Argentine : que devient le pays sous la tronçonneuse de Javier Milei ? - podcast episode cover

Argentine : que devient le pays sous la tronçonneuse de Javier Milei ?

Mar 03, 202522 min
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Summary

This episode analyzes Javier Milei's first year as Argentina's president, focusing on his radical austerity measures, their impact on inflation and poverty, and his broader cultural and international agenda. It examines the initial successes in curbing inflation, the sharp rise in poverty, and the dismantling of public services. The episode further explores Milei's culture war against progressivism, the social mobilization against his policies, and his alignment with international conservative figures like Donald Trump, highlighting his vision for a global conservative alliance.

Episode description

« L’Argentine est devenue un exemple mondial (…) d’une nouvelle manière de faire de la politique », s’est félicité Javier Milei lors de son discours remarqué au Forum économique de Davos, le 23 janvier 2025. Un peu plus d’un an après sa prise de pouvoir, le président argentin a tenu ses promesses : les dépenses publiques ont baissé de 30 %, la moitié des ministères ont été supprimés tout comme environ 36 000 postes de fonctionnaires.

L’inflation, le cauchemar des Argentins depuis des années, a été ramenée autour de 3 %. Mais à quel prix ? La tronçonneuse de l’austérité a provoqué un bond en avant de la pauvreté et une détérioration des services publics, notamment dans le domaine de la santé.

Pourtant, Javier Milei fait désormais office de modèle et inspire l’extrême droite internationale. Une satisfaction pour le président qui souhaite développer ses relations et organiser une « internationale de la droite » conservatrice aux côtés de Donald Trump, Elon Musk, Georgia Meloni et Benyamin Nétanyahou, qui « permettra d’affronter les gauchistes, de les vaincre sur tous les fronts et de mettre fin aux ordures du socialisme ».

Quel bilan peut-on faire de la première année au pouvoir de Javier Milei ? Quelles conséquences pour le peuple argentin ? Flora Genoux, correspondante du Monde à Buenos Aires, nous l’explique dans cet épisode du podcast « L’Heure du Monde ».

Un épisode de Garance Muñoz. Musiques et réalisation : Amandine Robillard. Présentation et rédaction en chef : Jean-Guillaume Santi. Dans cet épisode : extraits de discours de Javier Milei à Buenos Aires le 5 décembre 2024, et à Davos le 23 janvier 2025 ; d’une manifestation à Buenos Aires, le 2 février 2025 ; d’un reportage de l’AFP à Buenos Aires, 13 février 2025.

Cet épisode a été publié le 3 mars 2025.

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Transcript

Bonjour à toutes et à tous, je m'appelle Jean-Guillaume Santi et il est l'heure du monde. aujourd'hui. À quoi ressemble l'Argentine depuis le passage à la tronçonneuse de son président, Ravier Milei ? Depuis plus d'un an, l'outsider politique libertarien, que certains surnomment El Loco, le fou, a pris les rênes du pays. est là, brutalement transformé.

D'abord par ses coupes sans ménagement dans la dépense publique au nom de la lutte contre l'inflation, puis par la bataille culturelle contre un prétendu wokisme. Soutien infatigable de Donald Trump et Elon Musk, le président argentin s'est fait désormais. mais une place de choix au sein de cette nouvelle internationale réactionnaire qui se dessine. Mais sa promesse de redresser le pays est-elle tenue ? Comment le président a-t-il réussi à faire baisser l'inflation qui gangrénait l'Argentine ?

à quel prix ? Pour répondre à toutes ces questions, j'appelle Flora Genoux, correspondante du Monde, à Buenos Aires. À quoi ressemble l'Argentine de Ravier Milei ? Un épisode de Garance Munoz, réalisation Amandine Robillard. Bonjour Flora. Bonjour Jean-Guillaume.

