¶ Introduction et Sponsor
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¶ Présentation et Traits Personnels
Avec Catherine Selac. Votre prénom et votre nom ? Philippe pour le prénom, Gueluc pour le nom. Et une profession ? Plusieurs. Dessinateurs, auteurs, anciens comédiens. chroniqueur radio, peintre et sculpteur. Vous avez une addiction dans la vie ? Le travail et l'amour. Des miens. Un défaut ? Avoable. Je... pense que je travaille peut-être un peu trop. Et mon entourage proche me demande de temps en temps de calmer. Et je n'y arrive pas. Une qualité ?
Une seule. On a combien d'eux ? On a 30 minutes. Ça va être compliqué. Oh, je pense que c'est la loyauté et le souci d'autrui. Vous êtes ami avec vous-même ? Oui.
¶ L'Adolescence et la Découverte de Soi
Je m'entends bien avec moi-même. Depuis toujours ? Non. Il y a eu une période qui est la période de l'adolescence. où on se transforme. J'ai vraiment eu l'impression d'être une vilaine chenille qui s'est transformée en ce beau papillon que vous avez devant vous. Non, mais le moment de la transformation était un peu douloureux. À quel âge ?
entre 14 et 16. Pourquoi ? Parce que je ne m'aimais pas, je me trouvais moche, j'avais les cheveux un peu gras et de l'acné. Et je me prenais des vents avec les filles que je voulais séduire. Et puis, j'ai compris qu'il ne fallait peut-être pas tout miser sur le physique. Et j'ai réussi à les faire rire. Mais en même temps, ça m'a débarrassé de l'acné. J'ai attrapé la tête que je voulais à peu près.
avoir et je suis devenu moi-même. J'ai vraiment eu l'impression à 16 ans de devenir moi-même et que le type qui a vécu de 0 à 15, c'est quelqu'un d'autre. Vous n'avez plus de cheveux aujourd'hui, depuis longtemps ? ça me guette depuis très longtemps, puisque mon père, mon grand-père, mon arrière-grand-père, ils ont tous attrapé cette coiffure, que mon fils a adoptée d'ailleurs, il a 40 ans, et...
¶ Style Personnel et Rapport à l'Argent
C'est venu comme ça, on s'y habitue, ça ne m'a jamais posé aucun problème. Aujourd'hui, vous n'êtes pas en noir. Non. Ce qui me surprend. J'ai voulu mettre une couleur gay. C'est-à-dire un bleu marine en veste. Un bleu marine, c'est autre chose. Une chemise un peu couleur jean. Voilà, mais l'été, je porte du bleu clair, je porte des shorts de couleur du blanc.
des trucs d'été autour de la piscine. Voilà, plutôt sympa. Et l'hiver, c'est un truc... En fait, c'est un truc pratique. C'est que quand on fait des courses, ma femme... Il me dit que n'importe quoi ira avec n'importe quoi. Si tout est noir, ça ne pose aucun problème. Et le matin, je ne me pose jamais la question de me dire comment je dois m'habiller. Est-ce que le chat fait...
Attention à son élégance. Ah non, le chat, il porte toujours le même manteau, mais dans des coloris complètement différents d'une fois à l'autre. Donc c'est le même modèle, fait par le même couturier, mais le tissu. Et différent à chaque fois. Il doit avoir une garde-robe pléthorique. Le chat fête ses 40 ans. 15 millions d'albums vendus. Je ne dis pas de bêtises. 15 millions, c'est énorme. C'est énorme. Rien que la semaine passée.
Et on va avoir les chiffres de la semaine prochaine. Vous auriez pu acheter un château. C'est pas faux. Mais le château, je suis pas... Enfin, j'ai la chance d'avoir... Belle maison ancienne qu'on a restaurée en Italie. Mais sinon, je ne suis pas du tout pour le luxe. Je trouve qu'un château, c'est luxueux, que des belles bagnoles, c'est luxueux, que des montres hors de prix, c'est luxueux. Ça, ça ne m'a jamais attiré. Même passé 50 ans ? Oui.
comme disait l'autre. C'est ça. Non, ni les bancs solaires, d'ailleurs, comme lui l'a beaucoup fait. On parle de Séguéla. Non, le luxe ne m'attire pas, l'argent ne m'intéresse pas. Si, pour en faire profiter d'autres par des actions solidaires et des choses comme ça. Et pour avoir des projets. Oui.
