Les héritiers, le podcast des affaires criminelles les plus rocambolesques jamais vécu par les descendants des plus grandes fortunes mondiales. Plongée dans les histoires surprenantes et mystérieuses des héritières Patricia Hearst, les élitiers, parce que l'argent ne fait pas le bonheur. Bonjour, c'est Sonia Roland et aujourd'hui je vais vous raconter mon histoire. Dans cette nouvelle saison de...
Découvrez le parcours de Sonia Roland. De son enfance au Rwanda, chamboulée par le génocide des Tutsis par les Hutus en 1994, à sa carrière de réalisatrice et de productrice en passant par son sacre de Miss France 2000, Sonia Roland porte en elle une histoire singulée. Dans le premier épisode, Lax Miss France revient sur son enfance au Rwanda dans les années 1980.
Alors qu'elle évolue dans un environnement familial heureux à Kigali, la capitale du Rwanda, les événements politiques dans le pays menacent cet équilibre. Dans cet épisode, Sonia Roland raconte son premier déracinement lorsqu'elle est envoyée soudainement en Bourgogne pour vivre chez sa grand-mère où elle découvre avec stupéfaction la culture française. Épisode 1. Une enfance au Rwanda.
Je suis Sonia Roland, je suis actrice, réalisatrice, productrice aussi et j'ai été connue il y a 20 ans pour avoir été la première Miss France d'origine africaine. Je suis née à Kigali, la capitale du Rwanda en 1981 Je suis issue d'une famille mixte puisque mon père était français. Il est décédé en 2014 et ma mère est d'origine rwandaise. Je suis née dans une famille totalement métissée, à la fois européenne et africaine.
J'ai un petit frère, Mickaël, il a 4 ans de moins que moi. Et j'ai deux demi-sœurs qui sont d'origine belge, d'un autre mariage de mon père. Mon père c'était une figure assez optimiste, un grand grand bosseur. Moi j'ai vraiment appris le labeur, le sacrifice au travail par le biais de mon père et de ma mère. C'est des gens qui ont toujours travaillé. Mais j'ai aussi appris, et c'est ce que je dis souvent, et d'ailleurs je le dis aussi dans mon film Un destin inattendu,
c'est que je suis la parfaite conjugaison du risque et de la raison. Mon père symbolisait plus le risque, il savait prendre le risque d'aller vers ses rêves. Maman était plutôt la raison, elle cadrait. Donc il y avait quand même un espace assez cadré, mais dans lequel on pouvait avoir une liberté dingue. C'était chouette. Le souvenir que j'ai de Kigali... Il est assez lointain puisque de toute façon je l'ai quitté dans les années 90.
Mais c'est surtout au niveau olfactif. Quand je retourne par exemple au Rwanda, je retrouve tout à fait les parfums de la terre argileuse, de l'humidité ambiante. C'est une ville qui est à plus de 2000 mètres d'altitude. C'est une ville d'efforts en fait. Le Rwanda est connu comme étant un pays très vallonné. On l'appelle d'ailleurs le pays des mille collines. C'est un pays magnifique, très verdoyant. On l'appelle la Suisse africaine.
C'est un pays très propre et moi les souvenirs que j'ai d'enfance sont plutôt en lien avec l'environnement dans lequel je vivais. Mon père était imprimeur Ma mère faisait de l'import-export de plantes exotiques, du tuya. Et donc on vivait dans une grande pépinière. On avait une pépinière énorme et donc beaucoup de terrain. Et moi j'ai souvenir surtout de déambuler ou de courir à travers toutes ces plantes. Il y avait aussi des animaux.
des lapins, des poules. Et je me souviens, aux grandes dames de ma mère, que j'étais une petite fille qui ne portait jamais de chaussures. J'ai toujours été une espèce de gamine un peu rebelle. J'ai grandi dans une culture très rwandaise, rwando-ruandaise parce que ma première langue à la naissance c'est le Kina Rwanda. Moi j'apprends le français un petit peu avec mon père et surtout à l'école.
