NOS CRÉATIONS ORIGINALES | Nicolas Flamel, le créateur de la pierre philosophale - podcast episode cover

NOS CRÉATIONS ORIGINALES | Nicolas Flamel, le créateur de la pierre philosophale

Jun 29, 202547 min
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Summary

Plongez dans la vie légendaire de Nicolas Flamel, libraire parisien réputé avoir découvert la pierre philosophale et atteint l'immortalité au XIVe siècle. Explorez le monde médiéval de l'alchimie, son rêve prophétique, le livre mystérieux reçu, son voyage pour en percer les secrets et son succès présumé avec sa femme Pernelle. Découvrez enfin la vérité derrière le mythe, révélant comment leur vie réelle de travail et de philanthropie fut transformée en une légende alchimique qui continue d'inspirer la culture populaire.

Episode description

Vous aimez Home(icide) le podcast Bababam Originals ? Vous allez adorer nos autres créations originales ! Aujourd’hui, on vous invite à découvrir Les Fabuleux Destins le podcast qui vous plonge dans les histoires de crime marquant des familles.

En réalité, malgré tous les livres signés de son nom par la suite, Nicolas Flamel n’a jamais écrit sur l’alchimie. En fait, ça va même encore plus loin ! Quand on se penche sérieusement sur la vie de Nicolas Flamel, une conclusion aussi décevante qu’étrange s’impose : cet homme, dont on connaît le nom encore aujourd’hui, n’a très probablement… jamais fait d’alchimie… 


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Transcript

Paris 1360, Libraire Sans Fortune

Hiver 1360. Le givre a recouvert les rues de Paris. Les petites maisons de bois et de torchis de la capitale grincent sous le vent de décembre. Le soleil se lève à peine. Mais on s'active déjà près de l'église Saint-Jacques de la Boucherie, à deux pas de l'hôtel de ville. Les Lombards, ces prêteurs sur gage aux méthodes parfois douteuses, accueillent leurs premiers clients de la journée.

Les tanneurs frottent leur peau en cadence, faisant planer devant leurs ateliers une forte odeur de graisse et de cuir. Des échoppes de bouchée et des écorcheries s'écoulent le sang des bêtes abattues au petit matin. En ruisseaux rouges et bruns, il vient laver la neige amoncelée sur les trottoirs. Ce quartier de Paris, aujourd'hui central, est alors le royaume méprisé des viandes et de l'argent.

Mais au milieu de ce décor sordide, une minuscule vitrine fait exception. Celle d'une boutique, à l'angle de la rue des Écrivains et de la rue Marivaux. Sur l'enseigne, une fleur de lys. et à l'intérieur, éclairée par les premières lueurs du jour, une montagne de parchemins, de manuscrits et d'encriers. Là, installée devant un pupitre, Un homme d'une trentaine d'années s'affaire méticuleusement. Il est copiste, scribe, libraire, mais aussi relieur, enlumineur et maître de calligraphie.

C'est bien simple, sa profession couvre tout ce qui a trait de près ou de loin au livre. L'imprimerie n'existe pas encore et l'immense majorité de la population est alors illettrée. Son travail est donc d'une importance cruciale. pour comprendre et transmettre le savoir de l'humanité. Du moins, c'est ce qu'il croit. Mais sa boutique reste souvent bien vide. L'espace d'un instant, son esprit s'égare et sa plume dérape.

Une rature. Il faut tout recommencer. Le poing serré de frustration, il se lève, s'approche de la fenêtre et regarde Paris s'éveiller d'une nuit glaciale. Une barbe brune épaissit son visage. Mais ses joues sont creusées par la faim. Et sous ses yeux noisettes à l'éclat toujours vif, il a les cernes roses des travailleurs acharnés que la fatigue finit toujours par rattraper.

Après quelques minutes de pause, l'homme pousse un soupir et se remet à son pupitre en espérant simplement vendre un peu plus de livres l'année prochaine. Seulement, ce qu'il ne sait pas... c'est que sa vie est sur le point de basculer et de prendre un tournant pour le moins mystérieux. Pour l'instant, il ignore encore tout de cet art occulte qu'on appelle l'alchimie, de la transmutation des métaux en or pur et du grand œuvre.

Mais bientôt, son nom résonnera dans le monde entier comme celui du seul homme à avoir trouvé la formule magique suprême et insaisissable, le secret de la pierre philosophale. Bonjour, je suis Andrea Brusque, bienvenue dans les fabuleux destins. En quatre épisodes, je vais vous raconter l'histoire du plus grand alchimiste de tous les temps. Pleine de mystères, de science et de magie, sa légende a inspiré des générations de savants

et laisser sa marque dans notre imaginaire collectif. Son nom, Nicolas Flamel. De ses débuts en tant que libraire, à la discipline occulte qui l'a rendu célèbre, découvrez la première partie de son fabuleux destin.

