Dans le sens propre du terme, elle était extrêmement soucieuse et n'avait plus le sourire tel qu'elle l'avait auparavant. Et ça, on l'a ressenti dans l'été avant sa mort. Et donc elle était soucieuse systématiquement. J'ai posé cette question à Maître Maz. Je vous pose la question. En juin 2021, quatre hommes ont été interpellés, placés en garde à vue pour des vérifications d'emploi du temps. Quatre hommes relâchés.
Qui sont ces quatre hommes ? Est-ce que vous les connaissez ? Oui, les trois personnes, il n'y a pas que deux ans. Dans les quatre personnes, les trois personnes dont je ne citerai pas le nom. Près de 25 ans après la mort de votre petite sœur, Vous, le frère, l'un des frères, vous êtes placé en garde à vue. Pour quelles raisons ? Je l'avais de 16, comme on l'a toujours fait, depuis 23 ans.
de rencontrer les enquêteurs qui se sont tous succédés, les sections de recherche, les étudiants de recherche, les juges, toutes les magistrates, tout ce qui constitue une enquête criminelle. J'ai eu un appel en disant, écoutez, il n'y a pas de problème, on peut vous rencontrer. Je peux venir au bureau de la section de recherche. Non, non, non, pas du tout. C'est plus facile pour nous.
Et puis, quand je suis arrivé, on m'a dit, de ce moment-là, vous vous êtes passé en garde à vue. Mais comment vous avez réagi ? Je ne supporte pas du tout cette situation d'avoir été mise en garde à vue pour le meurtre de ma soeur. Je ne supporte pas. Je ne supporterai jamais d'ailleurs. Alors que je ne veux pas craquer, je ne veux strictement pas craquer, ne serait-ce que pour ma mère et pour ma soeur.
ma soeur en premier. Je n'ai pas craqué car je n'ai rien à cacher. Bien au contraire, puisque j'ai pu tout dire. J'ai fait l'objet d'une confrontation. Des choses que je ne connaissais pas. Ce n'est pas inintéressant, je veux dire, sur le fond. Mais le problème, c'est dans les conséquences psychologiques. Parce qu'être mis en garde à vue pour le mettre dans sa sœur. Moi, j'étais celui qui a le... qui était le plus proche de Petit A, et au moins tout a été détruit autour de moi.
plus de travail, plus rien, et de me retrouver en garde à vue en plus, alors que je n'ai eu de cesse là aussi, de faire la recherche de la manifestation de la vérité, d'aider les enquêteurs, d'être sollicité, de toujours répondre. Donc oui, l'affaire de Paquita, c'est ça. La justice, c'est ça. Comment a réagi votre famille quand vous avez été placée en garde à vous ? Elle a fait bloc.
C'est-à-dire que de suite, mes frères des quatre coins de la France sont venus, on m'ont soutenu, à aucun moment il n'y a eu des doutes de quoi que ce soit, puisque de toute façon, on a été toujours tous transparents. J'ai été également perquisitionné chez ma mère. Ma mère a été perquisitionnée. On l'a déplacée pour éviter quand même. D'ailleurs, les gendarmes ont été de ce côté-là très compréhensifs.
de m'amener avec les menottes chez ma mère. Et puis ma mère n'était pas là. Donc non, on a fait bloc. La famille, de toute façon, on a voté une famille unie. C'est la raison pour laquelle on souffre.
¶ Justice Délai Espoir Pôle Cold Case
Est-ce que vous gardez foi en la justice après tout ça ? La foi en la justice, oui, la justice des hommes, j'y crois. Le problème, c'est que notre dossier rentre dans les... Belle statistique dont mérite la réforme de la justice, c'est-à-dire qu'on est dans les statistiques, encore une fois, 23 ans, 5 magistrats instructeurs, 5 procureurs, 4 protagonistes.
La locière est aussi lourde, relayée, avec... Il n'y a pas que l'affaire de Bequita, il y a malheureusement plein de meurtres, il y a tous les faits communs. Et en quatre ans, je trouve ça... C'est la raison pour laquelle, encore une fois, nous avons écrit au procureur pour que notre dossier puisse être instruit.
Enfin, un pôle de juridiction à Nanterre, au 1er mars, sauf que ça nous a été refusé, et qu'on va se retrouver sans doute dans deux ans encore avec un nouveau juge d'instruction. C'est extrêmement... des dossiers de plus de 3000 ou 4000 codes à lire un dossier criminel. Un professionnel, c'est déjà dur puisqu'effectivement il y en a d'autres.
profane en la matière, je peux vous dire qu'un dossier criminel, ça ne peut pas se digérer en trois ans, quatre ans, d'autant plus avec l'évolution des pièces et des enquêtes criminels. Donc on perd du temps. Ah oui, ah bah oui. le temps est perdu. Cette boîte dont tu as parlé, Maître Maz, tout à l'heure, a été un levier, ce qui nous a un petit coup d'aide pour que la justice ne nous oublie pas.
23 ans après la mort de Paqueta, peut-on encore espérer la résolution de l'énigme ? Pensez-vous, David, qu'on peut rattraper le temps perdu et ce qu'on a appelé un fiasco judiciaire ? La réponse est très difficile. C'est difficile à vous la donner, puisque dans l'évolution, du moins dans la pratique actuelle des procédures, hormis effectivement cette nouvelle juridiction sur les cold cases,
dossier évoluera tel qu'il a évolué depuis le début, depuis la découverte du corps de ma sœur, non, je n'y crois pas du tout. À moins qu'il soit orienté, encore une fois, avec des cellules... des cellules spécialisées, puisqu'il en existe. Mais aujourd'hui, en restant comme...
comme on reste, avec une juridiction angoumoisine, où la juge partira, parce que c'est logique, angoulême, personne n'y reste, comme dans beaucoup de départements. Non, c'est usant. Puis il faut se mettre à la place aussi des magistrats, prendre un dossier aussi. avec des heures de procédure, avec des fiascos, donc 23 ans après tout, vous savez. Dans l'état actuel, des choses et du dossier d'instruction, je n'ai aucun espoir. Sauf si effectivement, eh bien...
encore une fois, il existe depuis le 1er mars une cellule qui est faite pour des dossiers comme ceux-là. Avis à la cellule. En tout cas, moi j'en profite pour ne pas rester sur cette note si pessimiste que l'on peut comprendre après 23 ans. de procédure. Si, auditeur, vous avez la moindre information, n'hésitez pas à contacter maître Christine Maz pour envoyer une information qui peut...
encore aujourd'hui n'aurait pas été donnée ou la gendarmerie. David Parra, vous êtes l'un des frères de Paquita Parra. Je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions. Merci. C'est la fin de cette 16e saison de Homicide. Merci, chers auditeurs, de l'avoir suivi. Si vous voulez réagir à cette affaire, à ce podcast, j'attends vos étoiles et vos réactions sur vos applis de podcast préférés.