Dès que j'arrive à l'école maternelle française de Kigali, j'apprends le français et je commence à baigner dans une culture française que je ne connaissais pas vraiment, qui a toujours été un peu floue jusqu'au moment où j'arrive en France. En fait, le Rwanda, à cette époque-là, disons que moi, j'étais beaucoup trop petite pour comprendre la situation politique dans laquelle on était, mais je peux très bien la retranscrire parce que ma mère m'en a beaucoup parlé.
Il y avait quand même un contexte de fête, mais se murmuraient dans cette ville de Kigali des informations qui n'étaient pas très joyeuses.
à l'encontre par exemple des Tutsis parce qu'à l'époque il y avait une division ethnique due à la colonisation parce que les Belges quand ils ont rendu l'indépendance ils ont instauré un petit peu avant une sorte de séparation ethnique alors que ça n'existait pas dans la structure sociale du Rwanda et culturelle d'ailleurs et donc cette division a été alimenté par des haines, par un mépris d'une certaine catégorie de gens, et donc les Tutsis.
depuis les années 50-70, ont été la cible d'un régime autoritaire, dictatorial, négationniste, qui voulait effacer cette population. Dans les années 80, quand je suis née, ça se ressentait plutôt dans la défiance qu'avait le peuple envers l'autre peuple. Mais dans les années 90, il y a une partie de la population qui commence à avoir une vraie...
mais qui se formulait dans les débats politiques, même dans les radios. Il y avait une volonté de créer le trouble dans la société et de pointer du doigt une catégorie de gens. Donc à partir des années 90, il semblait que les Tutsis commençaient à vivre une insécurité en fait.
Parce qu'il y a eu des pogroms qui ont été complètement tués à l'échelle internationale, mais les pogroms existaient au Rwanda, donc il y a des gens qui étaient enlevés, tués, mais l'information ne circulait pas comme aujourd'hui.
Il y avait beaucoup de rumeurs, on ne savait pas si c'était vrai, et on le savait parce qu'on perdait des gens dans notre famille, mais on ne savait pas trop pour quelles raisons ils mouraient. Et donc en 90, mon père, qui était imprimeur, commence à recevoir des commandes. mais qui était vraiment spécifique. Ça peut être, par exemple, l'édition de nouvelles cartes d'identité avec la mention ethnique.
et avec l'adresse où résidait la personne, comme s'il y avait une sorte de fichage qui était en train de se mettre en place. Et ça, ça a interpellé ma mère. Ma mère, d'origine Tutsi, fait partie des rares personnes qui ont pu aller jusqu'à l'université. Et donc, elle faisait partie d'un microcosme qu'on pourrait qualifier d'intelligentsia rwandais.
Donc elle était quand même au courant de ce qui pouvait se faire, se dire dans la population. En plus, elle était passée par un autre métier qui était celui d'assistante sociale. Donc elle avait pris la température. Et il semblait vraiment que c'était une période où il n'était pas bon de rester au Rwanda, surtout quand on était d'un certain niveau social ou d'une certaine caste ethnique. Il fallait partir.
Donc en 90, mon père nous a envoyés en France. Moi, j'arrive à 10-11 ans. Et en fait, on quitte définitivement le Rwanda à ce moment-là. Donc en 90, mon frère, ma mère et moi, nous rejoignons la France à Massy. C'est un tout petit amour. de 500 habitants à Cluny, dans le sud de la Bourgogne. Donc on a eu un réel changement de décor. J'arrive dans la vie rurale française, mais de inattendu.
Heureusement que ma grand-mère était là. Ma grand-mère paternelle nous a prêté main forte. Mon grand-père était cheminot. Donc elle, elle avait le train gratuit et encore à l'époque, toute sa famille en bénéficiait. Donc elle est venue nous chercher à Paris et on est descendus en Bourgogne tous les quatre, ma mère, mon frère et moi et ma grand-mère. Et puis elle nous a emmenés directement dans sa petite maison.