¶ Les Chats Réels et Imaginaires
Et ça, on en parlera tout à l'heure. Mais combien de chats vous avez chez vous ? Zéro. Pourquoi ? Parce que nous habitons en ville. Lorsqu'on vivait à la campagne, nous en avions un et un chien.
Et des poules, mais elles, c'était pour les œufs. Et quand on a décidé de s'installer à Bruxelles, d'où je venais avant, on n'a plus repris d'animaux, les nôtres étant morts de vieillesse depuis un moment, parce que je pense que... les animaux doivent avoir un rapport à la nature beaucoup plus direct que vivre dans un appartement et sur une terrasse.
Donc vous pensez que c'est égoïste d'avoir un animal familier, domestique, en ville ? Non, parce que je sais que ça apporte beaucoup de réconfort à plein de personnes, mais il faut prendre le temps de vraiment s'en occuper. Et le soir, pour faire rire ma fille,
femme, quand on rentre du restaurant, je lui dis alors c'est toi qui vas sortir le chien, parce que parfois elle a dévélité de prendre un toutou. Elle dit oh non, non, non, pas ce soir et tout. Donc je sais que si on en avait un, c'est moi qui ferais le tour du... quartier quatre fois par jour, je n'en ai aucune envie. Et donc, si l'on ramasse les déjections pour les traiter individuellement, je ne vois aucun inconvénient à ce que des gens aient des animaux dans les villes.
En France, un foyer sur deux à un animal et en majorité à un chat. Vous en êtes la cause ? Alors, je ne crois pas. Moi, je plaide toujours pour... Pour les albums, plutôt que le vrai animal, parce que l'album ne rend allergique personne, parce qu'il ne vous réveille pas en pleine nuit, parce qu'il ne perd pas ses poils, parce que c'est tellement plein d'avantages, un album. Je pense que ce n'est pas du tout moi qui ai lancé ce mouvement. Les chats font tabac sur Internet. C'est pas... Non.
Moi, j'ai inventé ce personnage-là et je m'en ai quand même. Mais le chat aurait pu être un lapin ou un chevreuil ou un dromadaire. C'était il y a 40 ans. Vous l'avez transformé.
¶ L'Évolution du Chat et du Dessin de Presse
Physiquement, il a pris un peu d'embonpoint. Oui, il s'est précisé, il s'est arrondi, il est devenu, je pense, plus... Alors, j'ai très peur de parler de ça, surtout en ce moment, de dire, en gros, ça fait toujours rire, etc., parce que c'est de la grossophobie et tout. Non. Mais je pense que, moi, quand je croise quelqu'un d'un peu replé... Le sourire me vient plus facilement que si je croise quelqu'un de filiforme.
Vous êtes une exception, parce que vous êtes tellement lumineuse qu'on a envie de vous sourire en vous croisant. Le chat tire les pompes, comme ça ? En gros, non, pas du tout. Elles sont comme il faut, vos jolies bottes rouges. Par exemple, dans Laurel et Hardy, c'est Hardy qui me faisait craquer. Et je pense que le chat est devenu un petit peu comme ça.
Alors, si vous l'avez un petit peu transformé, évidemment, avec l'âge, son caractère aussi s'est modifié. Ses griffes sont plus acérées. Il est plus acerbe aussi. Il se lâche davantage. acquis de la liberté, avec le succès sans doute, parce que ce serait intéressant de se poser la question du jeune dessinateur qui débarque maintenant, est-ce qu'il pourrait traiter, comme je le fais parfois, de sujets aussi...
grave, aussi parfois... Sulfureux. Sulfureux. Je pense pas. Et c'est un des grands problèmes des jeunes humoristes. qui débarquent maintenant, et du dessin de presse en général. Vous voulez dire qu'avec l'expérience que vous avez, il est plus facile aujourd'hui de faire passer des dessins qu'ils pourraient considérer un peu comme sur une ligne de crête.
