Perrier-Jouët, César Giron : "Le vrai luxe c'est la seule chose qu'on ne peut pas acheter ; et cette chose qu'on ne peut pas acheter c'est le temps." - podcast episode cover

Perrier-Jouët, César Giron : "Le vrai luxe c'est la seule chose qu'on ne peut pas acheter ; et cette chose qu'on ne peut pas acheter c'est le temps."

Jul 07, 202216 min
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César Giron, président de la prestigieuse maison de champagne Perrier-Jouët, nous présente sa maison dont la singularité est peut-être la symbiose étonnante entre l’art, la nature et le vin.

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Transcript

Le vrai luxe, c'est la seule chose qu'on ne peut pas acheter. Et cette chose qu'on ne peut pas acheter, c'est le temps. Le comité Colbert, la voix du luxe français, vous invite à la rencontre des dirigeants des maisons les plus mythiques. Comment perçoivent-ils leur métier aujourd'hui et leurs défis pour demain ? César Girond.

président de la prestigieuse maison de Champagne Perrier-Jouette, nous présente sa maison dont la singularité est peut-être la symbiose étonnante entre l'art, la nature et le vin. Bonjour, je m'appelle César Giron, je dirige la maison Périchouette et j'ai la joie et le plaisir de participer à ce podcast sur les dirigeants du luxe. Je viens d'une mère française, qui était la fille aînée de Paul Ricard.

et d'un homme qui s'appelle César Girond, dont je porte le nom, qui a été un des plus grands touréros du monde pendant plus de dix ans. Et donc je suis un peu le fruit d'une famille d'entrepreneurs et d'une personne qui, tous les week-ends... exposer sa vie pour assouvir à la fois sa passion et assurer sa vie. Si je devais parler des valeurs qu'on m'a transmises, il y a la valeur du travail, des valeurs d'humilité. Parce que lorsqu'on rentre dans les arènes...

qu'on a triomphé sur le premier taureau, le deuxième taureau qui vient, il n'a pas lu la presse. Il ne sait pas que vous êtes un grand héros, il n'en sait rien. Et d'ailleurs, il n'est pas là pour vous faire de la pub, il est là pour faire ce combat. Donc, c'est peut-être cette sensation aussi de... De devoir sans cesse remettre l'ouvrage sur le métier en essayant de maîtriser le geste chaque fois un peu mieux. Alors ça, je pense que c'est un point commun avec l'artisanat et l'art.

Puisqu'en fait, ce lien entre l'artisanal et l'art, c'est finalement ce lien entre le passé et le futur. Parce que les artistes ont cette capacité à identifier dans le temps des choses que le commun des mortels ne saisit pas. Et comme l'artiste s'adresse à la fois à l'émotion, à l'intuition, à l'intellect, finalement, il a toutes les entrées de notre esprit pour nous tirer vers un monde nouveau.

Alors j'ai fait mon MBA au Japon, dans le cadre de M Lyon. Ensuite, on m'avait toujours dit que dans la vie, il fallait savoir vendre et compter. Mon MBA en marketing et finance, j'ai décidé de démarrer par la vente. J'ai pris un secteur dans l'est de la France, à Nancy. région magnifique que j'ai découverte. Et ensuite, j'ai suivi un parcours dans l'entreprise assez divers et varié. Et 22 déménagements plus tard, nous voici ici.

Je crois que la singularité de la maison Périjouette vient de son héritage, de son ADN. Un certain Pierre-Nicolas Perrier, Rose Adélaïde... Jouette décide de lier leur destin à un matrimonio en 1810 et finalement, un an après, de joindre leur nom pour former la maison Père et Jouette. À l'origine de cette histoire, il y a... Pierre Nicolas, qui est un passionné de viticulture et de botanique.

Et on a Rose Adélaïde, qui est une femme extraordinairement cultivée, passionnée par l'art, et décide de fonder une maison de champagne. Et donc, ce qui fait la singularité de la maison Périgouette, je crois que c'est cette symbiose. entre l'art, la nature et le vin, parce que le champagne, c'est avant tout un grand vin.

