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SONIA ROLLAND - Episode 2 - Fuir pour survivre

May 19, 202514 min
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Summary

Sonia Rolland décrit sa joyeuse adolescence au Burundi, loin des tensions rwandaises, jusqu'à l'éclatement soudain du génocide en 1994 qui les met en grand danger. Elle raconte l'expérience du confinement, la peur quotidienne, et la décision urgente de fuir. L'épisode détaille les difficultés de l'évacuation, le traumatisant voyage, et l'arrivée en France non plus comme expatriés mais comme réfugiés, abordant aussi l'histoire de son grand-père.

Episode description

Dans le premier épisode de cette saison de Destin, Sonia Rolland racontait son enfance à Kigali au Rwanda dans les années 1980. Alors qu’elle grandit dans un cadre familial heureux, l’ombre des tensions raciales et ethniques entre les Tutsis et les Hutus plane déjà au-dessus de la famille. Le père de Sonia Rolland décide d’envoyer sa femme et ses enfants en France le temps que les choses se calment. Dans cet épisode, Sonia Rolland raconte son retour en Afrique en 1992, après s’être acclimatée à sa première expérience de "l’identité française". Désormais au Burundi, pays voisin du Rwanda, Sonia et sa famille sont percutés de plein fouet par le début du génocide des Tutsis par les Hutus en 1994. En danger de mort, elle fuit de nouveau vers la France avec sa famille où elle ne sera plus une expatriée, mais une réfugiée de guerre. Destin est un podcast à retrouver sur les applications du groupe NRJ rubrique "podcasts" et sur toutes les plateformes d’écoute. Un podcast imaginé par Sarah Conan Rédaction en chef et interview : Anaïs Koopman Réalisation : Cédric le Doré Production : Anne-Cécile Kirry Assistante éditoriale : Marie Carette

Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcript

des histoires paranormales. Dans le premier épisode de cette saison de destin, Sonia Roland racontait son enfance à Kigali au Rwanda dans les années 1980. Alors qu'elle grandit dans un cadre familial heureux, l'ombre des tensions raciales et étrangères entre les Tutsis et les Hutus, planent déjà au-dessus de la famille. Le père de Sonia Roland décide d'envoyer sa femme et ses enfants le temps que les choses se tournent

Dans cet épisode, Sonia Roland raconte son retour en Afrique en 1992 après s'être acclimatée à sa première expérience de l'identité française. Désormais au Burundi, pays voisin du Rwanda, Sonia et sa famille fouet par le début au bout en 1984. en danger de mort elle fuit de nouveau vers la france avec sa où elle ne sera plus une expatriée mais une réfugiée de guerre. Épisode 2 Fuir pour survivre

Lorsqu'on s'enfonce en territoire Hutu, les barrages jalonnent les pistes. Des barrages tenus par des civils Hutus, de simples villageois, qui s'autorisent ainsi à contrôler les identités. On appelle ça la défense civile. Mon père, pendant ce temps-là, prend son imprimerie et avec ses associés, ils vont déplacer cette imprimerie au Burundi, le pays voisin. C'est un peu comme la France et la Belgique. Et puis deux ans après, bien installés, ils nous demandent de revenir.

Donc le retour en Afrique au Burundi se fait en 92. Je ne suis pas triste parce que quand même l'Afrique me manque. Et là, je vais connaître une adolescence très joyeuse dans un contexte politique qui est plutôt sécurisé. Je fréquente l'école française aussi de Bujumbura. J'y croise Gaël Fay et on devient très amis. Son père est vraiment un ami très proche de mon père. Enfin moi, j'ai vraiment que des bons souvenirs de mon enfance et de mon adolescence.

Mon enfance est une enfance joyeuse, plutôt paisible au Rwanda. Je fréquente le café littéraire que ma mère dirige au Centre culturel français qui s'appelle l'Échiquier. Donc je baigne dans la culture. dans les livres, dans le théâtre. Et puis mon père, qui est fan de cinéma, nous abreuve de cassettes vidéo parce qu'à l'époque, on n'avait pas le cinéma. Donc ses amis lui envoyaient des cassettes vidéo qu'on regardait, mais en boucle, quoi. Mon entrée dans l'adolescence se fait de

quand même assez cool parce que j'ai un bon groupe de potes on a des boules tous les samedis j'ai une équipe de basket dans laquelle je fais des prouesses c'est l'arrivée aussi d'une culture afro-américaine avec le prince de bel air avec le grand le gosse bichot et on est abreuvé de ça le rap connaît ses meilleurs moments. Je pense que les années 90 se symbolisent par la légèreté.

l'envie très créative de se distinguer donc nous on se distinguait je sais pas si vous vous souvenez de l'époque des criss-cross quand on mettait les jeans à l'envers on portait des baggy Moi j'étais tellement fan de Michael Jordan. Je dormais, je vivais, je me douchais même avec mon maillot de Michael Jordan. Donc c'est une enfance très très très joyeuse. Ce pourquoi on arrive au Burundi, c'est parce qu'on fuit un contexte qui est très instable au Rwanda.