Oui, je pense que le chat, avec la notoriété qu'il a acquise, et le bon sens et la bienveillance dont il a fait preuve, dans mes mains depuis si longtemps, on sait, et je pense que le public a compris, que je ne suis pas non plus un fouteur de merde et que je parle de sujets graves avec responsabilité, mais que je ne les consomme. tourne pour autant pas. Et
J'ai parlé à l'époque, et vous allez me dire, c'est très confortable de parler de l'apartheid quand on est en Belgique et qu'on vit tranquillement. N'empêche que j'abordais des problèmes comme l'apartheid, la pollution, la justice sociale, etc. Je me souviens, dans les premiers dessins du chat, c'était sur des championnats d'échecs, et j'avais dit qu'au championnat d'échecs en Afrique du Sud, les pions noirs n'avaient pas le droit de circuler sur le damier.
¶ Frontières de l'Humour et Messages
Ce n'était pas un dessin courageux, mais c'était un dessin qui disait des choses. Vous lui faites dire aujourd'hui des monstruosités à ce chat. Quelle est la frontière que vous vous autorisez ? Si ça fait rire, c'est déjà moins monstrueux. Et si l'on comprend bien... que je suis toujours du côté de la victime, des faibles, des opprimés, on sait bien que le chat ne veut pas se moquer des gens qui en bavent, des gens qui souffrent. Il va plutôt se foutre de la gueule.
des oppresseurs, des salauds, des gens qui font subir des vies de merde à d'autres. Eux, ils en prennent plein la tronche, même si je fais le truc au second degré. et que le chat joue. au con et passe parfois pour le macho, pour l'irresponsable, etc. Mais on comprend bien que le message... C'est pas trop... Non ? C'est pas trop tortueux ? Je vous suis. Les jours... Alors ça, c'est un dessin. Les jours où on incinère...
diabétique, ça sent le caramel autour du crématorium. Faut oser. Il y a déjà une odeur. Ça me fait rire, oui. D'ailleurs, est-ce que ça sent le barbecue autour du crématorium ? Je ne sais pas. Rien. Je ne vis heureusement loin de là. Mais oui, alors évidemment. Alors, est-ce que je dois dire pardon à tous les diabétiques qui nous regardent ? Mais non, on sait bien que c'est pour rien. On sait bien qu'il y a un problème de taux de sucre dans le sang des diabétiques.
Moi, je fais ce gag et je pense que des diabétiques ou des familles d'incinérés peuvent rire en lisant ce gag. Vous aimez aussi bien les jeux de mots, mais dans la vie aussi.
¶ Jeux de Mots et Traduction de l'Humour
Oui, j'essaye de ne pas en abuser, mais j'aime. C'est pas comme les jours raccourcissent, mais les semaines jamais. Oui, ce n'est pas un jeu de mots, ça. Mais c'est... Ah non, parce que les jours raccourcissent, on le sait bien. Et d'ailleurs, on le vit à l'approche du 21 décembre, sur le 6 hiver. Donc les jours raccourcissent et les semaines font toujours 7 jours.
Donc, il y a un problème. Là, ce n'est pas un jeu de mots. Oui, mais vous jouez un peu sur les choses qu'on utilise familièrement. Les expressions. Les expressions qu'on utilise. C'est ça. Mais pour moi, est-ce qu'il différencie un jeu de mots que j'aime et que je revendique, parce que Victor Hugo disait que c'est la fiante de l'esprit qui vole, le jeu de mots, le calembour ? Mais il ne s'est pas rendu compte, lui, qu'il a passé sa vie à faire des alexandrins, faire des rimes.
c'est jouer sur les mots et sur les sonorités. Donc moi, je lui dis, Totor, c'est celui qui dit qui est. Mais ce qui différencie le jeu de mots d'un jeu sur... une expression ou des idées, c'est que le jeu de mots n'est pas traduisible dans une autre langue. Tandis que jouer sur des expressions, sur des idées, ça l'est.
Oui, alors justement, je me posais la question en lisant Le chat et les carottes bougies. Vous êtes traduit à l'étranger. Oui. Mais comment cet humour qui est quand même si particulier... peut être traduit dans d'autres langues ? C'est archi simple. En anglais, en irlandais, en italien, je peux vérifier parce que je parle autre ces trois langues. Évidemment, si c'est en finnois, en chinois, en arabe ou en farci, là, je n'ai pas de maîtrise sur le résultat. Vous faites confiance ?