Savoir Médiéval et Mystères d'Alchimie

Dans les années 1360, Nicolas Flamel a une trentaine d'années. C'est un érudit qui connaît le grec et le latin et remplit la fonction d'écrivain public. L'imprimerie n'existe pas encore. Mais depuis quelque temps, la lecture se popularise parmi la noblesse et la haute bourgeoisie. Jusque-là, les moines se chargeaient de copier et d'illustrer les parchemins. Mais il faut désormais plus de monde, comme Flamel. Il n'est pas agréé par l'Université de Paris,

Il fait son travail de façon plus ou moins clandestine, mais on le laisse tranquille. Après tout, il ne fait de mal à personne, et puis ce n'est pas comme si ce métier rapportait beaucoup d'argent. Les poches et le ventre vide, Flamel continue pourtant son activité.

Bien sûr, il aimerait mieux gagner sa vie, installer son commerce loin de cette horrible paroisse de Saint-Jacques-de-la-Boucherie, où écorcheurs, tanneurs et prêteurs sur gage font leurs affaires, mais ce qui l'intéresse en réalité, c'est le savoir. L'ensemble des sciences et des connaissances humaines qui mènent à la vérité, avec un grand V. Or, sur ce point, Flamel vit à une époque bien différente de la nôtre.

Aujourd'hui, la science est largement considérée comme le moyen de mieux comprendre le monde qui nous entoure, la nature, le corps humain, l'espace. Tous les jours et sans même nous en rendre compte, On place notre confiance dans des disciplines fiables comme les mathématiques, la médecine ou encore la physique. Mais au Moyen-Âge, la philosophie et la religion ont à peu près le même niveau de crédibilité. On pense que la Terre est au centre de l'univers,

qu'il suffit de faire vomir ou saigner les patients pour guérir les maladies, ou encore que les éclipses sont de mauvais présages. On croit aux malédictions, aux monstres et à la magie. Et parmi ces différentes sources de connaissances, Il y en a une dont le jeune Nicolas Flamel a déjà entendu parler, mais de loin, comme si elle était enveloppée d'un voile de mystère, l'alchimie.

On raconte que l'alchimie remonte à l'Égypte antique. Des forgerons et des artisans y auraient inventé un art mystique et l'auraient tenu secret pendant des siècles. L'art de transformer le métal brut en or pur. Et cet art se serait perdu comme le mystère des pyramides. Les siècles suivants, on fabrique des alliages, on raffine les minerais et on arrive même à teindre les métaux en doré, mais pas à les changer intégralement en or.

Ces chimistes du métal, on les appelle des alchimistes. Et ils sont convaincus de pouvoir aller plus loin qu'une simple imitation, de pouvoir transmuter du plomb, du fer ou du mercure pour obtenir la matière la plus précieuse du monde. Entre l'Antiquité et le Moyen-Âge, ils sont nombreux à se lancer dans cette quête réputée quasiment impossible. Le monde arabe fait énormément avancer les techniques métallurgiques.

Mais jusqu'en 1360, personne ne remet la main sur le secret bien gardé des Égyptiens. Personne ne parvient à créer de l'or.

La Pierre Philosophale, Quête Secrète

Car pour y arriver, il faut trouver une formule chimique et magique infiniment complexe, celle de la pierre philosophale. La pierre philosophale est une substance, pas vraiment une pierre, plutôt une poudre ou bien un liquide. Un élixir. En fait, on ne sait pas vraiment ce que c'est, pour la bonne et simple raison qu'aucun être humain jusqu'au XIVe siècle n'a réussi à la fabriquer. Mais les alchimistes savent qu'elle existe. Elle est la clé de tout.

La condensation ultime du savoir, la matière première du cosmos d'où dérivent toutes les autres. Transformer le clon en or n'en est que l'une des multiples propriétés. Car on dit que la pierre philosophale permettrait aussi de guérir les malades et surtout d'offrir à son créateur la vie éternelle. Certains sont sceptiques et ne voilà qu'une légende.

Mais les alchimistes, eux, dédient leur existence entière à sa recherche. Bien sûr, ils font des expériences, manipulent, font fondre et réassemblent les métaux dans des laboratoires de fortune, mais pour eux, l'alchimie, c'est aussi un mode de pensée. une doctrine mystique, une quête spirituelle. Pour purifier la matière, il faut également se purifier soi-même. La pierre philosophale ne peut être fabriquée que par celui qui a atteint la plénitude de l'esprit.

Seulement, à ce moment-là, l'Église est toute puissante en Europe. Et l'orthodoxie chrétienne voit d'un très mauvais œil ces savants fous qui tentent de devenir immortels. Vouloir se rendre l'égal de Dieu est un blasphème impardonnable. Alors on pratique dans la plus grande discrétion. En Europe, les traités d'alchimie se vendent sous le manteau. Les parchemins de cet art occulte sont écrits en langage codé.

Des suites de caractères imagées en forment les lettres et donnent les clés de certaines équations. Des cercles d'initiés se forment et se réunissent à la nuit tombée dans les sous-sols des châteaux et les arrières boutiques. C'est toute une société secrète de chercheurs, mi-scientifiques, mi-magiciens, qui partagent en cachette leurs découvertes dans l'espoir un jour de parvenir aux grandes œuvres, la fabrication de la pierre philosophale.