Les premières années, donc 1811, sont dédiées à constituer le vignoble et d'aller chercher les meilleures parcelles. Aujourd'hui, c'est évident, mais à l'époque, il fallait une grande connaissance des terroirs et de la vigne pour identifier des...

des parcelles mythiques. On parle de Bourron-le-Roi, Bourron-le-Milieu, des parcelles extraordinaires avec lesquelles nous avons le belle époque blanc de blanc en millésime. Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, les maisons ressemblent à leur fondateur. Et là, nous avons la chance d'avoir deux fondateurs, un homme, une femme. Donc, ce romantisme est dans l'ADN de l'entreprise.

Et le bon sang ne saurait mentir lorsque Pierre-Nicolas et Rosa Delaïde passent la main à leur fils, Charles Perrier. Celui-ci est aussi botaniste. Et donc, on voit quand même que cet aspect botaniste, cet aspect floral, non seulement est dans l'ADN de l'entreprise, mais aussi dans cette volonté d'utiliser le chardonnay depuis le début pour être la signature florale du style Périgouette et Belle Époque.

Lorsque l'on est dans une dynastie et dans une logique patrimoniale, l'enjeu c'est de transmettre mieux que ce que l'on a reçu. Alors c'est vrai que lorsque nous on en est à la troisième dynastie, c'est vrai que lorsque l'on voit des familles qui sont là depuis... 1811, ça impose à la fois le respect et la curiosité. Quand on dit art, quand on parle d'artisan, on pense luxe. Et lorsqu'il convient de définir le luxe, ça devient très difficile.

Chacun a sa propre vision du luxe, sa propre perception de ce qu'est le luxe. Et finalement, si on devait avoir un marqueur du luxe, le vrai luxe, c'est la seule chose qu'on ne peut pas acheter. Et cette chose qu'on ne peut pas acheter... C'est le temps. Vous pouvez en donner, vous pouvez en perdre, vous pouvez l'analyser, mais vous ne pouvez pas l'acheter. Et donc, on a mis le temps au cœur de la démarche de la maison Périgouette.

Le temps de l'héritage, tout d'abord. Lorsqu'on aborde son troisième siècle d'histoire, on ne regarde pas l'histoire de la maison de la même façon. Après, il y a le temps du vivant, le temps de la vigne, les quatre saisons. Ce temps du vivant, finalement, va conditionner toute notre activité et il va falloir constituer ce temps du vivant dans le temps de l'héritage. Ensuite, il y a un autre temps, qui est un autre temps long, qui est le temps du savoir-faire, dans lequel...

La maison Périjouette, depuis 200 ans, n'a connu que huit chefs de cave. Le dernier, ou je devrais dire la dernière, parce que désormais c'est Séverine Frerson, qui est la chef de cave de la maison Périjouette, n'est que la huitième chef de cave. Enfin, le dernier temps, pour terminer mes quatre temps, c'est le temps de l'émotion. C'est le moment où les artistes, une maison, une coupe de champagne, ont finalement créé une émotion.

Et tout ceci est fait pour que cet instant, tout vienne se cristalliser sur ce moment final, qui est le moment où on va partager ce fruit du savoir-faire, de l'héritage et de la nature, le temps du vivant, sur ce moment d'exception. Dans les trois piliers qui animent la maison, il y a l'art, la nature et le vin. Et donc finalement, ce plaquant de belle époque cristallise les trois. On reprend l'histoire, Pierre-Nicolas Perrier.