Oui, oui, oui. Jusqu'au jour où ça... Et ça se vend quand même. Oui, oui, oui. Alors, le... Non, je vais vous donner un exemple. Justement, les... Les dessins qui sont basés sur un jeu de mots pur et dur ou sur une sonorité, on évacue. On ne les met pas dans la version anglaise. Et je remplace par un autre. Et comme je ne dessine pas des aventures en continu, ça ne pose pas de problème. C'est plic-ploc un dessin qui est remplacé par un autre.
Je vous donne un exemple. Il y avait un vieux dessin du chat dans le premier album qui disait « Le rire est le propre de l'homme, le savon aussi ». Propre, savon, etc. C'est très français. Dans la version italienne, c'est devenu il riso e proprio dell'uomo, le rire est le propre de l'homme, mais riso, ça veut dire le rire et le riz.
aussi, le riz. Et donc, elle dit « riso è proprio dell'uomo anche la pasta » et aussi les pâtes. Et j'ai dit ça à des Italiens et ça les fait exploser de rire. Donc, c'est possible. L'humour est universel ? Pas tous les humours. C'est ce que vous voulez expliquer ? Oui, mais même la façon d'aborder les sujets. Mais moi, je sais que...
J'arrive. Alors là, ce n'est pas forcément mes dessins, mais les sculptures. Vous savez que j'ai fait ces grandes sculptures en bronze sur les Champs-Elysées. Maintenant, elles sont à Bruxelles jusqu'au mois de février. Elles sont tournées dans toute la France. Elles sont visitées par... des populations qui viennent de la Terre entière et ils craquent tous de la même façon. Ils tombent en amour avec ces statues. Mais là, ce n'est pas parlant.
¶ Humour Universel et Côté Clown
Pour le chat, comme je vous ai dit, il y a les traductions. Mais moi, c'est une façon d'être dans la vie. Et ma femme me dit souvent qu'elle dit « t'es incroyable parce que tu arrives à faire rire ». Des Chinois, un jour j'étais avec des Chinois qui ne me connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. Et au bout de quelques minutes, je les faisais rire, alors qu'ils ne parlaient ni anglais, ni français, ni quoi que ce soit. Je ne sais pas, j'ai fait le con, ça les a fait. Et je fais ça avec des gens de...
De partout. Mais il y a un côté clown aussi chez vous. Peut-être, ça doit être ça. C'était le premier métier que je voulais faire quand j'étais enfant. Mais lequel ? Clown ? Clown. Auguste ? Ah oui, Auguste. Non, le blanc, il était sinistre. Oui, il est important dans la relation. Mais il ne m'a jamais fait rêver, le clone blanc. Vous affirmez que quand le chat dit des conneries, c'est lui qui s'exprime. Et quand ce sont des choses intelligentes, c'est moi qui lui souffle.
Vous êtes vraiment foucu. Oui, mais de toute façon, il ne peut jamais se plaindre de moi puisque c'est moi qui vais écrire ce qu'il va me dire. Donc non, il est coincé. Il est obligé de faire comme dit son papa. Vous pensez que Philippe Gueluc, le citoyen, l'homme, est plus... On parlait d'être sulfureux. Est-ce que vous l'êtes davantage que le chat lui-même ? Oui. Dans la vie, est-ce que vous l'êtes davantage ? Ah oui, mais dans la vie privée. Quand on est entre nous.
avec des amis très chers, en qui on a confiance, là on peut se permettre de faire des blagues odieuses. Donc vous balancez. Oui, on peut dire du mal des gens, de certaines personnes, pas de tout le monde. Il faut se méfier de vous. Non, mais j'aime les gens en général. On connaît tous des têtes de l'art de qui on peut dire des illuminés.