Alors Flora, Ravier Milei avait remporté haut la main l'élection en Argentine le 19 novembre 2023. On avait consacré d'ailleurs un épisode de l'heure du monde à cette personnalité, à cette époque. Cet économiste d'extrême droite... se qualifie lui-même d'anarco-capitalistes, avait été élu sur sa promesse de transformer l'économie du pays et de mettre fin à l'inflation qui empoisonnait le quotidien des Argentins grâce à un programme radical de réduction de l'économie.

les dépenses de l'État. Alors, un an et quelques mois plus tard, qu'est-ce qu'il a réussi à mettre en place ? C'est quoi son bilan ? Alors, l'axe de son projet, c'était en effet de couper drastiquement dans les dépenses de l'État, la tronçonneuse, donc c'est son symbole anti-dépense publique, ce qu'il a fait. Quelques 36 000 postes de fonctionnaires ont été supprimés et la moitié des ministères ont été supprimés aussi. Il y en a désormais neuf. L'éducation...

Et le travail, par exemple, font partie d'un grand ministère dit du capital humain. Le ministère des femmes, des genres et de la diversité a été supprimé et le gouvernement s'est resserré globalement autour des ministères régaliens, défense, justice. finance intérieure, mais aussi santé, commerce international, infrastructure.

Au total, les dépenses publiques, elles ont baissé de 30% et il s'agit d'une austérité radicale. Et ce n'est pas terminé parce que Javier Millet, il a assuré lors de son discours célébrant sa première année au pouvoir qu'il allait dégainer la tronçonneuse. Et cette austérité radicale, comme tu viens de nous l'expliquer, est-ce qu'elle a permis la diminution ou du moins le ralentissement de cette inflation qui a gangréné l'économie argentine ?

L'inflation atteignait près de 13% en novembre 2023 et environ le double. un mois plus tard, ce qui est énorme. Progressivement, Javier Millet l'a ramenée autour de 3% et elle s'élevait à 2,2% au mois de janvier 2025. ce qui est son niveau le plus bas depuis quatre ans et demi. Et on parle bien d'inflation mensuelle, parce que l'inflation sur un an, elle s'est levée à plus de 84 %.

au mois de janvier. Et la baisse drastique des dépenses publiques, oui, elle aide à faire baisser l'inflation parce qu'il n'y a plus besoin. de faire tourner la planche à billets pour financer un certain nombre de politiques publiques. L'autre élément qui aide à endiguer l'inflation, c'est le taux de change qui est fixé par l'État. Alors c'est un peu technique, mais actuellement la politique d'une monnaie... c'est-à-dire d'un peso fort face au dollar, permet d'éviter une envolée des prix.

Et l'autre facteur qui explique la baisse de l'inflation, c'est la consommation des Argentins qui en est replie. Et ça aussi, c'est un effet direct de cette discipline budgétaire à marge forcée. L'inflation étant, au moment de son élection, le problème majeur des Argentins, est-ce que, du point de vue d'un habitant lambda, on peut se dire que les promesses de Ravier Millet sont tenues ? Est-ce que c'est une réussite à ce niveau-là ? Oui, pour Ravier Millet, c'est une réussite.

Pour l'instant, c'est une réussite pour lui parce qu'il tient sa promesse de la discipline budgétaire. Pour rappel, le gouvernement dégage un excédent budgétaire en 2024 et ça, c'est une première. Depuis 2011. Et surtout, il tient sa promesse de la lutte contre l'inflation. Et ça, c'est tangible au quotidien parce que les Argentins, ils vont faire leurs courses. Ils savent à peu près à quel prix s'attendre. Et ça, après des mois d'inflation galopante, c'est très rassurant.

explique en grande partie son image positive autour de 50% selon les sondages. Alors je dis pour l'instant une réussite pour lui, parce qu'il faut voir si cette inflation est contrôlée dans la durée et comment se comporte le reste de l'économie aussi en matière de création d'emplois. au niveau des salaires, de baisse de la pauvreté. Il faut voir aussi si le climat social reste calme, comme c'est plutôt le cas actuellement.

Et alors Flora, je me souviens à l'époque qu'une de ses propositions fortes et controversées d'ailleurs, c'était de renoncer au peso pour que l'Argentine adopte le dollar américain comme monnaie. Est-ce qu'il y est parvenu ? Oui, alors cette proposition, elle a été totalement laissée de côté. Le remplacement du Pesso par le dollar et son corollaire, la suppression de la Banque centrale, ce n'est plus d'actualité pour l'instant.