Alors étant donné ces précautions, il est normal qu'un petit libraire parisien, tentant de gagner sa croûte comme il peut, n'ait jamais vraiment eu accès à ce mystérieux savoir. Du moins, jusqu'à ses 30 ans. Car en réalité, Flamel va bientôt faire un rêve qui va tout changer. Un rêve étrange, prémonitoire, sans lequel lui et sa boutique seraient à jamais tombés dans l'oubli.

Nicolas Flamel est sur le point d'être initié à l'alchimie. Et dans les années qui vont suivre, ces recherches vont prendre la forme d'une course contre la montre. Trouver le secret de la vie éternelle avant de mourir. Trouver le secret... Avant de continuer cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute.

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Le Rêve Prémonitoire du Livre

Traversée parfois par un nuage, la lune veille sur la ville d'un œil vitreux. Tout près, les eaux de la Seine s'écoulent, sombres et glacées. L'église Saint-Jacques de la Boucherie se dresse en sentinelle sous le vent de la nuit. Et dans son lit, Nicolas Flamel grelotte. Ses pieds dépassent de la couverture. Malgré les braises encore fumantes de la cheminée, il s'agrippe aux plis rugueux de son par-dessus,

à la recherche d'un peu de chaleur supplémentaire. Ses lèvres sont blanchies par le froid, son visage amaigri par l'hiver. Et pourtant, il finit par s'endormir. Dans ce fragile équilibre entre veille et sommeil, Flamel s'égare vers des contrées imaginaires. Loin de la capitale et de sa petite librairie, là où il fait doux et où la faim ne lui tord plus les entrailles.

Libéré de son enveloppe charnelle, son esprit voyage à travers l'espace et le temps. Il se laisse porter. Aspiré dans ce monde sans règles, où les frontières entre réels et impossibles sont abolies, celui des cauchemars et des rêves. Flamel se retrouve à marcher pieds nus au milieu du Sahara. Le soleil brille haut dans le ciel, le sable est chaud. Il y enfonce ses orteils avec délices et contemple l'horizon. Tout autour de lui,

Le désert s'étend à perte de vue comme un océan d'or. Comment est-il arrivé là ? Il l'ignore. Pourquoi ? Aucune idée. Mais au plus profond de lui... Il a une intuition primaire et instinctive. À cet instant précis, il sait qu'il se trouve au cœur même du berceau des civilisations, au temps des premiers hommes. Un temps où d'étranges secrets ont été découverts, avant de sombrer dans l'oubli. Soudain, une lumière aveuglante inonde son champ de vision.

Plus forte que celle du soleil, plus blanche et plus réconfortante encore. Ses rayons lui font plisser les yeux. Et sans même s'en rendre compte, il s'agenouille et tend les mains en signe de prière. Quelque chose de grand, d'infiniment puissant est en train de descendre du ciel. Il en ressent la présence jusque dans sa chair. Un ange. Le visage baigné de larmes, Flamel le regarde.

La créature s'approche de lui, tout doucement. La lumière divine qui l'entoure brouille les contours de sa silhouette, mais il tient un objet dans les mains. Un livre. Un vieux grimoire. Sa couverture est dorée, ses fermoirs de cuivre torsadés. À l'intérieur, des signes et des dessins étranges apparaissent en relief sur des pages en écorce. Ce livre, béni d'entre tous, ni toi ni les autres hommes ne pouvaient le comprendre. Mais un jour, tu sauras en percer le secret. Après avoir parlé,

L'ange disparaît aussi soudainement qu'il est arrivé. Flamel se retrouve alors de nouveau seul dans le désert, avant de se réveiller en sursaut. Son petit lit de bois, la cheminée tiède, Le froid mordant de l'hiver parisien, il revient d'un coup à la réalité. Alors ce n'est qu'un songe. Tout cela semblait pourtant si réel.

Ce matin-là, Nicolas Flamel tente de chasser ce rêve de son esprit. Mais ce qu'il ignore encore, c'est que la passion ardente de l'alchimie vient de lui être insufflée. Et qu'elle ne s'éteindra plus jamais. Au milieu de sa trentaine, un soir d'hiver, Nicolas Flamel fait un rêve étrange. Il y voit un ange, lui montrer un grimoire censé contenir des secrets très anciens. Cette apparition le marque beaucoup.

Et pendant plusieurs jours, il n'arrive pas à travailler. Encore et encore, son esprit revient à ce moment onirique comme s'il ne parvenait pas à se convaincre de l'oublier. Quel était cet ouvrage ? Et que voulaient dire les inscriptions à l'intérieur ? Il essaie de se souvenir des dessins, un serpent enroulé autour d'une croix, deux dragons enchaînés l'un à l'autre, une pierre qui semblait briller, mais il a beau chercher dans sa bibliothèque personnelle parmi tous les livres,

Aucune trace des mêmes symboles. Ces questions le tourmentent une semaine, deux semaines. Et puis il finit par passer à autre chose. Les mois s'écoulent.