Rose Adelaide Jouette ont un fils, Charles Perrier, dont le beau-frère Eugène Gallis, passionné aussi d'art. A deux enfants, Henri et Octave, qui, fréquentant le monde parisien, rencontrent Emile Gallet et lui demandent de jeter quelques anémones du Japon sur une bouteille en 1902, sur huit Magnum. qui sont oubliés aussi instantanément que la durée de vie de l'anémone. Et ça n'est qu'en 1964, quand André Bavré retrouve ceci dans un placard, je présume, et décide de forger...

et d'élaborer la cuvée, la belle époque, dans ce flacon juste extraordinaire qui désormais est devenu l'emblème, l'icône de la maison. Et depuis, nous avons toujours essayé... de nous inspirer à la fois de la nature et de l'art. Et d'ailleurs, on réalise ce podcast dans la maison Belle Époque, où nous sommes entourés.

une des plus belles collections d'arts nouveaux en France. Et l'art nouveau était lui-même une réaction contre l'hyper-industrialisation. Et on a cherché à s'inspirer de la nature pour lancer un mouvement. je crois que nous en sommes restés là et nous continuons cette belle aventure. Peut-être un élément sur l'art qui marque peut-être une évolution dans la façon dont on intègre l'art.

On est inspiré par l'art et la nature. La nature, il suffit de l'observer. J'entends souvent parler des gens de biomimétisme, qui est le fait de s'inspirer de la nature d'un point de vue technique. Moi, je parlerais plutôt de bio-expressif. En fait, on écoute parler de la nature pour essayer de s'en inspirer, parce que la nature, finalement, parle à tous les sens. Et dans l'art, on a regardé comment est-ce que l'on pouvait faire évoluer.

notre relation à l'art. Et finalement, on crée une sorte de biodiversité artistique. Et là, on va bientôt publier, donc, au Journée d'Arles, les 6 et le 7 juillet, on va présenter un livre, L'alchimie moderne, co-écrit par Viziane Sassen et Emanuele Kocha, dans lequel vous apprendrez que tout est matière. En fait, le temps immédiat n'a pas d'impact sur notre décision, qu'on le veuille ou non. Pour une raison très simple, c'est que le champagne que l'on boit aujourd'hui a été produit hier.

Quand je dis hier, c'est il y a quelques années ou il y a quelques dizaines d'années. Et donc, on ne peut pas vendre plus que ce que l'on a en cave. Et de s'emballer sur un phénomène qui peut être actuel et de produire énormément de bouteilles. en allant affecter une qualité potentielle, etc., pour se projeter dans un monde dans lequel, dans 10 ans, on ne sait pas de quoi il sera fait, je pense que ce serait hasardeux. En revanche, je disais tout à l'heure que...

Les modes passent, le style reste. Je pense que la vision de la maison reste la même. C'est finalement la vigne qui décide des quantités. Et lorsque la vigne est généreuse, on produit plus. Lorsque la vigne est moins généreuse, on produit moins ou pas du tout. Et c'est ça qui va déterminer les quantités que l'on va produire, plus qu'une prévision commerciale ou pas.

Ensuite, le véritable patron de toutes les maisons, c'est le consommateur. Et donc, je pense que ce soit, quel que soit le moment de convialité, le respect du consommateur au travers de la qualité. et de l'intégrité des produits que l'on va lui offrir, et de l'émotion qu'on va lui donner, c'est finalement le moteur de la stratégie. Et donc nous utilisons les 65 hectares.

que nous avons pour Périjouette, sur nos cuvées de prestige, comme en fait un jardin d'expérimentation, dans lequel nous essayons de mettre en œuvre un certain nombre de pratiques nouvelles. On a fait beaucoup de choses. Ce que l'on fait désormais, c'est que nous avons mis en œuvre des pratiques de viticulture régénératrice, dont le principe est qu'on s'occupe du sol avant de s'occuper de la vigne.

bien entretenue, régénérée, dans le ras de la vigne, beaucoup plus vive, beaucoup plus qualitative. Et donc ça fait maintenant six ans que nous avons démarré. Ce principe, nous sommes encore en cours d'apprentissage. Il n'y aura pas de solution miracle, mais il faut que l'on expérimente le plus possible pour changer nos pratiques de façon très importante pour le futur.

Le pourcentage concerné par ces nouvelles pratiques, c'est au minimum la moitié de nos hectares. Après, en fonction des différentes configurations, de l'unité de lieu, de la facilité à mettre en œuvre et de la validité de l'expérience, à terme, ce sera 100%.

