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Madagascar-France, une coopération dans l'énergie sous conditions

Apr 21, 20252 min
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Parmi les principaux thèmes qui seront abordés avec les autorités de Madagascar, lors de la visite du président Macron, figure l’énergie. Le secteur est tellement sinistré, avec des délestages plus de huit heures par jour, que le problème est devenu une menace politique pour le pouvoir malgache. Les défis, en particulier de gouvernance de la compagne publique Jirama sont énormes, y compris pour relancer les projets de barrages hydrauliques.

À Madagascar, il n’y a même plus assez de courant pour distribuer l’eau dans les bornes fontaines urbaines. Les manifestations se multiplient devant le siège de la compagnie publique d’électricité, la Jirama. Une société qui absorbe 10 % des revenus de l’État tant elle est mal gérée. « Les marchés publics et les contrats de production d'électricité sont souvent attribués via des procédures opaques, observe Ketakandriana Rafitoson, directrice exécutive de Publiez ce que vous payez. Je pense notamment aux contrats léonins conclus entre la Jirama et les fournisseurs de groupes électrogènes, qui font fonctionner la plupart de ces installations et qui les facturent habituellement à des prix exorbitants. Les fournisseurs de combustible, tout comme les loueurs de groupe, ont tout intérêt à ce que la crise perdure. Il y a aussi la falsification des paramètres de facturation de la Jirama, un manque à gagner pour la compagnie elle-même. »

Les barrages, même s’ils sont plus fréquemment à sec une partie de l’année, restent la piste principale pour augmenter l’accès des Malgaches au réseau – il est un des plus faibles au monde (30 %, moins que les 50 % de moyenne en Afrique). Mais en vingt ans, aucun projet majeur n’a pu voir le jour. « En 2004, ces barrages, particulièrement Volobe et Sahofika, étaient déjà inscrits dans les soi-disant priorités du gouvernement, se souvient Ketakandriana Rafitoson. Les raisons évoquées sont les retards dus à des problèmes de financement, de coordination et de gouvernance, mais je pense que c'est ce dernier point surtout qui prédomine : le manque de transparence dans les appels d'offre. »

Le président Macron pourrait annoncer la relance du projet de barrage de Volobe par la compagnie française EDF, grâce à un prêt de l’Agence française de développement. Mais pour qu'il soit viable, il faudra que la Jirama soit en mesure de payer cette électricité. « Quand vous financez un système de production d'énergie, une centrale hydraulique ou photovoltaïque, vous allez avoir un bailleur, mais il y a un modèle économique auquel il faut répondre, souligne Lova Rinel, qui représente la France dans le réseau francophone des régulateurs de l'énergie. Madagascar ne trouve pas encore le dessin financier et économique pour expliquer qu'il y aura une rentabilité et que cette coopération ne sera pas qu'un projet qui va fonctionner pendant cinq-six ans et qui après ne va plus marcher par manque d'entretien et parce que les Malgaches n'auront pas su faire. » La réforme de la Jirama est donc un préalable au succès des projets énergétiques malgaches. Et elle est exigée par le Fonds monétaire international, au lendemain d'une mission dans la Grande Île.

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