1 - Récits - podcast episode cover

1 - Récits

Nov 11, 202014 min
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Summary

Dans cet épisode, David partage le récit poignant de ses premières journées en prison. Il décrit la désorientation, l'apprentissage des codes non dits entre détenus et la hiérarchie basée sur les délits, particulièrement hostile envers les auteurs d'infractions sexuelles. Il évoque la routine quotidienne, l'épreuve de la douche collective, le besoin d'inventer une histoire pour se protéger, les pensées constantes pour ses enfants, et un premier contact déconcertant avec la psychiatrie, marquant le début d'un long chemin vers la compréhension de ses actes.

Episode description

« Il ne faut absolument pas que tu dises pourquoi t’es là. »


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Transcript

on est dans le jardin et puis on essaye de faire voler un cerf-volant Il me regarde avec un air très attentif. dans le jardin, je me retourne et je pelote de Phil Jardin Il y a la maman qui rentre et qui voit. Amor. J'ai dormi comme si j'étais chez moi. Et quand j'ai ouvert les yeux je savais pas où j'étais. J'écoute, je regarde, j'observe. Mon lieu de vie à partir de maintenant. J'écoute les autres respirer sans endormir. J'entends des voitures passer.

Entre deux grilles de détenus, je remarque qu'à l'extérieur il y a une lampe qui est claire. Ce qui semble être la cour de la prison. Il y a des barreaux. Et au-dessus des barreaux, il y a du grillage. Ce qui me choque parce que je me dis que jamais je verrai le ciel à travers ces barreaux et ce grillage. Jusqu'à ce que j'entende les deux se bagarrer, se pousser, se bousculer dans la cellule.

Je laisse passer l'altercation et ensuite je descends de ma couchette. Et c'est à ce moment-là qu'il me regarde, qu'il voit que je suis là. Et il me demande qui je suis, comment je m'appelle et ce que je fais là. Je m'appelle David et j'ai 50 ans. Et c'est là où je leur explique pourquoi j'ai été... Et tout de suite, ils m'ont dit, mais il ne faut absolument pas que tu lisses pourquoi tu es là. Il faut que tu inventes une histoire.

À ce moment-là, je ne comprends pas pourquoi ils me disent d'inventer une histoire puisque ce qui s'est passé a été inscrit dans mon histoire et c'est la vérité. Et ils me disent qu'en fait, à partir du moment où on rentre en prison, on est jugé par les autres détenus, et les autres détenus en fonction de ce que tu as fait, de la raison qui t'emmène en prison. je te juge une nouvelle fois soit comme étant quelqu'un ou de très bien si tu as fait des actes de braquage

de vente de drogue ou de ce genre de choses, encore qu'il y a un type de drogue qui est mal vu, mais globalement c'est quand même plutôt bien vu. Mais à partir du moment Ou tu es là pour une histoire de mœurs. Que ce soit viol, inceste, attouchement ou autre. tu es considéré comme étant l'alli donc à partir de ce moment là les autres détenus se défoulent sur toi en général et se servent de toi comme punching ball est-ce que tu sais

Pour combien de temps t'es là, en prison ? Je suis incarcéré de manière préventive, donc je n'en sais absolument rien. Ça peut être 6 mois, 1 an, 2 ans, 3 ans, je sais pas. Très vite, le quotidien reprend le dessus. Le surveillant ouvre le matin. pour le petit déjeuner apporter la boisson chaude à midi pour il rouvre la cellule pour apporter le repas du midi ensuite la promenade de l'après-midi et ensuite le repas du soir donc il y a ces quatre

les événements de la journée qui arrivent. Ensuite, il y a les douches. Alors la première douche, j'entends les portes qui s'ouvrent et le surveillant qui fait glisser les clés dans chacune des cellules qui l'ouvrent pour aller à la douche. arrive la porte de notre cellule donc on est prêts tous les trois pour aller à la douche On sort, on fait un pas à l'extérieur de la cellule et tous les détenus se regardent. On est en slip t-shirt, serviette sur l'épaule et le savon à la main.

Et les regards ne sont pas des regards de tendresse, de gentillesse et d'amitié. L'effet est assez sombre dans le couloir. Il y a une petite lampe qui éclaire, mais une lampe triste, une lampe jaune. Ensuite, on se met à fil indienne et on va vers les douches. Jusque-là, tout va bien, le surveillant est là, il y a d'autres surveillants qui observent la scène. Et ensuite, on rentre dans les douches.

Là le surveillant attend qu'on soit en face chacun de notre douche. On rentre chacun dans notre douche, ensuite il ferme la porte et il s'en va. mais en gros j'étais dos à la douche et face à l'entrée pour être prêt si jamais des gens rentraient dans ma douche donc j'étais vraiment le savon à la main prêt à frapper en cas de besoin et j'avais Je crois que je ne me suis quasiment pas savonné d'ailleurs.

J'étais mouillé, l'eau était froide. Le soir viandis annonce la fin de la douche. C'est le grand soulagement puisqu'il est là, il observe la scène. Donc chacun sort de la douche. Ça dure 7 minutes environ. Mais quoi qu'il en soit, après je finis. dit très vite par me laver aux gormes toilettes dans ma cellule. Amén. Ça t'arrive souvent de penser dans ta cellule à tes enfants ? Mes enfants sont tout le temps présents, en permanence. C'est toujours sous forme de rêve ?

plutôt sous forme de sensations, c'est-à-dire que c'est comme s'ils étaient à l'intérieur de moi, au niveau du plexus, et ça me sert très fort, et après ça part au niveau du ventre, et ça me tord le ventre en deux, comme si mon estomac faisait des bruits. Et après, ça remonte au niveau de la gorge et ça me sert la gorge très fort. Et lorsque je suis avec eux, c'est dans mes rêves. Et quand j'arrive à me souvenir de mes rêves.