Ça, et aussi la fin du contrôle d'échange, c'est-à-dire les restrictions monétaires. Alors, il assure qu'il va lever les restrictions monétaires en fin d'année, en 2025. Mais alors Flora, même si le rythme de l'inflation a réellement diminué, les coupes budgétaires n'ont pas été sans conséquences sur la population argentine. Est-ce que derrière le discours satisfait de Milley, l'autre côté du mirou...

voire en quelque sorte cache une part plus sombre. Oui, alors au premier semestre 2024, la pauvreté a fait un bond en avant de 12 points et elle a affecté plus de la moitié de la population. Et ça, c'est du jamais vu en 20 ans. Différentes enquêtes montrent que la pauvreté est ensuite reculée au deuxième semestre 2024, ce qui est assez logique vu que l'inflation s'est tassée.

Mais il faut manier ces indicateurs macroéconomiques avec beaucoup de prudence, parce que ce n'est pas parce que d'un point de vue statistique, la pauvreté recule, que les conditions de vie des foyers s'améliorent vraiment. Il y a toute une partie de la classe moyenne en Argentine qui est très fragile. et qui oscille entre la pauvreté statistique et une situation qui est à la lisière de la pauvreté. Nous n'avons pas assez d'argent. Avec 300 000 pesos, on ne peut rien faire.

Ce type s'en lave les mains, il dit que les gens vont bien, mais ils ne peuvent rien faire avec leur argent. On ne peut rien acheter, on ne peut pas acheter de viande, on ne peut rien acheter. Au niveau des autres indicateurs, le taux de chômage, lui, l'a augmenté. Il s'élève à près de 7% fin 2024 contre 5,7% un an auparavant.

Un autre indicateur, le PIB, lui, s'est contracté de 1,8% en 2024. Et ça, c'est moins que ce qui était prévu à l'origine, d'ailleurs. Mais paradoxalement, même si l'inflation a diminué, c'est-à-dire... qu'elle augmente moins vite qu'avant, le pouvoir d'achat, lui, ne s'est pas forcément amélioré parce que les prix...

Ils sont certes plus stables, mais ils sont très hauts. En clair, les salaires n'ont pas été assez revalorisés, notamment pour payer différents postes de dépense qui pèsent beaucoup dans le quotidien d'un foyer et qui, eux, ont augmenté plus que l'inflation générale. du gaz, de l'électricité, des transports. Et on voit dans les enquêtes d'opinion que la principale préoccupation des Argentins maintenant, ce n'est plus l'inflation, mais les salaires trop bas.

Et ces coupes budgétaires, elles ont aussi forcément eu des conséquences sur les politiques publiques, j'imagine, au niveau de la santé, par exemple ? Oui, il y a une multitude de politiques publiques qui ont été démantelées. On peut citer la prévention des maladies sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées, les programmes d'accueil pour la petite enfance destinés aux familles démunies.

la lutte contre les violences faites aux femmes, entre autres. Et l'effet de ces coupes, elles infusent. lentement, avec des conséquences sur de nombreuses années et dans une sorte d'angle mort, vu que l'État se retire. Le parcours de soins dans un hôpital public s'est encore davantage détérioré. Les médecins y notent un effet de saturation.

avec une partie de la classe moyenne qui ne parvient plus à payer une mutuelle privée et qui rejoint l'hôpital public pour se soigner. Des mutuelles d'ailleurs qui ont augmenté plus encore que l'inflation et ça c'est une conséquence des politiques de dérégulation de l'économie de Javier Miney.