Rencontre et Mariage Avec Pernelle

Et Flamel retrouve son rythme quotidien. Il achète des parchemins, les copie méticuleusement et les revend. Au début de l'été, une cliente vêtue de noir entre dans sa librairie, une jeune femme deux fois veuve. Et à la voir revenir jour après jour, le visiter et parler avec lui, il commence à tomber amoureux d'elle. Elle s'appelle Pernelle. Son intelligence, autant que son érudition, fascine le jeune homme.

Elle n'est pas non plus insensible au charme du libraire. Il est un peu maladroit, mais il a quelque chose de touchant quand, absorbé dans ses livres, il ne l'entend parfois même pas rentrer dans la boutique. Ils partagent tous les deux la même curiosité pour les sciences, la même soif de connaissances. Et à la fin de l'année, ils finissent par se marier, sans savoir que le destin leur réserve quelques surprises.

Pernel a une situation assez confortable. De ses deux précédentes noces, elle a hérité d'une petite fortune dont elle fait profiter son nouvel époux. Nicolas Flamel est désormais à l'abri du besoin. Il achète une maison en face de son échoppe, au coin de la rue des Écrivains et de la rue Marivaux. Et il dort un peu plus au chaud qu'avant. Mais il continue tout de même son activité de libraire. Après tout, son métier lui convenait déjà bien.

C'est juste qu'il peut maintenant l'exercer avec sérénité, sans la pression constante de devoir remplir seul son garde-manger. Le temps passe. Comme beaucoup d'autres, le couple vit ses premières années dans l'insouciance la plus totale.

Les saisons s'enchaînent, plus ou moins rudes, et Flamel est heureux. Il ne pense pas à l'avenir, il n'a pas particulièrement d'objectif si ce n'est de cultiver son goût pour les sciences et les lettres, ainsi que son amour pour Pernel. Mais pour combien de temps ?

Le Mystérieux Vieillard Apporte le Livre

Un soir d'automne, un vieil homme toque à la porte de la librairie. Flamel le fait entrer et s'asseoir au chaud. Le visiteur est trempé. Partiellement caché sous un capuchon, Son visage semble pâle, presque maladif. Le vieillard se découvre. Il a les traits fatigués, le front ridé, et une barbe mal entretenue lui descend jusqu'au torse. Mais ses yeux verts et brillants...

semblent animés d'une étrange énergie comme deux petites flammes qui brûlent en continu. Les deux hommes se regardent sans échanger un mot. Et après quelques secondes, Flamel brise le silence. Vous êtes... Cela n'a aucune importance, répond l'inconnu en sortant de son par-dessus un petit paquet enveloppé dans une toile de lin. Je viens vous apporter quelque chose, quelque chose de très précieux.

Flamel lève un sourcil interrogatif, mais accepte le cadeau. Il le pose sur une table et commence à le déballer. Le vieil homme le fixe d'un air inquiétant. Couche après couche, Flamel déplie le tissu jusqu'à ce qu'il aperçoive. Une couverture dorée, des fermoirs de cuivre torsadés, des pages d'écorces nouées entre elles par une relure très ancienne. Il a déjà vu ce livre. Il connaît ses symboles, ses étranges dessins à l'intérieur. Un serpent enroulé autour d'une croix.

Deux dragons enchaînés l'un à l'autre, une pierre qui semble briller, c'est le grimoire de l'ange, celui qui l'a aperçu dans son rêve deux ans auparavant. Aussitôt, Flamel se retourne vers l'inconnu, Mais un frisson parcourt soudain tout son corps. Le vieillard n'est plus un vieillard. Ses traits semblent avoir rajeuni d'au moins trente ans. Sa barbe, blanche encore il y a quelques secondes, a maintenant la couleur de la nuit.

Son regard, toujours aussi brillant, est braqué sur lui. Et un large sourire découpe son visage. À toi, maintenant, de découvrir le secret. Nicolas Flamel n'en croit pas ses yeux. Figé sur place, Il regarde l'homme se lever calmement, faire trois pas et sortir de la librairie. Quelques secondes s'écoulent avant que, dans un sursaut, il ne tente de le rattraper. Mais trop tard.

L'homme a déjà disparu dans les rues de Paris. Flamel retourne à l'intérieur et ouvre le grimoire à la première page, écrite en lettres d'or. Il lit le titre à voix haute Livre d'Abraham le Juif. La suite est une succession de malédictions proférées à l'encontre de quiconque consulterait cet ouvrage sans être scribe ou prêtre. Et ça tombe bien.

Scribe, c'est exactement le métier de son nouveau propriétaire. Au fil des pages, le jeune homme comprend que ce qu'il a entre les mains est la recette d'une formule magique millénaire. Une suite d'équations secrètes permettant la fabrication d'un objet dont il a déjà entendu parler, mais dont il ignore encore tout, la pierre philosophale. Ce soir-là, Flamel dévore le livre en à peine 30 minutes. Mais en réalité...

Pour le déchiffrer entièrement et réaliser le rêve de tous les alchimistes avant et après lui, il va lui falloir 30 ans. Avant de continuer cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute. Si vous voulez continuer de nous soutenir, abonnez-vous à la chaîne Bababam Plus sur Apple Podcasts. Cela vous permettra une écoute en avant-première et sans interruption. Ou bien écoutez ce message de notre partenaire sans qui ce podcast ne pourrait exister.