à la campagne et là clairement on découvre un nouveau mode de vie. Bon moi j'étais très habituée à la nature, j'étais pas habituée au froid, j'étais pas habituée à la neige. C'est très bizarre, mais je ne sais pas si c'est le choc, si c'est le trauma, mais il y a une période de ma vie que j'ai complètement occultée, en fait. Le départ du Rwanda en 90...
Et complètement flou. Je ne me souviens pas vraiment dans quel contexte on arrive en France. Est-ce qu'on est heureux ou angoissés ? Moi, ma mère arrive en 90 ici. Elle pensait avoir du travail à Paris parce qu'on lui avait promis... une place dans une ambassade. Le problème, c'est qu'on n'a pas de logement. On arrive un peu de façon urgente. Ce sont des décisions qui se prennent à la dernière minute.
Le contexte rural, il n'y a pas forcément énormément de diversité culturelle non plus, donc c'était vraiment très étrange parce qu'on arrivait, on était la famille d'Africains qui débarquent dans un hameau de 400 habitants, c'est très très très étrange.
Je n'ai pas à ce moment-là de ma vie ressenti de racisme ou quoi parce qu'il y a eu une vraie bienveillance du voisinage de ma grand-mère qui étaient des paysans, des agriculteurs, des gens qui nous ont filé des fringues qu'ils avaient dans leurs greniers. Donc moi je vois les photos de l'époque, on était habillés, mais c'était une catastrophe. C'était complètement dépareillé, avec des frères souvent trop grandes ou trop petites. En fait je ne me souviens pas de quelque chose de douloureux.
La douleur arrive plutôt en 1994, quand je reviens en France. more
Moi, mon quotidien, tous les matins, c'était d'aller voir la voisine Madame Des Georges ou Madame Chenard pour aller chercher du lait ou des oeufs pour ma grand-mère. Je voyais ma grand-mère sur sa mobilette aller chercher le grand pain de campagne qu'on allait manger toute la semaine. Je partais à l'école et je faisais classe unique ça je crois qu'il ya pas beaucoup de français qui l'ont vécu ça mais faire classe unique avec son frère ça veut dire vous avez une maîtresse et vous avez
plusieurs niveaux de scolarité. Donc moi j'étais en primaire, mon frère était en maternelle et j'avais à partager la classe avec mon frère. Donc c'était assez... c'était assez étrange et en même temps c'est des moments hyper joyeux parce que ça vous construit
avec un respect aussi de valeurs qui semblent être un peu perdues, mais c'est des valeurs paysannes. Et moi, j'ai vraiment adoré ce moment-là. C'est là que j'apprends à faire le potager avec ma grand-mère. C'est là que j'ai une prise de conscience aussi de la nature dans laquelle on Je joue un amour profond pour ma grand-mère jusqu'à la fin de sa vie, mémé Cécile, comme on l'appelait.
C'était celle qui avait du bon sens dans sa réflexion, qui m'avait appris plein de choses, même sur le couple, plus tard. Je lui disais, mais comment t'as fait pour vivre avec grand-père ? Parce qu'il était vraiment pas facile. Elle me disait, tu sais, nous on fait partie d'une génération. où on réparait les choses, on réparait nos outils, on réparait nos machines, Vous faites partie d'une génération où il y a une obsolescence programmée. Je trouve ça assez génial.
Donc voilà, ça, ça a été vraiment une partie de ma vie qui était très chouette parce que moi, je trouve que c'est une arrivée plutôt douce vers mon identité française. Merci d'avoir écouté ce premier épisode de la saison de destin consacrée à Sonia Roland. Destin, le podcast des plus grandes histoires de vie, est une production à écouter sur les applications du groupe Énergie Rubrique Podcast et sur toutes les plateformes d'écoute. Un podcast imaginé par Sarah Connor.
Rédaction en chef et interview. Réalisation Production Anne-Cécile Quiri. Assistante éditoriale. Graphisme. À bientôt pour un nouvel épisode.