J'adore aussi quand je suis en bagnole, pas souvent, mais je suis en bagnole. Et avec ma femme, on voit un type qui traverse, je dis, t'as vu, mais quel con celui-là. Et c'est gratuit. Le type n'a pas du tout l'air con, mais ça l'a fait rire. Il y a une sorte de férocité sympathique. Mais oui. Et c'est sûr que quand je me lâche, et j'ai fait... À l'époque, je faisais une...
un truc à la radio qui s'appelait « Le docteur G répond à vos questions » où je partais très très loin, dans l'ignoble, dans l'inacceptable. J'avais un jour fait, donc c'était un faux docteur G, un faux docteur, c'était moi, et je répondais à des faux auditions.
qui m'envoyait des lettres que je m'écrivais. Et je lisais tout ça sur fond de Richard Klederman. Et un jour, je reçois une lettre d'un... gamin qui me dit, bonjour Philippe, j'ai 4 ans et demi et je t'ai fait un joli dessin et j'espère que tu pourras le montrer à la radio. Et je lui réponds, dans ta lettre, tu me parles d'un joli dessin, or celui que tu m'as envoyé est affreux.
Et en plus, je te rappelle que la radio, ça ne sert pas à montrer des images, mais à faire entendre des sons. Alors je vais te faire écouter ta croûte. Et je déchirerai le dessin devant le micro. C'est odieux. Et c'est odieux. Et le public faisait « Oh non ! » et puis était mort de rire parce que cet enfant n'existe pas. Évidemment, je l'ai inventé. Vous êtes un gagman. J'aime bien d'ailleurs l'idée d'être gagman. C'est un état d'esprit ou c'est une gymnastique de l'esprit ?
¶ Être Gagman et Sources d'Inspiration
Ah non, je pense que c'est un état d'esprit. Parce que la gymnastique ne produit pas... Si elle produit du muscle, elle donne de la souplesse. Elle permet d'entretenir le corps. C'est un exercice, non ? L'humour aussi. Non, je pense que, évidemment, plus on le pratique et plus on s'y sent bien, mais je n'ai pas l'impression de devoir faire des gammes, en ce sens qu'un interprète au violon, au violoncel, qui nous émeut.
aux larmes. Bien sûr, il y a un travail énorme derrière tout ça. Une danseuse fait de la barre, etc. Mais ce n'est pas ça qui est intéressant. C'est le moment où il nous émeut, où elle nous touche. Qu'est-ce qui vous nourrit, vous, c'est l'observation ? Vous pouvez éventuellement vous arrêter dans un troquet, regarder les scènes, et ça, ça peut vous aider dans votre travail ? où c'est vraiment l'actualité, l'effet de société, l'effet divers. Je ne suis pas un contemplatif.
Donc, je ne vais pas m'asseoir à une terrasse. Alors, j'adore observer les gens qui marchent dans la rue, mais je n'ai pas le temps non plus. Donc, je suis un actif et je suis nourri par tout ce... qui nous entoure, tout ce que je lis, entend, observe, écoute, et... Par exemple, visuellement, je sais que si je me promène dans la rue, je lis même les plaques de voiture, les indications, toute direction, autre direction. Bon, ça, c'est un gag qui existe, on le sait bien, mais ça existe vraiment.
La comparaison que j'utiliserai, c'est de dire que la créativité, les idées qui viennent, c'est une source qui jaillit au bas de la montagne. Mais l'eau de cette source provient de la pluie. qui est tombé sur ces montagnes pendant des années auparavant, qui a doucement filtré à travers des terrains, des roches, qui a pris des chemins inaccessibles, secrets et indécelables, pour finalement se réunir.
et donner la source. Et donc, je ne sais pas forcément d'où vient l'idée qui jaillit, si c'est d'une averse qui a eu lieu il y a trois ans ou il y a trois semaines. Et vous êtes un poète ? En plus. J'aurais dû dire ça dans mes métiers. Poète, poète, voilà le poète. Latavisme, vous y croyez ? Vos parents vous ont transmis l'humour ? Non, je pense plus...
¶ Héritage Familial et Transmission
Tout a une ambiance et une culture familiale. J'ai eu la chance de naître dans une famille. passionné par les arts. Et le cinéma, notamment. Mon papa était distributeur de films. Il avait été dessinateur de presse. Ma mère avait fait des études de chant. Mon grand-père aurait voulu être comédien, mais il y a eu la guerre de 14-18 et puis l'autre. Mais il a joué en captivité.