Vingt Ans de Recherches Infructueuses

On se retrouve tout de suite après. Au milieu de l'après-midi, la petite librairie adossée à l'église Saint-Jacques de la Boucherie reste fermée. Les rideaux sont tirés, la porte verrouillée. Depuis la rue, on pourrait croire son propriétaire en congé. C'est d'ailleurs ce que pensent la plupart des habitants du quartier. Ils n'ont pas vu Flamel depuis bien longtemps et l'imaginent sans doute en voyage avec Dame Pernel, son épouse.

Mais tout le monde n'est pas de cet avis. Parfois, des bruits étranges semblent venir de la boutique et une horrible odeur inonde souvent la rue des écrivains. Il se trame quelque chose à l'intérieur. Les curieux en sont certains. Et pour une fois, ils ont raison. Nicolas Flamel est bien là, plongé dans la pénombre au milieu de ses parchemins. Tout autour de lui, un cercle de bougies fait trembler des ombres sur les murs.

Des fioles multicolores sont suspendues au-dessus de son bureau. Et tenues par des pinces, des flacons bouillonnants répandent dans l'air un parfum de cuivre et d'écorce. La main tremblante... Flamel feuillette les pages du livre d'Abraham le Juif, ce vieux grimoire qu'un mystérieux inconnu lui a donné, il y a maintenant près de vingt ans. Sa barbe a blanchi avec les années, les rides sillonnent son front,

Un pli profond s'est creusé entre ses sourcils. Mais son regard a gardé l'éclat vif et brûlant qu'il avait à ses premières tentatives. Poudre de mercure écrasée soigneusement, du feu, voilà le premier aliment. Le soufre, dragon sans aile qui jamais ne s'envole, à la substance donne son auréole. Et enfin le sel de terre et d'eau gorgée pour qu'en or pur, elle vienne à transmuter.

Quelques secondes s'écoulent en silence. Flamel retient son souffle. Soudain, la réaction alchimique opère. Le feu crépite, change de couleur. et de la cheminée s'échappe une épaisse fumée brune, immédiatement absorbée dans un tube de verre qui serpente dans toute la pièce. Flamel frissonne d'excitation.

Le nez collé au siphon, il regarde la vapeur se liquéfier et couler vers un gros alambic. Goutte après goutte, la substance prend une forme solide. Et on dirait même qu'elle brille. Le visage du chercheur s'illumine. Tous les poils de son corps se hérissent et la bouche entreouverte. Il fixe ce qu'il vient de créer avec un mélange de crainte et d'adoration, la pierre, la pierre philosophale. Il s'approche tout doucement.

sans pouvoir détourner les yeux de ce petit cristal qui projette tout autour une lumière rouge sang. Il tend la main, sa respiration s'accélère, son cœur tambourine dans sa poitrine, mais alors qu'il l'effleure à peine, La pierre se fissure soudain, s'effrite et tombe en cendres sur le sol. Flamel se décompose. Pourquoi ? Pourquoi ?

D'un geste brusque, il attrape son vieux grimoire et relie pour la millième fois les formules et les équations qu'il connaît par cœur. Il saisit une plume, un parchemin et se met à griffonner frénétiquement des notes et des dessins avant de le déchirer en deux. Une grimace de folie déforme son visage. De grosses veines palpitent sur ses tempes et ses doigts sont animés de spasmes incontrôlables. Encore un échec. Et pourtant, il y est presque. Il le sait.

Mais malgré toutes ces tentatives, la pierre reste instable. Et elle continue de lui échapper comme à tant d'autres avant lui. Seulement il s'en fait le serment. La colère et la frustration n'auront pas raison de sa patience. Un jour, un jour, il y arrivera. Pendant 18 ans, Nicolas Flamel et son épouse, Dame Pernel, tentent de déchiffrer le livre d'Abraham le Juif.

Ce vieux grimoire reçu des mains d'un inconnu renferme tous les secrets oubliés de l'alchimie. Mais son contenu est pour le moins cryptique. Étoiles, soleils, caducés d'Hermès. dragons et serpents crucifiés. Les symboles qui figurent sur ces pages sont très mystérieux. Mais après des années d'efforts et de recherches, le couple parvient à faire de grands progrès.

La petite librairie se transforme en un véritable laboratoire. Et Flamel réussit même à fabriquer un cristal instable, sorte d'ébauche de la pierre philosophale tant convoitée. Seulement la substance tombe en cendres dès qu'il tente de poser la main dessus. Sans elle, il n'est pas possible de changer le plomb en or. Et encore moins de produire l'élixir de vie éternelle.

La frustration est immense. Mais ils savent bien qu'une opération aussi difficile demande de la patience et surtout d'en maîtriser absolument tous les éléments. Or, dans le grimoire, il y a encore quelques dessins et équations qui échappent à leur compréhension.