Divisé, 85% de la population est auto, la plus grande minorité. Depuis plusieurs générations, ces deux groupes ethniques sont en conflit. En 1993, une mission de l'ONU débute dans le pays pour tenter de maintenir la paix entre le gouvernement Hutu et les insurgés Tutsis. Habitant en Burundi, on pensait être en sécurité. De toute façon... Je pense que les Rwandais...

étaient loin d'imaginer ce qui leur arriverait en 94. En fait, nous, on savait qu'il y avait une injustice à les garder toutes-ci, il y avait des choses atroces qui se faisaient dans les campagnes, loin de la grande ville. Mais on était tellement loin d'imaginer. qui allait avoir un million de morts en 100 jours. On n'avait pas vraiment conscience de ce qui se passait réellement en tant qu'adolescent, mais les parents devaient le savoir.

Je suis issue d'une famille et surtout d'une culture rwandaise très pudique, très digne et il y a des choses qui ne se disent pas devant les enfants, il y a des choses qui se racontent certainement derrière notre dos parce que... Ils nous mettent à l'abri de discussions qui pourraient nous angoisser, nous stresser. C'était une période insouciante.

6 avril, l'avion du président Abiyarimana est abattu, pour certains par des rebelles du FPR, pour d'autres par les durs du régime qui craignaient qu'ils se rangent à l'alternos politique. Une deuxième thèse probable au vu de la rapidité de la riposte de ces extrémistes Hutus qui disent vouloir venger leur président. 40 minutes à peine après l'attentat, le massacre commence. Trop systématique pour ne pas avoir été programmé, dira un rapport de l'ONU.

et c'est vrai qu'en 94 en avril 94 Il y a l'attentat contre l'avion du président rwandais. Et dans la nuit, le génocide démarre. On barricade dans les rues de Kigali et on tue des gens selon l'unique critère qu'ils sont Tutsis.

Et nous, en fait, on apprend les choses assez rapidement parce que ma mère était renseignée quand même par des gens qui vivaient à Kigali et qui étaient témoins de ça. Donc on prend conscience quand même qu'on est... face à un grand danger et en fait ma mère se retrouve sur une liste de gens qui sont recherchés au-delà des frontières et elle et mon père prennent conscience qu'il faut partir parce que même si mon père était français même si on était protégé par des passeports français ma mère

et elle risquait gros de rester là et puis on a vécu quand même un événement majeur c'est que pour faire peur aux ressortissants étrangers parfois il balancer des grenades dans le stade à côté parfois

Donc il y a eu une évacuation un jour, mais une évacuation qui a été faite dans la précipitation. Nous, l'avantage, c'est qu'on habitait vraiment à deux pas de l'école, donc on a pu rentrer à pied. Mais là, quand vous voyez débarquer dans... dans votre lycée, les casques bleus et qu'ils embarquent dans leur camionnette des gens, des enfants, mais qui sont complètement apeurés, qui ne savent pas où ils vont.

Là, d'un seul coup, vous prenez conscience que vous êtes en état de guerre. Et après, s'installe une période très difficile. Une période où on n'a plus le droit de sortir de chez nous. où il y a un blocus, où les vivres ne sont plus... Il n'y a plus de marché, il n'y a plus rien. On est en plein confinement, en fait. On a une interdiction de sortir de chez nous. On prend des mesures de sécurité qui vous paraissent complètement étranges, mais par exemple...

On dort plus sur le lit, on dort en dessous du lit parce que le lit peut nous protéger d'une éventuelle chute du toit, d'une explosion à côté. En fait, on vit vraiment dans un contexte de guerre et puis on compose avec ça. Alors c'est vrai que, très bizarrement, mon frère et moi, comme on est petit, comme on est adolescent, on s'invente des histoires, on se développe un imaginaire.