Un médecin généraliste d'un centre de santé situé dans un bidonville de Buenos Aires me disait aussi qu'il voyait des patients avec un état de santé qui s'était encore davantage dégradé, qui mangeait moins et des aliments... de mauvaise qualité. On voit aussi des retraités de la classe moyenne se tourner vers des centres de distribution alimentaire. Il faut savoir que la classe d'âge la plus représentée au sein de la pauvreté, c'est toujours aujourd'hui les enfants.

encore une fois, soulève des problèmes sur le très long terme. Ok, donc même si les prix se stabilisent, ce que tu nous décris, c'est quand même un portrait assez sombre de ce qui se passe actuellement en Argentine. Comment expliquer que malgré ça, Ravier Mileï bénéficie aujourd'hui d'une vraie popularité ?

dit qu'il a plus de 50% d'opinions favorables. Oui, autour de 50%. Alors, il continue de bénéficier d'une grande patience de la population qui pense qu'il s'agit d'un moment difficile à passer. Une population qui s'estime prévenue en plus, parce que Javier Millet avait largement répété au moment d'accéder au pouvoir qu'une potion amère...

allait être administré à la population et que c'était le prix à payer pour trouver le chemin de la croissance et de la prospérité. Donc une partie de la population estime et veut croire que sa situation économique et sociale va s'arranger. Ok Flora, donc ça c'est pour le volet économique. Maintenant, il y a un autre champ d'action que Ravier Mileï a investi durant cette première année de mandat. C'est celui de la bataille culturelle, comme il dit.

est-ce que tu peux nous expliquer en quoi ça consiste ? La bataille culturelle correspond à la lutte contre ce qui est appelé le wokisme ailleurs. C'est un terme qui n'est pas forcément beaucoup utilisé en Argentine, mais ça recouvre les mêmes choses, c'est-à-dire la lutte contre le féminisme, l'idéologie de genre. écologie, les droits sociaux. Autant de causes, comme le dit Javier Millet, qui servent finalement à donner plus de place à l'État en le poussant à dépenser.

Le wokisme a imprégné notre société si profondément, promue par des institutions telles que celle-ci, que l'idée même de sexe a été remise en question par l'infâme idéologie du genre. Cela a conduit à une intervention encore plus importante de l'État par le biais d'une législation absurde, comme l'obligation pour l'État de financer des hormones et des opérations chirurgicales d'un million de dollars.

pour se conformer à la perception que certains individus ont d'eux-mêmes. Le dénominateur commun des pays et des institutions en faillite est le virus mental de l'idéologie woke. C'est la grande épidémie de notre époque à laquelle il faut s'attaquer. C'est le cancer qu'il faut éliminer.

Alors il va de plus en plus loin dans ce discours anti-progressisme et dans ses politiques aussi. Alors Javier Millet, il a toujours dit par exemple qu'il était contre l'interruption volontaire de grossesse qui a été légalisée fin 2020 en Argentine. Il n'a pas abrogé la loi. En revanche, l'État central a arrêté de distribuer des pilules abortives. Javier Millet méprise le féminisme et le gouvernement tente de réduire l'éducation scolaire visant à détecter et prévenir les violences sexuelles.

sur ce qui s'appelle ici le quota cran, c'est-à-dire 1% de personnes transgenres parmi les fonctionnaires. Il souhaite aussi revenir sur le concept de féminicide, c'est-à-dire une condamnation plus lourde quand la violence de genre est reconnue en cas de mœur.

D'autres, certains Argentins qui soutiennent Ravier Millet ne sont pas forcément d'accord avec lui sur ces sujets-là, mais ils préfèrent fermer les yeux tant que l'inflation est sous contrôle et d'autres, en revanche, se mobilisent. Et alors, de quelle manière est-ce que ces Argentins... se mobilisent ? Est-ce que ça a un effet ? Est-ce qu'on voit des manifestations dans la rue ?

Il y a eu différentes manifestations. Juste après les premières annonces des régulations de l'économie en décembre 2023, il y a notamment eu une grève générale en janvier 2024, c'est-à-dire en pleine vacances d'été ici dans l'hémisphère sud. Donc ce sont des manifestations. qui ont surtout mobilisé les syndicats et les organisations de gauche qui étaient de toutes les façons déjà opposées à Rabia Millet.