Flamel s'acharne à fouiller dans ses parchemins à la recherche d'une réponse. Mais Pernel, elle, est convaincue que des savants juifs pourraient aider à résoudre les derniers mystères de l'ouvrage. Selon elle, les symboles qui leur manquent proviennent de la cabale.

une tradition ésotérique et mystique du judaïsme prétendant trouver des messages secrets dans la Bible. Le problème, c'est qu'au Moyen Âge, les savants juifs, ça ne court pas les rues. À peine tolérés, les juifs font souvent figure de bouc émissaire dans la capitale. Une seule solution, il faut quitter Paris. Pour Flamel, c'est le début d'un long voyage, un pèlerinage même, qui va tout changer.

Le Pèlerinage et Maître Canches

En 1378, à l'âge de 50 ans, Flamel part sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, bâton de marche à la main, copie du grimoire cousu dans la doublure de son manteau, il sillonne la France à pied. Son objectif ? réussir à approcher les cercles secrets des intellectuels juifs d'Espagne. Pendant des mois, il parcourt la campagne, descend vers le sud, traverse la frontière. Et il arrive enfin dans la province de Léone, où il entend parler d'un médecin juif très savant,

un certain Maître Cantches, lui aussi alchimiste. Après plusieurs jours d'attente, il parvient à obtenir une audience avec le vieil homme. Une fois dans son bureau, Flamel se présente et lui parle de son projet. Mais son interlocuteur ne lui prête pas beaucoup d'attention. Il griffonne pensivement sans même le regarder. Flamel arrache alors de la doublure de son manteau la copie du vieux grimoire qu'il tente de déchiffrer depuis maintenant 20 ans.

et la pose sur la table. Canchas jette un coup d'œil à l'ouvrage, avant de dévisager son visiteur. Une lueur d'émerveillement passe dans les yeux du vieillard, mais le doute subsiste. D'un geste de la main, Flamel l'invite à le feuilleter. Fébrile, le médecin espagnol s'exécute. Impossible. Ce livre a disparu depuis des siècles.

Flamel lui raconte alors toute son histoire. Maître Cantchesse n'en revient pas. Il faut absolument voir l'original rester dans la librairie de son propriétaire. Et dès le lendemain, les deux hommes font route ensemble, direction Paris. Le chemin du retour est long et fatigant. Mais Canches est un agréable compagnon. Il sait faire la conversation, son érudition ne semble avoir aucune limite, et surtout, il connaît quelques secrets bien gardés sur l'alchimie que Flamel ignore encore.

Un soir, à la lumière d'un feu de camp, il lui révèle le sens des figures mystérieuses que ni lui ni Pernel n'arrivaient à comprendre. Ce sont effectivement des symboles de la Kabbale. Mais contre toute attente, ils ne représentent pas des éléments naturels. Ils décrivent les trois étapes cruciales pour stabiliser la pierre philosophale. Trois étapes qu'il faut absolument suivre et que Flamel a négligées jusque-là. D'abord, l'œuvre au noir consiste à débarrasser la matière de ses impuretés.

Ensuite, l'œuvre au blanc demande à l'alchimiste d'atteindre l'humilité nécessaire à la transmutation des métaux en argent. Et enfin, l'œuvre au rouge, triomphe des sens et de l'esprit, permet de créer l'or. Ensemble, elles forment le grand œuvre et quiconque y parvient jouit d'une vie éternelle. Quelques jours plus tard, exténué par le voyage, maître Canches meurt à Orléans.

Mais Nicolas Flamel a maintenant la clé qui lui manquait. Trois ans après son départ, il revient à Paris. Ses retrouvailles avec Pernel sont assez rapides, car en réalité, le couple ne désire qu'une chose, se remettre au travail le plus vite possible.

Le Grand Œuvre Est Achevée

Pendant un an, nuit et jour, dans la petite librairie au rideau tiré et à la porte fermée, il se livre tous deux aux expériences scientifiques les plus étranges, les plus grandioses, jusqu'au 17 janvier 1382, à midi précise. Nicolas Flamel et Dame Pernel parviennent à transformer une demi-livre de plomb en argent pur. Quelques mois plus tard, ils changent du mercure en or.

Et à la fin de l'année, ils arrivent enfin à fabriquer la pierre philosophale. Ensemble, ils sont l'aboutissement de dizaines de générations de chercheurs avant eux. Ensemble, ils viennent de réussir là où tout le monde avait échoué.

Vie Après Succès et Début Légende

Ils viennent de réaliser le plus grand défi de toute l'histoire de l'alchimie. Les années qui suivent, le couple achète des maisons, en revend, en construit. Après tout, ils ont de l'or en quantité illimitée puisqu'ils peuvent en créer. Mais ils en font aussi profiter les autres. Ils hébergent des laboureurs et des artisans, prêtent au trésor royal et font beaucoup de dons à l'église et à des hôpitaux.

Bien sûr, leur fortune éveille quelques soupçons, mais ils savent se montrer généreux avec qui pose trop de questions. Le temps passe et Pernel meurt en 1397. Nicolas Flamel l'a rejoint au tombeau une vingtaine d'années plus tard à l'âge de 88 ans. Du moins, officiellement. Car nombreux sont ceux qui les croient encore vivants.