Il a été prisonnier pendant plus de quatre ans en Allemagne dans un camp de prisonniers militaires et il a monté des pièces de théâtre. pour faire rire les autres. Dans les tranchées, il arrivait aussi à faire garder le moral à ses hommes en leur faisant des blagues. Et j'ai un arrière-grand-oncle qui a fait carrière à Broadway, c'était l'oncle Fernand, et il s'est appelé Frédéric de Belleville, et il a fait une carrière incroyable aux États-Unis.
Il y a peut-être ça un petit peu dans les gènes, mais c'est surtout l'ambiance familiale des parents qui lisent des livres, qui rient, qui vous font écouter les merveilles de la musique classique et vous montrent les chefs-d'œuvre de la musique classique. l'art en vous faisant découvrir Cézanne, Soulages, Mondrian et Rembrandt. Vous avez tenté de transmettre cela à vos enfants, à vos deux enfants ? Oui, de façon douce.
Comme l'éducation en général, j'espère ne pas avoir été un papa et nous, des parents qui soient doctes et qui disent il faut faire comme ça. Sauf pour les trucs de base, on dit bonjour, on se mouche ou on se lave les mains après cette mouchée et on demande si on peut... quitter la table. Ça, c'est un peu classique. Mais sinon, bien sûr, on les a fait baigner dans...
Ce qui nous touchait, nous. Donc, mes enfants ont très jeunes lu Rézère. Et puis après, ils se sont envolés vers Friends et vers des choses qui étaient plus proches de leurs préoccupations d'adolescents. Mais... On dit l'éducation par l'exemple, mais en tout cas par l'ambiance familiale. Ils sont tous les deux d'une drôlerie qui m'enchante. Plus que vous ? Différemment. Ils ont chacun un ton.
Ils ne font pas carrière là-dedans, tant mieux. Je n'aime pas la concurrence, mais ils sont chacun passionnés, l'un par la musique, l'autre par la restauration. Mais ils sont drôles et ça me fait plaisir. Je crois que ça, c'est ma plus belle réussite. Le livre, vous le dédicacez à vos petits-enfants ? Oui. Ce sont vos premiers lecteurs ? Non, ils sont pour trois d'entre eux encore trop jeunes, le plus grand à 11 ans, et lui...
Oui, depuis très longtemps, il est passionné par le chat, par les objets, par le personnage. Et les autres suivent. J'espère qu'ils vont s'intéresser à ça. Mais il y a un signe. Très encourageant, c'est que de plus en plus de mômes de 8-10 ans viennent vers moi, me reconnaissent, soit par les parents, soit parce qu'ils reconnaissent ma tête, et viennent me dire tout fier qu'ils ont déjà lu un ou deux ou trois albums du chat.
Et je me dis, ça, c'est formidable. Je l'ai inventé il y a 40 ans et il parle à des enfants qui sont apparus il y a 10 ans. C'est juste magique. Ça me donne un petit peu d'espoir pour la transmission.
¶ Aborder les Sujets Sensibles et Résistance
La religion, l'environnement, le sexisme, de toute façon, vous touchez vraiment à des sujets qui sont délicats, mais vous ne le faites jamais frontalement. Par exemple, il y a un dessin qui dit « Si Dieu avait voulu qu'on ne voit pas les cheveux des femmes, il les aurait créées chauves. Il n'est pas con non plus. » Ça, j'en doute. La troisième bulle, j'en doute un peu. Qu'il soit con. Oui, parce qu'on dit qu'il est parfait, mais il faudra qu'on m'explique.
Il faudrait le rencontrer, déjà. Dieu est amour, mais en dehors de l'amour de la guerre, je ne vois pas trop ce qui le préoccupe pour le moment. Vous êtes fâché contre lui, actuellement. Oui, je... Nous, c'est pas comme ça. Et Dieu sait s'il a été mon co-scénariste pour La Bible selon le chat, il y a une dizaine d'années, mais je trouve que...
Il devrait revoir sa copie. Ce dessin que vous citez, il aurait créé les femmes chauves s'il avait voulu qu'on ne voit pas leurs cheveux. Je l'ai fait évidemment en réaction. Et pour soutenir le mouvement Femmes, Vie, Liberté, qui me touche infiniment, je fais des dessins. Alors, ça dit les choses, un dessin comme ça. Ça dit clairement. que je suis horrifié par ces lois imbéciles, machistes et religieuses. Non, je n'aime pas ça. Alors, Dieu...