Par exemple, quand dans la nuit, vous voyez des missiles passer dans le ciel, ça ressemble à un feu d'artifice. On s'invente une histoire, on se dit que c'est là, mais ce n'est pas vraiment là. Par exemple, nous, on avait un cuisinier qui venait à la maison qui s'appelait Charles. et qui même pendant cette période qui était quand même très particulière a tenu à venir nous faire à manger parce que

Il était très attaché à nous, donc il voulait nous montrer que tout allait bien. Donc voilà, mon père, cette fois, décide de nous renvoyer à nouveau en France, parce que lui, il essaye de sauver tout ce qu'il peut sauver, c'est-à-dire son imprimerie, c'est bien. Il revient à Bretagne.

douille deux ans après en essayant de remonter une affaire au burkina faso enfin ça ne marche plus il s'avoue vaincu et puis rentre en france après Que je me souvienne bien, il se passe un mois, un mois et demi avant de pouvoir partir parce qu'en fait, la réalité, il l'a sentie comme une trahison de mon père. On est allé à l'ambassade ensemble, je me souviens, je l'avais accompagné. Et ce jour-là, il demande le droit à l'évacuation puisqu'il est français, il est ressorti.

français donc il arrive avec ses quatre passeports et on lui dit écoutez monsieur Roland nous sommes désolés mais vous n'êtes pas prioritaires ce sont les coopérants français qui ont la priorité pour le moment C'était Juppé à l'époque qui avait envoyé des avions. Et en fait, mon père reste stupéfait. Il dit, attendez, ma femme est rwandaise, donc on risque gros à rester. On n'entend pas, on était face à un fonctionnaire qui n'entendait pas.

Donc on rentre à la maison et là en fait ma mère prend la mesure du danger dans lequel on se retrouve tous. Donc mon père qui s'était fait quand même un réseau d'amis et grâce à ce réseau il a pu acheter trois billets d'avion sur une compagnie privée. Nous voilà, nous aussi en train de dire adieu à tout le monde.

Nous, en 1994, quand on décide de rentrer, on repart avec une valise et un album de famille. On laisse vraiment tout derrière nous. Je me souviens de ce voyage en camionnette, une sorte de pick-up, et en fait, mon frère était devant avec ma mère et on lui avait mis les mains sur les yeux parce qu'on ne voulait pas qu'il voit ce qui se passait à l'extérieur. il y avait un contexte quand même très

c'était traumatisant pour les enfants. Il y avait des charniers, il y avait des corps, parce que malgré tout, il y avait des exécutions qui étaient faites. Et puis il y avait une confusion aussi qui opérait au Burundi. Parce que les pouvoirs, on avait quand même aussi tué leur propre président. Donc du coup, il y a quelque chose qui est en train de dégénérer dans la situation politique intérieure. Donc voilà. Je me souviens vraiment d'un contexte de guerre où il y avait un silence assez triste.

Bizarrement, c'est une période où il y a des flashs qui arrivent aujourd'hui, mais pendant des années, presque 20 ans, je n'ai pas voulu les revoir ces images-là. Et quand on arrive dans l'avion, la seule chose dont je me souviens c'est qu'on a fait un périple.

On est partis de Bujumbura, on est allés à Djibouti, ensuite le Caire du Caire, on est arrivés à Moscou, puis après en Allemagne et après un stop à Paris. Enfin, c'était atroce. Et pour une maman qui est... se retrouve seule à devoir fuir avec ses enfants, et qu'il a son mari derrière, c'était vraiment pas drôle. Il y a beaucoup de choses que ma mère tait parce que c'est trop douloureux pour elle.

En plus, elle est dans une urgence parce qu'elle essaie de savoir si son père est toujours vivant et parce que lui a fui le nord du Rwanda et il s'est retrouvé dans un camp de réfugiés. quand il arrive dans ce camp de réfugiés. On lui demande s'il a de la famille en Europe, donc il parle de ma mère. Sauf que la France refuse que mon grand-père trouve refuge chez nous.

Donc on lui refuse son statut de réfugié et il a acquis le statut de réfugié grâce à la Belgique où il est allé finir ses jours chez ma tante et il a pu revoir toute la famille. Une des choses positives malgré tout ce chaos, c'est qu'on a pu revoir notre grand-père qui avait perdu l'usage de ses jambes parce qu'il avait marché pieds nus pendant mettre jusqu'à ce camp de réfugiés mais malgré tout finir ses jours entouré de ses enfants et de ses petits enfants.

Merci d'avoir écouté ce deuxième épisode de la saison de destin consacrée à Sonia Roland. Destin, le podcast des plus grandes histoires de vie, est une production à écouter sur les applications du groupe Énergie Rubrique Podcast et sur toutes les plateformes d'écoute. imaginé par Sarah Connor. Rédaction en chef et interview, Anaïs Koopman. Réalisation, Cédric Leclerc. Production Anne-Cécile Quiri. Assistante éditoriale Marie-Claude. mermet à bientôt pour un nouvel épisode

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