Des voyageurs jurent même les avoir aperçus en Inde au début du XVIIIe siècle, soit 300 ans plus tard. Ce serait croire au miracle, et on pourrait tout à fait s'arrêter là. Mais pour les plus rationnels… Curieux de ce qu'il s'est réellement passé, la vie de Nicolas Flamel et de Dame Pernel réserve encore une dernière surprise, et pas des moindres. Avant de continuer cet épisode, nous voulions vous remercier pour votre écoute.

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Le Livre des Figures Hiéroglyphiques, Un Faux

On se retrouve tout de suite après. Paris, 1612, presque 200 ans après la mort officielle de Nicolas Flamel. Les rues de la capitale sont désertes. Depuis des heures déjà, la nuit a enveloppé la ville dans une obscurité que personne n'ose défier. Couchés chez eux, les tanneurs, les écorcheurs et les prêteurs sur gage n'ont pas bougé du quartier.

Mais l'église Saint-Jacques-de-la-Boucherie, elle, a bien changé avec le temps. Une grande tour gothique s'élève maintenant à la place du vieux clocher. L'air pensif, un homme encapuchonné la regarde un instant depuis sa fenêtre. avant de retourner à son travail. Sur son bureau, des parchemins vierges, une plume, un encrier. Il sait ce qu'il a à faire. Mais par où commencer ? Que raconter ?

Et surtout comment ? Cela fait si longtemps. Ses doigts se souviennent-ils de la forme des lettres ? De la bonne pression qu'il faut exercer sur le papier pour y imprimer les mots sans le déchirer ? Ombre parmi les ombres ? Sa silhouette glisse jusqu'à sa chaise. Il s'assoit. À côté de lui, la cheminée crépite. Mais sous son grand manteau noir, ses mains restent froides, insensibles au réconfort du feu.

Et sa peau ridée, fine, presque translucide, semble prête à s'effriter comme du sable au moindre coup de vent. Il se sent vieux et fatigué. Après toutes ces années, il a gardé sa lucidité, mais il sent que son corps, lui, appartient à deux mondes à la fois, celui des vivants et celui des morts. L'homme reste sans bouger pendant quelques minutes, il médite sur sa vie. Mais très lentement,

Un sourire espiègle finit par se dessiner sur son visage. Une idée vient de germer dans son esprit. Il est peut-être encore temps de faire une dernière plaisanterie. Il prend alors sa plume et se met à écrire livre des figures hiéroglyphiques. Moi, Nicolas Flamel, je vais vous raconter mon histoire. Les années qui suivent, cet ouvrage fait l'effet d'une bombe dans toute l'Europe.

Mais l'alchimiste le plus célèbre du monde n'en est pas l'auteur. C'est l'œuvre d'un sombre inconnu, un imposteur qui a voulu faire une farce. En réalité, malgré tous les livres signés de son nom par la suite, Nicolas Flamel n'a jamais écrit sur l'alchimie. En fait, ça va même encore plus loin. Quand on se penche sérieusement sur la vie de Nicolas Flamel, une conclusion aussi décevante qu'étrange s'impose, cet homme dont on connaît le nom encore aujourd'hui,

n'a très probablement jamais fait d'alchimie. En 1612, le livre des figures hiéroglyphiques est publié. Cet ouvrage se présente comme la traduction en français d'un manuscrit perdu, rédigé en latin par Nicolas Flamel 200 ans auparavant. Et à la manière d'une autobiographie, l'alchimiste y raconte son histoire. sa profession de libraire, son rêve prémonitoire avec l'ange, le grimoire au symbole mystérieux, la rencontre avec maître Canches et enfin la fabrication de la pierre philosophale.

À sa sortie, le livre connaît un succès retentissant. Enfin, on en sait un peu plus sur ce personnage idolâtré par les savants. Enfin, on connaît le secret du seul homme à avoir réussi la transmutation du plomb et du mercure en or. Le problème, c'est que c'est un faux, écrit par un romancier dont on ignore l'identité. Le texte est bourré d'anachronisme, à commencer par le terme hiéroglyphe, qui n'entre dans la langue française qu'au XVIe siècle.

Sauf à croire que l'alchimiste ait prolongé sa vie de plusieurs siècles et qu'il ait rédigé ce livre, il faut se rendre à l'évidence, Nicolas Flamel n'a jamais vécu tout cela. C'est une légende inventée de A à Z et qui a perduré jusqu'aujourd'hui.

La Vraie Histoire de Nicolas Flamel

La réalité, elle, est bien différente. Car Flamel et son épouse, Pernel, ont vraiment existé. Mais ils n'ont jamais fait la moindre expérience scientifique ou découverte magique. Avait-il même entendu parler de l'alchimie ? Peut-être. Les rumeurs ont fait d'eux des êtres immortels, quasi divins. Mais que s'est-il réellement passé ? Comment ce couple tout à fait banal s'est-il inscrit dans l'histoire, sans le vouloir ?

sans rien faire d'exceptionnel, sans même pouvoir imaginer un seul instant que leur nom marquerait la culture populaire à jamais. Reprenons au début. Nicolas Flamel vit bien à Paris, près de l'actuelle Tour Saint-Jacques au XIVe siècle. Libraire, écrivain public, copiste, il a une situation confortable, son commerce marche bien et son mariage avec Pernel, une veuve ayant du bien, lui assure un petit patrimoine.