Je crois qu'on pourrait trouver un terrain d'entente si on se rencontrait et si on parlait tous les deux, mais c'est les religions qui m'exaspèrent. Lorsque vous parlez religion, D'autres l'ont fait. Je pense évidemment à Charlie Hebdo. Vous, vous pesez vraiment le pour, le contre. Vous demandez même autour de vous si vous pouvez y aller. Vous avez...
vous êtes vous-même votre propre censeur ou vous faites appel à d'autres ? Si j'ai un vrai doute, je vais poser la question autour de moi, mais c'est en général sur la drôlerie ou pas d'un dessin. Mais sur la responsabilité de sortir quelque chose sur un sujet très sensible, je pense être seul maître à bord. Après, si je fais un truc et que tout le monde me dit non, non, non, ne sors pas ce dessin-là, je vais y réfléchir, bien sûr.
Mais vous citiez évidemment ces événements tragiques et l'assassinat de mes amis, de mes confrères autour des attentats contre Charlie Hebdo. Et le sujet, là, était la représentation du prophète des musulmans. Depuis ces tragiques événements, plus aucun dessinateur ne s'y risque. parce que ce serait du suicide. Alors, on peut en parler, mais on a vu pour le pauvre Samuel Paty ce que ça a généré. Je pense, et je l'ai dit souvent, mais c'est un petit peu...
lourd et pesant à expliquer, et je ne voudrais pas qu'on comprenne mal ce que je dis. Bien sûr, je suis un défenseur de la liberté d'expression, absolument. Mais je pense que tout a changé depuis l'avènement.
d'Internet qui permet de diffuser une image ou une parole ou une vidéo à travers la planète entière en quelques secondes. À l'époque où tout était permis, liberté... de blasphème, de liberté d'expression absolue dans des journaux satiriques chez nous, c'est une époque où ça ne circulait pas en dehors de nos sociétés.
Et la notion de liberté d'expression n'est évidemment pas la même dans tous les pays du monde. Et on se rend compte aujourd'hui d'autant plus du problème vu le rejet de l'Occident par une majorité de pays autour de la planète. Donc, cette problématique de la représentation du prophète, pour moi, c'est... Alors, on me dit, oui, alors, là-dessus, ils ont gagné. Ben oui, là-dessus, disons qu'ils ont gagné. Mais c'est une très petite victoire.
parce que la lumière doit continuer à éclairer les ténèbres. Et je pense que l'obscurité ne tuera jamais la lumière. Le monde est en ébullition actuellement. Il est même inquiétant. Vous, c'est un terreau qui est intéressant pour vous, plus intéressant que lorsque l'actualité est calme ? Alors, ce serait odieux de dire oui. Et ce n'est pas vrai. L'actualité est tellement désastreuse pour l'instant que ça me... J'ai juste envie de pleurer et de me dire que c'est fichu.
que la démocratie recule, que la paix n'est plus possible et que le problème, notamment le problème au Proche-Orient, ne sera jamais résolu. Donc si on pense comme ça, on se dit mais putain. Il faut tout arrêter et plus rien n'est possible. Moi, j'essaye de toujours trouver de la joie. Pas sur ces sujets-là, même si de temps en temps, j'y arrive à faire des dessins qui fassent rire sur un sujet grinçant. C'est un exercice périlleux. Mais je pense qu'il y a...
dans une terre dévastée, des petits brins d'herbe qui poussent toujours. Et c'est cela que je veux chérir. Et dire, regardez, c'est sûr que ça va tellement mal, que c'est épouvantable que des êtres humains en pleine... plein la tronche. Mais ce n'est pas pour ça qu'on doit s'arrêter de chanter, de rire, de peindre et de s'aimer. Je pense que c'est...