Il faut que je me trouve une histoire qui tienne la route et le problème c'est que je ne sais pas mentir. Là il me demande de raconter mon histoire à les yeux dans les yeux, je suis un foutu capable de le faire. À une certaine heure de la journée, il y a ce qu'on appelle la promenade. On va dans une cour dans laquelle il y a les autres détenus. Et c'est là où, réellement, c'est le saut dans le lac à crocodile. Et c'est là où...

Je vois quelqu'un qui avait l'air assez sympa. C'est un petit Mexicain plutôt très costaud avec des très grandes mains. Je me rapproche et on discute ensemble. Ils me demandent pourquoi je suis là. Alors je lui explique que j'avais organisé une soirée avec des amis.

Et qu'on devait passer tout le week-end ensemble. Et que chacun apportait un petit peu des chichons, de quoi fumer pendant le week-end. Donc il y avait quand même un beau stock de hashish ou de marijuana. Je ne connais pas trop la différence entre les deux. Donc j'étais un peu enverdé. Bref, il y avait un beau stock.

Et puis, pendant la soirée, on a fait certainement trop de bruit et la police arrive et sent l'odeur du hashish, rentre, fouille et trouve tous les stocks qu'on avait pour tenir le week-end. Et là, j'ai dit que c'était tout à moi pour prendre sur moi, en fait. Et que mes amis ne soient pas embêtés. Et que c'est pour ça que j'étais là.

Il m'écoute, il me regarde avec un grand sourire, il me dit, mais tu fumes toi, t'es un drogue toi, un peu surpris, puisque j'ai pas du tout la tête de l'emploi. Et je lui dis, oui, oui, de temps en temps c'est assez rare, mais comme j'avais plusieurs amis qui fumaient, on a...

j'avais décidé de s'organiser une soirée dans laquelle on avait chacun apporté des choses et on devait rester tout le week-end dans mon appartement chez moi et c'est pour ça qu'il y avait autant de stocks et que la police a jugé bon de m'incarcérer pour cette détention Et te crois ? En fait, je n'en sais rien si il me croit ou pas. Et je me suis dit que l'histoire était passée.

Il faut savoir que la grande crainte et la grande peur des autres détenus, c'est qu'il y ait un policier infiltré qui vienne démanteler des réseaux de drogue à l'intérieur de la prison. Donc ils essayent impérativement de savoir pourquoi tu es là, pour eux c'est vital.

Ça pousse à la paranoïa parce que tu peux te prendre effectivement des coups de n'importe qui. Ça pousse aussi à la schizophrénie parce que tu t'inventes des histoires et tu as intérêt à bien y croire pour que l'autre y croie. Donc c'est très destructeur. Il y a un suivi en prison en fait ? Par rapport à ce pour quoi tu es accusé ? En prison, il faut que tu fasses la demande pour avoir des soins. Si tu fais pas la demande, t'as pas de soins.

Dès que je suis entré en prison, j'ai tout de suite voulu creuser le sujet et réellement comprendre d'où venait le mal qui m'avait conduit à porter atteinte à ma fille et à faire des attouchements à ma fille. C'est la deuxième semaine après mon incarcération. On est mardi et il est 17h j'ai rendez-vous pour la première fois avec le psychiatre. Je rentre, je vois un monsieur très en chair, assez gros.

qui m'attend assis et qui ne me regarde pas. Je reste debout devant la chaise, il me dit « asseyez-vous ». Je m'assois et là il me regarde et il me dit « alors on aime les petites filles comme ça ». Et je lui dis pardon, vous pouvez répéter ce que vous venez de dire, je suis pas sûr d'avoir bien entendu. Et là il me dit, allez, tu peux me le dire à moi, tu aimes les petites filles ? Et là, je me dis mais c'est un sketch, c'est pas possible. Je me dis mais...

Certainement qu'il fait de l'humour, ou c'est un mauvais humour, certes, mais ça doit être de l'humour. Je ne comprends pas ce qu'il me dit. Je me dis, mais je ne vais quand même pas être soigné par un gars qui me dit ça. Je n'ai jamais été atterré par d'autres filles que par ma fille à ce moment-là, au moment de mes trois passages à l'acte. Et ce gars-là me dit ça, mais je me dis, mais on est où ?

Je lui dis, ben non, je ne suis pas d'accord avec vous. Donc non, a priori, je ne suis pas attiré. Et là, je comprends qu'il est sérieux, qu'il pense sérieusement que je suis attiré par les petites filles. Et je me dis... Oulala, si je suis soigné par un gars comme ça et que toutes les séances se déroulent comme ça, et bah c'est pas gagné. Est-ce qu'à ce moment-là tu te dis que finalement ton chemin... vers la prise de conscience, les soins. Il va se faire tout seul, que toi, avec toi.

À ce moment-là, je me dis que ça va être long, très long. Je me dis que ça va être dur parce que j'ai conscience à ce moment-là. que je n'ai pas encore touché du doigt le vrai sujet, le vrai problème, le côté sombre, mon côté sombre. I gotta do, do, do, do how I am. A suivre. L'écrit est une série documentaire imaginée et réalisée par moi, Alexandre Moniol. Musique originale et mixage, Charles Cilia. Une production Atelier Frisson. you

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