Le couple se spécialise vite dans l'investissement immobilier. Et leur fortune grossit année après année. Rien de colossal non plus, ils sont riches, mais bien moins que certains nobles ou bourgeois de l'époque. Simplement, ils sont religieux et généreux. A la fin de leur vie, ils consacrent une bonne partie de leurs ressources à rénover des arcades et des portails d'églises parisiennes, à construire des chapelles et bâtir des maisons pour accueillir les pauvres.

Le problème, c'est que les chantiers architecturaux sont toujours plus voyants que les coffres forts bien cachés à l'abri des regards dans les salons. Leurs contemporains voient donc là un étalage extraordinaire d'argent.

Comment Nait la Légende Alchimique

Et après leur mort, une théorie commence à voir le jour. Nicolas Flamel et Dame Pernel vivaient dans l'opulence la plus totale. À cela, une seule explication. Ils étaient capables de créer de l'or. Ils avaient découvert le secret du grand œuvre, le Saint Graal de l'alchimie. Le couple n'a évidemment jamais entendu parler de cette rumeur, et d'ailleurs, à partir du XVe siècle, ils ne sont plus là pour la démentir. À partir de là, la légende s'emballe.

Leurs maisons et leurs tombes sont fouillées de fond en comble dans l'espoir de trouver la pierre philosophale. On surinterprète les symboles sculptés dans les arcades qu'ils ont fait construire. Anges, lions ailés, dragons, serpents deviennent autant de signes à déchiffrer pour découvrir le grand secret. Il ne s'agissait en réalité que de décorations assez courantes dans l'architecture médiévale.

Mais quand on cherche un sens caché aux choses, on finit toujours par le trouver. Quitte à laisser de côté un peu de rationalité et de bonne foi au passage. Au fil des décennies, le nom de Pernel est progressivement oublié, comme souvent disparaissent le nom des femmes qui ont joué un rôle dans l'histoire. Mais le mythe de Nicolas Flamel, lui, s'amplifie.

Flamel, Mythe Culturel Éternel

Et à partir de 1612, à la publication du livre des figures hiéroglyphiques, le mythe prend la forme d'un récit avec des détails, des événements, des personnages. D'autres ouvrages suivent, signés eux aussi du nom de flamel en personne, des traités d'alchimie, des poèmes énigmatiques, des instructions pour réussir la transmutation des métaux en or. Tous des faux, des inventions.

De grands alchimistes ont vraiment existé dans l'histoire, comme le suisse Paracels, dont les techniques de médecine étaient très en avance sur son temps. Mais Nicolas Flamel n'en a tout simplement jamais fait partie. À partir du siècle des Lumières, l'alchimie se voit reléguée au rang de discipline occulte. Les progrès des mathématiques, de la physique et de la chimie, tels qu'on la connaît aujourd'hui, lui font perdre tout crédit scientifique.

Elle bascule du côté de l'imaginaire. On retrouve alors Flamel dans la littérature, sous la plume de Gérard de Nerval, Alexandre Dumas, Victor Hugo et plus tard André Breton et Robert Desnos. A l'aube du XXIe siècle, Nicolas Flamel est déjà une figure très populaire en Europe. Mais il s'ancre définitivement dans l'imaginaire collectif mondial à la faveur d'un best-seller, Harry Potter à l'école des sorciers,

ou, si l'on veut être fidèle au titre original, Harry Potter et la pierre philosophale. Présent en filigrane dans tout le roman de J.K. Rowling, il y incarne un sorcier vieux de plus de 600 ans et ami du professeur Dumbledore, directeur de Poudlard. Sa création, la fameuse pierre, est cachée dans l'enceinte de l'école et pourrait permettre au terrible Voldemort de revenir à la vie. Par la suite, Flamel est mentionné dans de nombreuses autres œuvres.

le livre Davici Code de Dan Brown, la série d'animation japonaise Full Metal Alchemist Brotherhood, d'après le manga de Hiromu Arakawa, ou encore le jeu vidéo Assassin's Creed Unity, produit par Ubisoft. Si le petit libraire du Moyen-Âge voyait tout cela, il serait bien surpris du fabuleux destin qu'on a imaginé pour lui. À moins bien sûr qu'Inconnito, au bras de sa chère pernelle, il ne se promène encore aujourd'hui dans les rues de Paris.

Merci d'avoir écouté cet épisode des Fabuleux Destins, écrit par Elie Oliven, réalisé par Raphaël Menoux. Dans la prochaine saison, je vous raconterai l'histoire d'une résistante et militante catholique qui a sauvé des milliers d'enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. En attendant, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à laisser des commentaires et des étoiles sur vos applis de podcast préférées.

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