Et ça a relevé surtout du symbole. Ensuite, au mois d'avril 2024, il y a eu une grande manifestation en défense de l'université publique. Au mois de septembre, il y a eu une manifestation réclamant des retraites dignes. Cela n'a pas empêché le gouvernement de... de s'opposer à un rattrapage des retraites. Et en février 2025, des milliers de personnes se rassemblaient à Buenos Aires et dans différentes villes du pays.

afin de rejeter les propos outranciers de Javier Millet au forum de Davos lorsqu'il avait méprisé le féminisme et surtout associé homosexualité et pédocriminalité, des propos qui ont beaucoup choqué et au-delà des associations LGBT. Donc, il y a des manifs, Flora. La société civile, elle n'est pas non plus atone face à ce président ? Non, la société civile, elle n'est pas atone, mais l'enjeu est...

comment canaliser ces voix critiques du gouvernement, sachant que l'opposition, elle s'entre-déchire, elle ne parvient pas à proposer un projet ni une personnalité convaincante. Les artistes, les collectifs qui s'opposent au gouvernement, ils sont moqués par les partisans de travers Miller.

et parfois même inaudibles. Et puis, il faut dire que leur opposition n'est pas non plus massive. Et les différentes manifestations de rejet des politiques du gouvernement sont comme des jaillissements. Elles surviennent et puis ça retombe. Et alors Flora, comment est-ce que Javier Mileï parvient à gouverner, à dominer quelque part toute la scène politique argentine, puisqu'on l'avait dit lors de l'introduction de cet épisode,

Il n'a pas de majorité au Congrès, c'est un peu un outsider. Donc, comment est-ce qu'il fait ? Alors, il gouverne à travers des décrets. et des alliances circonstancielles, acrobatiques parfois, mais qui finissent par fonctionner. Il arrive à rallier la droite et une partie du centre qui adhèrent finalement idéologiquement au projet économique de Javier Mileï.

Cette droite parvient à administrer une politique d'austérité radicale, ce qu'elle aurait rêvé de faire quand elle était au pouvoir, sans pouvoir vraiment le faire. Et elle le fait sans occuper le devant de la scène, donc sans vraiment se salir les mains.

Quant à l'opposition qui était secouée après la victoire de Javier Millet, elle ne parvient pas à s'unir. Elle est aussi... quelque part envieuse de la volonté politique de Javier Millet, une volonté politique qui, rappelons-le, s'exprime aussi souvent sous la forme de...

de violences verbales. Il faut savoir qu'en octobre 2025, il y a des élections de mi-mandat en Argentine avec un renouvellement partiel de la Chambre des députés et du Sénat et elles vont définir ces élections, la scie politique de Javier Milley pour la deuxième partie de son mandat. Donc finalement, tant qu'on n'en est pas là, Javier Millet, il arrive à avancer sans trop d'obstacles.

Il avance plus facilement que ce à quoi on pouvait s'attendre quand il a été élu. Il a été aussi renforcé par l'élection de Donald Trump, qu'il admire profondément, et sa politique entre en écho avec la sienne. Alors il faut souligner qu'au sein de ce qui peut ressembler à une sorte... de lune de miel. Javier Millet, il a connu sa crise la plus importante à la mi-février, une crise baptisée le CryptoGate par la presse argentine.

Il a publié un message sur X faisant la promotion d'une crypto-monnaie. Son cours s'est envolé avant de s'effondrer, ce qui a provoqué des millions de dollars de pertes. Et le président a ensuite effacé son message. L'opposition a estimé qu'il avait enfreint les principes d'éthique publique et plus de 100 plaintes pour arnaques présumées ont été déposées contre Javier Milley.

Ce scandale a affecté son image de façon plutôt négative dans l'immédiat, mais n'ébranlerait pas son noyau dur électoral. Il faut évidemment surveiller les possibles révélations. autour de cette affaire et voir comment elles peuvent affecter le président. Alors, tu viens de dire, Flora, que Javier Milley admire Donald Trump. Justement, parlons-en, parce qu'on a vu Milley présent lors de la cérémonie d'investiture du président américain le 20 janvier dernier. On l'a aussi vu à la CIPAC.

cette conférence à Washington où étaient présents de nombreux leaders d'extrême droite. Et où il a offert une tronçonneuse à Elon Musk. Voici la tronçonneuse ! Elon Musk qui mène d'ailleurs dans l'État fédéral des coupes massives que ne renierait pas Ravier Milley. Alors quels sont les liens exactement entre Ravier Milley et l'administration Trump ?

