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«Du jamais vu!»: les coffee shops d'Addis-Abeba face à l'explosion des prix du café

May 07, 20252 min
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En Éthiopie, les chiffres de l’export de café battent des records grâce notamment à l’explosion du cours mondial de l’arabica. Des résultats dont se félicitent les autorités, mais qui mettent à rude épreuve les gérants de « coffee shop », dans un pays où le café est une institution.

De notre correspondante à Addis-Abeba, 

Il est 10h et comme tous les matins, Meskil, tablier mauve autour de la taille, ouvre les portes de son local et allume la radio. Le café est prêt à accueillir les clients. « Mon café s’appelle Nabek coffee shop. Cela fait un peu plus de deux mois maintenant que je l’ai ouvert »,explique-t-elle.

Dans son nouveau métier, cette ex-hôtesse d’accueil doit constamment s’adapter à la fluctuation des prix du café, qu’elle se procure dans la région de Jimma, et dans un marché d'Addis-Abeba. « Depuis cette année, les prix du café grimpent et descendent tout le temps. Mais il y a deux ou trois mois, ils ont vraiment beaucoup augmenté. À Jimma, le kilo coûte 650 birrs (4,30 euros). À Addis-Abeba, au Shola Market, c’est entre 900 et 1 000 birrs (environ 7 euros). Avant, cela coûtait entre 600 et 700 birrs à Addis. Et à Jimma 450 birrs (2,50 euros). »

Sécheresse et dévaluation du birr

La hausse des prix de l’arabica, variété reine en Éthiopie, explique en partie cette augmentation. Le 25 novembre 2024, son prix de référence est monté à plus de 6,5 dollars le kilo, son plus haut niveau depuis 1997.

Kiroubel Siyoum, chef des opérations au sein de la marque emblématique de café Tomoca, lie cette hausse à une pénurie globale de café : « Il y a des problèmes de production interne, et à l’échelle mondiale aussi ». À cause des sécheresses qui ont touché le Brésil et le Vietnam, premiers producteurs mondiaux, la demande a dépassé l’offre.

En Éthiopie, la dévaluation du birr appliquée fin juillet 2024 pour répondre aux exigences du FMI a également fait grimper les prix. Cette situation affecte autant les petits commerçants, comme Meskil, que les gros revendeurs comme Tomoca. « Cette année, c’est du jamais-vu dans notre histoire, assure Kiroubel Siyoum, c’est très difficile. Le kilo était de 300 jusqu’à 500 birrs (3,27 euros), maintenant ça a triplé ».

Consommateurs mécontents

Pour encaisser les chocs, l’entreprise n’a pas d’autre choix que d’augmenter le prix de la tasse. « On a essayé d’absorber ces coûts. Mais on était forcé de réviser. Au début de l’année, c'était à 85 birrs (56 centimes d'euros), actuellement, c'est à 125 (80 centimes d'euros) », explique Tomoca, le revendeur.

Au Nabek Coffee Shop aussi, le prix de la tasse a augmenté, comme le détaille Zola, client quotidien de Meskil : « Aujourd’hui, c’est devenu très cher. La tasse est à 30 birrs (20 centimes d'euros) en Éthiopie, c’est un problème parce que je suis accro au café et à la cérémonie du café. C’est un pan important de la culture, et de la vie sociale ».

L’augmentation des prix du café est très mal accueillie en Éthiopie. Dans ce pays, le café fait partie intégrante du quotidien. L’Éthiopie est le premier producteur de café en Afrique, et la moitié de ses récoltes est consommée localement. 

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