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La Guinée fait face depuis plusieurs semaines à une crise de liquidités

Jun 24, 20252 min
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En Guinée, les banques ne permettent plus aux consommateurs et aux entreprises de retirer les sommes qu’elles souhaitent, les retraits sont plafonnés. Faiblement bancarisée, l’économie guinéenne est mise en difficulté par cette pénurie de monnaie. Les commerçants et les cambistes, les agents de change, notamment, peinent à effectuer leurs transactions.

De notre correspondant à Conakry,

Ali est cambiste à Kaloum, le centre administratif de Conakry, capitale de la Guinée. Il avait l’habitude d’échanger d’importantes sommes en euros ou en dollars avec des voyageurs, mais la difficulté à accéder aux francs guinéens le gêne dans son travail. « On a des difficultés avec le franc guinéen contre la devise. Si on a un chèque que l’on dépose à la banque pour avoir des francs guinéens, ou des espèces pour acheter des devises, on n’arrive pas à avoir de l’argent à la banque. Si on dépose le chèque de 2 milliards 500, on n’arrive pas à avoir 50 millions, on ne nous propose que 30 millions. C’est peu, on ne peut pas travailler avec ça », explique-t-il.

Les autorités ont peu communiqué sur cette crise. Le Premier ministre Bah Oury a apporté des explications, le vendredi 20 juin. Pour lui, c’est le dynamisme de l’économie guinéenne qui est à l’origine de cette pénurie de billets : « En 2024, malgré une conjoncture particulièrement difficile en début d’année, la Guinée est sortie avec un taux de croissance avoisinant les 7 %, ce qui est exceptionnel. Dans ce contexte, une monnaie fiduciaire pourrait ne pas satisfaire les besoins de cette économie. »

Manque de fluidité dans le marché interbancaire ?

Il a déjà annoncé une première mesure pour répondre à cette crise : l’administration doit cesser les règlements en cash pour les salaires et les autres dépenses, les virements bancaires doivent devenir la norme. Pour lui, la Banque centrale ne doit pas faire « tourner la planche à billets » au risque, selon ses mots, de « mettre en péril l’économie ».

L’analyste financier Bella Bah estime que la crise n’est pas liée à la forte croissance économique. Pour lui, la pénurie de monnaie est avant tout le résultat de la crise de confiance entre la Banque centrale et les banques commerciales. « L’une des causes fondamentales de cette crise de liquidités, c’est le marché interbancaire, c’est-à-dire entre la Banque centrale et les banques primaires, détaille-t-il. Aujourd’hui, la majorité des banques primaires ne font plus les dépôts au niveau de la Banque centrale parce que quand elles veulent avoir accès à leurs dépôts, c’est un problème. En plus, la Banque centrale leur facture à hauteur de 1 % tous les retraits en dollars et en euros. Le marché interbancaire s’est bloqué et c’est dû au fait que la Banque centrale ne joue pas pleinement son rôle. » Sollicitée, la Banque centrale n’a pas souhaité communiquer sur cette pénurie.

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