Alors, Javier Millet, il a été totalement enhardi par le retour de Donald Trump au pouvoir. Il est allé de multiples fois aux États-Unis. C'est le pays où il s'est loué. plus rendu. Il affiche son affinité idéologique avec Elon Musk lors de ses visites aux Etats-Unis et sur les réseaux sociaux. Javier Millet a une politique d'alignement total sur les Etats-Unis et Israël. On le voit sur l'Ukraine par exemple, auparavant...

Le président argentin se rangeait du côté de l'Ukraine. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, s'était rendu à Buenos Aires pour l'investiture de Javier Millet en décembre 2023. Et là, revirement total. L'Argentine vient de s'abstenir à l'ONU lors du vote d'une résolution demandant à la Russie de...

tirer ses troupes d'Ukraine. Inversement, on voit que Javier Mileï inspire à l'international différents libéraux ou ultralibéraux qui envient sa méthode forte et voient dans l'Argentine une sorte de laboratoire ultralibéral. Et est-ce que d'autres pays sont tentés désormais de suivre son chemin en copiant, entre guillemets, sa doctrine économique ? En tout cas, c'est ce que Javier Millet prétend.

L'Argentine est devenue un exemple mondial de responsabilité fiscale, de respect de nos obligations, de la manière de mettre fin aux problèmes de l'inflation. et aussi d'une nouvelle façon de faire la politique qui consiste à dire la vérité en face et avoir confiance dans le fait que les gens comprendront.

Le département d'efficacité gouvernementale aux États-Unis s'inspirerait du ministère des Régulations et de Transformation de l'État en Argentine. En tout cas, c'est ce que dit le gouvernement argentin lors de sa création. Javier Millet disait qu'on exporte le mot... modèle de la tronçonneuse, on change le monde, donc la tronçonneuse, le fameux objet de coupe dans les dépenses publiques qui s'exporte en tant que symbole, parce que Javier Millet, il est cité.

Comme exemple à suivre en France aussi par certaines personnes, Éric Ciotti, à la tête de l'Union des droites pour la République, il a utilisé le symbole de la tronçonneuse, donc très concrètement posé à côté de lui, lors d'un discours au mois de janvier dernier.

Flora, pour conclure cet épisode, si je résume, on a Ravier Milei en Argentine, Donald Trump aux Etats-Unis, Victor Orban en Hongrie, Georgia Melody en Italie. Il y a une forme d'alliance conservatrice qui est en train de se former à l'échelle. échelle mondiale depuis la réaction de Donald Trump et qu'on a donc vu à la CIPAC dont on parlait à l'instant. Emmanuel Macron, il parle d'ailleurs de cette alliance comme d'une nouvelle internationale réactionnaire. Quelle est la place de ravir ?

Millet dans tout ça ? Alors, Javier Millet, il souhaite organiser l'international conservatrice. C'est lui qui l'a dit au mois de décembre 2024. Et il assure que, je cite, l'Argentine peut être un phare pour le monde. Nous devons nous unir et établir des voies de coopération dans le monde entier. Nous pourrions nous appeler une internationale de la droite, un réseau d'aide.

composé de tous ceux qui sont intéressés par la diffusion des idées de liberté dans le monde. Cela nous permettra d'affronter les gauchistes, de les vaincre sur tous les fronts et de mettre fin aux ordures du socialisme. Donc, tu vois, Jean-Guillaume Javier Millet, il est convaincu qu'il y a un vrai changement d'époque. Et ça, c'est très saillant depuis plusieurs mois parce qu'il souhaite convaincre maintenant à l'international.

plus seulement sur le volet économique de son projet, mais aussi sur le volet des valeurs, des valeurs conservatrices, antiprogressistes. Merci Flora. Merci Jean-Guillaume. Et je vous invite à vous abonner au Monde pour suivre toute l'actualité de l'Argentine et les prochains reportages de Flora Genoux. L'Heure du Monde est votre podcast quotidien d'actualité retrouvé tous les matins du lundi au vendredi. Merci d'y être aussi fidèle et je vous dis à très vite pour un nouvel épisode.

Bonne journée !

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