Dans le cadre de cette démarche, nous partageons avec nos partenaires agriculteurs pour apprendre d'eux. Parce que parfois, ils ont des pratiques aussi innovantes, voire plus innovantes que les nôtres. Et ils s'inspirent de ce que l'on fait aussi pour pouvoir construire ensemble. un certain nombre de pratiques qui nous permettront demain d'avoir des vignobles plus respectueux de l'environnement. Nous avons décidé d'arrêter les herbicides sur la totalité de nos vignobles. Je raconte comme ça.

Mais il ne faut pas se cacher, ça a été très difficile pour les équipes. Ils ont fait un travail remarquable. Si on met des herbicides, c'est parce qu'il y avait une raison. Donc il a fallu changer les méthodes, les pratiques.

Et au début, ça a été très difficile et je tiens vraiment à saluer les équipes de Vigno qui ont un travail remarquable. Et aujourd'hui, ils sont fiers de ce qu'ils ont fait. Nous sommes fiers de ce qui a été fait et c'est finalement la meilleure motivation pour aller de l'avant et on a encore beaucoup de travail à faire. Si on regarde les personnes, je crois que la sensibilité environnementale est en train d'exploser.

est en train d'évoluer exponentiellement. D'ailleurs, cette notion d'exponentiel est sans doute ce qui caractérise notre époque où tous les signaux faibles se développent très vite de façon exponentielle. Alors, cette sensibilité environnementale va être d'autant plus déterminante pour nos produits.

que nous faisons des produits à vieillissement. La caractéristique de ces produits à vieillissement, c'est que le consommateur va juger demain, après-demain, dans 3 ans, dans 10 ans, lorsqu'il va ouvrir une bouteille pour la partager de façon... responsable avec ses amis. Il va juger mes pratiques d'aujourd'hui avec sa sensibilité de demain. D'abord, je pense que c'est une futilité que d'opposer environnement et rentabilité, environnement et performance.

Le consommateur d'aujourd'hui, il a dans son ADN l'environnement. L'employé de l'entreprise aujourd'hui, il a dans son ADN l'environnement. Ce qui veut dire que l'environnement fera partie... des critères clés de décision pour pouvoir opérer. Alors une entreprise qui aura des vraies pratiques environnementales, le consommateur lui donnera une licence sociale d'opérer.

Et quant à l'entreprise qui aura une véritable stratégie environnementale dans son ADN elle aussi, les meilleurs talents voudront rejoindre cette entreprise parce qu'ils voudront participer à l'élaboration d'un business qui est beaucoup plus... durable. Et donc, si on prend les clients d'un côté qui nous donnent cette licence sociale d'opérer et les meilleurs talents qui viennent se joindre à notre maison, en final, l'entreprise...

sera beaucoup plus informante. Donc d'investir ton environnement, d'un point de vue économique, c'est une bonne idée. Préserver le passé, accompagner le présent, se projeter dans l'avenir. et de montrer que finalement le luxe est aussi un état d'esprit et que l'on peut apporter ce savoir-faire aussi en local, tout en préservant des choses essentielles auprès d'un écosystème comme le luxe français.

Former des artisans, ça prend du temps. Former tout l'écosystème autour d'eux, ça prend du temps. Et donc aujourd'hui, tant que l'unicité de lieux existe, le consommateur viendra acheter ici. Je pense que la devise du luxe à la française ne peut pas être une devise personnelle.

C'est un peu comme l'environnement. Tout à l'heure, on disait que la planète est un bien commun, donc il faut que le combat soit collectif. Je pense que l'avenir du luxe à la française, c'est justement dans cet effort collectif que font l'ensemble des maisons de luxe pour se remettre en place.

cause pour se préparer à l'avenir. Et c'est vrai que cette devise qui dit promouvoir passionnément, transmettre patiemment, développer durablement me paraît être une excellente feuille de route autant qu'une raison d'être et une feuille de marche. Sous-titrage ST' 501

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