Très utile de continuer à faire tout ça. Juste, pardon si je suis trop long, mais j'ai un ami de mes parents qui a rescapé des camps de concentration qui m'a un jour dit, tu sais, on a ri dans les camps de concentration. J'ai ouvert des yeux comme ça, je me dis oui, parce qu'on se foutait de la gueule de...
de nos... Joliers. De nos joliers, de trucs. On se foutait de la gueule, des cons, etc. Et on riait comme des gamins. Et ceux qui, parmi nous, n'arrivaient plus à rire, ils finissaient par lâcher la rampe et ils ne tenaient pas le coup. Et ça m'a bouleversé d'entendre ça. Et je me dis que c'est la preuve que le rire doit toujours être là, qu'il faut le chérir, qu'il faut l'entretenir, et que ce rire est aussi une façon de...
¶ Passion Créative et Le Musée du Chat
de vivre et de résister à l'oppresseur. Le chat vous a jamais lassé ? Je pense que c'est grâce aussi aux dérivatifs que vous avez. Vous avez cité la sculpture, la peinture, la construction, la musée. aussi à Bruxelles. Et ça, c'est, je dirais, l'œuvre de votre vie. Non, ce sera, disons, le lieu dans lequel je pourrais... un petit peu raconter tous ces émerveillements que j'ai eus.
dans mon propre parcours, mais aussi l'émerveillement pour les autres, puisqu'il y aura dans ce musée, qui va s'appeler Musée du chat et du dessin d'humour, des grandes expositions d'hommage aux immenses dessinateurs qui m'ont donné envie de faire ce métier. Je pense à Chaval, à Ciné. à Bosque, à Sampé, à Réserve, à tous les internationaux.
Ce n'est pas du tout pour statufier, ni pour dire, voilà, maintenant, ça doit entrer au musée. Non, je voudrais que ce soit un lieu de vie, un lieu qui bouge. Mais c'est rare quand même, Philippe Guelic, de créer un musée de son vivant. Il n'y en a pas beaucoup. Il y a Soulages à Rodez. Il y a Tommy Ungerer à Strasbourg. Je ne sais pas s'il y en a tellement d'autres. Mais honnêtement, ce n'est vraiment pas un...
Un musée tourné autour de ma pomme. C'est vraiment un musée qui devrait donner envie aux gens d'aller au musée. Dans le mien, mais aussi dans les autres.
¶ Goût de l'Absurde et Mots de Fin
J'ai fini ma phrase. Le goût de l'absurde, le goût de l'autodérision, c'est vous, Philippe. Est-ce que vous donnez souvent votre langue au chat ? À celui-là, oui, forcément. Mais ça vous arrive, par exemple, sur des questions, peut-être des questions un peu existentielles où vous vous dites « j'ai pas de réponse ».
Non, je crois que j'arrive toujours à trouver une réponse, même quand il n'y a pas de questions. Mais vous savez, dans le... J'aurais pu trouver une pyroïde parce que dans l'album, il y a un dessin dans lequel le chat dit... Les gens qui ne finissent jamais leurs phrases, j'ai toujours pensé que c'était des gens qui... Voilà. Mais vous retombez très bien sur vos pattes. Oui, voilà. Non, mais c'est ça. Non, il y a toujours une réponse.
40 ans valent-ils mieux qu'un bon aspirateur ? Ça, j'ai adoré. Vous avez la réponse. Non, et c'était dans quel dessin, ça ? 40 ans et des poussières ? Non, je ne sais plus. Vous l'avez lu, mais vous avez oublié. Alors, citez vos sources. Ah oui, pardon. Ça, c'est dans les pages. Voilà. C'est ça. Voilà, voilà. 41 des poussières. En fait, j'ai même illustré les pages de garde qui, d'habitude, sont monochromes dans un album.
Et là, je me suis dit, c'est un petit cadeau supplémentaire, d'autant plus que l'album fait 64 pages au lieu des 48 habituels. Et pour le même prix ! Non, le papier a légèrement augmenté. Ça, c'est un truc entre l'éditeur et le lecteur. Moi, pas d'histoire d'argent entre nous. Mais oui, un bon inspirateur, ça rend des services aussi. Et c'est chez Casterman. Oui, chez Casterman. Très bonne édite. Merci beaucoup Philippe Gullick. Merci Catherine Sela. C'était un régal.
Et vive le chat ! On se retrouve la semaine prochaine pour une nouvelle conversation intime sur MyLimedia.